Idées de cloportes
C'est un petit monde caché, où pullulent des idées nées de petits cerveaux fanés, flêtris d'avoir trop pensé.
Petites cervelles rabougries, noix sèches dans vos coques fêlées, dans vos têtes vidées, vos crânes barricadés, vos pensées tournent et s'enroulent, volent et virevoltent, s'entrechoquent, astéroïdes fous, et s'agrègent, se désagrègent, se mêlent et s'emmêlent, s'échauffent puis forment des échafaudages branlants, des théories fumeuses et huileuses, glissantes, inconséquentes.
Certaines, quelquefois, dans leurs trajectoires folles, trouvent un trou et s'y engouffrent, un canal pour s'évader vers d'autres lieux, vers le dehors, vers le réel.
Elles essaiment depuis vos bouches en élucubrations obscènes. Elles suintent de vos doigts sur vos claviers narquois, et s'amplifient, se multiplient, une épidémie d'idées molles mais tenaces, à s'arracher la tignasse, à soulever les écoles, à faire brûler des bagnolles.
Un virus qui contamine les cerveaux les plus dévôts, les cervelles irrationnelles, les esprits amoindris.
Elles s'étalent en lettres incertaines, dans une grammaire flasque, en mots de tous les jours, sans nuance, sans profondeur.
Mais bientôt elles se colportent, dans ce petit monde de cloportes, où l'air lourd de ces conneries, de ces tricheries, supercheries, remplit vos poumons et s'infiltre et diffuse dans vos cortex. Alors vous mettez à l'index les justes idées trop complexes. Et vous préparez le bûcher des académiciens perplexes.
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