Chapitre 2

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Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, devais-je prendre une arme, y aller discrètement, c'était peut-être risqué ? Dehors, la pluie tombait à nouveau, j'entendais les gouttes frapper les gouttières dans un bruit caractéristique que le zinc faisait en résonant sous l'impact. Je ne voulais pas m'encombrer d'un parapluie alors j'enfilai une veste imperméable, et mis une casquette anglaise en laine. Je fermai doucement la porte de l'appartement pour ne pas réveiller l'immeuble et descendis par les escaliers. Je n'avais que six étages à parcourir, ce qui me laissait un petit temps de réflexion sur la manière dont j'allais procéder. Il me vint alors une idée en passant devant le garage à vélo. Puisque les faits s'étaient déroulés sur une piste cyclable, autant utiliser une monture adaptée ! Et puis c'était plus discret, il me suffirait alors de m'arrêter à proximité immédiate du foulard et de simuler une crevaison ou un déraillement, histoire de se retrouver là incognito. Je commençai donc à pédaler sous cette pluie battante, le vélo est un moyen de transport absolu en milieu urbain, c'est juste que la pluie est le temps le moins incitatif pour pratiquer ce moyen de transport car l'eau s'immisce partout, les jambes sont trempées, les mains aussi. Ce n'était pas très agréable mais mon plan était correct et je me devais de le respecter. J'avais un premier carrefour à franchir, mais l'absence de voitures à l'horizon m'incita à franchir la voie malgré le feu rouge, toute cette humidité avait eu raison de ma patience ! Pour rejoindre cette piste il me fallait passer au-dessus de l'autoroute, puis tourner à gauche, près du parking. La ville était déserte, les gens restaient à l'abri, et il était tard tout de même. Je me demandais alors si quelqu'un d'autre, un spectateur de la nuit comme moi, pouvait m'observer. Un rapide coup d’œil sur les façades alentours me permit de constater qu'aucun appartement n'était éclairé, à part le mien que j'avais laissé tel que je l'avais quitté. Je pouvais observer la fenêtre de mon bureau depuis la piste, on voyait la bibliothèque et le plafonnier, qui éclairait d'une teinte jaune pâle les murs. La pluie faiblissait alors que je n'étais plus qu'à une centaine de mètres de mon objectif : ce petit bout de tissus qui appartenait à l'étrange femme. J'avais presque envie de lui donner un nom à cette disparue de la nuit, et puisque je m'étais mis en tête de la retrouver, je décidai de l'appeler Charlie.

A quelques mètres du foulard, je mis pied à terre. Je regardai autour de moi il n'y avait personne, pas même une voiture qui circulait sur l'autoroute. Tout était très calme, juste le son étouffé des gouttes de pluie tombant sur les feuilles des arbres qui rompait ce silence. Je déposai le vélo contre le talus qui bordait la voie rapide. Rapidement, je saisis le morceau d'étoffe à pleine main, il fallait agir vite. J'entendis alors un petit cliquetis, c'était le bruit d'un objet qui tomba au sol, que je vis très rapidement. Il s'agissait d'une pellicule photo, format 24x36, ce qui n'était plus très utilisé de nos jours, sauf par les amateurs de photographie argentique. Je mis le cylindre dans ma poche, récupérai ma bicyclette, et repartis à la maison. La pluie avait cessé. Instinctivement, j'humai le foulard, il en émanait une odeur musquée, particulière, que je ne savais identifier avec précision. Quant à la pellicule, elle attisait toute ma curiosité, mais pour l'instant je devais regagner mon appartement rapidement. J'observai le secteur, tout était toujours aussi calme, les immeubles n'avaient aucune fenêtre allumée, sauf la mienne, que je scrutai un peu plus longuement. J'avais cru voir vaciller l'éclat du lustre du bureau, du coin du regard. C'est à ce moment que je dû m'arrêter d'urgence car le foulard s'était pris dans le pédalier, et je risquais de l'endommager ou de le déchirer. Il me fallut quelques minutes pour le dégager de l'axe autour duquel il s'était entortillé. A nouveau, en remontant sur le vélo, je crus voir la lumière du bureau fluctuer, c'était une sensation atroce, car je l'avais remarqué grâce à ma vision périphérique, mais elle ne me permettait pas de voir en détail ce qu'il s'était produit concrètement. Je me mis donc à fixer du regard ma fenêtre, qui était à une centaine de mètres à vol d'oiseau. Je cru défaillir quand soudain, tel un cauchemar, je vis une silhouette traverser la pièce de mon appartement. Quelqu'un était chez moi ! Chez moi ! Tout défila très vite dans mon esprit et un frisson énorme envahit mon corps. J'avais le cœur qui frôlait la tachycardie, mes jambes peinaient à soutenir mon corps, toutes mes forces m'avaient abandonné, j'étais terrorisé. Je ne savais que faire à ce moment précis.

La sonnerie de mon téléphone me fit l'effet d'un électrochoc. Il me fallut quelques secondes pour redescendre sur terre et décrocher. A l'écran le mot "appel inconnu" était affiché. La communication établie, je n'entendis rien pendant une dizaine de secondes :

« Allo ?

— Ne raccrochez pas, fit une voix calme et grave

— Qui êtes-vous ?

— Je suis chez vous comme vous pouvez le remarquer, ne vous inquiétez pas, il ne vous arrivera rien si vous suivez mes instructions à la lettre.

— Je ne comprends pas, qui êtes-vous, comment me connaissez-vous ? Y'a-t-il un rapport avec cette femme que j'ai vu plus tôt dans la nuit ?

— Vous posez trop de questions Edouard, vous devez bien comprendre que vous n'avez absolument pas les moyens de négocier quoi que ce soit. Dans votre situation, le mieux que vous ayez à faire est de vous contenter de suivre mes instructions. Je vous contacterai plus tard. Je vous conseille de faire la poussière dans votre bureau en attendant, je le trouve très sale. »

Il me fallut quelques instants pour réaliser dans quelle situation je me retrouvais. C'était invraisemblable. Je retournai rapidement à mon appartement, il ne faisait aucun doute que mon étrange interlocuteur avait pris la fuite.

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