Carquefou

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Je n’ai pratiquement rien dit sur la famille de ma mère, hormis que nous allions chez ses parents une fois par an lors des vacances de Noël et que mon papy avait une pièce entière consacrée à son train électrique (je le surnommais d’ailleurs « Papy train »). Mais Zelda m’évoque d’autres souvenirs de leur maison, et tout d’abord les atroces ressorts du lit dans lequel je dormais (ou sur lequel je jouais). Je l’ai déjà dit, il me fallait toujours un temps très long pour m’endormir, temps pendant lequel je me retournais de nombreuses fois : avec des ressorts, c’était très mouvementé ! Dans cette chambre il y avait une vraie curiosité : la collection d’automates de ma grand-mère. En effet celle-ci collectionnait les jouets mécaniques, elle en avait énormément, de toute les tailles, allant du grand clown articulé à la petite souris à ressort, en passant par les jouets de bain. Elle collectionnait également les boîtes à musique, mais je n’avais pas le droit de les toucher, elles étaient trop fragiles.

Dans une autre pièce, encombrée au possible si bien qu’on ne savait plus trop s’il s’agissait d’une chambre ou d’un bureau, il y avait un piano. Mais ce n’était pas n’importe quel piano, il avait son caractère. D’une part, il était complètement désaccordé. D’autre part, les touches étaient jaunies au point de tirer vers le marron, ce qui faisait que le son criard qui en sortait n’avait rien de surprenant. Mais au-dessus du clavier, de chaque côté du pupitre il y avait des chandeliers mobiles avec de grosses bougies rouges, insérés directement dans le coffre de l’instrument. Cela lui donnait un certain cachet, renforcé par le velours rouge qui recouvrait les touches lorsque le couvercle était refermé, mais qui contrastait avec la sonorité plus qu’hasardeuse. En un mot, c’était une antiquité ; pourtant, je jouai beaucoup dessus, ce qui n’aida pas forcément l’éducation de mon oreille… J’espère qu’à l’époque, quand ma mère était jeune, il était accordé. Elle devait en jouer, mais je ne sais pas si elle était la seule de sa famille à l’utiliser ; un de ses frères était musicien, mais il était surtout guitariste. J’aurais bien vu ma grand-mère s’y asseoir, mais je ne crois pas qu’elle en ait joué ; pourtant elle avait un certain côté artistique : elle faisait de la peinture sur soie (je gardai longtemps accroché à une poutre de ma chambre une peinture d’elle représentant un tigre au milieu de nénuphars, association qui jusqu’à présent ne m’avait jamais frappée comme étant insolite), et de la poterie. Autant je ne la vis jamais peindre, autant je pus la voir manipuler l’argile puisqu’elle m’initia un peu à cette activité, en m’emmenant une fois à l’atelier où elle prenait des cours et où elle faisait cuire ses œuvres, et en ramenant de la terre chez elle pour que je puisse la manipuler. Je réalisai ainsi un phoque avec un ballon sur la bouche, qui fut cuit puis peint ; et un château fort assez grossier.

Le château fort ne fut pas cuit, il se contenta de sécher au soleil dans le jardin, ce qui fonctionna assez bien. Le jardin de mes grands-parents, à Carquefou, ne donnait pas l’impression d’être très grand mais c’était surtout parce qu’une bonne moitié était consacrée à un potager où poussaient fleurs et salades (il devait y avoir des légumes, mais je ne m’en souviens pas). L’autre moitié, avec de la pelouse, arborait un grand noyer et entre les deux, charmant objet désuet, il y avait une balancelle. Oui, une balancelle, cette sorte de petit banc suspendu qui, comme son nom l’indique, se balance doucement grâce à un portique qui permettait aussi d’être protégé du soleil. Il me semble que j’aimais beaucoup cette balancelle. Mais pour le reste, en dehors des repas de Noël, je n’ai pas beaucoup de souvenirs associés à cette maison, à part, mais je devais déjà être au lycée, celui de me promener avec mon père en écoutant Björk dans mon baladeur.

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