Je t'aimerais : Partie 1

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Sous un arbre aux délicates fleurs blanches, était endormie une petite fille tout contre son tronc, protégée du soleil par l’ombrage de son feuillage.

Sur un équidé à la robe immaculée, un petit garçon se tenait, le soleil le nimbant de son éclat doré.

Il stoppa sa monture, se laissant bercer par sa chaleur, les yeux fermés. Il tendit son visage enfantin aux traits nobles, empreint de charme vers l’astre.

Il sentit ses rayons caresser sa peau et soupira d’aise, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres.

En rouvrant les yeux, il reprit une assise plus adaptée et fit comprendre à son destrier qu’il avait la permission de se diriger où bon lui semblait.

Celui-ci se mit calmement au pas, prenant plaisir à cette balade.

Son cavalier en profita pour laisser son regard observer le paysage aux alentours. Il n’avait, dans son quotidien, que trop peu d’occasions pour jouir d’une telle liberté. Pourtant, il désirait l’obtenir. Il se sentait opprimé, malgré son jeune âge, par le carcan de responsabilités qui rythmait sa vie.

A l’image du soleil, il voulait transmettre joie et chaleur mais n’avait aucune idée sur la marche à suivre pour y parvenir, alors qu’il en était dépourvu. Rien autour de lui ne le lui en avait apporté. Il comprenait ce que l’on attendait de lui, pourtant, il n’arrivait pas à en ressentir l’effet au fond de lui.

Plongé dans ses réflexions, il ne remarqua pas immédiatement que sa monture s’était stoppée et en fut surprit. Il passa sa main sur son encolure et lui demanda ce qu’il lui prenait.

Il ébroua sa crinière et tourna sa tête sur la droite, vers l’endroit qui avait attiré son attention. Le garçon suivi du regard la direction indiquée par son compagnon et découvrit un magnifique arbre aux larges branches recouvertes de petites fleurs. Il fixa son attention sur lui, se sentant comme hypnotisé par l’aura et l’impression de tranquillité qu’il dégageait.

L’étalon secoua son coup, voulant montrer ce qui jusque-là n’avait été vu.

Avec curiosité, il descendit du dos de l’animal et se dirigea vers l’énorme végétal.

En la voyant ainsi sans défense, endormie sereinement, il se demanda comment elle pouvait faire preuve d’aussi peu de méfiance. C’est vrai qu’aucun danger n’était présent à proximité mais malgré cela, il ne pouvait comprendre tant naïveté.

Il s’installa en face d’elle, à distance raisonnable au cas où elle se réveillerait en sa présence, pour ne pas l’effrayer. Il noua ses bras autour de ses genoux et posa sa tête sur ceux-ci, dans une position d’observation pour mieux la détailler.

Son compagnon, quand à lui et sans indication pour son partenaire, décida de poser sous le soleil et d’en savourer chaque rayon. Sans plus se soucier de celui-ci, sachant pertinemment que le moment de partir venu, il le lui signalerait.

Il suivit le mouvement des ombres jouer sur elle, aperçu des reflets chatoyants dans sa chevelure lui tombant aux épaules, ses cils fins et délicats effleurer ses joues rosées sur sa peau claire. Son regard tomba sur ses lèvres… avant qu’il ne détourne celui-ci, se sentant tout d’un coup embarrassé.

Il sentit ses joues chauffer et ne put contenir un gémissement en enfouissant sa tête entre ses bras.

Il releva celle-ci brusquement, par crainte de la réveiller mais par chance ce ne fut pas le cas. Il soupira doucement, tentant de retrouver son sang-froid. Il se remit dans sa posture initiale et se perdit de nouveau dans sa contemplation.

Il ne sut dire combien de temps s’était écoulé lorsque ses paupières papillonnèrent.

Deux yeux d’ambre percutèrent les siens et le temps lui-même sembla se suspendre dans sa course. Il ne se rendit guère compte qu’il avait retenu sa respiration sur le coup, son regard relié au sien et incapable de s’en détourner. Le sien exprimait vie et candeur.

Elle lui fit un sourire timide et pour la première fois, il sentit son coeur chavirer. Il la trouva attendrissante à cet instant et bien qu’il ne le fut pas habitué, il lui sourit en retour.

Elle fut attirée par l’éclat se reflétant sur la robe du cheval un peu plus loin et son sourire s’illumina d’en voir un si proche. Elle aimait beaucoup les chevaux, hélas elle n’était pas autorisée à s’en approcher, tant et si bien qu’elle devait se contenter de les observer de loin quand cela lui était possible. Elle s’inventait des histoires dans lesquelles elle pouvait les côtoyer afin de satisfaire son envie de vivre à leurs côtés.

Sous son regard brillant d’une vive émotion, il comprit son excitation et décida de sortir de son silence.

_ Si tu le désires, je peux vous présenter. Je suis certain qu’il sera ravi de se faire une nouvelle connaissance.

Il se mit à rire doucement lorsqu’il vit ses yeux s’écarquiller, ainsi que son hochement de tête compulsif.

Il se leva et tendit sa main vers elle. Sans hésitation, elle la saisit. Des frissons le traversèrent dès lors qu’elles se touchèrent. Il rougit mais se tourna rapidement pour ne pas qu’elle s’en aperçoive et l’entraîna avec douceur à sa suite vers l’animal.

Du coin de l’oeil, celui-ci avait surveillé les enfants et comprit l’intention du garçon. Il s’immobilisa et attendit patiemment, le port altier, qu’ils arrivent à sa hauteur. Il ne voulait pas effrayer la petite en gesticulant en tout sens.

Près de lui, le garçon serra la main dans la sienne doucement avant de la lâcher et se plaça devant lui, lui caressant le bout du nez.

Il se tourna vers elle pour lui parler.

_ Je te présente Ciel, mon fidèle allié.

_ Bonjour Ciel, enchantée de te connaître.

Elle fut impressionnée par son élégance et sa stature, d’autant que d’aussi près, il la dépassé largement.

Il hocha la tête et tapa du pied sur le sol verdoyant pour la saluer en retour, tout en hennissant gaiement.

Face à son attitude, la fillette se mit à rire joyeusement, plus que ravie.

Ciel s’avança précautionneusement vers elle, la tête baissée au niveau de ses mains pour lui quémander de l’affection.

Hésitante, elle jeta un coup d’oeil vers le garçon pour se rassurer. Celui-ci lui sourit et lui fit un signe de tête en réponse.

Elle lui caressa timidement le front, veillant à lui faire plaisir. Il souffla plusieurs fois par ses naseaux pour montrer son contentement.

L’astre solaire déclinant lentement sur l’horizon, le garçon se rappela à l’ordre et s’obligea à recouvrer son sérieux. Il regarda encore un peu ces deux-là se comporter comme de vieux amis, et bien qu’à contrecoeur, mit fin à leur étreinte.

_ Je ne veux pas me montrer désagréable mais je crains qu’il ne faille nous en aller.

L’étalon fit une mimique qui ressembla fortement à un haussement de sourcil et lança un regard hautain vers le garçon pour l’interruption, même s’il reconnut dans le même temps qu’il avait raison.

Il poussa légèrement sur l’épaule de la petite, avant de se reculer un peu et de faire comprendre à son cavalier que le message était reçu. Il reporta son attention sur elle d’un regard qu’elle lui rendit, et se dirent au revoir à regret.

Il s’apprêtait à remonter sur le dos de Ciel lorsqu’il se tourna vers elle.

_ Je ne peux rien te garantir mais je peux toujours passer ici de temps à autre, peut-être nous reverrons-nous.

Il se passa une main dans ses cheveux blonds, et gêné de sa proposition, fixa son attention sur le bout de ses pieds.

Elle sembla réfléchir un instant avant de lui répondre.

_ C’est d’accord. J’aime bien cet endroit, je compte bien y revenir dès que je le pourrais, nous nous reverrons sans doute.

Elle lui sourit, contente, les mains croisées derrière le dos.

Il lui sourit à son tour, se sentant apaisé auprès d’elle. Il monta Ciel et le faisant se tourner pour reprendre sa route, fit signe de la main à la fille, avant de le mettre au pas, rapidement suivi par le passage au trot et enfin au galop.

Elle les regarda s’éloigner, jusqu’à ce qu’il ne reste d’eux qu’un point sur l’horizon. Là, elle se permit de laisser éclater sa joie face aux événements de cette belle après-midi. Elle était tellement heureuse d’avoir pu entrer en contact avec Ciel, elle avait l’impression de réaliser l’un de ses rêves. Et quelle gentille attention de la part du garçon de le lui avoir offert cette possibilité.

Après avoir sautillé partout comme une petit folle pour évacuer le trop plein de bonheur qu’elle ressentait, elle reprit un peu de contenance et se mit lentement en chemin pour rentrer, en fredonnant doucement.

Ciel s’amusa à taquiner son cavalier pour le comportement qu’il avait eu en cette journée mais il lui fit comprendre qu’il se garderait d’en faire mention à autrui. Il ajouta qu’il serait même ravi de servir de prétexte au besoin pour leur donner une chance de se revoir.

Celui-ci lui en fut grès et c’est dans la bonne humeur qu’ils poursuivirent vers leur destination.

Il se dit qu’il ferait de son mieux afin que cela se produise, elle lui faisait ressentir une myriade d’émotions encore inconnues et il voulait les comprendre. Et encore bien plus les ressentir de nouveau.

Il avait la sensation de tenir entre ses doigts quelque chose de précieux, à lui de découvrir de quoi il s’agissait. Une chose était sûre cependant, il désirait la revoir et passer du temps avec elle.

Et il chercherait à trouver son identité, il voulait connaître son prénom. Cela impliquerait peut-être de lui dévoiler le sien en retour mais pour l’heure, aucun des deux ne s’étaient présentés officiellement. Il préférait rester discret, aussi cela lui avait convenu tel quel sur le moment de ne pas en avoir connaissance, mais maintenant qu’il y songea, il eut envie de le savoir.

Bien qu’il revint plus d’une fois vers l’arbre, il ne l’y revit pas de suite. Les saisons défilèrent. Il avait réussit à découvrir qui elle était en glanant des informations lors de conversations. Il fut tout d’abord surprit et s’assura de ne pas se fourvoyer sur celle-ci par précaution. Il se morigéna intérieurement sur le coup pour ne pas avoir comprit immédiatement son affiliation, d’avoir manqué de discernement.

Malgré sa méfiance renforcée, il écouta son instinct qui lui dictait d’aller la retrouver pour obtenir ses réponses. Il se promit de garder sa méfiance tout en restant ouvert d’esprit lorsqu’il serait à ses côtés, et décida de continuer d’aller là-bas.

Ciel fût le premier ce jour-là à l’apercevoir et s’empressa de se faire remarquer en partant vers elle dans un galop effréné.

Ses deux mains étaient posées à plat contre l’écorce, ainsi que son front.

Elle avait le coeur lourd aujourd’hui, pourtant le poids pesant sur celui-ci se desserra quelque peu lorsqu’elle entendit l’animal piaffer et freiner des quatre fers à proximité. Elle caressa une dernière fois le tronc en lui murmurant quelques mots et se retourna en souriant vers les nouveaux arrivants.

L’animal vint placer sa tête tout près de la fillette, sans hésiter, dans l’attente d’un câlin. Il fut envahit par un sentiment de joie intense en entendant le doux rire de celle-ci et ses petits bras s’enrouler autour de lui pour se prêter au jeu avec plaisir.

Le garçon les laissa agir à leur guise, n’ayant pas le courage de les tenir à distance l’un de l’autre malgré le fait qu’il se devait de se montrer méfiant vis-à-vis d’elle. Il descendit de sa monture qui avait cessé de s’agiter et se décala par rapport à eux, leur laissant de l’intimité et se sentant de trop entre eux. Il leva son visage vers le branchage au-dessus de lui et l’observa sans vraiment le voir.

Quand ils eurent finit leur accolade, elle s’assit contre le bois, pendant que l’animal partait se défouler plus loin dans la plaine, sous le regard des enfants.

Leur relation fut tendue au départ, mais au fil du temps, elle s’adoucit, lui se rendant compte de la futilité de sa méfiance envers elle. Elle n’était pas capable de duperie, ses réactions étaient bien trop honnêtes.

Ses propres émotions lui étaient bien assez floues pour parvenir à discerner clairement les siennes, aussi avait-il des difficultés par moment à la comprendre. Il était toutefois capable de voir son innocence et sans pouvoir se l’explique, il éprouva le besoin de la protéger.

Ses moments passés ensemble les rapprocha, tant et si bien qu’elle prit pour habitude de prendre des pommes avec elle lors de chacune de ses venues, juste au cas où.

Ils devinrent amis, tandis que le temps traça son chemin.

Ils ne se voyaient que peu mais étaient toujours impatients de se retrouver et de partager ces quelques heures, de-ci, de-là ensembles.

Ciel les vit grandir progressivement et fut heureux de participer à ces moments. Il en devint même plus proche du garçon grâce à elle. Celui-ci s’ouvrait en sa présence et cela procura une telle joie à l’animal que les choses évoluent en ce sens.

Il n’utilisait jamais son prénom.

Pourtant un jour par mégarde, il laissa échapper entre ses lèvres le mot « belle » ; il trouvait qu’aucun autre ne lui conviendrait à ce point, il le pensait sincèrement en la voyant.

Depuis ce moment, il ne put cesser de l’appeler ainsi, bien qu’il remarqua ses soupirs agacés chaque fois qu’il en faisait usage.

Elle restait fidèle à elle-même en général, hormis dans ces cas de figures où elle devenait vaguement irritable avec lui.

Leur amitié prenait un tournant particulier, lui s’éveillant à la vie, elle commençant à s’accepter pour elle-même.

Le temps suit sa route, quelque soit le chemin que l’on prend.

Autrefois, maintenant ou en devenir, il faut faire preuve de patience et laisser celui-ci s’installer à son rythme, tout comme ces enfants qui tracent leur vie, il suffit d’observer ce qu’il en adviendra.

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