Chapitre 2

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Instinctivement, Jordan se tourna dans la direction de Lévéro. Elle réagit trop tard… elle sentit la présence de l’inconnu derrière elle. Figée, elle n’osa se retournée. Elle voulut fuir, mais trébucha, elle émit un cri de peur. L’individu tenait maintenant sa hache au-dessus de sa tête, comme pour abattre un arbre sauf que la cible était Jordan. Soudain, l’étalon se cabra et hurla un hennissement, déchirant le calme de la nuit. Surpris, le géant manqua sa cible qui en profita pour filer. L’alerte fut donné dans le camp qui se réveilla immédiatement. Les hommes prirent leurs armes et formèrent un cercle autour de Nota. Le général Arwin accouru pour saisir la raison de tout ce raffut. Il arriva en même temps que Jordan complètement paniquée.

  • Que se passe-t-il ? interrogea le général.
  • C’est… balbutia la fille en essayant tant bien que mal de se calmer et de reprendre son souffle.
  • Et bien ! Quelle est la raison de ce cri ? l’interrogea Irvin posté devant Nota.
  • Un… une chose
  • Calme-toi Jordan, tenta Kris.
  • C’est… ça !!! cria-t-elle.

Ils regardèrent tous ce que pointait Jordan du doigt. Un monstre gris portant une hache s’approchait à grand pas. Kris eut la même réaction de stupeur que son amie. Contrairement à leurs autres compagnons qui se mirent en position de défense, prêt à devoir se battre.

  • Tonnerre ! Comment est-il parvenu jusqu’ici ? jura le général. Og, Morn occupez-vous des gamins ! Irvin, Tcur protégés Al… Nota !

L’assaillant se stoppa et évalua la situation. Il baissa son énorme arme.

  • Je tuer ne personne si tum donne enfants, prononça-t-il.
  • Je vois que tu parles notre langue. Pourquoi veux-tu les enfants ? demanda le général.
  • Donne ! toi mourir ! s’énerva l’inconnu.

Jordan retrouva son calmer, l'adrénaline prenant le dessus sur la peur. Son ami avait réussi à garder son sang froid. Elle lui chuchota une idée. Celui-ci d’abord confus, fit non de la tête. Elle insista et lui persista dans son choix. La jeune fille le fusilla du regard et l’adolescent céda.

  • Qu’attends-tu d’eux ? l’interrogea le général Arwin.
  • Rhaaa ! s’énerva la créature.
  • Et toi ! Viens nous chercher si tu y tiens ! intervint Jordan contrôlant à peine les tremblements de peur dans sa voix.

Elle s’avança courageusement en direction de l’être. Son cœur battait si fort qu’elle crut l’entendre. Elle sentais son sang circuler en elle et son rythme cardiaque s'accélèrer. Malgré la confusion, elle distinguait trop parfaitement ce qui l'entourait. La respiration irrégulière de Kris, l'agitation des chevaux, l'odeur de cendre du feu, les toiles de tentes secouées par le vent,... Cette sensation ne lui était pas inconnue. Cependant, plus profonde et puissante qu'un simple coup d'adrénaline. Ses sens en alerte, Jordan était prête à bondir. Confus, les soldats ne surent la réaction à prendre, ils attendirent un ordre de leur chef. Celui-ci réagit immédiatement.

  • Que fais-tu ? Reste derrière ! ordonna-t-il.

La concernée ne l’écouta pas, elle ne lui accorda pas un regard. Concentrée sur son objectif, elle fixa son opposant. Elle inspira un grand coup et s’approcha davantage dans le but de le provoquer. Son ennemi hurla ce qui la fit sursauter. Il pesta des injures que la jeune fille ne comprit pas.

  • Je pige rien à ce que tu me dis ! D’ailleurs, je pige rien à rien depuis que je suis ici. En fait, depuis le début de ma vie peut-être. Ça craint... je flippe à mort ! Haha! Sinon, je t’attends toujours boule à zéro, provoqua-t-elle disant tous ce qui lui passait par la tête.

Elle s’avança si près de la créature que s’il décidait d’utiliser sa hache, elle n’en rechaperait pas vivante. Toutefois, décontenancé par les paroles de la jeune fille, celui-ci baissa sa garde. Kris, ayant profité de la diversion, s’était faufilé derrière l’ennemi. Le garçon hurla pour attirer son attention. Surpris, celui-ci n'eut pas le temps de voir Kris qu'une grosse pierre venait brutalement s'écraser sur son visage. Pris de rage, le monstre cria en tournoyant sa hache dans tous les sens, mais le garçon avait déjà pris ses jambes à son cou. Furieux, l’ennemi chargea sur Jordan ; celle-ci l’esquiva de justesse. C’est à cet instant précis que le général Arwin et ses hommes profitèrent du désordre engendré par les deux jeunes. Ce n’est pas sans peine qu’ils parvinrent aux fins du géant. Le général combattait avec une rapidité hallucinante - aucun de ses coups ne furent gaspiller. Les soldats ne faisaient pas fausses notes aux côtés de leur leader. L'un parait les coups de hache pendant que l'autre lui assemait un coup d'épée.

Kris et Jordan ne surent combien de temps s’était déjà écoulé depuis le début de l’affrontement. Plusieurs secondes ? Plusieurs minutes ? La Terre et le temps avaient cessé de tourner l’espace du combat. Finalement, l’ennemi reçu le coup de grâce. Il bredouilla une phrase. Un mince filet de sang s’écoulait le long de sa bouche. Enfin, il s'écroula, mort.

Jordan évita le corps gisant au sol et accourut vers son ami.

  • Tu es une grande malade ! T’as pas de cœur pour me faire faire un truc pareil ! l’enguirlanda Kris.
  • Hé… oui. Toutes mes excuses les plus sincères, admit-elle.
  • Tu crois que c’est suffisant ? Espèce de cinglée ! J’ai failli faire dans mon froque ! continua-t-il. Mes jambes tremblent encore …

Le général Arwin inspectait le corps de l'assaillant tandis que Og et Morn s'en allaient voir après Gréen, le soldat posté non loin du camp. Les deux adolescents ne réalisaient toujours pas les événements récents. Kris fixait le corps ne sachant pas s'il était terrifié ou fasciné. Nota vint près d'eux. Il les réprimanda, sans retenue, pour leurs actions dangeureuses et irréfléchies. Kris s'excusa et força son amie qui tentait de se défendre, à faire de même. Le général Arwin mit fin à la conversation par un simple regard. Les deux adolescents évitèrent la vue de la dépouille pour rejoindre le camp. Og et Morn arrivèrent peu après portant le corps sans vie de Gréen. A la vue du cadavre mutilé, Kris fut pris d'un haut le coeur. Il s'éloigna et vomit. Jordan, elle-même sous le choc, posa simplement sa main sur le dos de son ami. Les deux soldats enveloppèrent le corps dans un drap et le possèrent délicatement dans le chariot. Un silence pesant s'installa sur le camp. Les hommes, bien que peinés par la perte de leur camarade, reprenaient déjà leur rôle. Tcur pris le premier tour de garde. Le général Arwin rompit alors le mutisme général.

  • Nous levons le camps demain à la première heure, déclara-t-il d'un ton autoritaire.
  • Qu'est-ce que c'était ça? s'exclama Jordan d'une voix plus forte qu'elle ne l'aurait cru.
  • Un ghemros, répondit simplement Og.
  • Vous allez me prendre pour une débile, mais c’est quoi un... ghemros ?
  • Une race tout autant ancienne que les humains. Nous sommes fait de poussières et eux de roches, narra Irvin.
  • Les ghemros sont grands, puissants, solides, d'excellents guerriers. Selon les légendes, ils auraient reçu la force et la solidité des roches, ce qui expliquerai leur physique. En contrepartie, ils vivent moins longtemps que nous, en moyenne une soixantaine d'années ; ils ont tendance à faire trop confiance à leur puissance et n’utilise pas suffisamment leur intelligence. Pour le moment, il y a un accroissement énorme de la population ghemros. Ce qui ne nous arrange guère, expliqua Og.
  • D'accord... chuchota Jordan confuse.
  • Je conçois que vous n'aillez jamais vue un ghemros, mais de là à ne jamais en avoir entendu parler... de quelle campagne sortez-vous ? s'étonna le soldat.

Le regard de la jeune fille croisa celui de Kris. La situation devenait de plus en plus improbable. Ils n'osaient l'admettre jusque là. Mais, ils ne pouvaient le nier plus longtemps. Les événements récents le démontraient. Les deux adolescents se trouvaient bel et bien dans un autre monde.

  • Le jour ne va pas tarder à se lever. Nos deux voyageurs ont l'air éreinté et la soirée n'a pas été des plus facile. Pour l'heure, je propose que nous nous reposions, énonça Irvin tentant de rompre le malaise des deux jeunes.
  • Bien. Irvin n'a pas tort. Nous tirerons tout cela au clair demain, trancha le général.

Sur ces mots, il rejoignit Tcur aux abords du camp. Jordan et Kris ne se firent pas prier, ils s'allongèrent sous la tente de fortune. Le restant de la nuit fut calme. L'adrénaline retombée, les deux compagnons n’eurent aucun mal à s’endormir. Mort de fatigue, ils se laissèrent bercer par les douces chansons que leur contait le vent.

Le jour venait à peine de se lever quand Jordan ouvrit les yeux. Réveillée par quelques doux rayons de soleil, elle eut du mal à sortir de la tente. Son esprit encore endormi, il lui fallut quelques instants avant de réaliser la situation. Les souvenirs de la veille lui parrurent comme un mauvais rêve. La jeune fille regarda autour d’elle et remarqua que tous les hommes étaient déjà levés et s’affairaient autour du camp. Les couleurs de l'aurore dominaient encore dans le ciel, peignant les nuages de rose, d'orange et de mauve. Des oiseaux dansaient et chantaient, ignorant tout du drame de la nuit passée. En se dirigeant vers le petit feu, elle examinait la scène. Og et Morn s’occupaient d’harnacher les chevaux tandis que Tcur attelait le cheval de trait à son chariot. Le corps de Gréen, enveloppé dans un drap, maintenant teinté de rouge, la ramena brutalement à la réalité. Un frison la parcourue. Jordan se remora la scène ensanglantée. Il fallait qu'elle concentre son esprit sur autre chose. C'est alors que ses yeux se posèrent sur l'étalon, Lévéro. La jeune fille l'aperçue broutant tranquillement parmis les autres chevaux. Après les événements de la nuit, le cheval s'était mélangé au reste des bêtes. Il se montra suffisamment docile pour se faire manipuler et permis à l'un des soldats de l'attacher au chariot.

Jordan nota l'absence du général Arwin et Irvin. Par contre, Kris et Nota l’attendaient près du feu. L’adolescente s’assit auprès d’eux, l'homme lui servit les restes du repas de la soirée précédente comme petit déjeuné. Elle n’était pas très emballée à l’idée de devoir manger de la viande séchée, mélangée à de la pomme de terre écrasée et quelques légumes. Toutefois, sa faim l’emporta sur son caprice. Apparemment, ce fut le même cas pour Kris qui terminait son repas. Elle appris qu’Arwin et Irvin étaient partis chercher de l’eau, un peu plus en amont et que dès leur retour, ils partiraient pour la capitale.

Après leur bref petit déjeuné, les trois jeunes gens rangèrent la tente. Jordan fut chargé de plier les couvertures avec Kris. Chacun se préparait. L'un éteignait le feu, d'autres harnachaient les chevaux. Ils eurent terminé quand Irvin et le général revinrent, les gourdes pleines d'eaux pendant à leurs épaules. Ensuite, les soldats mirent leurs plastrons et leurs gantelets lamellés de cuir qu’ils avaient enlevés pour la nuit. Cependant, cette fois-ci, ils rajoutèrent des épaulières et des genouillères. Le général, lui garda sa fine cotte de maille et n’ajouta rien de plus à son armure.

Les deux amis n'avaient pas encore eu le temps de faire le point sur leurs mésanventures. Ils s'éloignèrent suffisamment pour être au calme. Ils montèrent une petite butte et s'arrêtèrent là. Silencieusement, ils observèrent l'animation du bivouac. Les couleurs aurores du ciel s'estompaient avec beauté. La chaleur du soleil les caressait tendrement ce qui les apaisa. Les adolescents trièrent leurs idées trop confuses jusque maintenant. Kris pris enfin la parole.

  • C'est un monde parralèle.
  • Je vois pas d'autres explications, confirma Jordan. Comment on va rentrer?
  • Remonter la rivière, passe encore, mais retrouver la forêt et ces deux arbres bizarres, c'est impossible. Et après, retrouver les arbres ne nous avance pas plus que ça. La capitale?
  • Je suis d'accord. La capitale... On trouvera peut être d'autres infos. Est ce qu'on parle du fait qu'une créature a voulu nous tuer hier?
  • Là, ça me dépasse, confia Kris.
  • Ces hommes sont sympa, ils pourraient nous aider.
  • Tu t'imagines un gars qui te dis: "Salut, je viens d'un autre monde. Tu sais m'aider à rentrer chez moi?". On l'enfermerai clairement dans un asile de fous. Je serai le premier à pas le croire. On devrait rester discret et aviser...
  • A l'aise, on y va en impro. Comme d'hab, conclut Jordan.

Les amis s'échangèrent un sourire entendu. Ils avaient déjà fait les quatre cents coups ensemble. Leur amitié et leur complicité étaient fortes. Ils se sentaient capable de relever ce nouveau défi, cette nouvelle aventure. Ils improviseraient en chemin. Dans un relent d'optimiste, ils se donnèrent un check, poing contre poing. Ils furent interrompus par Morn.

  • L'un de vous sait-il monter à cheval, les interrogea le soldat.
  • Pas plus que ça, répondis Kris en haussant les épaules.
  • Et le chariot? questionna Jordan.
  • Il y a une place à l'avant... toutefois, je doute que l'un d'entre vous ne veuille voyager à l'arrière dans cette circonstance, avança-t-il en désignant la dépouille de son camarade.

Les concernés discutèrent rapidement et se mirent d'accord. Kris sera à l'avant du chariot tandis que Jordan monterai le cheval de Gréen. Ils retournèrent au camp. Morn présenta à la jeune fille un petit cheval bai du nom d'Aresver. L'homme expliqua brièvement à l'adolescente comment diriger un cheval. Il l'aida à se mettre en selle. Bienveillant, le soldat la rassura. Aresver était un petit hongre posé, bien dans sa tête, il suivra le groupe de lui-même. De plus, le voyage se ferai au pas. Jordan retenu principalement de garder les jambes fixes et de ne pas faire de mouvements brusques. La sensation d'être assis sur le dos d'un cheval ne lui déplaisait pas. Toutefois, elle fut surprise de l'équilibre sensible à maintenir pour tenir en selle. Comme le lui avait appris Morn, Jordan mis une légère pression de jambe. Instantanément, Aresver se mit en marche.

Le groupe était formé comme tel: le général ouvrait la marche suivit d'Irvin et de Nota. Morn et Og quant à eux fermaient la marche. Le chariot, dirigé par Tcur et accompagné de Kris, s'installait au centre de la formation, aux côtés de Jordan.

Enfin, ils étaient prêt à prendre la route.

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