Anya et Dimitri.

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« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque ». René Char.

Anya et Dimitri peuvent enfin goûter au bonheur aux côtés d’Ysaline. Cela fait cinq ans qu’ils vivent avec cette épée de Damoclès au dessus de leurs têtes, cinq ans à vivre avec la crainte de la récidive de la maladie.

Anya a suivi le protocole à la lettre. Elle s’est rendue à toutes les visites de suivi, a subi toutes les analyses de laboratoire avec la peur au ventre, avec la peur du diagnostic… mais le Professeur Pietru est formel : tout va dans le bon sens et les résultats sont plus qu’encourageants. Anya se dirige vers une guérison complète. Et après chaque rendez-vous, ragaillardie par ces paroles, elle ressort de l’hôpital encore plus déterminée à se battre jusqu’au bout. Encore une année et elle sera officiellement en rémission, comme ils disent… même si elle lui faudra se plier à un bilan sanguin et urinaire tous les ans.


***


Ysaline a cinq ans. C’est une petite fille souriante, joyeuse et curieuse de tout. Un vrai rayon de soleil !

Physiquement, elle est le portrait trait pour trait de sa mère. Les mêmes yeux bleus couleur océan, la même chevelure couleur miel. Sa curiosité naturelle l’a amenée à savoir déjà lire et écrire le français ; sa cousine Florence a largement contribué à cet apprentissage. Dans quelques mois, elle va rentrer au cours préparatoire et elle a hâte de porter son nouvel uniforme que sa mère a confectionné de ses mains.


***


Tous les ans, Dimitri renouvelle leur titre de séjour. Leur dossier est en bonne voie d’être accepté. L’enquête de bonnes mœurs diligentée a émis un avis favorable et obtenir la nationalité française est l’histoire de quelques mois tout au plus. Il attend à plus forte raison ce moment qu’il a repéré une maison à vendre, située à quelques rues de chez Natacha et Pierre. Ses économies sont suffisantes pour donner un apport conséquent ; il lui faudra juste faire un prêt à la banque.

L’actuelle propriétaire, une vieille dame, leur a fait visiter les lieux : un grand séjour-salle à manger, une cuisine fonctionnelle, deux chambres et une autre pièce pouvant servir d’atelier de couture pour Anya qui rêve d’un espace rien qu’à elle. Le jardin clôturé sera idéal pour y installer une balançoire pour Ysaline. L’un comme l’autre sont conquis !

Ils bloquent la vente par un versement en attente de la banque. Avec son salaire régulier à l’hôpital, le prêt leur est accordé sans problème.

Le déménagement est prévu dans trois mois. Natacha est ravie qu’ils habitent à quelques rues, ainsi elle pourra les voir aussi souvent qu’elle le veut. La maison lui semblera bien vide après leur départ mais après toutes les épreuves traversées, ils ont droit eux aussi au bonheur.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, une semaine après le déménagement, Anya et Dimitri sont officiellement français.

Cette nouvelle rend le couple, ivre de joie. Enfin, ils font partie à part entière de cette terre d’asile qu’ils chérissent. Le confort de leur vie sera amélioré dès que Dimitri aura fait valider son diplôme de médecin. Il va pouvoir exercer son métier au même titre que ses homologues français. Son chef de service, appréciant ses qualités indéniables et son empathie pour les patients, n’attend que ce feu vert pour l’embaucher comme médecin urgentiste.

— Le service a besoin de personnes telles que vous, lui avait-il dit.

Anya et Dimitri sont d’autant plus heureux et rassurés d’avoir fait le bon choix en venant s’exiler en France que les nouvelles de leur pays de naissance sont catastrophiques. Le camarade Ceausescu a durci son régime et a imposé à son peuple le culte de sa personnalité. Atteint de mégalomanie, il se fait désormais appeler « le Génie des Carpates » ou « le Conducator » et après s’être autoproclamé Président de la République, il a rasé des quartiers historiques de Bucarest afin d’y édifier des édifices gigantesques à sa gloire. La population est de plus en plus plongée dans la misère et la faim.

Anya reste persuadée que si elle était restée là-bas, à l’heure actuelle, elle serait morte de son cancer et Ysaline n’aurait jamais vu le jour. Elle ne peut s’empêcher de penser à Tatiana et Iulian et face aux évènements, elle espère que lui et les enfants sont hors de danger… ou mieux encore, qu’ils ont fui le pays, fui cette dictature comme eux l’ont fait.

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