Rencontre avec Sandy

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Mercredi après-midi, Valentine avait rendez-vous avec Marcelle, elles avaient décidé de faire un peu de shopping avant de rejoindre Sébastien chez lui. Tout en se baladant, elles discutèrent,

— Comment est-ce que ça va pour toi Valentine ? J’ai eu écho des dernières attaques d’Axel, merci pour ton nouveau numéro de portable.

— Oh, ça va, tu sais, je n’y pense même quasi plus…

— Et avec Sébastien, ça va ? Tu es radieuse en tout cas.

— Oui, tout se passe bien. Tu sais, l’ambiance est tellement sereine avec lui, cela me semble parfois un peu irréel.

— Oh, mais moi, je trouve que tout cela est bien réel et, personnellement, j’en suis ravie. Viens, on va voir les sacs de cette boutique.

— Ils sont bien ? Tu connais ?

— Oui, de bonne qualité, pas trop chers et je connais la propriétaire.

— Ok, fais-moi découvrir alors.

Elles s’engouffrèrent dans ladite boutique et Valentine découvrit de belles choses.

— Tiens, j’ai déjà vu ce modèle de sac chez toi, Marcelle.

— Oui, c’est ici que je l’ai acheté.

— Et il y a plein d’accessoires aussi, en cuir, en tissu…

— Oui, et tous les objets vendus ici viennent d’artisans locaux, sympa comme concept, hein ?

— Effectivement, consommons local, c’est mieux. Oh regarde, ces bijoux en argent sont vraiment beaux, très finement travaillés.

Une personne s’approcha de Valentine en l’interpellant,

— Bonjour, puis-je vous aider ? Vous désirez essayer un collier, une bague ?

— Oh, merci, mais je ne fais que regarder… Ou alors, juste ces deux bagues, là et là.

— Pas de souci, les voici, à vue de nez, vous devez avoir une taille 52 ou 53.

La vendeuse lui fit essayer les deux bagues choisies, elles lui allaient bien, toutes les deux, mais elle n’avait pas prévu de faire des achats. Elle soupira silencieusement. Marcelle la rejoignit.

— Alors, tu as trouvé ton bonheur Valentine ?

— Oh, regarde, elles sont superbes, tu ne trouves pas ? J’hésite vraiment…

Lorsque Marcelle interpella la vendeuse, le sang de Valentine se glaça,

— Dis, Sandy, je vais prendre ce petit sac, tu me le mets de côté pendant que nous continuons le tour de ta boutique ?

— Pas de problème Marcelle, je te mets ça de côté, puis elle s’adressa à Valentine, portez encore les bagues pendant la découverte de la boutique, comme cela vous saurez vraiment si elles vous plaisent.

En la regardant de façon plus insistante, Valentine balbutia,

— Merci.

Soucieuse, face à sa réaction, la vendeuse demanda,

— Quelque chose ne va pas ?

Marcelle s’approcha et l’interpella aussi,

— Oui, Valentine, qu’y a-t-il ? Tu as l’air d’avoir vu un fantôme.

En regardant la vendeuse, Valentine murmura,

— Euh… Vous êtes Sandy ? La Sandy de Sébastien ?

Marcelle et Sandy eurent tous les deux un sourire complice, en souriant, Sandy répondit,

— Oui et non, je suis bien Sandy, mais je n’appartiens pas à Sébastien et cela fait belle lurette que nous avons rompu.

Elle fit une pause, observa Valentine qui emmagasinait l’information puis repris,

— Et vous, vous êtes Valentine, sa compagne, c’est bien ça ?

Valentine ne sut que répondre et entendit Marcelle répondre pour elle,

— Oui, c’est bien Valentine, la compagne de Sébastien.

Elle finit par pouvoir articuler,

— Oui… C’est bien moi… Je…

Valentine se passa les mains sur le visage puis reprit,

— Désolée, je ne savais pas… Je ne m’attendais pas à vous rencontrer de cette façon, Sébastien avait prévu une rencontre l’un de ces soirs.

Sandy posa une main sur l’épaule de Valentine et la rassura,

— Pas de souci Valentine, je sais qu’il s’agit d’une situation pas vraiment évidente ; rencontrer l’ex de son compagnon, ce n’est pas toujours quelque chose d’évident. Je ne sais pas trop ce que Sébastien vous a raconté à notre propos, mais je le considère comme mon frère. Rien de plus.

Tout bas, elle répondit,

— C’est ce qu’il m’a dit, effectivement.

Elle était un peu perturbée par cette rencontre imprévue, mais se reprit ; voyant l’état de Valentine, Marcelle intervint,

— Dis, Sandy, tu fermes ta boutique à quelle heure ? On pourrait se prendre un café ensemble à la Grand-Place quand tu auras fini. Toutes les trois, ça te convient Valentine ?

Valentine acquiesça en hochant la tête, puis dit, comme si elle réfléchissait tout haut,

— Pourquoi pas, nous pourrions discuter et faire connaissance.

Sandy évalua la chose, regarda dans la boutique et leur dit,

— J’avais prévu de fermer dans une heure, mais il fait ultra calme, je crois que je vais fermer plus tôt. Je t’encaisse pour le sac, je ferme la boutique et nous pouvons y aller.

En sursautant, Valentine ajouta,

— Oh, les bagues, les voici, vous pouvez les remettre dans la vitrine.

— Ah oui, je les avais oubliées celles-là ! Merci !

Sandy ferma sa boutique, en l’attendant, sur le trottoir juste en face, Marcelle demanda à Valentine,

— Est-ce que ça va ? Je suis désolée, je ne pensais pas à mal en venant dans la boutique de Sandy.

— Hé ! Pas de souci Marcelle… Tu sais, ce n’est peut-être pas plus mal d’avoir fait connaissance de cette façon, plus sympathique qu’une rencontre solennelle dans l’appartement de Sébastien.

Marcelle la prit dans ses bras et lui dit,

— Je suis sûre que vous vous entendrez bien toutes les deux.

— Écoute, nous verrons et de prime abord, elle a l’air sympathique.

Les trois femmes s’installèrent autour d’un café et d’une pâtisserie dans l’une des terrasses donnant sur la Grand-Place de Mons.

— Alors, dites-moi, Valentine, êtes-vous heureuse avec Sébastien ? Lui, en tout cas, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu aussi heureux et serein à la fois.

— Je suis heureuse avec lui, effectivement.

Marcelle renchérit,

— Et tu le rends heureux, c’est un fait, Valentine.

Pour cerner la situation Sandy demanda à Valentine,

— Et vous avez connu Axel aussi, si j’ai bien compris ?

Valentine fut un peu interloquée et prise au dépourvu, mais finit par répondre,

— J’ai connu Axel avant de connaitre Sébastien, oui, qui vous en a parlé ?

— Sébastien, c’est lui qui m’en a parlé, suite au tas de crottin laissé devant sa porte.

Sur la défensive, Valentine lui répondit,

— Et ? Que voulez-vous savoir ? Pour moi, les choses sont claires, cette courte période de ma vie est terminée.

— Oh, mais je ne désirais pas de détails, je voulais juste vous prévenir de faire attention, quand il a une idée en tête, il peut être excessivement buté.

— Vous l’avez connu, vous aussi, non ?

— Effectivement, j’ai eu une aventure avec lui… Un feu de paille, j’ai fini par voir son vrai visage et la jalousie qu’il a par rapport à Sébastien.

Elle souffla puis reprit,

— Sébastien ne veut pas entendre ça, il voit toujours Axel comme son petit frère, incapable d’avoir des idées tordues.

Valentine ne put s’empêcher de placer ce qu’elle connaissait de l’histoire pour obtenir sa version.

— Sébastien m’a expliqué que, par rapport à lui, vous étiez complice d’Axel concernant la rumeur d’homosexualité.

— Oui, Axel et moi, nous discutions de ce genre de chose… En soirée, un peu éméchés, nous partions dans ce genre de délires, mais c’est lui qui a répandu la rumeur, pas moi ; je ne vois pas l’intérêt que j’aurais eu à discréditer celui qui était encore mon compagnon !

Un peu abruptement, elle lui lâcha,

— Mais vous le trompiez !

Sandy tiqua puis lui répondit, d’une voix douce,

— Non, nous étions tous les deux d’accord à ce niveau, cela faisait deux ans déjà que nous étions un couple « ouvert », il ne vous l’a pas dit ?

Encore un peu sceptique, Valentine murmura,

— Il m’a dit que vous étiez libre, effectivement, mais…

— Ça vous chiffonne, c’est ça ? Sébastien a dû vous parler de sa mère, non ?

— Oui, il m’en a touché un mot… Ce qui a débouché sur son envie de nous faire nous rencontrer.

Sandy haussa les sourcils avant de répondre à Valentine,

— De fait, vous ne connaissez pas encore Madame Mère ! Désolée pour ta sœur Marcelle, mais je n’ai pas d’autre nom pour elle !

— T’inquiète Sandy, je connais ma sœur !

Inquiète, Valentine demanda,

— Elle est perturbante à ce point ?

Marcelle et Sandy la regardèrent toutes deux en hochant affirmativement de la tête. Valentine en fut abasourdie.

— Oh, cela m’a l’air sérieux… Ça ne donne pas vraiment envie de la croiser en tous les cas…

Marcelle voulut la rassurer,

— Ne t’inquiète pas Valentine, ma sœur n’est pas un ogre non plus !

— Mais elle a son caractère, Marcelle ! Et elle peut être mordante.

— Arrête Sandy, Valentine va finir par s’encourir !

Elles éclatèrent toutes les trois de rire. Valentine finit par reprendre,

— Mais vous, elle vous aime bien, apparemment, Sandy. Comment avez-vous fait pour être dans ses bonnes grâces ?

— Oh, je n’ai rien fait, c’est elle qui a décidé que j’y étais !

Sandy gloussa puis reprit,

— C’est elle qui choisit, et il n’est pas évident de savoir dans quel sens le vent tourne… Avec elle, c’est vraiment la météo des plages, quand le drapeau est rouge, il ne faut vraiment pas se jeter à l’eau !

Marcelle intervint,

— C’est en fonction de ce qu’elle a en tête, si tu rentres dans ce qu’elle a en tête, ça passe, si tu vas à l’encontre de ce qu’elle imaginait comme vie pour toi, tu passes un sale quart d’heure.

Valentine demanda,

— Comme quand vous et Sébastien avez décidé de rompre ?

Sandy confirma en soupirant,

— Oui, elle nous voyait avec trois enfants et un chien ! Je caricature, mais c’était de cet ordre-là ; elle avait prévu que nous ayons des enfants lui et moi, elle a pris l’annonce de rupture comme une attaque personnelle de son fils contre elle ; pour elle, cela signifiait qu’il ne lui donnerait pas de petits-enfants… Alors qu’elle avait déjà commencé à acheter des petits ensembles pour bébé.

Elle regarda Valentine, qui l’écoutait avec des yeux ébahis,

— J’ai dû aller lui parler, plusieurs fois, pour qu’elle n’en tienne plus rigueur à Sébastien, elle voulait des petits-enfants. Elle n’a pas choisi de n’avoir qu’un seul enfant.

— Oui, c’est le père de Sébastien qui n’en voulait qu’un, c’est bien ça ? Il m’en a parlé un soir.

Marcelle s’étonna,

— Oh, il t’a parlé de ça ? Oui, c’est bien ça, il lui a imposé de n’avoir qu’un seul enfant, puis il est parti avec une autre lorsque Sébastien avait 14 ans, une femme plus jeune, qui a eu trois enfants avec lui. Un sale type.

Valentine la regarda avec de la compréhension dans les yeux, Marcelle poursuivit,

— Eh oui, on les collectionne les sales types dans la famille ; parfois, cela saute une génération, comme avec Sébastien, parfois pas, comme pour Axel.

Sandy interpella Valentine,

— Ah, tu connais l’histoire du père d’Axel ?

— Oui, je pense que je connais l’essentiel pour comprendre la mauvaise influence qu’il a eue sur son fils.

— Bon, les filles, ce n’est pas tout ça, si on continue comme cela, je vais finir par pleurnicher ! Je vous propose de lever le camp et d’aller dire bonjour à Sébastien qui doit nous attendre chez lui !

Valentine prit Marcelle dans ses bras et lui dit,

— Oui arrêtons, je n’ai pas envie de te voir pleurer Marcelle, surtout à cause d’un imbécile !

— Allez, ok, on y va ! … Euh, je viens chez Sébastien aussi ?

— Mais oui, Sandy, comme ça Seb verra que nous nous connaissons déjà… Non ?

— Ok, mais alors, on se tutoie Valentine !

— Ça me va, mettons-nous en route, il doit se demander ce que nous faisons Marcelle et moi !

Les trois femmes quittèrent la Grand-Place et se dirigèrent vers l’appartement de Sébastien. Sandy n’en dit rien à personne, mais lorsque le groupe était en terrasse, elle avait capté la présence de la mère de Sébastien, elle les observait. Sandy avait même eu l’impression qu’elle prenait des notes… Non, se dit-elle, elle devait faire ses mots croisés.

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