Complicités

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Mardi soir, Françoise attendit Valentine dans leur bar préféré. Françoise l’aperçut et lui fit de grands signes. Les deux amies se retrouvèrent et Valentine passa commande pour accompagner Françoise qui sirotait déjà un mojito.

— Alors Fran, comme ça, tu as foutu ma mère à la porte de chez mon frère ?

— Oui, avec l’aide de ton frère qui a été très ferme !

Elle lui raconta la scène avec tous les détails. Valentine hocha négativement de la tête en se mordant la lèvre inférieure.

— Elle n’en manque vraiment pas une, et Greg, ça va ? Il accuse le coup ?

— Je crois, il a pleuré, tu sais, mais il avait aussi besoin d’air. Cette femme est étouffante.

— Ça oui, je le sais… Mais, et toi dans tout ça ? Est-ce ça va, avec ce qu’elle a dit ? Tu sais, les aspects … pratiques …

Valentine était un peu inquiète ; elle savait bien que l’état de son frère pouvait rebuter plus d’une partenaire potentielle. Étant infirmière, elle n’en connaissait que trop bien les détails…

— Hé, cool Val, en jetant un tel pavé dans la mare, ça m’a permis d’en parler sérieusement avec lui, et sans tabou, surtout.

— Et ?

Autant Valentine était inquiète pour son amie face à la réalité du quotidien d’une personne paraplégique, autant Françoise semblait passer au-dessus de ces soucis ; elle souriait béatement.

— Et quoi ?

— Mais, est-ce que ça va, pour toi, pour lui ?

— Parfaitement… Il avait peur de ça, tu sais, mais j’ai pu lui expliquer que je m’étais préparée à la chose en attendant l’occasion de le revoir.

Valentine gloussa un peu nerveusement en précisant,

— Mais oui, je me souviens bien de la première fois que je t’ai invitée à te rendre sur certains forums. Et quoi ? Vous allez essayer de vous remettre ensemble ?

Devant les pincettes que prenait son amie, Françoise éclata de rire et lui annonça joyeusement,

— Mais bien sûr, Val ! Nous sommes à nouveau ensemble, ton frère et moi.

Valentine fut interloquée ; perdue entre ses craintes pour son amie et la joie réelle qu’elle percevait chez Françoise. Voulant comprendre, elle tenta,

— Ah oui ? Je sais que lui, il appréhendait ça, d’être en relation avec toi… Tu sais, pour le côté plus intime.

En minaudant, Françoise lui répondit,

— Tu veux savoir si nous avons fait des choses, hein, c’est ça ?!

Prise d’un petit rire nerveux, elle confirma,

— Bah… Je ne sais pas trop, mais je te vois toute radieuse, et lui qui en arrive à virer maman ; j’imagine qu’il a dû se passer quelque chose entre vous, non ?

— Oui, tu as raison Val, nous nous sommes retrouvés, Greg et moi, et je l’aime toujours autant, même maintenant.

Valentine la laissa parler, elle voyait bien que Françoise était envahie par plusieurs sentiments et tentait de traduire ce qu’elle ressentait.

— Tu sais, Val, nous avons fait l’amour lui et moi, et c’était bon !

Voyant une certaine incompréhension sur le visage de Valentine, elle lui expliqua,

— Pas besoin de pénétration pour s’aimer Val, n’oublie pas ! Il y a d’autres stimulations qu’il est encore parfaitement capable d’effectuer…

Lorsque Françoise s’aperçut que son amie avait compris l’allusion, elle éclata de rire puis continua son récit.

— Et puis je l’ai touché et massé, il a apprécié d’être touché comme ça, pour lui, pour son plaisir.

Valentine sentit une larme poindre au coin de ses yeux, elle était heureuse, pour son frère, pour son amie … Elle glissa,

— Vous vous êtes donc réellement retrouvé tous les deux…

Françoise acquiesça d’un mouvement de tête,

— Oui, et je pense qu’il l’apprécie tout autant que moi. Bon, on devra tous les deux ménager l’autre, mais je pense que c’est parfaitement faisable. Et je lui ai dit, pour éviter tout incontinence urinaire, il doit mettre son étui pénien quand on dort ensemble.

Valentine éclata de rire, toujours un peu nerveusement, l’état de son frère lui avait fait craindre qu’il ne puisse plus trouver l’âme sœur, mais visiblement, Françoise semblait arriver à « passer au-dessus » de ces soucis très concrets. Elle semblait prête à tout pour retrouver l’homme qu’elle aimait.

— Quoi, tu lui as sorti ça, là, comme ça ?

— Oui, ce n’est pas très glamour, mais je lui ai dit que je préférais être franche, cela va faire partie de notre réalité si nous restons ensemble, ce que j’espère de tout cœur. Alors autant faire attention à ce genre de détails. Et puis, rien que pour faire la nique à ta mère, je ferai tout pour qu’il n’y ait jamais d’accident dans le lit !

— Fran… Je suis heureuse pour toi, et surtout de constater que malgré tout, tu as encore des sentiments pour lui et que tu l’acceptes tel qu’il est. Je suis heureuse pour Greg aussi.

Un peu songeuse, Françoise fini par répondre,

— Val, je l’aime… Il n’y a que lui que j’aime, j’ai essayé avec d’autres, tu le sais bien, mais en tous, c’est lui que je recherchais. Et maintenant, je l’ai retrouvé, il est toujours le même, celui dont je suis tombée éperdument amoureuse dès que je l’ai croisé chez toi quand nous étions ados.

— Et tu lui fais encore de l’effet aussi, tu sais, quand il parlait de toi lorsque j’allais le voir, je le voyais bien, il avait les yeux à la fois pétillants et tristes ; il ne voulait pas se permettre d’espérer un jour te reconquérir.

— Eh bien, ma chère Val, qui sait, nous finirons peut-être bien par être belles-sœurs un jour !

— Oh Fran, ce serait tellement bien !

Elles s’embrassèrent et essuyèrent leurs larmes de joie puis Françoise s’enquit de choses plus concrètes,

— Dis, Sébastien, il serait vraiment prêt à envoyer ses collaborateurs pour adapter l’appartement de ton frère ? Il est intéressé, tu sais.

— Oui, je vais le lui rappeler cette semaine, il est prêt à lui donner des conseils de mobilisation aussi, enfin, si Greg le veut.

— Chouette, oui, t’inquiète, ton frère est preneur ! Et ça fera avancer les choses plus rapidement. Sinon, lui et toi, ça va ?

— Oui, je suis toujours sur mon petit nuage, sauf que l’autre essaye par tous les moyens de semer le doute entre nous deux… Et que Seb me propose de rencontrer son ex pour m’introduire auprès de sa mère.

— Quoi ? C’est quoi cette affaire-là ? Raconte-moi ça, en détail !

Valentine ne se fit pas prier et lui donna tous les détails désirés

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