Triste janvier

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Une semaine passa et quelques jours avant l’échographie des trois mois pour vérifier que tout se passait bien pour la grossesse, Françoise se sentit « bizarre », elle en parla à Grégory.

— Greg, c’est bizarre, je t’assure… C’est comme… Comme si je n’étais plus enceinte, comme si je redevenais comme avant.

— C’est peut-être l’évolution de la grossesse ? Tu passes dans le deuxième trimestre, un truc comme ça.

— Je ne sais pas…

— Attendons l’échographie, tu as rendez-vous dans trois jours, c’est bien ça ?

— Oui, dans trois jours.

Quelques heures plus tard, elle dit gravement à Greg,

— J’ai des pertes, comme si je recommençais à avoir mes règles et j’ai mal au ventre, plus que quand j’ai mes règles. Je crois que je vais aller aux urgences, pour être sûre.

— Ok, je prépare la voiture et on y va.

Entre-temps, les pertes augmentèrent et Françoise dut prévoir une protection pour la voiture tellement cela devenait abondant.

Une fois aux urgences, le diagnostic tomba rapidement, Françoise faisait une fausse couche.

— Docteur, ma compagne s’est sentie différente ces deux derniers jours, est-ce que cela pourrait avoir un lien ?

— Oh, vous savez, cela dépend de l’origine de l’avortement, si c’était déjà mort depuis 48h, oui, ça pourrait expliquer, mais bon, il faudrait voir avec l’analyse des restes et débris qu’on a prélevés. Votre femme est suivie ici ?

— Oui.

Plutôt refroidi par le discours du médecin, il se tut puis observa Françoise qui précisa le nom de son gynécologue, Grégory la trouva pâle. Elle pleurait doucement.

— Bon, l’analyse des restes sera envoyée à votre gynécologue traitant. Pour le moment, vous allez être hospitalisée pour évaluer vos pertes jusqu’au curetage de demain matin, il y a de la place à 8h.

Françoise fut conduite en chirurgie gynécologique et installée dans une chambre. Grégory reçut l’autorisation de rester avec elle quelques instants.

Tous les deux restèrent silencieux, les choses se décidaient, là comme ça… Ils devaient suivre le mouvement, ils étaient résignés.

Une fois installée dans la chambre, Françoise s’assit à côté de lui et le prit dans ses bras pour lui dire,

— Je suis désolée Greg, j’ai perdu le bébé.

— Ce n’est pas ta faute Fran, c’est peut-être mes spermatozoïdes qui n’étaient pas bons… Souviens-toi, nous devions vérifier si tout allait bien dans deux jours.

Il la berça un peu, elle dit alors, d’une petite voix,

— Oui, je sais… Mais quand même, je n’ai pas su le tenir dans mon ventre.

— Ce n’est pas ta faute Fran, si ça se fait, il n’était peut-être pas viable, tu te souviens, on en avait parlé, de cette possibilité-là.

— Je sais Greg, mais il est mort dans mon ventre…

Grégory sentit un sanglot monter dans sa gorge, il la serra très fort et se fit la réflexion que oui, c’était aussi ça qu’elle vivait, il était mort, le bébé qu’ils attendaient tant était mort dans son ventre.

Il l’enlaça encore plus en imaginant ce qu’elle pouvait ressentir à cette idée - il est mort dans mon ventre – la phrase de Françoise se répétait dans sa tête, cela le fit frissonner. Il ferma les yeux et laissa, lui aussi, couler les larmes qui montaient dans ses yeux.

L’infirmière du service entra discrètement et les interpella,

— Bonsoir, monsieur, je vais devoir vous demander de partir. Madame, je vous annonce que vous êtes à jeun, dès à présent, pour l’opération de demain.

Résignée, Françoise répondit distraitement,

— De toute façon, je ne saurais rien avaler…

L’infirmière s’adressa à nouveau à elle,

— Je vous propose de prendre un somnifère pour ce soir, le médecin en a prévu en réserve. Avec ce que vous venez de subir, je vous conseille de le prendre puis s’inquiéta,

Plus attentive, elle accepta la proposition

— Je suis preneuse, je crois que je n’arriverai pas à dormir sans aide ce soir. Mais toi Greg ?

— Je prendrai une infusion à la maison Fran, ne t’inquiète pas pour moi.

L’infirmière s’adressa ensuite au couple,

— Monsieur, si vous pouviez être là demain dès 14h, vous pourriez ramener madame pour se remettre de l’intervention à domicile. Vous aurez beaucoup de pertes madame, mais vous aurez interdiction de mettre un tampon pour éviter toute infection. Et, ne vous inquiétez pas, des antalgiques seront prévus juste après l’intervention et pour la convalescence aussi.

Soudainement, Françoise lâcha,

— Merci, merci de nous donner ces infos,

Grégory renchérit,

— Oui, merci.

— Mais, je ne fais que mon travail, il est normal d’expliquer ces choses-là.

Le couple la regarda, enfin quelqu’un qui se souciait un tant soit peu de leur expliquer les choses, de faire attention à comment ils se sentaient et à ce qu’ils pouvaient éprouver face à la situation…

L’infirmière les ramena à l’instant présent,

— Monsieur, j’ai contacté le steward de sécurité, il vous conduira jusqu’à votre véhicule, je vous conseille de tenter de prendre un peu de repos pour pouvoir épauler Madame demain.

— Ok, oui, je vais vous suivre.

Il dit au revoir à Françoise en l’embrassant tendrement puis quitta les lieux.

Une fois chez lui, il hésita à contacter sa sœur, il était 1h du matin, il le ferait demain matin.

Le lendemain, il se réveilla en sursaut, se souvenant qu’il avait un examen à passer à l’université ; il était effectivement en pleine session d’examen. Heureusement, il s’agissait d’un examen pratique, une recherche à effectuer sur place.

Cela l’aida à faire passer la matinée et ce fut plus serein qu’il se rendit à l’hôpital vers 14h pour ramener Françoise dans leur appartement.

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