Chapitre 5

5 minutes de lecture

- 27 septembre –

Réveil difficile ce matin, grosse gueule de bois. Mal au crâne. Pas envie d’écrire. Je me recouche.

Comme d’habitude, je n’avais pas réussi à m’en tenir à quelques verres. J’avais dépassé ma limite et mes souvenirs de la veille étaient brumeux. Je ne sais pas si Clara était bien rentrée elle aussi, je culpabilisais de ne pas l’avoir raccompagné. Mon seul acte de bravoure malgré l’ivresse, fût de lui suggérer de prendre un taxi. Je me levai difficilement du matelas si confortable. Dehors le ciel était gris, et une pluie légère tombait. Ça ne donnait en tout cas pas envie de mettre le nez à l’extérieur. Une journée typique qu’on comble en regardant une série, ou en se mettant à la console... En me dirigeant vers la salle de bain, je remarquai des traces rouges au sol, comme du sang. J’observai mon corps attentivement mais ne constatai aucune blessure qui aurait pu être à l’origine de ce sang. En ouvrant la porte de la salle de bains, je constatai encore plus de souillures, pas totalement des flaques mais un beau volume d’hémoglobine gisait sur le carrelage. Mais le cauchemar pris enfin toute son ampleur en constatant que dans le lavabo se trouvait une main humaine ! Je ne pus m’empêcher de vomir dans la baignoire, qui était le récipient le plus proche pour déverser mon contenu gastrique. J’observai à nouveau le membre tranché et ne pus retenir un violent haut-le-cœur. C’était une main humaine, visiblement adulte et masculine. Je courrai au salon, chercher mon téléphone pour appeler Clara. Pas de réponse, je tombais directement sur son répondeur. Son téléphone était éteint, ou pas de réseau. J’enfilai un pantalon et un polo, et couru à l’étage frapper à sa porte.

« Clara ! Clara ! Ouvre ! »

Mon agitation risquait d’éveiller les soupçons chez les autres habitants de l’immeuble en ce dimanche matin. Mais mon stress était tel que je ne réalisais pas que mon attitude était franchement maladroite. Clic-clac, fit le loquet de sa porte. Un bref soulagement me parcouru. Le visage de Clara était brumeux, elle avait passé une nuit identique à la mienne visiblement.

« Clara, faut que tu viennes voir un truc, tout de suite, c’est grave !

— Oh, oh, du calme, baragouina-t-elle, en baillant aux corneilles.

— Clara, je te jure c’est la merde. Je ne comprends rien, je ne sais pas ce qu’il se passe, c’est horrible. »

Visiblement intriguée par mon agitation soudaine elle referma sa porte et annonça :

« Ok, ok, laisse-moi cinq minutes !

— Clara, magne-toi, pas besoin de t’apprêter c’est un putain de problème là. Vite ! »

Je retournai à mon appartement en dévalant les marches. Le minutes à attendre ma partenaire furent excessivement longues, et lorsqu’elle frappa à ma porte, une deuxième vague de soulagement me combla l’espace d’un instant. Je consultai à nouveau mon journal mais rien n’y figurait. Mon téléphone non plus. J’avais envie d’appeler Jason pour lui demander s'il avait des souvenirs d’hier soir. Mais je ne voulais éveiller aucuns soupçons. Mon oreille se mit à siffler. Clara était aux toilettes en train de vider son estomac. Une telle vision ne pouvait qu’entraîner une réaction viscérale, c’était classique et normal de réagir comme ça. Moi-même je n’avais pas supporté. Le sifflement augmenta encore si bien que je dus m’allonger et m’appuyer très fort sur la tempe pour tenter de supporter la douleur. Je fus paralysé pendant environ trois minutes, incapable d’agir, tout en sachant que d’après ce qu’il s’était passé les dernières fois, ce son était annonciateur d’un événement lié à l’affaire. Effectivement, je reçus un message sur mon téléphone peu de temps après le signal. Fait classique, l’émetteur était inconnu. Il ne s’agissait pas d’un texte, mais d’une photo. Les quelques secondes de téléchargement passées, une nouvelle vision d’horreur me figea sur le canapé. On pouvait voir sur la photo de mauvaise qualité, un homme avec une cagoule, pieds liés et un bras attaché dans son dos. L’autre bras était libre, une ceinture était serrée autour de l’avant-bras. Et au bout, un moignon sanglant terminait le membre sectionné. La main dans mon lavabo était donc la pièce qui manquait à ce pauvre homme, qui figurait sur la photo. Un deuxième message arriva sur mon téléphone. Cette fois-ci un texte était rédigé rapidement, une suite d’instructions :

« Mark a été sage, quoiqu'un peu bruyant. J’ai fait le sale boulot Edouard, sachez que cela aura un coût. Ah et pensez à emballer la main pour la congeler, les tissus doivent rester en bon état. Demain vous devriez en savoir plus, mais méfiez-vous de ceux qui vous observent. Des soupçons commencent à peser sur vous et votre jeune partenaire. Vous devriez apprendre à contrôler votre jeune pouliche d’ailleurs. Ce serait dommage de couper sa petite langue. Passez un bon dimanche ! »

Clara sortit enfin des WC. Elle était zombifiée mais je la trouvai magnifique à ce moment précis. Nous étions entraînés ensemble dans une galère et je ne pouvais m’empêcher de commencer à tomber amoureux.

« C’est vraiment atroce cette main, c’est crade ! Clara, était à présent énervée.

— Tu sais quoi ? Je viens de recevoir un message de Gorge Profonde, enfin je crois que c’est lui, mais d’habitude il m’appelle... »

Je lui tendis mon téléphone et Clara eut un nouveau spasme en regardant cette sordide photo.
« Ouais ben on est mal barrés ! Ce type est un psychopathe et il joue avec nous. Il nous a embarqué dans son putain de délire. Et nous on est baisés ! Putain !

— Ecoute Clara, nous n’avons rien fait que la justice pourrait nous reprocher. A moins que détenir un morceau humain soit condamnable. Nous ne sommes pas les responsables de cette amputation, et le message le prouve !

— Le message prouve que dalle, hurla Clara. Ce putain de message n’a aucune valeur juridique. Ça part en couille littéralement-là. C’est quoi la prochaine étape bordel ?

— Je ne sais pas je suis aussi sonné que toi, mais ça ne servira à rien de partir en vrille comme ça. Faut qu’on réfléchisse, il ne faut pas qu’on s’emporte comme ça.

— Père Lachaise, marmonna ma coéquipière.

— Hein ? De quoi tu parles là ? Je ne comprenais pas pourquoi elle sautait du coq à l’âne à ce moment précis.
— La photo floue de la porte en pierre là. Tu voulais savoir, et j’ai demandé à ma pote en archi. C’est un caveau au cimetière du Père Lachaise à Paris. » Je rajoutai une ligne à mon journal : « Que le festival commence »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Frnçs Rch ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0