J'aimais tant le Soleil,
Ses couchers flamboyants
Sur les flots ondoyants
Ses levers triomphants
Dans les yeux des enfants.

J'aimais tant le Soleil
J'aimais cette chaleur
J'aimais cette lueur
Bienvenue à chaque heure.

J'aimais tant le Soleil
Tant que ma peau bronzée
Craquelait, éclatait
À chaque fin d'été.

J'aimais tant le Soleil
Que je me suis brûlé.

Depuis j'aime l'hiver
Ses jours courts et brumeux
Où pas un rai ne filtre
Dans l'éther nuageux.

À présent je le fuis
Ce Soleil, dans mes nuits
Sans sommeil, éternelles,
Où je me réfugie.

Le Soleil, mon ami,
Mon amant m'a blêmi
M'a laissé le teint pie
Livré à l'infamie.

Je ne suis plus qu'un monstre
Dont les enfants se moquent
Quand les parents me montrent
Du doigt comme une loque.

Et je suis devenu
Fils haï de la nuit
Je fuis l'onde dorée
Mon refuge est la pluie.

Quand parfois je m'égare
Sous des cieux de gloire
Comme un nouvel Icare
Je tombe au purgatoire,
Cachant dessous le fard
Mes taches blanches et noires.