Chapitre 1

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Je me suis réveillée dans un lit d'hôpital, avec le son de mes battements de cœur. J'ai ouvert les yeux, et j'ai vu mon père regarder par la fenêtre, ma mère à ses côtés. Ils n'avaient pas vu que j'étais réveillée, a vrai dire ils avaient l'air loin dans leurs pensées. J'avais mal dans le dos, affreusement mal. Mais tout était là. J'essayais de bouger mes jambes mais elles ne répondaient toujours pas à mes appels emplis de détresse. Le bruissement des draps avaient interpellé mes parents, qui étaient à présent à mes côtés:

«Ça va, Andromède, ma chérie?»

Je la regardais, interloquée. Où était la femme que j'avais laissée hier? A présent, d'énormes cernes soulignaient ses yeux bleus injectés de sang, ses joues creusées me donnait l'impression stupide d'avoir un squelette en face de moi, et ses cheveux en bataille me faisaient pitié. Elle était vraiment mal en point. Mon père, a côté, l'était tout autant: son sourire et le bonheur contrôlé qu'il dégageait d'habitude avaient entièrement disparus de son visage si familier. Il y avait quelque chose qui n'allait pas.

«Qu'est ce qui ce passe? Qu'est ce qui ne va pas?» lançais-je, la voix emplie de trémolos.

Mes parents se regardèrent , puis baissaient simultanément les yeux. C'est ce moment de solitude que choisi d'interrompre un médecin, d'une cinquantaine d'année, le visage rond et scintillant, pourtant si sombre dehors à l'heure qu'il était.

«Alors comment va notre petite Andromède?» lança le médecin

«Euh... bien je crois. Mais mes jambes, je n'arrive pas à les bouger...

- Oh. Nous parlerons de tout cela après, d'accord? D'abord, présentation...»

Il fit un roulement de tambour avec ses mains sur le matelas, ce qui me fit sourire.

«Je suis le docteur Daniel Lavoj, nom barbare je sais. Mais tu peux m'appeler par mon prénom, ça ne me gêne pas. Passons donc à tes jambes... tes parents ne t'ont donc pas dis, je présume. C'est à moi que reviens la tâche difficile alors. Andromède, tu es atteinte d'un cancer qui s'est déclaré dans tes jambes. Tu ne les sentiras plus, on ne sait pas pour quelle durée. Il y une chance sur cent que tu puisses les réutiliser un jour, et cela à un prix de travail et de labeur long et difficile. Ça c'est le bon côté. Malheureusement, il y a plus de chance que ton cancer remonte plus haut dans tes jambes et que nous soyons obligés de... de te les couper, tu vois? Je suis désolé, c'est cru comme annonce mais je me devais d'être cash avec toi. Je te laisse parler de ça avec tes parents... Et puis on verra ce que tu choisis.»

Il fit alors un pauvre sourire, regarda mes parents et leur adressa un geste de compassion. Il sortit ensuite.

Dès qu'il eut refermé la porte, j'implora mes parents du regard.

«Il dit vrai n'est ce pas?

- Ma chérie, répondit mon père au bord des larmes, il va falloir que tu te battes.

- Mais papa, me battre pour quoi? Je ne pourrais plus rien faire! Il y a trop peu de chances que je retrouve mes jambes un jour!

- Je sais, ma chérie, répliqua alors ma mère soutenant mon père du regard, mais il y a quand même une chance que tu y arrives, même si elle est infime. »

De rage, je sortis du lit. Enfin ça c'est ce que je croyais. A peine avais-je tenté de sortir mes jambes du lit que je m'écroulais à terre, pile aux pieds de Daniel qui entrait, des papiers à la main. Il se précipita, en même temps que mon père, pour me relever. Ils me déposèrent sur le lit délicatement, comme si j'étais une enfant de 6 ans. Je ne m'étais pas rendu compte que je pleurais à chaudes larmes. Ma mère n'osais plus me regarder, aussi elle se dirigea instantanément vers la fenêtre. Daniel prit la parole:

«Bah alors Andromède.... Tu ne peux plus faire ça.»

Il me montra ensuite les papiers qu'il avait dans la main.

«Nous allons faire de nouveaux examens, pour voir à quel point tu es atteinte, et puis nous te renverront  chez toi. »

Il donna tous ces papiers à mon père, puis sortit de la chambre. Il revint quelques minutes plus tard poussant un fauteuil roulant noir, noir comme la nuit, comme si je devais faire le deuil de mes jambes.

«Non! Je ne VEUX PAS! JE VEUX MARCHER!»

Ma voix monta d'un ton rapidement, sans que je le veuille vraiment, mais c'était toute la rage et la haine qui ressortait d'un coup. Mon père et Daniel me regardaient, interloqués.

«Andromède tu ne peux pas. Sois gentille, acceptes vite qu'on te mette dans ce fauteuil, qu'on en finisse et que tu puisses rentrer à la maison. »

Mon père arborait un ton suppliant.

Daniel m'aida donc à me mettre sur le fauteuil. C'était pour moi la pire sensation au monde. Daniel poussa le fauteuil en dehors de la chambre, vers la salle d'examens. Voir tout ces gens, ces infirmières et ces médecins dans les couloirs, vous regarder et vous sourire d'une façon compatissante, semblant dire que tout irait bien.

Je pensais:

«Non, rien n'ira jamais bien. Plus jamais. »

Nous entrions à présent dans la salle d'examens. Je ne savais pas que ce qui m'attendais était bien pire...

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