Rancœur et désappointement.

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Décision.

« Il faut rajouter de la vie aux années et non des années à la vie. » Proverbe chinois.

Les bilans sanguins et urinaires sont sans appel ! La maladie est bel et bien de retour, s’attaquant cette fois-ci à sa vessie. Le corps d’Anya est porteur de cellules cancéreuses prêtes à déverser leur poison où elles le veulent, quand elles le veulent… aucun moyen de les anticiper, de savoir quel organe elles vont grignoter avec perfidie avant qu’elles ne s’abattent comme la misère sur le pauvre monde.

Grâce à une nouvelle technologie, appelée « scanner », le Professeur Pietru est en mesure de localiser et cibler les tumeurs avec précision. Anya va devoir faire des séances de chimiothérapie associées à la radiothérapie afin d’éviter l’ablation d’une partie ou la totalité de la vessie.

Mais Anya est loin d’être certaine de vouloir subir tous ces traitements drastiques avec les nombreux effets secondaires qui en découlent… Devoir recommencer à guerroyer… les douleurs physiques, psychologiques… elle a eu son dû. Elle est si fatiguée de tout ça. Une peur sans pareille, une sensation de se battre contre des moulins à vent annihilent le peu d’espoir qu’il lui reste.

Tous sont désespérés de la voir dans un tel état d’apathie. Sa rage de vivre a laissé la place à une profonde rancœur. « Pourquoi elle ? » « N’a-t-elle pas assez souffert ? »

Elle a eu ses années bonheur : dix ans ! Mais qu’est-ce que dix années dans une vie ?


***


— Il faut suivre ce protocole de soins, ma chérie. La médecine a fait d’énormes progrès. Les traitements sont mieux ciblés sur les cellules malades et les effets secondaires mieux soulagés. La douleur du patient est prise en compte.

Ce n’est pas le mari qui s’adresse à elle mais le médecin. Son ton est ferme mais professionnel.

— Je refuse que tu baisses les bras, poursuit-il.

— Mais je suis si fatiguée de me battre… puis à quoi bon ? La maladie reviendra toujours. Le suicide me serait plus doux. Et tu te rends compte Dimitri que je vais perdre mes cheveux… mes beaux cheveux couleur de miel où tu aimes tant passer tes mains… Ils font partie de ma féminité, j’en suis si fière. Puis on va me montrer du doigt comme une bête de foire… Autant me coller une étiquette « cancéreuse » sur le front.

— Les cheveux, ça repousse Anya ! Et cesse de dire des bêtises, je ne veux plus t’entendre parler ainsi. Laisse les autres à leur médiocrité ! Ceux-là ne valent pas la peine de s’intéresser à eux… Je leur souhaite de ne jamais tomber malade. Mais Ysaline et moi avons besoin de toi… Et tu resteras toujours ma princesse… même chauve, tu seras à jamais l’amour de ma vie.

Anya émet un petit rire en entendant ces derniers mots.

— C’est bien vrai ça ?

Dimitri penche la tête sur son épaule avec sur les lèvres un sourire charmeur.

— Embrasse-moi, lui quémande-t-elle.


***


En apprenant la triste nouvelle, Ysaline pleure toutes les larmes de son corps. Elle est jeune mais assez grande et mature pour comprendre la gravité de cette rechute. Mais lorsque son père l’informe que sa mère ne veut pas se faire soigner, elle ravale son chagrin et y va de ses arguments pour la convaincre.

— Alors, comme ça tu baisses les bras ? C’est papa qui me l’a dit.

Anya regarde sa fille, les yeux ronds de surprise. Sa voix est celle d’une adulte. Elle en reste bouche bée.

— Tu ne veux pas qu’on s’apitoie sur ton sort… ça je peux le comprendre. Tu ne veux pas de pitié… ça aussi je le comprends. Mais papa, moi ou tata et tonton, t’avons-nous déjà prise en pitié ?

— Non jamais, murmura sa mère abasourdie.

— Bien, alors tu vas accepter ce protocole… pour nous, pour toi, pas pour les autres et tant pis pour tes cheveux. Nous, on sera chaque seconde à tes côtés… Tu ne manqueras jamais d’aide de notre part, ni d’amour. On a besoin de toi… J’AI besoin de toi !

Interloquée, Anya fixe sa fille de longues minutes. Des perles de fierté accrochent ces cils. Elle finit par ouvrir grand les bras.

— Viens là ma beauté.

Ysaline se précipite aussitôt dans ce cocon d’amour. Mère et fille, dans les bras l’une de l’autre, libèrent leurs larmes, réunies dans une douce et belle harmonie.

— Quand j’aurai mon bac, tu seras avec moi. Lorsque je me marierai, tu seras à mes côtés. Quand j’aurai mon premier enfant, tu seras là… hoquète Ysaline entre deux sanglots. Tu es une si merveilleuse mère.

— Oui ma chérie… Je serai là. Je te le promets.

***********

J'ai partagé ce chapitre beaucoup trop long pour en faire un seul. Puis la suite va me prendre plus de temps car elle m'est douloureuse à écrire... je dois trouver les bons mots.

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