Bob

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La horde était en place. Nul besoin de communiquer, chaque orc savait exactement ce qu’il avait à faire. C’était un plan rôdé, répété des centaines de fois sur cette grande route. Les voyageurs infortunés arriveraient par le Sud et avanceraient sur le chemin rempli de ronces et d’ornières, ce qui les ralentirait. A cet endroit précis, le terrain était tellement instable et inégal qu’ils seraient même forcés de mettre pied à terre, soit pour mener les chevaux par la bride, soit pour pousser la carriole. Ce serait le moment idéal pour attaquer : tout d’abord s’occuper des gardes ou hommes forts, ensuite des vieillards. Et surtout assommer les femmes et les enfants pour les capturer. Ils n’auraient aucune chance.

Parmi les douze orcs cachés derrière les fourrés ce jour-là, tous étaient convaincus de leur réussite. Enfin, presque… Le plus jeune d’entre eux, même pas âgé d’une dizaine d’années, ne se sentait pas à l’aise. Et ce n’était pas nouveau ! Dès son plus jeune âge, il s’était toujours trouvé différent de ses frères de horde. Déjà, il n’aimait ni se battre ni détruire tout ce qui l’entourait, ce qui était pourtant le passe-temps favoris des enfants orcs. Cela n’avait bien sûr rien à voir avec le fait qu’il était sang-mêlé ; la moitié des orcs étaient des bâtards après tout. Non, c’était un problème de goût. En fait, ce qui le fascinait par-dessus tout, c’était les symboles et les runes que le Shaman traçait sur le sol ou les visages. Le jeune orc en avait vu aussi ailleurs, des symboles différents sur des sortes de bout de bois souples reliés ensembles par une corde, qui étaient transportés par certains humains qu’ils dépouillaient après les avoir massacrés. Il pensait même avoir compris les principaux signes, mais bien sûr n’avait aucun moyen de se le faire confirmer. Le Shaman de la horde avait bien remarqué sa préférence pour les runes et cette inclinaison l’avait rendu suspicieux : il n’était rien de pire qu’un orc qui réfléchissait trop, avait-il dit… En tout cas, le jeune orc continuait à essayer de comprendre tous les symboles qu’il trouvait mais le faisait maintenant en cachette, pour ne pas s’attirer des ennuis.

« Grumsh ! Tu es encore dans la lune ! » cria son chef de horde. L’évocation de son nom et le ton de reproche sortit le jeune orc de sa rêverie. La mission ! Il devait avant tout penser à la mission. Il serra un peu plus fort le gourdin dans sa main.

Les voyageurs se montrèrent enfin. Ils n’étaient que trois. Ce serait facile ! Un elfe marchait en tête, arc en main, les oreilles dressées. Bien sûr, il pensait que son ouïe fine le préviendrait de la présence de la horde mais les orcs étaient malins et avaient mis des sortes d’éponges sous leurs pieds pour ne pas faire de bruit. Ensuite venait un guerrier, aisément reconnaissable à son armure de mailles, son épieu encore entaché de sang et de son large pavois. Finalement suivait une femme étrange : vêtue d’une robe et d’un chapeau à large bord qui finissait en un bout pointu, elle s’appuyait sur un grand bâton dont le bout supérieur était surmonté d’un épais bout d’ambre enchâssé dans des sortes d’ailettes noires. Bien évidemment, ils ne ressemblaient pas à des marchands mais ils n’étaient que trois et la horde était puissante.

Le chef fit les gestes alertant qu’il fallait se préparer à attaquer. Dès qu’il ferait le signal, la horde s’élancerait. Ce qu’il fit quelques secondes plus tard. Un rugissement retentit alors et les orcs se jetèrent sur leurs proies. Mais celles-ci réagirent instantanément : la femme cria des mots incompréhensibles et provoqua un tremblement de terre, fauchant ainsi les orcs du premier rang. L’archer décocha trois flèches à la fois et blessa grièvement autant d’orcs. Quant au guerrier, il bondit comme un tigre et embrocha les derniers orcs debout. Grumsh, qui était le dernier à charger fut gratifié d’un revers de pavois dans le crâne. Une explosion de sang eut lieu au niveau de sa tempe et soudainement, ses jambes refusèrent de le porter ; il s’écroula. Avant de s’évanouir, il entendit les voyageurs dirent :

« Pfff… Bon, c’est quand qu’on arrive dans ce donjon ?

- C’est vrai après tout ! Vraiment marre de ces rencontres aléatoires… »

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