Chapitre 1

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C’était une nuit fraiche et calme du mois de mai. Hormis quelques jeunes, il n’y avait pas grand monde dans le quartier du Chants - lieu où résident beaucoup d’immigrés et peu fréquenté par les fortunés. Il n’y a qu’une petite plaine de jeux incrustée entre des murs remplis de tags et des immeubles pitoyables. Mis à part un magasin de tabac, deux balançoires et un toboggan qui meublent la plaine de jeux, et un petit bois, il n’y a rien d’intéressant dans ce quartier paumé.

C’est au bout de la rue Sérénade que nous trouvons le magasin de tabac ouvert de nuit et nos deux amis…

Il ne devait pas être loin de trois heures du matin quand Jordan et Kris tentèrent de voler la caisse du seul magasin présent dans le quartier.

Malencontreusement, leur tentative échoua. Le gérant les poursuivit quelques dizaines de mètres mais il abandonna, essoufflé. Il décida de s’en remettre aux autorités, sans pour autant grand espoir que ceux-ci se donnent la peine de se déplacer de ce côté de la ville. Ces deux voleurs en fuite coururent pendant quelques minutes et réduisirent leur allure, pensant qu’ils n’avaient plus de poursuivants. Cependant, les deux jeunes se remirent vite à courir lorsqu’ils aperçurent un véhicule de police.

  • Allez ! Dépêche-toi ! implora Kris.
  • J’en ai marre de courir ! Là-bas dans les bois… indiqua Jordan.
  • Bonne idée. Vite !
  • Pfffpffppff… on est assez loin.
  • Encore un peu.

Leur objectif atteint, ils diminuèrent enfin l’allure. Ils errèrent pendant quelques minutes dans les bois, zigzagant entre les arbres.

  • Ça m’a trop fais flipper de voir une voiture de flic. Qu’est-ce qu’ils foutent dans ce quartier ? s’interrogea Kris.
  • La poisse jusqu’au bout ! se plaignit sa complice reprenant encore son souffle.

L’obscurité inondait le bois et ne facilita pas la marche des deux jeunes. Ils s’enfoncèrent encore plus loin se guidant avec la lampe du smartphone de Kris. Jordan fixa son attention sur une araignée qui s’afférait sur l’élaboration de sa toile. Plongée dans ses pensées, Jordan fut tiré de sa rêverie par Kris qui tapotait sur son épaule. Elle suivit le regard de son ami et ne compris pas pourquoi il dévisageait deux gros arbres. Il est vrai que ceux-ci différent du reste de la forêt. Ressemblant à des hêtres, la fille remarqua toutefois un point étrange : les arbres étaient nus, malgré le printemps.

Kris était surtout hypnotisé par leurs troncs. Il discernait des gravures d’étranges dessins : des dragons, des guerriers et des symboles.

  • Qui s’est amusé à graver ça ici ? dit tout haut le garçon.
  • Hein ? Quoi ? Attends j’arrive, je vois rien, lui indiqua son amie.
  • Soudain, Jordan se heurta à une racine et tomba sur Kris qui glissa, déséquilibré par le choc. Ils chutèrent et passèrent entre les troncs des deux mystérieux arbres. Il fallut quelques secondes aux deux adolescents pour reprendre leurs esprits.
  • Ah… Aïe, je me suis écorchée le genou, s’apitoya-t-elle.
  • Ouah… tu m’as pas raté. J’ai dû me cogner la tête, j’ai l’impression qu’il fait jour, s’exclama le garçon en se relevant.
  • T’as pas que l’impression… confirma Jordan.
  • C’est quoi ce bordel ?
  • Ok… pas paniquer. Pas paniquer ! se répéta la jeune fille.
  • Les arbres aux dessins sont toujours là… on est toujours dans le bois…
  • Je ne vois pas les dessins dont tu parles par contre, indiqua-t-elle à son ami.
  • Mais si, les troncs sont carrément remplis de gravures bizarre, insista-t-il.
  • Ça doit être ton imagination, répondit-elle en haussant les épaules. Est-ce que si je passe entre les deux troncs il fera de nouveau nuit ? Jordan joignit les actes à la parole sans résultats.
  • On devrait sortir de cette forêt et retrouver la civilisation, ça nous aidera déjà, proposa son compère.
  • Et surtout pas paniquer !

Kris ramassa d’abord son téléphone. Il ne put s’empêcher de lâcher un soupir de soulagement lorsqu’il vit l’écran intacte. Celui-ci affichait trois heures deux du matin, le douze mai deux mille dix-sept. Il fourra son smartphone dans sa poche et les deux jeunes se mirent en route.

Ils marchèrent à bon pas et atteignirent l’orée du bois avec soulagement. Soulagement qui fut de courte durée…

Stupéfaits, ils s’arrêtèrent net devant le paysage qui se présentait devant eux. Ils restèrent sans voix.

Ils découvrirent des kilomètres de plaines s’étendant à perte de vue. Un paysage fantastique se dressait devant eux.

A leur gauche, Kris et Jordan ne virent que des arbres tapisser ce cadre splendide ; l’étendue de la forêt était indénombrable. Pile en face d’eux, plaines et collines couvraient ce décor sortit tout droit d’une peinture. Une rivière s’écoulait paisiblement entre celles-ci. Ils purent apercevoir une grande étendue d’eau, tout au loin du paysage. A leur droite, les adolescents admirèrent une chaîne de montagnes dont les pics étaient gelés. Ils n’aperçurent que les sommets des montagnes car une forêt se formait devant ces monts. La chaine englobait toute la partie droite de ce paysage magnifique et atteignait l’étendue d’eau.

Le soleil était très haut dans le ciel, ce qui signifiait qu’ils étaient en pleine après-midi ; contrairement à ce qu’indiquait leurs portables.

Kris et Jordan restèrent longtemps, sans bouger, silencieusement admirant ce décor fabuleux, ce paysage irréel. Ils gravaient le plus de détails possibles de cette splendeur dans leur mémoire. Une splendeur digne d’un autre monde !

Jordan fut la première à rompre ce mutisme.

  • C’est… c’est magnifique… je ne savais pas qu’un endroit aussi beau existait… dit-elle sans pouvoir détacher son regard du panorama.
  • Oui… deux, trois minutes s’écoulèrent encore avant que Kris ne continue. Qu’est-ce qu’on fait ?
  • File ta 4G, je veux savoir où on est ?
  • Ouai minute.
  • Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? On dirait que tu vas pleurer.
  • J’ai… j’ai pas de réseau ! Rien, nada…
  • C’est une blague !

L’adolescente prit son smartphone et tenta d’appeler un ami. En vain. Elle redémarra son mobile et refit une tentative et eut le même résultat. Elle voulut le lancer au sol avec violence mais réussit à s’abstenir.

  • On ne sait contacter personne… on est pas dans la mouise… Je propose qu’on retourne aux arbres, décida-t-elle.
  • Excuse mais je n’ai pas fait le petit poucet… on les retrouves comment ? signala Kris.
  • T’as une meilleure idée ?
  • Cours de survie numéro dix-sept B par le Yuber Forest : un cours d’eau mène toujours à la civilisation.
  • C’est fiable ton truc sur Yube ?
  • Je t’assure, je regarde toutes ses vidéos et…
  • C’est bon, j’ai compris. Toute manière on va pas trainer là infiniment, conclut la jeune fille.
  • Une seconde, je prends une photo. Ça nous aidera peut-être, acheva Kris.

Les deux compagnons se mirent en route.

Ils marchèrent pendant près d’une heure dans une plaine qui semblait ne plus finir. Ils voyaient défiler un paysage plat garni de temps à autre par d’énormes rochers perdus dans la végétation. Ils durent s’arrêter plusieurs fois pour se repérer et débattre sur la route à prendre. Ce n’est que plusieurs kilomètres plus loin que ce décor plat laissa sa place à un sol rocailleux et difforme ; annonçant la présence d’un ravin. Et ce n’est pas sans mal que Jordan et Kris durent le traverser, un précipice bloqua leur route. D’après Kris, ils auraient dû descendre la falaise pour gagner du temps mais son amie refusa car cela était beaucoup trop dangereux. Ils firent donc un détour lorsqu’enfin ils trouvèrent les traces d’une rivière. Ils se rafraichirent avec plaisir dans les eaux fraiches du cours d’eau et firent une pause. Ils suivirent ce petit ruisseau qui grossissait au fur et à mesure de leur avancée.

Jusque-là, ils n’eurent aucun problème, si ce n’est leurs arrêts fréquents pour se situer dans ce territoire inconnu. Cette ascension commençait à peser sur les deux amis la fatigue s’installant. L’inquiétude ne tarda pas non plus à se faire ressentir. Voilà plus de quatre heures qu’ils cherchaient une quelconque trace de civilisation sans succès. Pour ne rien arranger le soleil débutait sa descende pour donner place à la lune.

  • Aah… j’ai mal aux pieds, je suis fatiguée et j’ai la dalle ! râla Jordan.
  • Je suis desséché, je veux un Cola… Je commence à désespérer, lui avoua Kris.
  • Ils s’assirent au sol dos à dos, le temps d’une pause. Kris se leva le premier.
  • Porte-moi, pleaaassee… lui supplia son amie.
  • Jamais.
  • Moi aussi je t’aime Kris.

Ils suivirent le ruisseau en silence jusqu’à ce qu’il se divise en deux bras. Les deux voyageurs durent faire un choix. Avec plusieurs minutes de réflexion et d’hésitation, ils prirent à gauche. L’affluent grandissait à vue d’œil ce qui ne manqua pas de soulager les deux marcheurs. Ce ruisseau pouvait enfin être appeler une rivière. Elle était si claire et pure qu’ils virent leur reflet dans cette eau cristalline. Toutefois – malgré leur soif – ils ne se permirent pas à boire de cette eau.

Plus loin, ils aperçurent une silhouette.

  • Regarde là-bas, y a une vache, observa Kris.
  • Où ? C’est un cheval, andouille, corrigea Jordan.
  • Ah oui, confirma-t-il en plissant des yeux.
  • Dis-moi que c’est ce que je pense ! S’il y a un cheval ici…
  • Son propriétaire doit forcément être quelque part ! s’enthousiasma le garçon.

Jordan se dirigea vers l’animal qui était en train de s’abreuvoir. Le cheval leva la tête et regarda les deux humains qui s’approchaient de lui. In ne semblait pas craindre leur présence, il commença même à brouter.

Kris s’arrêta et lui dit de ne pas trop s’approcher parce qu’il lui semblait sauvage. Mais comme hypnotisée par la beauté de l’animal, elle s’avança davantage. Le cheval qui était un étalon à la robe pie brun la regarda fixement. Elle lui présenta prudemment sa main et le cheval la renifla. À cet instant, deux cavaliers surgirent du bois situé à quelques pas du cours d’eau. L’animal, effrayé, hennit de stupeur.

  • Pardon ? s’exclama Jordan à l’attention de Kris croyant qu’il l’avait appelé.
  • Quoi ? J’ai rien dis-moi, cria-t-il. Fais attention…

Les deux cavaliers s’approchèrent rapidement en rompant le calme du lieu. Le cheval affolé, cabra et parti au galop en manquant de renverser Jordan. Kris courut vers son amie lorsqu’un cavalier s’approcha d’elle tandis que le second poursuivit l’étalon en fuite.

Cet homme qui ne semblait pas beaucoup plus âgé que nos deux jeunes ados, descendit de sa monture et le laissa savourer l’herbe près de la rivière. Il se dirigea ensuite vers la jeune fille.

Kris arriva en même temps que l’inconnu. Il ramassa la casquette de Jordan au passage et lui tendis ; elle l’a remis aussitôt. Chose faite, ils se regardèrent dans les yeux et se demandèrent quelle blague ont leur jouait.

La personne qui se présentait devant eux ressemblait à ces hommes que l’on trouve dans les livres d’histoires. Il était habillé très sobrement. II revêtait une espèce de courte tunique- cependant d’une matière que nos deux amis ne reconnurent pas - et d’un pantalon noir. Il portait une sorte d’épée à sa ceinture et des bottes façons chevaliers, toutefois aucune trace d’armure. Cet homme sortait tout droit du livre « Les trois mousquetaires », la seule différence était la présence d’une épée lourde et non d’une rapière. D’après le fourreau de celle-ci, elle devait être assez épaisse et lourde, mais elle ne gênait guère l’individu.

L’atmosphère devenait embarrassante, Kris et Jordan dévisageaient cet homme comme s’il s’agissait d’un dingue, celui-ci les fixait également.

  • Allez-vous bien ? dit-il en s’adressant à Jordan.
  • Euh… oui, oui. Merci… répondit-elle déconcertée.
  • Je me présente, serviteur de l’Empire.
  • Ah… on n’est pas plus avancé ? intervint Kris perplexe.
  • Moi c’est Jordan et lui Kris et toi… vous ?
  • L’homme se recula d’un pas. On lisait la stupéfaction sur son visage.
  • Euhm… oui, c'est pas trés féminin mais faut pas éxagérer, rajouta la fille.
  • Quel nom étrange !
  • C’est la première fois qu’on me la sort celle-là, s’exclama-t-elle étonnée.
  • Sinon votre nom ? indiqua Kris.
  • Mes excuses. Je suis Irvin Mikag, enchanté de faire votre connaissance, se présenta-t-il en s’inclinant légèrement.

C’est alors que l’autre cavalier réapparut, il chercha du regard son compagnon. Il afficha un sourire satisfait lorsqu’il l’aperçu et se dirigea aussitôt vers le curieux groupe. Il devait lui aussi avoir dans les environs de la vingtaine. Cet homme était séduisant et paraissait aussi fort que l’homme qui se nommait Irvin. Ses cheveux bruns en bataille laissèrent un sourire en coin à Jordan. Il avait le même style vestimentaire qu’Irvin, excepté la tunique. Le nouveau venu portait une blouse blanche et une veste à courte manche brune, du moins cela y ressemblait.

Il descendit de cheval et s’approcha.

  • J’ai perdu la trace de Lévéro. Il faut admettre que ce satané canasson est rapide, lança-t-il à l’attention de son compagnon.
  • Espérons que nous aurons plus de chance demain, lui répondit Irvin.
  • Il le faudra.
  • Euh… bonjour, désolé mais mon amie et moi, on aimerait trouver un… commença Kris.

L’interlocuteur d’Irvin se retourna et observa Kris puis Jordan de la tête au pied et eut la même expression de surprise que son compagnon quelques minutes plus tôt. Les deux hommes constatèrent le style très surprenant de ces deux jeunes.

Le garçon, lui, avait un collier fort insolite autour du cou, si toutefois l’on pouvait désigner cela un collier. Il était vêtu d’un pantalon noir et les deux hommes ne purent comprendre à quoi servaient les bretelles que le jeune garçon laissait pendre. Il portait une veste noire qui donnait l’impression d’être usé car le noir tournait au gris à certains endroits. La jeune fille portait une chemise bleu clair déchirée, un gilet gris et un pantalon kaki lui aussi déchiré à certains endroits ; une épaisse chaine y était attachée et pendait jusqu’à son genou. Un étrange couvre-chef lui cachait les yeux. Pour couronner le tout, ces deux étrangers chaussaient des souliers peu communs.

Ce sentant mal à l’aise, Jordan rompit le silence.

  • Donc en fait, est-ce que vous pourriez nous aider à rejoindre la ville la plus proche ?
  • Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur… mademoiselle ? interrogea le second inconnu.
  • Moi,c’est Jordan et lui, Kris Penjira.
  • Ravi de faire votre connaissance. Je me nomme Nota. Vous disiez vouloir rejoindre la ville ?
  • Oui, on est perdu et on aimerait contacter nos amis, expliqua Kris.
  • Sans vouloir vous offenser, vous ne passez pas inaperçu avec une telle tenue, indiqua Irvin. Suivez-nous, nous verrons ce que nous pouvons faire pour vous.
  • Ah merci ! Vous nous sauvez ! Au fait, on est où ici ? demanda Kris.
  • Nous nous trouvons dans les plaines Kraï, informa Nota.
  • Ah ! Jamais entendu parler. Ça se trouve dans quel pays ? nota Jordan.
  • Cela est fort étonnant ! Ces plaines sont fort connues pour leur tranquillité et leur calme. Je m’égare, nous sommes à Draïr, lui répondit-il.
  • Aaaah ! Bordel. C’est quoi ce délire ! Je comprends plus rien à ma vie… Kris gifle moi que je me réveille de ce délire. Je sens que je vais pleurer. Je vais pleurer !
  • Garde ton calme. Je suis à deux doigts de péter un câble aussi... dit-il à son amie en la fixant droit dans les yeux.
  • T’as raison. Déso. Ne pas paniquer. Ne pas paniquer. Ne pas paniquer, se réconforta-t-elle.
  • Allons, allons, calmez-vous. Allons à notre camp, avant que la nuit se lève et vous nous raconterez vos péripéties, déclara Irvin.
  • Vous avez raison. Merci pour votre aide, affirma Jordan.
  • Suivez-nous. Puis-je vous poser une question, Kris ?
  • Tutoyez-moi ! et bien sûr pour la question, répondit-il.
  • Dans ce cas, tutoie-moi aussi. Donc, qu’est-ce que cet objet autour de votre cou ?
  • Un casque. Un casque pour écouter de la musique.
  • Cela ne m’avance guère…
  • Alors, dites-vous… pardon, dis-toi que c’est une décoration pour le style, proposa Kris en guise d’explication.

Après ces paroles, le petit groupe se mis en route. Irvin et Nota les guidèrent à pieds tenant leur cheval à côté d’eux pour suivre l’allure de Kris et Jordan qui n’avaient pas de monture.

Ils ne durent pas marcher longtemps pour atteindre le campement ce qui fut un grand soulagement pour les deux adolescents. Durant le trajet, Jordan et Kris ne discutèrent pas énormément. Par contre, ils apprirent qu’Irvin et Nota, depuis quelques jours, à la recherche de Lévéro – l’étalon qui se trouvait dans les plaines. Nos deux amis n’en surent pas plus et ils arrivèrent au petit camp.

Celui-ci était établi à proximité de la forêt et d’un petit ruisseau. Les adolescents examinèrent rapidement les lieux. Le feu n’était pas totalement éteint, une petite casserole y était posée laissant une douce odeur s’échappée. Quelques couvertures étaient étendues à terre près d’un gros rocher, semblable à ceux qu’ils virent pendant leur périple. Des toiles qui devaient servir de tente, étaient suspendues au-dessus des couvertures. À côté de celle-ci se trouvait un chariot dans lequel il y avait des selles, trois ou quatre filets, divers sacs et des morceaux d’armures. Un cheval de trait broutait non loin du chariot entouré par quatre autres chevaux qui suivaient son exemple. Jordan fixait ces noble animaux, sans savoir pourquoi ils la fascinaient tant.

Pendant que ces deux observateurs examinaient le camp, un homme, ou plutôt un soldat s’approcha de Nota. Ils échangèrent rapidement quelques phrases, le soldat prit les destriers de leurs guides et se chargea de faire leurs soins.

Il n’était pas vêtu d’une armure mais d’un fin plastron et de gantelets lamellés de cuir, une épée à la ceinture. Trois autres soldats étaient vêtus de la même façon.

Un autre soldat arriva, il s’adressa aux deux jeunes hommes. Son style vestimentaire était légèrement différent. Il portait une cotte de mailles à manche courte et des bracelets en cuir pour protéger ses poignets. Ses cheveux grisonnaient déjà pourtant il ne paraissait pas avoir plus de la quarantaine. L’homme était élégant malgré ses quelques cicatrices apparentes, notamment une le long de son cou. Il avait un regard dur et glacial en revanche, une atmosphère de sécurité se dégageait de lui.

  • Il semble que vous n’avez su rattraper Lévéro ?
  • Effectivement… avoua Irvin.
  • Je vois, répondit-il simplement, ensuite il observa les deux étrangers.
  • Général Arwin, voici Kris et Jordan. Ils se sont égarés dans les collines du Kraï lorsque nous les avons rencontrés, les présenta rapidement Nota.
  • Bonjour… on espérait juste rejoindre une ville, informa Kris intimidé par l’individu.
  • Le général les étudia rapidement. D’après l’expression sur son visage, il semblait plutôt surpris par l’habillement des deux jeunes gens.
  • Ça commence à devenir lassant, chuchota Jordan à l’oreille de Kris.
  • C’est entendu. Vous pouvez vous joindre à nous le temps de rejoindre la capitale, conclut-il.
  • Ah euh… oui, merci, bredouilla Jordan.
  • Nous lèverons le camp demain à l’aube, cria le général à la troupe. En attendant, Nota viens t’entrainer. Irvin je te laisse la charge des jeunes.
  • A vos ordres ! affirmèrent les deux concernés à l’unisson.
  • Ce cheval doit vraiment être important pour qu’il y ait des soldats et un général à sa recherche, exprima Kris.
  • Ah, effectivement, il appartient à l’empereur. De plus, la situation de l’empire est difficile et les environs ne sont pas sûr, expliqua Irvin étonnamment déconcerté.
  • Ah…, répondit Kris à moitié convaincu.

Le général sans alla avec Nota et tous deux commencèrent à s’entraîner. Ce fut impressionnant pour nos amis car c’était la première fois qu’ils virent un combat à l’épée. Ils restèrent quelques minutes à les observés, comme suspendus dans le temps. Le bruit des épées s’entrechoquant perturbait le calme du campement. Les adolescents étaient trop perdus pour poser des questions. Il leur fallut un moment avant de reprendre leur esprit.

Jordan demanda ce qu’elle pouvait faire à un des soldats dénommé Morn. C’était l’homme qui les avait accueillis en arrivant. Il lui proposa de l’aider à panser les chevaux. Elle prit la brosse que lui tendais le soldat et s’appliqua à sa tâche. Ne sachant pas comment procéder, elle imita Morn. Après cela, il les nourrit ; pendant ce temps, Jordan se contenta de les caresser.

Kris décida d’aider Irvin à préparer le repas du soir. Irvin de nature curieuse lui posa une série de question. Une conversation animée s’ensuivit. Ce que Kris retint fut le fait que Jordan et lui étaient tombés dans un pays très différents du leurs ; ce qui ne le rassurait guère. Jordan arriva ce qui coupa leur discutions. Elle s’assit près de Kris et resta silencieuse. Elle posa sa tête sur l’épaule de son ami et somnola. Elle fut réveillée par l’arrivée des soldats mais ne bougea pas. Irvin servit les plats, Altaï et le général s’installèrent sur des troncs – qui servaient de bancs. Les soldats s’assirent à leurs tours. Kris et Jordan ne mangèrent pas énormément, le stress les en empêchant. Malgré la bonne ambiance qui régnait autour d’eux, ils se surent se détendre dans cet univers tout droit sorti d’une autre époque. Les soldats parlaient bruyamment. Le général ne se montrait pas bavard, il se contentait d’écouter et de rigoler avec ses hommes, jetant régulièrement un œil furtif en direction des étrangers. Après le repas, il donna quelques ordres que les soldats exécutèrent. Il indiqua aux adolescents de prendre des couvertures dans le chariot et de s’installer près du rocher sous les toiles. Ils ne se le firent pas dire deux fois, ils cherchèrent les couvertures et se placèrent dans un coin sous cette tente de fortune. Petit à petit le groupe s’installa aux côtés des deux amis. Le général et Tcur, l’un des soldats, restèrent de garde. Il sembla à Kris que le soldat changea sa place avec Gréén durant la nuit, ce qui le réveilla.

En pleine nuit, Jordan s’agita, l’air de se réveiller d’un cauchemar. Elle ouvrit les yeux, se redressa et regarda autour d’elle comme si elle recherchait quelque chose. La jeune fille jeta un coup d’œil sur les hommes endormis et son ami. Rien ne semblait anormal hormis qu’elle et Kris se retrouvait dans un univers totalement inconnu. Jordan resta allongé sur le dos et contempla le ciel par un trou dans la toile qui leurs servaient de tente. Elle vit un ciel magnifique, un ciel comme elle n’en avait encore jamais vu. Il n’y avait pas d’étoiles dispersés, loin les unes des autres mais une armée d’astres. La lune en croissant trônait au milieu d’elles, éclairant la nuit. Fascinée par ce spectacle, l’adolescente ne sut s’endormir donc elle décida de se lever ; le plus doucement possible, essayant de ne réveiller personne. Sortie, elle s’écarta du camp, s’immobilisa et ferma les yeux. Il faisait doux. Le vent semblait murmurer des chansons et des histoires que seul lui connaissait. Elle aperçut la silhouette du général, assis sur un rocher non loin, il veillait sur le camp. Ensuite, son attention se porta sur les chuchotements des animaux qui sortaient de la forêt. Elle distingua, avec une étrange netteté, l’hululement d’un hibou, les petits rongeurs marchés entre les feuilles mortes, les cris de chauves-souris occupés à chasser… elle prit plaisir à les écouter. Soudain, plus rien. Comme si les animaux s’étaient brusquement réfugiés, fuyant un prédateur. Elle se tourna vers sa droite et vu le second soldat en train de veiller, appuyé contre un arbre. Toutefois, sa posture était quelque peu incohérente. Ses bras pendaient, ses genoux pliés et sa tête pendait légèrement en arrière. La jeune fille voulu l’approcher quand elle crut entendre une voix.

Danger !

Jordan pivota pour voir s’il y avait quelqu’un mais ne vit personne. Elle chercha d’où provenait cette voix et son regard s’arrêta sur la plaine où quelques heures plutôt les chevaux broutaient tranquillement. Elle scruta la lande et aperçu un cheval. Elle remarqua que l’animal avait ses oreilles pointées dans sa direction et avait le cou tendu. L’adolescente dirigea son regard vers les chevaux et en compta sept. Elle en conclut que celui-ci était un nouvel arrivant. Elle reconnut le cheval pie de la rivière qui, se souvint-elle, se nommait Lévéro.

Fuis ! Danger !

  • Hein ? Un danger, dit-elle tout haut.

Elle se retourna et vit une grande et massive ombre s’approcher d’elle. Elle recula et quand celui-ci fut assez proche pour qu’elle puisse distinguer les traits de son visage – grâce aux légers rayons de la Lune – elle hoqueta de stupeur. Ce n’était pas un humain mais ça y ressemblait. D’abord, il devait facilement atteindre les deux mètres de haut et une force surhumaine émanait de lui. De plus, sa peau était grise, d’un gris clair comme celle de la roche. Cette créature avait des yeux ronds et noir semblable à ceux des hiboux, ce qui, au premier abord, était effrayant. Il n’avait ni cheveux, ni nez. Jordan ne put dire si elle était effrayée, surprise, émerveillée ou tout à la fois. Quand elle croisa le regard de cette personne, elle eut un frisson. Seul son regard glacé et remplis de haine suffit à l’alerter du danger. Dans l’une de ses mains, elle remarqua une énorme hache qui se leva avec dangerosité.

Fuis !

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