Chapitre 17 L'enterrement

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Élodie avait tenté plusieurs fois de sonner à ma porte, mais, comme je ne l'avais pas laissé entrer, elle avait abandonné ce type de tentative.

Je remarquais que les courriers postés dans ma boite aux lettres étaient régulièrement ouverts, et les enveloppes recollées. Il était en effet aisé pour une personne disposant de petites mains, de se saisir des lettres, et de les remettre en place après les avoir lues. En bref, elle lisait mon courrier.

J'avais de plus, une impression constante d'être suivi.

Pour m'en assurer, je multipliai les pièges, entrant précipitamment dans un magasin après avoir dépassé l'angle d'une rue. Je finis par me rendre compte que ce n'était pas Élodie, mais une autre femme qui me suivait. La prenant à mon tour en filature, elle me conduisit tout droit à l'appartement d’Élodie.

Je savais donc à quoi m'en tenir.


La cousine.

Une de mes cousines était de passage à Aix, je lui demandais donc de me rendre un service, ce qu'elle accepta. Lors de notre réunion suivante, organisée à la terrasse d'un glacier du cours Mirabeau, j'arrivais en retard, tenant ostensiblement ma cousine par la taille. Je la présentais comme étant ma nouvelle amie.

À peine avions-nous eu le temps de nous asseoir, qu’Élodie se mit à rire, un rire sonore qui devait s'entendre à cent mètres à la ronde.

Tu as raclé les fonds de tiroirs, tu en es réduit à taper dans ta famille. J'ai reconnu ta cousine, ta mère m'a montré les photos. Elle n'est vraiment pas super, mais elle est quand même mieux sur les photos. Élodie et la cousine se défiaient, et il fallut les séparer. J'en profitais pour quitter le groupe, emportant cette dernière avec moi.

Et il fallait que j'admette que ma propre mère était passée à son tour du côté de l'ennemi.



Un soir, alors que tout notre groupe d'amis avait rendez-vous dans une brasserie du Cours Mirabeau, toujours la même, je me rendis compte que j'étais très en avance, aussi, je m'assis sur un banc en attendant.

Je n'avais qu'une idée fixe : me débarrasser de cette fille qui collait à ma vie. Et cette pensée m'obsédait.

Elle faisait entièrement partie de mon groupe d'amis, et à ce titre, je savais que j'allais encore la subir ce soir. Et, je n'avais pas à faire un énorme effort d'imagination pour la visualiser, puisqu'elle était déjà là, debout devant moi, à me tenir son discours habituel.

Je ne l'écoutais pas. Je savais par avance comment aller se passer la réunion.

Elle allait s'installer à côté de moi, et au bout de quelques minutes, je trouverais une bonne excuse pour changer de place autour de la table. C'était toujours le même scénario.

Je n'écoutais pas. Elle gesticulait devant moi, quand une détonation retentit, et quelques secondes plus tard, elle me tombait dans les bras.

J'étais dans un autre monde. J'avais l'impression qu'elle dansait avec moi, serrée, comme elle l'avait fait lors de la boum du patronage.

Ce n'est que lorsque je ressentis le sang couler sur moi, que je repris contact avec la réalité.

Des gens couraient, criaient. Et, la seule chose que je savais, c'est que ce n'était pas moi qui avais fait ça.

On mit un certain temps qui me parut très long à me dégager de son corps.



J'étais très choqué, et même pas sûr d'avoir bien compris ce qui s'était passé. La police, après s'être assurée que je n'étais pas blessé, me transporta au commissariat pour faire ma déposition.

Le tueur avait pris la fuite sans être inquiété. Aucune arme n'avait été retrouvée.


L'enterrement.

Je n'arrivais pas à me décider si je devais ou non assister à l’enterrement d’Élodie.

Tous mes amis me pressaient de m'y rendre, que ça se faisait, que c'était une obligation.

Moi, je pensais qu'elle m'avait pourri la vie, et que si je n'étais pas présent, elle ne s'en rendrait même pas compte. Quand j'exprimais ces dernières pensées, je lisais une certaine indignation dans les yeux de mes interlocuteurs.

Je décidais donc d'y aller.



Les parents d’Élodie étaient des catholiques très pratiquants. Ils étaient entourés de leur nombreuse famille. La famille du beau gosse était en nombre, juste derrière. Mes amis et moi formions le troisième groupe.

À l'église, je m'étais assis au dernier rang, pour ne pas me faire remarquer, et en était sorti avant la fin de la messe.

Dans le cimetière, j'étais resté discret et en retrait.

À la fin de la cérémonie, alors que nous allions repartir, le beau gosse me prit à parti. Il m'accusait d'avoir tué, ou fait tuer, Élodie, sa petite amie. Il sortit une arme de son sac, et la pointa sur moi.

J'allais tenter de m’enfuir, quand une détonation retentit, et le beau gosse s'effondra.

Je pensais immédiatement que pour lui au moins, je pourrais me dispenser d'assister à son enterrement.

On ne voyait personne du côté d’où provenait le coup de feu. Deux petites vieilles qui nettoyaient les tombes s'éloignaient de nous. L'une des deux semblait boiter.

Un des sbires du père du beau gosse se précipita, et les rattrapa. Il fouilla leur sac à main.

Elles portaient un seau, des fleurs séchées.

Elles n'avaient rien vu, rien entendu.

Il les laissa partir, et se précipita pour faire le tour des tombes afin de s'assurer que personne ne s'y cachait.

Dépité, bredouille, il retourna sur le lieu du drame.

Les trois familles se toisaient. Mais toutes étaient choquées. La police arriva enfin.

Je me retrouvais une fois de plus transporté par un véhicule de police pour y faire ma déposition.

Le tueur n'avait pas non plus été identifié.



Quelques jours plus tard, les journaux signalèrent que c'était la même arme qui avait permis de perpétrer les deux meurtres.

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