13. Carpe diem - Axel

10 minutes de lecture

아무것도 하기싫은데

사실 나는 so very

Lazy

Je ne veux rien faire

En fait, je suis tellement

Paresseux

Lazy - Woosung

Mercredi 19 mai 2021

Ses yeux orange luisent dans l’obscurité. Ses griffes écorchent ma peau. Je crie de toutes mes forces, mais les ombres absorbent ma voix. Je n’entends plus que sa respiration sifflante.

Je suis perdu.

Je sombre lentement dans une mélasse épaisse et puante, noire comme du charbon. Son horrible rire résonne et fait frémir chaque partie de mon corps. Je vais disparaitre à tout jamais, avalé par les ombres. Si jeune, alors que j’avais encore tant de choses à vivre, tant d’amour à donner.

Mes parents vont être tristes. Et Tristan ! je ne peux pas abandonner Tristan. Et Liang ! Je lui avais promis de retourner dans la forêt. Je dois me battre ! Mais plus je m’agite, plus les ombres m’engloutissent, comme des sables mouvants. Elle me tire par les pieds. Il n’y a plus que ma tête et mon bras droit qui dépassent. J’ai froid, terriblement froid.

C’est là qu’il apparait. Tristan, avec son air grave. J'attrape la main qu’il me tend. Et d’un geste habile, il me sort des ténèbres, puis me serre fort contre lui.

Je me réveille en sueur et le cherche à côté de moi, mais il n’est pas là. Nos moments ensemble deviennent rares, moins intimes aussi. Je sais qu’il fera toujours partie de ma vie, pourtant, je me sens si seul dans mon petit lit. Je tremble encore de froid, mais grâce à lui, je suis en vie. Encore une fois, mon soleil a vaincu le monstre.

Les cauchemars s’étaient calmés, mais l’histoire avec Damasio a tout fait remonter. J’aurais aimé en parler à Tristan. J’ai beaucoup hésité à lui raconter, mais je ne l’ai pas fait. Il va mieux et je ne veux pas réveiller ses angoisses. Les miennes vont disparaitre toutes seules, il n’y a qu’à laisser faire le temps.

Axel : un tour en foret aujourd’hui, ca te dit ?

Axel : on pourrait pique niquer

Liang : salut !

Axel : ah oui ! bonjour aussi !

Liang : j’aurais beaucoup aimé

Liang : mais je dois garder ma soeur

Axel : Mei ?

Liang : non, Xin, la petite !

Liang : Mei est assez grande pour se garder seule !

Liang : et j’ai prévu de réviser, désolé

Axel : Ok, tant pis

Liang : mais la prochaine fois, avec grand plaisir

Je traine à la maison. Je joue un peu à la console, essaye de regarder une série, puis une autre, mais je ne trouve plaisir à rien. Je me sens totalement vide, j’ai l’impression de ne plus rien ressentir et ça m’énerve.

Je pourrais ranger ma chambre… non, si j’en arrive à penser à ça, pour me distraire, c’est que ça va vraiment mal ! Je dois me reprendre en mains !

Lorsque je me gare dans la forêt, l’après-midi est déjà bien entamée. J’avance à peine sur le chemin, que je retrouve le sourire. Voilà ce qu’il me fallait, respirer le grand air et me défouler. Je commence par un petit sprint, pour m’enfoncer plus loin dans la forêt. Je fais ensuite quelques étirements et attaque un parcours rouge, un des plus difficiles. La grimpette c’est magique, mes mains sur le granit, mon corps au-dessus du vide pendant quelques secondes, et je ne pense plus à rien, si ce n’est qu’à avancer.

Une fois le parcours terminé, je me dirige vers le parking, épuisé, mais heureux. Mes pieds décident de faire un petit détour. Je me retrouve là où j’avais emmené Liang il y a quelques semaines. Je n’ai pas le courage d’aller chercher la couverture, le sol semble sec. Je m’allonge au milieu des feuilles, un rayon de soleil caresse mon visage. Je ferme les yeux et écoute le bruit du vent dans les arbres. Je me sens bien, je crois même que je somnole quelques instants. Un bruissement, mais celui-ci est trop fort, ce n’est pas le vent, mais des pas qui approchent. Mon sang se glace, je n’ose plus bouger. Je tourne doucement la tête dans la direction du bruit. Il me faut un moment pour distinguer son origine. Un museau allongé, des oreilles pointues et un poil d’un beau roux. Un renard m’observe. Je me redresse lentement pour pouvoir l’admirer. Il est magnifique.

— Salut toi !

Son nez se relève comme pour me renifler, puis il fait un nouveau pas dans ma direction, il n’est qu’à quelques mètres !

— Viens, dis-je tout bas pour l’encourager.

Je fais un signe de la main, mais au même moment, on entend des rires et des cris d’enfants au loin. Le petit renard détale et disparait dans les buissons.

Axel : je suis en foret et je me suis fait un nouveau pote !

Liang : un écureuil ?

Axel : même couleur, mais plus gros !

Axel : j’ai un truc avec les roux :)

Liang : un renard ?

Axel : oui !

Liang : sans déconner ?

Axel : oui, et il n’avait pas peur, il était super curieux !

Liang : wouah !

Axel : oui ! c’est aussi l’effet que ça m’a fait !

Axel : Il était trop mignon ! J’y connais pas grand chose, mais il avait l’air jeune

Axel : Et c’était exactement là où on était la dernière fois !

Liang : j’aurai bien aimé voir ça !

Axel : on y retournera ensemble

***

La fac est quasi déserte, tout le monde est en période de révision ou d’examen. Je rejoins Sam au local de l’asso. Ici, comme souvent, c’est l’effervescence. On prépare la marche des fiertés.

— Me voilà Cheffe ! Prêt à me faire exploiter !

Je dépose un baiser sur sa joue et m’assois à côté d’elle.

— Tu pouvais dire non, me répond-elle.

— Tu sais bien que je ne peux pas te résister ! Et puis, tu me manques, c’est l’occasion de te taquiner un peu !

Elle fronce légèrement les sourcils, mais reste concentrée sur son collage.

— Ça va ? lui demandè-je, étonné de cette mauvaise humeur.

— Hum, grogne-t-elle. Je galère dans les révisions. J’avance pas.

— Ca va bien se passer ! la rassurè-je.

— T’en es où toi ?

— J’ai pas encore commencé…

— Axel, tu déconnes…

— Non.

— En fait, c’était pas une question ! Les exams sont dans dix jours !

— Ouais, je sais, mais je me suis accordé quelques jours de vacances.

— Je sais pas comment tu fais…

— Pour être aussi beau ? Intelligent ? Terriblement drôle ?

— Non, aussi inconscient !

— J’arriverai bien à valider quelques modules et au pire, je repasserai les autres l’année prochaine. C’est pas si grave. Ce n’est pas de l’inconscience, mais un choix : Carpe diem !

Sam me regarde, intriguée.

— C’est du latin, ça veut dire qu’il faut saisir chaque jour ! Cueillir les fleurs de la vie et en sucer les tiges !

Elle éclate de rire.

— N’importe quoi. Tu devrais en faire un T-shirt !

— Oh mais trop ! Je note, t’es une génie !

J’ai beau faire le clown, je crois vraiment en cette philosophie. Et encore plus depuis quelques mois. Il faut profiter tant qu’on ne sait pas ce que demain nous réserve. Tout peut s’arrêter comme ça en un claquement de doigts.

Après un long silence, où nous sommes chacun plongés dans nos réflexions, Sam reprend la parole.

— Le problème, c’est que quand je suis stressée, j’arrive pas à m’amuser. Là, je suis obsédée par les partiels.

— Faudrait trouver un truc agréable pour te détendre…

— Si tu me parles encore de masturbation ! me coupe-t-elle.

— Nop, ricanè-je. J’allais juste te demander si tu t’étais bien amusée avec Julie.

Elle fait la moue et lâche un long soupir. Pas la réaction que j’attendais.

— Ouais… ça va…

Le son de sa voix est soudain étrange.

— Ca va ? repétè-je. C’était pas bien ?

— Si si…

— Mais quoi ? insistè-je, soudain inquiet.

Sam hausse les épaules.

— Sur le moment, c’était bien. Mais le lendemain matin, elle avait déjà disparu quand je me suis réveillée.

— Elle a dit pourquoi ?

— Non… j’ai pas de nouvelles depuis.

— Sans déconner ? Elle te ghoste ?

— Non, pas vraiment. Enfin… on s’est rien promis, c’était juste une nuit comme ça.

— Et alors ? C’est pas une raison ! On peut avoir juste du cul et rester correct avec ses partenaires !

La mine triste, elle hausse de nouveau les épaules, et ça me fait mal au cœur.

— C’est moi qui suis stupide à me faire des films, s’agace-t-elle.

— Non, pas du tout ! Toi t’es un amour ma Sam-Sam. Elle n’a pas à t’ignorer comme ça. C’est une connasse ! Le pire, c’est que depuis le début, je la sens pas cette fille. Je suis désolé, j’aurais surement dû t’en parler…

Elle laisse échapper un rire nerveux.

— Je t’aurais probablement pas écouté. Elle me plaisait.

— Je suis vraiment désolé pour toi.

Je passe ma main dans son dos pour la réconforter. Elle lâche ce qu’elle était en train de faire et se laisse aller dans mes bras pour un gros câlin.

— Elle est stupide, dis-je. Elle ne te mérite pas ! Tu veux que je t’aide à te venger ?

— Tu penses à quoi ?

— Je sais pas encore, mais j’ai des amis imaginatifs qui pourraient m’aider à trouver des trucs tordus…

— À t’entendre parler, on croirait que t’es pote avec la mafia. Et c’est gentil, mais j’ai pas envie de me venger, je veux juste l’oublier.

— T’es sure ?

— Oui, elle ne mérite même pas que je lui consacre du temps. En fait, tu es bien plus en colère que moi. Moi, je me sens juste bête et ça m’énerve d’être triste à cause d’elle.

— Tu n’es pas bête, juste un peu amoureuse.

— Ouais, il parait que ça rend stupide.

Je me marre.

— Ouais, peut-être un peu, mais ça vaut le coup.

Elle fronce légèrement les sourcils et me dévisage.

— Axel, t’as bien compris qu’on parlait de sentiment et pas de sexe ?

— Ben, oui ! Je passe mon temps à te le dire ! Je suis un grand romantique ! Pourquoi personne ne me croit ?

— Hum, fait-elle, j’ai une bonne douzaine d’arguments, à commencer par ça !

Elle pointe mon T-shirt. Je suis très fier de celui-ci, il est d’un beau bleu et porte l’inscription : « Je suis pas là pour sucer des glaçons ».

— Ouais, j’aime porter des messages ! C’est ma manière de militer ! J’en ai aussi avec des dessins si tu préfères !

— Je sais, répond-elle d’un air blasé, je me souviens très bien de celui avec les boules de Noël. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu tiens tant à te faire passer pour le boulet de service. Parce qu’on sait tous les deux que tu n’es pas ce genre de mec.

— Sam-Sam, ricané-je, c’est pour cultiver le mystère ! Je suis un être complexe !

— Salut… dit une voix juste derrière nous.

On se retourne tous les deux. Damasio se tient là, il me fixe avec un joli petit sourire, les mains dans les poches.

— Tu tombes bien, dis-je. Tu vas nous donner ton avis. On débattait sur un grand sujet ! Tu préfères quoi entre le sexe et l’amour ?

— Euh, on est obligé de choisir ? répond-il amusé.

— Ah tu vois, m’exclamè-je pour Sam. On peut être romantique et aimer le cul !

— C’est pas tout à fait ce que j’ai dit, se défend Damasio.

— N’essaye pas de débattre avec lui, le prévient Sam. Il veut toujours avoir le dernier mot.

Je me retiens de répondre, je ne voudrais pas lui donner raison. Mais je ne peux m’empêcher de ricaner. Du coin de l’œil, j’observe Damasio. Il est vraiment très beau et je suis heureux de le voir sourire de nouveau. Et dire que Liang a eu la chance de le voir en pleine action ! Je suis un peu jaloux, même si… je n’ai qu’à regarder Damasio pour imaginer la scène, les lèvres entrouvertes à crier mon nom. J’ai chaud…

— Je peux te parler ? me dit-il.

Oh Oh… est-ce qu’il m’a entendu ?

Avant que j’ai le temps de répondre, Sam se lève.

— Prends ma place, lui propose-t-elle. J’ai terminé.

Il s’installe à côté de moi, et lorsque nous sommes seuls, il reprend la parole.

— Je voulais te dire… je suis vraiment désolé pour la dernière fois. Je me suis tapé un mauvais trip.

Ouf, il n’est pas télépathe.

— Y’a pas de malaise…

— Je sais que ton pote et toi, vous vouliez m’aider et je vous ai envoyés balader. Je suis désolé.

— Y’a pas de souci. L’important c’est que tu ailles mieux. Tu te souviens de ce qui s’est passé ?

— Non, pas vraiment. La soirée est très floue dans mon esprit… J’ai dû prendre un truc qui m’a rendu parano. J’ai mis plusieurs jours à redescendre.

J’acquiesce, songeur. J’ai envie de lui poser mille questions.

— Voilà, ajoute-t-il, je voulais juste… m’excuser.

— Excuses acceptées !

— Et… je te donne mon numéro… si tu le veux toujours.

Il a soudain l’air tout gêné, c’est adorable. Je lui tends mon téléphone avec un grand sourire.

— Alors ? me demande Sam en revenant.

— Alors quoi ? demandè-je, innocemment.

— Damasio ! Il voulait quoi ? Ça avait l’air très sérieux !

— Oui, ça l’était, dis-je en prenant un air grave.

Elle s’approche de moi, dans la confidence, impatiente de connaitre la suite. Je me marre intérieurement.

— Tu prends toujours un air blasé quand je te raconte mes bails, mais en fait, tu adores ça.

— J’avoue… tes histoires sont plus excitantes que les miennes…

Je secoue la tête.

— Sam… c’est pas toi le problème ! T’es juste tombée sur une connasse.

— Bon… et alors… Damasio ?

Je souris en coin, regarde autour pour être sûr que personne ne nous écoute, puis me penche à son oreille.

— Il m’a fait sa demande, murmurè-je.

— Quoi ?

— Oui, il veut se marier avec moi et me faire quatre enfants.

— N’importe quoi !

— Ah ! Toi aussi tu trouves que c’est trop ? Deux, c’est bien non ?

Elle fronce les sourcils et me frappe l’épaule alors que j’éclate de rire.

— T’es vraiment con !

— Moi aussi je t’aime ! dis-je en claquant un bisou sur sa joue.

Annotations

Vous aimez lire Ladaline ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0