En pleine discussion, Valentine lança joyeusement à son frère,

— Mais pourquoi pas, Greg ?

Désemparé, il lui répondit

— Mais Val, tu imagines ? Le gamin qui tombe de mes bras, je ne sais pas le rattraper, pire, je lui tombe dessus ! S’il se noie dans une piscine, je ne saurais pas sauter et le sauver !

En le taquinant, elle ajouta,

— T’as qu’à pas aller là où il y a une piscine…

Elle pouffa, il réagit vivement,

— Mais enfin ! Quoi, tu en as déjà parlé avec elle, c’est ça ?

Elle tenta de le rassurer,

— Elle m’en a touché un mot, mais sans plus, vraiment, nous avons juste parlé du fait qu’elle avait trente ans et que moi, j’y passais dans un mois et que c’était un bon âge pour envisager une maternité, c’est tout.

Piqué par la curiosité, il lui demanda,

— Et quoi, Sébastien et toi, vous allez vous y mettre, c’est ça ?

En hochant négativement la tête, elle lui avança, rapidement,

— Non, ce n’est pas au programme Greg, j’ai encore des choses à régler avant ça.

Etonné, il répéta,

— Des choses à régler ?

Elle le scruta rapidement du regard, un peu anxieuse, et lui avoua,

— Oui… J’ai peur d’être une mauvaise mère Greg… Je n’ai pas vraiment eu un exemple de mère idéale hein… J’ai peur de ne pas savoir m’attacher à un enfant, où de ne pas savoir quoi faire quand il sera triste.

— Hé, petite sœur, vient là.

Il la prit dans ses bras et la berça doucement.

— Je suis sûre que tu y arriveras, tu veux qu’on dise oui à papa concernant la réunion de famille qu’il propose ?

Elle haussa les épaules puis glissa,

— Je ne sais pas, peut-être… Mais être confrontée à elle… Rien que d’y penser, j’en ai mal au ventre.

— Mais tu auras peut-être des réponses, concernant notre grand-mère, notamment. N’oublie pas que cela se déroulera dans l’hôpital où elle est hospitalisée depuis le lendemain de la crémaillère, cela fait deux semaines, les médicaments ont dû agir, et puis, c’est aussi à la demande des thérapeutes, tu dois connaitre ça, c’est dans ta branche.

— Oui, je sais, ils vont tenter de faire circuler la communication dans la famille… Elle finira peut-être par lâcher un bon gros secret de famille qui expliquera pas mal de choses, mais franchement, la connaissant, elle emportera ses secrets et ses raisons dans la tombe.

Elle soupira tristement, son frère tenta de la soutenir,

— T’en sais rien, qui ne tente rien n’a rien Val, je serai à tes côtés aussi à cette réunion.

Elle lui sourit franchement et lui sorti, en boutade,

— Eh bien Greg, qui ne tente rien, n’a rien… Tu n’as qu’à tenter de faire un bébé avec Fran, tiens ! « Je serai à tes côtés » moi aussi… Mais pas durant la conception hein !

Il ne put s’empêcher de rigoler devant le sens de l’humour de sa sœur, cela détendit l’atmosphère et ramena Valentine à la question de son frère.

— Pfff… Vaaaal !

— Mais quoi Greg, de quoi t’as peur ?

Il la regarda avec un regard triste,

— Dans l’absolu, j’en ai envie, on serait une vraie famille, mais…

Il respira profondément puis de replia sur lui-même. Valentine l’interpella,

— Mais quoi Greg ?

— Moi aussi, je suis allé sur les forums, j’en ai parlé avec les médecins que je consulte, ce ne sera pas une mince affaire, et je n’ai pas envie de l’obliger à passer par des inséminations et des trucs comme ça pour avoir un bébé de moi. Je préfèrerai qu’elle en ait avec un autre alors, de façon naturelle.

— Mais, Fran m’a dit que cela pourrait réussir « naturellement » aussi, non ?

— Oui, mais avec un taux de réussite de style 5% ! Génial hein, t’as intérêt à être dans le bon pourcentage sur ce coup-là.

— Ah oui…

— Ben… Qu’est-ce que tu crois, je me suis renseigné, moi aussi. Je comprends qu’elle ait envie d’un enfant, mais j’ai peur de ne pas pouvoir lui en donner Val… Et j’ai peur qu’elle finisse par me quitter pour ça, pour être mère. Et dans ce cas-là, je me demande s’il ne serait pas mieux de…

Il soupira sans finir sa phrase. Valentine réagit vivement,

— Quoi Greg ? Tu veux tout arrêter avec elle parce que tu as peur de ne pas réussir à lui faire un bébé ?!

Dans un souffle, il répondit,

— Oui.

Il regarda le sol, triste.

— Mais Greg ! Tu crois qu’elle en serait là si ce n’est pas avec toi qu’elle envisageait de finir ses jours ? Bordel ! Tout ce qu’elle a fait pour te retrouver et vivre avec toi… Tu crois vraiment que cela la fera partir ?

— Je crois, oui. Elle ne le montre pas, mais elle est triste que je n’aie pas sauté de joie lorsqu’elle me l’a proposé.

— Et ?

— Elle veut que j’y réfléchisse…

— Et, tu le fais ?

— Mais oui, et t’en parler fait partie de la réflexion, je te signale !

— Et tu vas lui proposer quoi alors ?

— Je vais lui proposer mes limites… Jusqu’où je suis prêt à tenter l’expérience.

— Ok, c’est mieux qu’un « non » catégorique, au moins, vous en parlerez.

Ce fut elle qui le réconforta à présent puis ils se quittèrent en choisissant une date pour la réunion de famille.