Prologue

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Les babillements des Cridhs à queues, tels des harpistes, serinent les contrées de Nevyriel. Yrian, allongé sur sa couche, écoute leurs chants mélodieux. Il se lève, laissant la chevelure auburn d’une femme glisser sur son torse dénudé. Ses muscles fessiers roulent sous sa démarche tandis qu’il enfile son bas. Le sauvageon torse-nu sort de la cabane ensevelie par un toit de chaume.

Il admire l’aurore nuancer les ombres de son village. Des lièvres au nez frétillant se baladent, hardis. L’homme les observe, les gibiers s’échappent sur les layons qui mènent à la forêt. Yrian sourit et s’avance vers un énorme bassin en bois. Il plonge ses deux mains dans le liquide froid et en baigne son visage. Il tire ses cheveux bruns trempés en arrière, des gouttes d’eau perlent sur sa peau mate. Le Nevyrien connu pour sa robustesse et son tempérament impérieux semble résolu.

Yrian rassemble ses affaires puis, d’un pas décidé, s’engage dans les bois. Il connaît bien les terres de sa naissance, ses yeux bleu-vert détaillent les arbres millénaires tandis qu’il caresse du bout de ses doigts leurs écorces rugueuses. La forêt sent l’automne, le sol humide se nourrit tout juste des premières feuilles vermillon. Le jeune homme étire ses bras, puis se met à courir à travers les effluences de la sylve séculaire.

Après une lieue de course vigoureuse il s’arrête au bord d’une falaise, un vent salé balaye sa frange. Yrian descend vers la plage où s’échouent de grandes vagues. Sur le sable spongieux, l’écume efface des empreintes de pas.

Au loin, il aperçoit un grand blond assit. Son cousin Abriel, un Nevyrien taciturne aux traits angéliques. Yrian nonchalant, s’approche et jette son sac.

« Tu embarques avec nous, le continent te manque ? demande Abriel, intrigué.

— Il faut croire que oui, j’ai demandé à ton père de convaincre le mien. » souffle Yrian en lançant au loin un petit galet.

Les deux jeunes hommes tournent leur tête vers un bateau au large, l’équipage se hâte sous les ordres criés d’Alaric : un homme imposant, capitaine et premier commandant de toutes les expéditions vers Kazendar, premier né exhérédé et père d’Abriel.

Les Nevyriens saluent Alaric, derrière eux, une voix enjouée les surprend en s’appuyant sur leurs épaules :

« Quelle bande de bambins nous a-t-on collée là ! s’esclaffe Arvel.

— Il faut bien du sang neuf pour surveiller ta misérable peau de rouquin, ricane Yrian taquin.

— Du sang neuf avec celui-là ! » répond Arvel en montrant Abriel de ses yeux.

Le blond s’éloigne, acariâtre. Il y a coutume sur l’île de Nevyriel que, même si tout le monde s’accorde sur qui est Abriel, personne ne vient le lui rappeler. Sa naissance, un parjure impardonnable, une insulte à la lignée Nevyrienne tacitement ignorée au nom de son père.

« Ne prends pas la mouche mon poussin, réagit Arvel. Nous allons bien nous amuser.

— Qu’en sais-tu ? interrompt Yrian curieux.

— Un ordre d’assassinat est arrivé !

— Encore un... étouffe le blond.

— Oui, enfin un seul de payé, les autres ne seront que des primes. » s’égosille hilare Arvel avec Yrian.

Une vingtaine de Nevyriens montent à bord du navire. Le vent matinal souffle sur les étais, les cordages grincent tandis que les voiles platinées se tendent sur les vergues des mâts. Rien ne prépare ces hommes au long périple qui les attend. Sur la proue sculptée de vagues tribales, Yrian et Abriel savourent de leurs yeux l’éternel et tumultueux océan bleu marine qui se profile devant eux, à perte de vue.

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