Le réveil (3/4)

3 minutes de lecture

Mon esprit.

Complètement noir et dénué de repère comme j'avais l'habitude de le laisser.

Ça, au moins, c'était normal.

Je tentai d'invoquer mon flux à l'état brut. Rien. Déjà moins normal. Le flux, cette essence magique que chaque humain possède mais dont seuls quelque uns peuvent se servir. Les araks et les azniens. L'invoquer tel quel dans son esprit relevait de l'impossible pour la plupart des magiciens. Aussi avaient-ils recourt à divers passe-passes mentaux afin de le visualiser. Je n'avais pas besoin de ces petits tours. Je pouvais aisément invoquer une matérialisation de mon flux afin d'agir dessus bien que je préférais travailler sans le voir, juste en le sentant. Autrement dit, sous sa forme brute, invisible même à travers l'esprit.

Or, ce n'était plus le cas.

Bon, retour aux fondamentaux de la magie : visualiser son flux à travers une représentation physique générée à l'intérieur de mon esprit.

D'un battement de cil, je créai une vaste salle aux murs de pierre avec des torches tous les mètres. Le sol poussiéreux représentait bien mon âge. Aucun plafond.

C'était ainsi qu'Adrian m'avait appris à apprivoiser mon flux.

Il était cependant toujours absent. Une épaisse fumée noire venant du haut aurait dû se former et tournoyer lentement dans la pièce comme un vortex.

Deux explications à ça. Soit je n'avais plus de flux, ce qui au demeurant n'était pas pour me plaire. Soit il était emprisonné dans une partie de mon esprit.

J'effaçai la salle pour me retrouver à nouveau dans le néant. Je matérialisai une balle en or dans la paume de ma main. D'aucun appellerait cela la Réflexion ou encore la Mémoire. C'était basé sur l'hypothèse que l'esprit enregistrait tous les souvenirs. Que ce soit ce que les yeux voient, ce que le corps ressent, ce que le cerveau apprend. Avec une intense réflexion, l'on pouvait avoir accès à ces souvenirs, aussi profonds fussent-ils enterrés. Certains magiciens s'étaient perdu dans leur propre esprit à force de chercher et de côtoyer leurs souvenirs. Personnellement, cela ne m'avait jamais attiré mais aujourd'hui je n'avais guère le choix. Mon flux était quelque part dans mon esprit ou avait complètement disparu et je me devais de trouver le souvenir de ce qui lui était arrivé.

La balle frémissait dans ma main. Je la lâchai et elle partit à une vitesse folle droit devant moi. Je n'avais plus qu'à attendre et à rester concentré. Visualiser la Mémoire, même sous une forme aussi simple, demandait beaucoup de calme et de savoir-faire. Je ne devais pas me distraire par des pensées parasites.

Je n'eus cependant pas à patienter longtemps. Bientôt un bruit métallique résonna dans tout mon esprit. Ma sphère butait contre quelque chose. Elle se cognait et se cognait à nouveau contre un obstacle. D'une pensée, je rejoignis ma Mémoire. Elle était là, au dessus de ma tête, à foncer dans... rien.

Intrigué, je la fis disparaître et tendis la main vers cet obstacle invisible. Je rencontrai une sorte de paroi. Je fis glisser ma main sur presque dix mètres.

Jusqu'où s'étendait-elle ?

Je créai un couteau et m'entaillai le doigt avec. Mon sang perla. Je posai mon doigt sur la paroi. Le liquide rouge se répandit rapidement et teinta le mur maintenant visible.

Il était immense. Tellement grand que je ne pouvais pas en voir la fin. Ni à gauche, ni à droite, ni en haut, ni en bas. C'était tout un pan de mon esprit qui m'était inaccessible. Et mon flux se trouvait de l'autre côté.

Serait-ce elle qui m'avait fait ça ? En avait-elle seulement le pouvoir ? Oui, sans aucun doute.

Ou bien...

J'invoquai de nouveau ma Mémoire et l'envoyai chercher Qifen. Comme je m'y attendais, la sphère dorée fonça droit sur le mur de sang.

C'était donc la raison de son silence. Il était enfermé avec mon flux dans cette prison. C'était à la fois réjouissant et contrariant.

Je devais absolument trouver le moyen de briser cette barrière. Sans flux, plus de magie et sans magie, mon espérance de vie aller méchamment chuter de quelques centaines d'années à quelques dizaines de mois. Une perspective des moins appréciables.

Mais alors comment...

– Vous dormez ?

Cette voix ne venait de nulle part mais je reconnus ma guérisseuse. Il était vrai que j'avais plus urgent à traiter. Le Conseil.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Erwan Silas ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0