Chapitre 5 - Hubert de Saint-Brys

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Chapitre 5 - Hubert de Saint-Brys


1972


Hubert de Saint-Brys n’avait pas attendu cent sept ans, avant de prendre la décision de réunir le comité des planteurs de bananes de l’île :


— Si je vous ai rassemblés aujourd’hui autour de cette table, c’est que l’heure est grave. Nous sommes tous pour la plupart planteurs de père en fils, et très dépendants du secteur de la banane. Vous serez d’accord avec moi sur le fait que nous ne pouvons absolument pas nous passer de cette rente. Mais pour que nous puissions parler d’avenir, ensemble, encore faut-il que nous parvenions à endiguer ce fléau qui dévaste nos cultures depuis de trop longues années. Dès l’apparition de cet insecte, nos exportations vers la Métropole se sont retrouvées quasiment à l’arrêt. Chaque jour qui passe creuse un peu plus nos déficits. Comme moi, vous avez pu constater que rien ne vient à bout de ce charançon qui extermine nos récoltes. Nous devons donc intervenir avant qu’il ne soit trop tard !


— Ouais... Je suis d’accord, il faut agir et vite ! approuva l’un des planteurs.


— Justement, c’est dans cette optique que je me suis rapproché du laboratoire américain à l’origine du « Corostylen » et de l’usine en charge de sa production. Aux Etats-Unis, il est commercialisé depuis 1958 et épandu sur toutes leurs plantations d’Amérique Latine. Selon eux, il n’existe pas d’insecticide plus efficace que celui-là.


— Il faut prévoir quelle dose ? Il est toxique ? interrogea l’homme assis à la droite d’Hubert de Saint-Brys.


— Comme nous sommes en présence d’une forte infestation, nous serons sûrement obligés dans un premier temps d’épandre 1,5 g par bananier, plusieurs fois par an, pour un effet plus rapide. Mais les doses seront dégressives au fur et à mesure de l’avancée du traitement. Sa toxicité est faible car il n’agit pas par contact. Il n’y aura donc aucune incidence sur la faune environnante.


— Et le fruit, il gardera son aspect et sa saveur ? demanda un autre planteur, visiblement inquiet.


— Oui absolument, le produit est incolore et inodore, de toute façon son enveloppe le mettra à l’abri..


— Et les autres cultures, elles seront touchées par le Corostylen ? poursuivit-il.


— Il n’y a aucun risque. Nous n’épandrons que sur les bananiers.




Autour de la table, les planteurs acquiesçaient de la tête, souhaitant néanmoins obtenir l’assurance que leurs intérêts seraient sauvegardés. Finalement, l’utilisation de ce pesticide de synthèse fut adoptée à l’unanimité par la communauté. Le planteur acquit la certitude, au cours de ces quelques heures, que le pire était maintenant derrière lui et que le meilleur restait à venir.
















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