Pensées glacées
Assis devant ma glace
Je me tiens à ma place
Feuilletant en chantant
Un livret entêtant
Regorgeant de garçons
Aux regards polissons.
Sur le papier couché(s)
Certains effarouchés,
D'autres à l'air apaisé,
Ils semblent pavoiser
Exhibant leur chevelure
Redressant l'encolure.
Tantôt tendres et passifs
Tantôt suants et lascifs
Quelques uns s'abandonnent
A leurs airs de garçonnes,
Tandis que quelques autres
Prennent un air d'apôtre.
Ils offrent leur peau lisse
Leurs yeux pleins de malice
A mon regard d'esthète
Et emplissent ma tête
De leurs lignes parfaites.
Ils sont la perfection,
La glorification,
Du règne des jeunets.
Ce sont des Télémaques,
Des kouroï, des éphèbes,
Des Tadju, des Elios,
Des folles de Rio,
Des beautés de Zagreb,
appolons dyonisiaques.
Qu'ils sont beaux, qu'ils sont frais.
Leur insousciance m'effraie
Mais pas tant, je le pense,
Que ma piètre apparence.
Je viens de rencontrer,
En relevant le nez,
Un visage griffonné
De centaines de traits.
Pourtant ce matin-même
J'étais encore l'un d'eux
Avant qu'un anathème
Me donne un air hideux,
Celui du temps cruel,
Celui perpétuel
Lancé par les novices
Vers ces odieux messieurs
Blâmés de tous les vices
Avant tout d'être vieux.
Mes paupières sont tombantes,
Mes sourcils trop fournis,
Mes pommettes sont blettes
Ma peau celle d'un crapaud.
Mes yeux sont vitreux,
Prêts à verser des larmes
Face au reflet lépreux
Je dépose les armes.
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