Chapitre 1 : Dans ton coeur Halloween (- Partie 4 et Fin)

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Il avait compris. Il savait qu’Halloween et moi avions une relation. Et je me rappelais très bien des menaces qu’il m’avait fait il y a de ça plusieurs années. C’étaient des paroles qui étaient ancrées dans ma tête, qui avaient fait que l’on avait dû se cacher pendant toutes ces années pour rien. J’ai commencé à ouvrir la bouche pour pouvoir dire quelque chose mais il a été plus rapide que moi et a donné un coup de poing très violent dans le mur. J’ai lancé un regard à Halloween pour lui demander de partir le plus vite possible avec Claire, regard qu’elle comprit immédiatement. Le connard m’a repris par le col et m’a levé au niveau de ses yeux.

« J’honore toujours mes promesses », m’a-t-il dit calmement.

Je lui ai donc donné un coup de pied dans son entre-jambe et je me suis enfuit très rapidement. Je l’ai un peu ralenti mais pas suffisamment pour avoir le temps de m’enfuir. J’étais en bas des escaliers, je le voyais de là où il était en train de beugler sur moi. Il ne pouvait pas bien marcher tellement il souffrait par le coup que je lui avais donné. C’est à ce moment précis que j’ai aperçu Halloween derrière lui. Elle ne m’avait pas écouté, ou alors elle ne m’avait pas bien compris, je ne sais pas trop. Et, sans réfléchir, d’un coup sec, elle a poussé Pablo du haut de l’escalier. Je sais que je ne devrais pas vous dire ça, je l’implique clairement dans un homicide volontaire, mais je me suis juré de dire toute la vérité, rien que la vérité. Pablo a effectué le grand saut et a atterrit sur le sol, la tête la première.

On eut un petit temps d’arrêt, chacun d’entre nous. Je ne crois pas que Claire ait vu cette scène mais elle a vu son père sur le sol, dans une marre de sang. Je me rappelle m’être approché doucement de Pablo, gisant sur le sol, prêt à cracher sur son cadavre. J’ai voulu toucher sa main pour sentir son pouls et voir s’il était mort, m’voyez ? C’est alors qu’au moment où j’ai touché sa main, il a sursauté. Il m’a attrapé la main, je me suis reculé très vite, enlevant ma main de son étreinte. Il était fou de rage. Je suis tombé à la renverse, mort de peur et je me suis ressaisi, je suis allé jusqu’à la porte d’entrée. Je l’ai ouvert d’un coup sec et je suis sorti sous la pluie, sous l’orage. Pablo me suivait, usant de toutes ses forces pour me rattraper pendant qu’Halloween descendait à ma rescousse.

Je me suis alors arrêté dehors. Je ne pourrais fuir indéfiniment et vu le temps, je n’avais aucun endroit où aller. Pablo s’est aussi arrêté et nous nous sommes fixés. Nous étions deux cow-boys prêts à livrer leur ultime duel. Nous nous fixions patiemment, attendant de savoir qui ferait le premier mouvement alors que le ciel grondait sur nos têtes. Je voyais Halloween à l’entrée, terrifiée, ne sachant que faire pour intervenir. Je l’ai vu sortir tout doucement et ses bruits de pas dans les flaques d’eau ont fait que Pablo s’est retourné vers elle. Je sais qu’il lui a fait un grand sourire, moqueur sans aucun doute. Et il a lâché un petit rire, comme pour nous dire qu’il partait ravi de ce qu’il avait fait. Il est alors tombé sur les genoux et s’est effondré sur le sol, mort. Cette fois il était bien mort, il ne faisait plus semblant.

« C’est fini, Halloween. Tout est fini. », lui ai-je lancé.

Et alors que nous marchions l’un vers l’autre dans l’espoir de nous embrasser, un éclair s’est abattu entre nous deux. Nous avons été projeté et la lumière produite nous aveugla. Et, je dois bien l’avouer, je ne me rappelle de rien après ça. C’est le trou noir le plus total.

Je me suis réveillé dans le calme le plus total, sur le sol de la maison au premier étage. La maison semblait vide à premier abord et elle semblait très ensoleillée. Je suis allé voir immédiatement dans la chambre de maman, pour voir si elle y était toujours et non. Plus rien. Tout avait été nettoyé et il n’y avait plus son corps. Puis j’ai entendu des pleurs qui venaient de la chambre d’Halloween. C’était elle. Sur son lit, toute habillée, pleurant. Je ne voyais pas pourquoi elle pleurait alors je me suis approché d’elle.

« Halloween ? Je suis réveillé. »

Et, à ma grande surprise elle a sursauté puis a hurlé. Elle semblait avoir vieilli d’un coup, comme si elle avait pris 10 ans de plus d’un seul coup. Halloween semblait beaucoup plus mature, mais elle était toujours aussi belle. Ma présence devait être surprenante, comme si elle ne m’avait pas vu sur le sol quand je suis arrivé. J’ai voulu lui faire un câlin mais elle n’en a pas voulu. D’ailleurs jamais plus elle n’en a voulu. J’aimerais tellement la reprendre dans mes bras aujourd’hui, rien qu’une fois. Je lui ai demandé comment allait maman et son regard voulait tout dire. J’ai compris par la suite que maman était morte, qu’Halloween l’a amené à l’hôpital à la suite de ses blessures mais les médecins n’ont rien pu faire pour elle. Je n’ai pas pu voir son corps non plus, on m’a dit qu’on l’avait enterré. Je n’ai pas pu voir ça, dommage.

Mais rien n’a jamais plus été pareil. D’ailleurs je n’ai pas eu non plus de nouvelles de Claire, elle n’a rien voulu me dire. C’est pourtant ma sœur, je trouverais ça normal qu’on me dise ce qu’elle devient et qu’elle vienne me voir de temps à autre. Halloween voulu se séparer de moi, me disant qu’elle et moi ça ne serait plus possible, qu’il fallait s’y faire. Et elle m’a sorti une phrase que je n’oublierais jamais :

« On ne pourra plus jamais être ensemble Basile. On a vécu des moments exceptionnels tous les deux, des moments que je n’oublierai jamais. Mais l’un de nous est mort ce soir-là. Ce n’est pas de ta faute, c’est de la mienne. Je suis désolée. Je t’aimerai toujours. »

Puis elle est partie de la maison, toujours en pleurant, et elle a refermé la porte derrière elle, me laissant seule dans cette immense maison. Je comprenais ce qu’elle voulait dire. Son père était mort ce soir-là et c’était en parti de sa faute. Halloween avait poussé Pablo dans le vide et il était sûrement mort à la suite d’une hémorragie produite par cette chute. Elle se sentait forcément coupable, je pense. Et à cause de ça elle se sentait morte à l’intérieur. Ça doit être ça qu’elle a voulu dire, vous en pensez quoi docteur ? Et pour faire assez vite, je vis seul depuis dans cette maison, et je travaille toujours à la banque jusqu’à ce que ce vieil homme bientôt mort me conseille de venir vous voir. J’espère que vous avez bien tout écouté parce que je ne me répèterai pas.

Basile posa un silence. Cela faisait déjà bientôt une heure qu’il racontait sa vie et son docteur était toujours en train de noter des choses dans son carnet. Mort ne savait pas s’il avait vraiment écouté mais après tout il s’en fichait. Ça lui avait fait du bien de raconter sa vie, même si on ne l’avait probablement pas écouté. Il se leva donc de son divan, lassé de ce docteur incompétent.

« Merci docteur de m’avoir écouté. Je vais y aller mainte…

-Pourquoi pensez-vous qu’Halloween parlait d’elle quand elle disait que l’un de vous est mort ce soir-là ? demanda soudainement le docteur. »

Basile Mort s’arrêta en plein élan. Alors comme ça ce psychiatre parlait ? Ce n’était pas trop tôt. Il le regarda, perplexe, se demandant ce qu’il voulait dire par là. Ça lui faisait plaisir de savoir qu’au moins il l’avait écouté de bout en bout bien que ce qu’il avait marqué sur son carnet était toujours un mystère.

« Dites-moi, Monsieur Mort, votre histoire est vraiment très intéressante. Mais il y a plusieurs choses dont vous auriez dû vous rendre compte.

-Qu’est-ce que vous voulez dire ? s’étonna-t-il.

-Pour vous, cela fait combien de temps que cette fameuse tempête sans précédent s’est produite ?

-C’était il y a six ans de cela.

-Faux. C’était il y a seize ans. »

Basile écarquilla les yeux. Aurait-il dormi pendant toutes ces années ? Ce qui aurait pu expliquer la soudaine prise d’âge d’Halloween. Ça n’expliquait pourtant toujours pas pourquoi il était sur le sol.

Le docteur s’avança alors vers Basile et lui donna son carnet dans les mains. Puis il posa sa main droite sur l’épaule droite de Mort et lui adressa un petit sourire très complice. Et soudain, sans prévenir, il disparut. Il s’était littéralement évaporé. Basile commençait à comprendre ce qu’il se passait. Sur son carnet, le docteur avait noté deux adresses. Était-ce vraiment tout ce qu’il avait écrit pendant plusieurs heures ? Basile décida de sortir du bureau du docteur et, tout en lisant le carnet, se retrouva à la première adresse écrite sur le carnet. Il était sur une route, dans la campagne. Il se retourna et il n’y avait plus rien derrière lui. Le cabinet du docteur avait disparu et il s’était volatilisé ici, comme par magie.

Basile marcha vers la maison, qui était assez modeste et alla regarder par la fenêtre. Il se dit lui-même que c’était assez étrange de faire ça mais bon, pourquoi se priverait-il ? Il sonna à la porte, ayant bien retenu la leçon que c’était très poli et que sinon ça posait beaucoup de problèmes. Pourtant personne ne lui répondit. Il décida alors de rentrer. Une aubaine, vu que la porte était ouverte. Il alla dans le salon tout d’abord, il y avait un homme qui devait bien avoir entre vingt-cinq et trente ans. Il amenait des plats sur la table du salon pour manger.

« Tu viens manger chérie ? », appela-t-il.

Basile entendit des bruits de pas venir de la cuisine et vu la femme arriver dans le salon. Il n’en croyait pas ses yeux ; c’était Claire. Elle avait assez grossi, mais elle avait surtout vieillie. Claire était enceinte, elle arrivait au terme de sa grossesse vu la taille de son ventre et sa difficulté à se déplacer. C’était sûrement son mari avec qui elle était. Elle avait bien vieilli, toujours aussi belle, toujours la même tête. Il l’appela, lui fit signe, mais elle ne lui répondit pas. Elle n’entendait même pas son frère qui lui parlait. Pour elle il était invisible.

« Tu as pensé à un nom pour le bébé ? lui a-t-il demandé.

-Oui, j’ai envie de l’appeler Basile. C’est comme ça que s’appelait mon frère. Il me manque terriblement et je pense que ça lui aurait fait plaisir. »

Basile prit son élan et partit vers la porte, il l’ouvrit et la referma fort derrière lui. Il respirait très fort, son cœur battait très vite. Quand il est ressorti, ce n’était plus du tout le même paysage de campagne qui se dressait devant lui. Il était dans une ville, pas très grande. Il y était déjà allé, elle se trouvait à quelques kilomètres de Juanusa City. Il était devant la maison indiquée par la deuxième adresse. Elle semblait plus chic. Cette fois il regarda par la fenêtre, se promettant de ne pas rentrer dans la maison cette fois. C’était la cuisine et il y avait une tarte aux pommes sur la table, encore chaude, prête à être dégustée. Il y avait un garçon qui était assis à la table de la cuisine, attendant patiemment. Basile trouvait qu’il y avait un petit air de famille entre lui et le garçon. Il devait avoir quinze ans, quelque chose comme ça. Puis arriva sa mère et, dans la suite logique des choses c’était Halloween. Toujours aussi magnifique, elle embrassa le garçon sur la joue et lui découpa une part de tarte au pomme qu’elle déposa délicatement dans une assiette en porcelaine. Et soudain, Halloween releva la tête et regarda par la fenêtre. Elle avait le sentiment qu’on l’observait. Basile Mort eut juste le temps de se cacher pour ne pas être vu par Halloween.

« Qu’est-ce que tu regardes maman ? T’as l’air terrorisée, on dirait que t’a vu un fantôme. »

Alors, Halloween s’approcha de la fenêtre et regarda à l’horizon, laissant son fils manger sa tarte aux pommes en paix. Elle regarda le ciel et versa une larme tout en souriant.

« Alors, qu’est-ce que c’était que t’as vu maman ?

-Le passé, répondit-elle. J’ai cru voir un fantôme du passé. »

FIN.

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