Chapitre 4 – Mariette

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Chapitre 4 – Mariette



Dernière d’une fratrie de cinq enfants, Mariette avait suivi son petit bonhomme de chemin et était devenue enseignante dans un lycée de Fort-de-France. Elle aurait pu, à elle seule, représenter la diversité ethnique de l’île. Elle était le fruit de deux parents métisses où se mêlaient avec allégresse des ascendances africaines, indiennes, chinoises mais aussi de blancs créoles. Elle n’avait que peu de souvenirs familiaux : ses grands-parents, ainsi que leurs familles, avaient disparu à Saint-Pierre, ancienne capitale de l’île, lors de l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Une ville rayée de la carte, transformée en champ de ruines en un temps record, une tragédie qui avait fait pas moins de trente mille morts. Ce qui avait sauvé sa mère ? D’être partie en vacances chez une cousine à Fort-de-France au moment des faits.


Cette cousine l’avait ensuite élevée et n’avait rien négligé pour parfaire son éducation. Mais ce tsunami existentiel avait laissé de profondes cicatrices, elle n’avait plus jamais été la même. En perdant ainsi brutalement tous ses proches, c’était son insouciance et sa joie de vivre qui étaient restées sous les cendres, ce 8 mai 1902. Ensuite, sa maman avait eu la chance de rencontrer son mari, un proviseur de lycée avec lequel elle avait eu ses enfants. Mariette, en qualité de petite dernière, avait été la plus choyée, la plus gâtée. Même s’il n’était pas question pour elle de le reconnaître, encore aujourd’hui.


Mariette avait pris son temps, avant d’épouser l’homme de son choix, un métis lui aussi. Peu de temps après, le petit Marcel était né. Un garçon adorable, rondouillard et joyeux, un régal de bébé. Mais ce bonheur familial avait été de courte durée, car quelques mois seulement après la naissance de son fils, son mari avait trouvé la mort dans un accident. Sa voiture avait été heurtée et précipitée dans un ravin par un camion surchargé de canne à sucre, qui tentait vainement de forcer le passage, en doublant sur une route qui ne s’y prêtait guère. Étaient-ils saouls ? On ne le saurait jamais, car les coupables couraient toujours. Quand le sort s’acharne... Marcel avait donc grandi sous l’oeil attentif et surprotecteur de sa mère, qui n’avait jamais souhaité refaire sa vie mais qui avait trouvé dans la religion la paix qu’elle recherchait.



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