Chapitre 3

5 minutes de lecture

En arrivant au pied de mon immeuble je fus tout de suite frappé par une odeur, et cette odeur je la connaissais bien, c’était exactement l’odeur dont était imprégné le foulard que j’avais ramassé sur la piste cyclable. Ce parfum étrange flottait dans l’air comme si quelqu’un qui le portait était passé très récemment. Je fis donc tout de suite le lien avec mon étrange interlocuteur que j’avais eu au téléphone. Éprouvé par les récents événements je décidai de remonter chez moi par l’ascenseur même si cela allait faire du bruit et peut-être attiser la curiosité de mes voisins. Mais je me disais que cet étranger était venu dans mon appartement il avait sûrement aussi fait du bruit et quelqu’un aurait peut-être été témoin de quelque chose. Demain matin j’allais faire mon enquête. Arrivé devant la porte de mon appartement je fis une longue pause ne sachant pas très bien ce que j’allais y découvrir. Est-ce qu’il avait été piégé ? Est-ce que la poignée avait été empoisonnée ? Est-ce qu’on m’attendait à l’intérieur ? J’imaginais tout un tas de scénarios incroyables tellement la situation que je venais de vivre était singulière. Au moment exact où je saisis la poignée de porte dans ma main je perçus un son extrêmement désagréable dans mon oreille droite, un sifflement modulé, un peu comme une sorte d’alarme. J’avais la nette impression que ce bruit venait de l’intérieur de mon corps, je veux dire par-là que ce n’était pas un son qui était émis par un dispositif quelconque et que les voisins auraient pu entendre. C’était un son qui m’était propre et qui n’était vraisemblablement destiné qu’à ma propre personne. Une fois dans l’appartement tout était absolument tel que je l’avais laissé une heure auparavant à part que cette même odeur indescriptible hantait les lieux. La première précaution que je pris fut de visiter l’appartement de fond en comble pour vérifier que personne ne s’y trouvait encore. Peut-être mon interlocuteur y était encore, caché, à m’observer. Peut-être avait-il un complice qui était resté sur les lieux. Je ne pouvais ignorer aucune situation et je sentais bien que j’avais mis les pieds dans un sacré pétrin. Constatant que l’appartement n’avait d’autre occupant que moi-même, je fermai la serrure à double tour, ainsi que les fenêtres que j’avais laissé entrouvertes. Je disposai le foulard et la pellicule photo dans un tiroir de mon bureau que je pouvais fermer à clé. Je m'affalai sur le sofa et me servis une grande rasade d’un bon single malt. Le sifflement dans mon oreille droite s’atténuait peu à peu et bientôt je sombrais dans un sommeil lourd et profond, sans rêves.

Un énorme vacarme m’extirpa de mon sommeil, c’était quelqu’un qui tambourinait frénétiquement à ma porte d’entrée. Je tiens à préciser qu’à ce moment-là ma sonnette était cassée et que le seul moyen de m’avertir était de frapper à la porte. Je me levai et m’approchai discrètement de la porte pour vérifier par le judas qui avait bien pu de me sortir ainsi de ma torpeur. Je reconnus tout de suite le visage de ma voisine du dessus. C’était une jolie étudiante de vingt-cinq ans qui venait régulièrement me demander un œuf, un peu de farine, des piles ou d’autres bricoles. J’étais un petit peu devenu son épicier d’urgence. En échange, elle s’occupait de l’arrosage de mes plantes vertes lorsque je partais en déplacement pour une durée importante. Je lui faisais confiance et nous nous connaissions depuis suffisamment longtemps pour que je puisse me permettre de lui donner un double de mes clés. Je fus donc très étonné par son attitude, car la plupart du temps elle m’envoyait un message par téléphone avant de passer. Son comportement était troublant ce matin-là. Et la frénésie avec laquelle elle avait frappé sur ma porte n’augurait rien de bon. Je fis deux tours de clé pour déverrouiller ma porte et l’ouvris. Clara éclata en sanglots et me tendit une enveloppe qui ne comportait comme inscription que les mots suivants “A l’attention de Clara M. URGENT”. A l’intérieur il y avait une photo floue, on y décelait un portail en pierre, au milieu d’une forêt, et une silhouette sombre sur la gauche. Au verso était inscrit “Donnez ceci à Edouard, il survivra si vous obéissez”. Je sentis à nouveau mes jambes faiblir, et mes bras s’engourdir. Le son strident se fit entendre à nouveau dans mon oreille. Ma vision se troubla et Clara dût m’escorter jusqu’à mon canapé pour que je puisse reprendre mes esprits.

« Edouard, qu’est-ce qu’il se passe, demanda l’étudiante, visiblement très déstabilisée.
— Je ne sais pas, je ne comprends pas moi-même tu sais. Tout a commencé hier soir, et depuis c’est un cauchemar éveillé ! »

Je me mis à lui raconter ma folle nuit. Nous comprîmes alors que nous nous étions embarqués dans une affaire terrible dont nous ne comprenions absolument pas le sens. Il était un peu plus de neuf heures, quand mon téléphone sonna à nouveau. Encore une fois un appel inconnu, dont je ne pouvais que supposer l’origine. Clara était à côté de moi, elle savait de quoi il en retournait puisque je lui avais fait le récit complet de ce qu’il s’était passé. Je décrochai :

« Edouard, Edouard, vous avez passé une bonne nuit j’imagine ? La scopolamine a eu l’effet escompté il me semble. Vous devez être en bonne compagnie j’imagine, alors je ne vais pas vous déranger plus longtemps. J’ai juste une instruction à vous donner, écoutez-moi bien, je ne me répèterai pas. Prenez un stylo, une feuille et écrivez ! » La voix était la même que celle d’hier soir, ténébreuse, calme et déterminée.

« Vous devez être en possession d’une photographie Edouard.

— Oui ! Répondis-je avec angoisse.

— Très bien, voici mes instructions dans ce cas. Dans un an exactement, rendez-vous dans le lieu représenté sur l’image. Clara devra porter une robe pourpre, et Minna une robe bleue. Edouard, vous apporterez une pelle, ainsi que l’index de Mark, celui qui porte la lettre H. Bonne chance, et comme je vous apprécie, je vais orienter vos recherches, vous avez en votre possession une pellicule photo, vous devriez la faire développer, on ne sait jamais. » L’inconnu raccrocha. Ma voisine avait tout entendu, j’avais pris soin de mettre le haut-parleur du téléphone. Je regardai ma montre, nous étions le 23 septembre 2015. Il était 10h05.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Frnçs Rch ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0