Chapitre 2

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 J’avais froid. Je ne voulais pas ouvrir mes yeux car j’étais exténué, je décidai donc de tendre mes bras à la recherche d’une couverture. Un bruit métallique se fit entendre. J’ouvris les yeux.

 Je découvris que je n’étais plus chez moi, en regardant mes mains, je vis qu’elles étaient enchaînées. J’entendis des chuchotements, en observant la pièce dans laquelle je me trouvais, je remarquais des gens qui m’observaient. Un petit homme trapu, se détacha de ce groupe et en se campant devant moi, me dit :

« Enfin, te voilà réveillé ! Espèce de marmotte ! Mes hommes ont bien tenté de te réveiller mais tu ne réagissais pas, maintenant que tu es conscient, je vais pouvoir t’interroger.

- M’interroger ? Mais à quel sujet ? Et, où suis-je ?

- Tu es dans un endroit réservé aux criminels !

- Aux criminels ? Mais je n’en suis pas un !

- Au contraire, tu as commis un meurtre hier soir !

- C’est faux !

- Alors explique-moi d’où vient le sang que je vois sur tes vêtements ? »

 Je baissai le regard sur mes vêtements, ils étaient tâchés de sang. Comment cela était-il possible ? J’avais pourtant passé ma soirée chez moi, j’avais même fait une crise. Je remarquai qu’en plus d’être couverts de sang, mes vêtements étaient aussi trop grands pour moi. Face à moi, l’homme souriait. Il me saisit par le col et me siffla :

« Alors ! Tu t’en souviens canaille ! Tu te souviens de cette pauv’ fille que tu as tuée ? Réponds moi donc !

- Je suis innocent ! Je demande un avocat, appelez maître Dones, il répondra de moi !

- On verra bien, de toute manière, tu ne risques pas de disparaître maintenant que tu te trouves dans cette charmante cellule. Tu auras tout le temps nécessaire pour repenser à ce que tu as fait ! Je ne te laisserais pas vivre au grand jour alors que tu as tué, je te le jure sur ma royal tête, c’est te dire à quel point je ne renoncerais pas.

- Alors, monsieur, vous allez apprendre le sens du mot perdre, car c’est un innocent qui se trouve devant vous.

- Je n’en suis pas si sûr, en attendant, profites bien de ton petit séjour ici. »

L’homme quitta la pièce suivi des gens qui m’observaient. Je me retrouvais seul, les fers aux poignets, frissonnant face au froid de cette pièce. Je ne comprenais pas les circonstances qui avaient pu me conduire jusqu’ici. Ce sang sur mes vêtements, d’où pouvait-il bien provenir ? Et ses vêtements qui n’étaient pas les miens, ses chaussures trop grandes pour moi, comment étais-je entré en leur possession ? Toute cette histoire n’avait aucun sens, et même si j’avais eu l’idée de tuer quelqu’un, ce qu’il m’est tout à fait impossible d’envisager, j’aurais été trop faible pour ne serait-ce que me déplacer jusque chez cet individu.

  Une heure s’écoula ainsi, une heure de réflexion, de recherche de solution et enfin mon avocat arrivait. C’était la première fois que je voyais mon ami dans son costume de travail, il était beaucoup plus sérieux et ses yeux gris laissaient transparaître une gravité que je ne lui connaissais pas. Il m’observa longtemps en gardant le silence, regardant chaque aspect de ma personne avec un soin méthodique, en s’arrêtant sur le sang qui couvrait mes vêtements, puis il me regarda dans les yeux et d’une voix grave me dit :

« - As-tu commis ce dont l’on t’accuse ?

- Non ! Je n’ai rien fait ! Me crois-tu réellement capable d’un crime aussi infâme ?

- Alors d’où provient tout ce sang ? Demanda-t-il, en évitant ma question.

- Je ne sais pas… mais je t’assure que je n’ai tué personne !

- Tu sais, tu n’as pas besoin de me mentir, je ne te jugerais pas, au contraire j’essaierai juste que la peine soit moins lourde.

- Mais je ne suis pas coupable !!! Je ne suis pas un meurtrier !

- Ok, je te crois, pas la peine de monter le ton !

- Je suis calme…

- Si tu le dis… J’ai quelques questions à te poser pour pouvoir te représenter au mieux dans cette affaire, tu es d’accord ?

- Je n’ai pas le choix, je t’écoute.

- Où te trouvais-tu entre minuit et cinq heures, ce matin ?

- J’étais chez moi.

- Et que faisais-tu ?

- J’ai eu une crise…

- Une crise ?

- Une grosse angoisse qui a duré toute la nuit, tu peux vérifier auprès de Lucie, ma voisine de palier, cela m’arrive souvent…

- Mon pauvre, ils ne t’ont rien dit ?

- Me dire quoi ?

- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, le cadavre de jeune femme près duquel ils t’ont retrouvé était celui de Lucie. Tu étais paisiblement endormi à côté d’elle.

- Ce n’est pas possible… dis-moi que je rêve…c’est une plaisanterie ? C’est ça !

- Non, tu ne rêves pas, c’est bien la triste réalité.

- Je comprends mieux l’aversion qu’avait ce commissaire pour ma personne, mais je ne suis pas coupable, c’est une sœur qui m’a été enlevé… comment aurais-je pu la tuer ?

- Ce n’est pas le moment pour la pleurer, elle est morte, c’est triste, mais nous ne pouvons plus rien faire pour elle. Alors que pour toi, un véritable combat nous attend…

- Tu as raison…

- Pour l’instant, ça m’a l’air difficile de prouver ton innocence.

- Mais tu vas y arriver, n’est-ce pas ?

- Je vais essayer, mais ce n’est pas gagné, au pire tu encourras une peine de 15 ans de prison pour homicide, au mieux, d'un an ou deux de prison avec suivi psychologique et tu devras te présenter au commissariat le plus proche, tous les mois…

- Pourtant je suis innocent, ils ne peuvent pas me condamner !

- Malheureusement, il faudrait un miracle pour prouver ce que tu avances…

- Un miracle ? Qu’entends-tu par-là ?

- Une empreinte autre que les tiennes, un témoin, un alibi solide… Il nous faudrait au moins une de ces choses.

- Ont-ils fouillé mon appartement ?

- Non, tous les éléments dont ils avaient besoin se trouvaient déjà sur la scène du crime.

- Alors dit leur d’y jeter un œil… Avant que je ne m’évanouisse, quelqu’un s’est introduit chez moi, je pense que c’était un homme car j’ai vu ses chaussures…

- Tu en es sûr ?

- Certain, je peux même te donner la marque des chaussures s’ils veulent creuser cette piste…

- Je vais voir ça avec eux, finalement, il y a peut-être un espoir ! Excuse-moi ! J’ai rendez-vous avec un autre client dans cinq minutes, je te recontacterai quand j’aurais du nouveau, d’ici là, ne perds pas la tête.

- Je vais essayer. »

 Edwin s’en alla, me laissant seul dans cette cellule. Le point positif de cet endroit était qu’il n’y avait personne avec moi et que j’allais rester seul jusqu’à mon procès, cela me soulageait. L’inconvénient était que je n’avais aucun accès à la lumière du jour, de plus mes mains étaient enchaînées ce qui n’était pas pratique pour se déplacer dans cet espace confiné. Le temps passa, je ne savais pas si on était l’après-midi ou le matin, toutefois la porte de ma cellule finit par s’ouvrir sur un homme baraqué qui tenait un plateau rempli de nourriture.

  Lorsque j’aperçus son profil, j’esquissais un sourire, pour la première fois de ma vie j’avais l’impression d’avoir une sorte d’importance même si celle-ci était dû à une terrible erreur dont il fallait que je me sorte.

  Ne pouvant me servir de mes mains pour me nourrir, c’est lui qui s’en chargea. Une première bouchée me fut proposée, je l’acceptais volontiers, mais quel erreur de ma part ! La nourriture était immonde ! Je refusais la suite, mais le « gorille » m’attrapa la mâchoire et me força à avaler tous ce qui se trouvait dans le plateau. Quand celui-ci fut vide, l’homme quitta ma cellule, alors qu’il se trouvait à l’extérieur, il se retourna et me défia du regard de vomir ce que je venais d’avaler.

  Je décidai donc de dormir, mais mon estomac ne cessait de me rappeler qu’il ne supportait pas ce qu’il avait à digérer. De plus, je portais toujours ces vêtements trop grands pour moi et tâchés de sang. Je détestais l’odeur du sang, elle me donnait la nausée et était aussi l’une des raisons qui m’empêchait de m’évader dans les bras de Morphée.

  J’avais froid, un léger courant d’air se faisait sentir et je n’arrivais pas à trouver son origine. Je serrai plus fort mes bras contre mon corps, cherchant désespérément à garder le peu de chaleur que je ressentais. Les fers qui m’empêchaient de me mouvoir, m’engourdissaient les membres, et il faisait noir, très noir, aussi noir que ce soir-là.

  Non ! Je ne devais pas y penser ! Pas maintenant ! Tenir le coup ! Si cela continuait, j’allais perdre la tête, et ce n’était vraiment pas le moment de sombrer dans la folie. Un peu de courage, Edwin allait me sortir d’ici, il fallait juste être patient. L’angoisse diminuait…

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