L’organisation du Paradis n’est pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer de prime abord.

A force d’affirmer que l’argent ne fait pas le bonheur, les moyens commenceraient à manquer au Royaume des Cieux. Selon certains rescapés du tunnel de lumière dignes de foi et autres ectoplasmes phosphorescents, le Paradis serait de plus en plus inconfortable.

J’en vois quelques uns lever les sourcils jusqu’à déranger leur coiffure, signe d’une extrême émotion…

Tout le monde admettra cependant que le Paradis est très éloigné de nous. J’en veux pour preuve le simple fait que les progrès de la science ne l’ont pas encore atteint.

Non seulement le préposé aux écritures dans le « Grand Livre » ne possède pas le moindre petit ordinateur (Je le tiens de source très éclairée) mais l’état même de ses plumes laisserait à désirer !

Pour ma part, j’en suis convaincu. En ma qualité de victime « vivante », je peux en témoigner.

TOUT est écrit dans le « Grand Livre ». Certes.

Encore faut-il pouvoir le lire.

Je ne sais par quelle aberration mon premier amour s’appela « Christelle », mais ce fut ainsi.

Sans doute une plume qui se casse au mauvais moment, ou bien alors une tâche d’encre mal placée. A moins que je sois tombé sur un consultant de « Grand Livre » à la vue basse ou ayant perdu ses lunettes lorsque je rencontrai ce premier amour. On dit aussi que depuis le big-bang, il y aurait de plus en plus de monde au Paradis et que l’organisation paradisiaque ne le serait pas tant que ça et manquerait même d’effectifs…

Toujours est-il que ce malheureux concours de circonstances m’a fait vivre cinq années avec une « Christelle » nymphomane. J’en suis sorti épuisé, avec une notion très précise de l’expression « ne plus savoir à quel Saint/sein se vouer ».

J’ose espérer que l’Archange qui a commis cette gaffe s’est vu sévèrement rétrogradé lorsque l’on s’est aperçu de son erreur. Il ne mérite que la bétification. Sans doute est-il allé faire un tour au Purgatoire pour apprendre la calligraphie et l’usage du Corrector.

Lorsque l’erreur fut découverte, « Christelle » est partie nymphomaner ailleurs et j’ai immédiatement rencontré la « Christine » qui m’était attribuée dans le « Grand Livre », et avec laquelle je vis un bonheur partagé et sans partage.