Chapitre 6

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 C’est étrange ce que la peur peut vous faire croire quand on est face à ses propres démons. Jenson entendait cette voix pourtant il était seul au milieu de cette insupportable forêt écrasé sous la pluie battante, et se faisait tirer par quelque chose.

 — Allez ! Debout je te dis !

 Non, cette voix était bien présente pourtant il ne se considérait pas comme un fou abattu par la solitude et ses frayeurs, du moins pas encore.

 — Je ne suis pas fou ! hurla-t-il afin de s’en convaincre

 — Bin j’espère bien, lui répondit la voix. Mais je commence à avoir de sérieux doutes. Bouge-toi !

 Jenson ouvrit ses yeux immédiatement, il vit que ses pieds laissaient une grande ligne dans la boue derrière lui. Il était trainé par quelqu’un, un garçon. En voulant se remettre debout Jenson s’étala par terre.

 — Crois-moi tu ne voudrais pas te prendre un de ces éclairs alors relève-toi vite ! prévint le garçon. Suis-moi !

 Jenson se releva et couru à la suite de ce garçon, c’était sûrement une meilleure idée que de rester plié sur lui-même tout en se lamentant sur sa pauvre vie. Il devenait difficile de courir entre les différents arbres, broussailles, ronces surtout quand le terrain était de plus en plus glissant à cause de la pluie et la boue, sans compter que de nombreux flashs lumineux et violents s’écrasaient de manière fulgurante et aléatoire contre le sol. Le garçon le conduisit jusqu’à une petite grotte située sur le versant d’une des montagnes et ils se nichèrent dedans.

 — Ne t’en fais pas l’eau ne risque pas de rentrer nous sommes en pente, le rassura-il après s’être confortablement installé. Moi c’est Jad, Jad Dulin.

 — Jen… euh peu importe, se corrigea-t-il rapidement en empoignant la main que lui avait tendu ce Jad. Merci de m’avoir sorti de là.

 — Pas de quoi, de toute façon tu faisais pitié, rigola-t-il. Qu’est-ce qui t’amène dans cet endroit ?

 — Un problème familial, se contenta de répondre Jenson épuisé.

 — Tu sais t’es pas obligé d’être aussi froid avec moi hein.

 — Je sais, désolé, c’est que je ne suis pas habitué à ce genre de réflexion. Je suis plutôt abonné à recevoir des paroles cinglantes.

 — Hey c’est pas grave mec ! Bon repose-toi un peu, ce genre de tempête en pleine forêt peut durer assez longtemps.

 — Tu es sûr ? demanda Jenson.

 — T’inquiète je surveille, lui assura Jad.

 Étrangement il éprouvait une certaine confiance envers ce gars. Il se laissa rapidement sombrer dans ses rêves.

***

Royaume d’Héllibore. Galiorn.

 — Bien. On recommence avec de nouvelles questions. Comment t’appelles-tu ? questionna Nelson.

 — G-26, répondit machinalement le garçon attaché et assit en face de lui.

 — Tu as quel âge ?

 — Je n’en sais rien.

 — Pourquoi sers-tu Theoden Sartirog ?

 — Pour l’aider à sauver l’humanité.

 — Où vivais-tu avant de rejoindre tes camarades les soldats ?

 — Je n’en sais rien.

 — Qui sont tes parents ?

 — Je n’en sais rien.

 — Ils te manquent ?

 — Non. Mon capitaine dit qu’ils sont un danger pour moi et qu’ils ont tenté de me tuer.

 — Bon j’en ai marre ! Passez-moi le suivant. Celui-ci est comme tous les autres éteints, déclara Nelson exténué en cochant des cases sur son calepin.

 Cela faisait maintenant quelques jours que les médecins et les autres scientifiques posaient des questions aux nouveaux éteints dans l’espoir de déceler une quelconque information qui pourrait les aider dans la recherche d’un antidote. Évidemment tous les éteints étaient manipulés par leurs capitaines de sorte à ce qu’ils servent l’usurpateur sans aucun regret pour leurs proches qui leurs étaient désormais inconnus.

 Un militaire entra dans la pièce et vint chercher l’éteint toujours attaché à sa chaise.

 — Toujours rien avec eux ? voulu-t-il savoir.

 — Rien de rien, affirma Nelson en attendant l’arrivée du prochain éteint.

 Le militaire revint peu de temps après en tenant une éteint par les bras. Il l’attacha sur la chaise toujours devant le docteur et sortit ensuite de la pièce. Nelson observa la jeune rouquine, c’était la troisième fois qu’ils se voyaient pour les questions. La jeune fille fixait un point invisible sur le mur d’en face. Des questions étaient posées à plusieurs reprises, histoire de confirmer les dires des éteints.

 Avant chaque interrogatoire d’autres médecins s’occupaient des éteints qui allaient devoir parler en compagnie de Nelson en leur faisant respirer une substance les forçant à dire la vérité.

 — Bonjour, comment t’appelles-tu ?

 — H-14.

 — Tu as quel âge ?

 — Je ne sais pas, répondit l’éteint.

 — Pourquoi sers-tu Theoden Sartirog ?

 — Pour l’aider à sauver l’humanité.

 — Où vivais-tu avant de rejoindre tes camarades les soldats ?

 — Je ne sais pas non plus

 — Qui sont tes parents ?

 — Aucune idée.

 — Ils te manquent ?

 — …Oui, lâcha-t-elle en crispant sa mâchoire et en contractant ses mains.

 A cette réponse le médecin stoppa net de cocher son calepin et la regarda. Il n’avait jamais eu affaire à ce genre de réaction.

***

Royaume d’Arionnore. Montagnes Ancestrales.

 Jenson se réveilla en sursaut quand il se prit une barre chocolatée en pleine figure.

 — Mais qu’est-ce qui te prend à lancer des choses sur les gens ! pesta Jenson à l’attention de Jad.

 — T’as pas faim ? demanda Jad avant de pouffer de rire en voyant la tête ahurie de Jenson.

 Son ventre fut plus rapide à répondre quand il prit la barre dans sa main. Des larmes lui seraient presque venue tellement il était heureux de manger autre chose que ces satanées pommes.

 — Tu ne te rends même pas compte à quel point tu me sauves là. J’en pouvais plus des pommes.

 — Tu as des pommes ! s’exclama Jad à son tour ahuri.

 — Oui, vas-y sers-toi, répondit Jenson un peu déstabilisé par la réaction de Jad. Il lui tendit son sac à dos.

 — C’est hyper rare les pommes ! Tu les as volées ?

 — Non, je n’ai rien volé. C’est si rare que ça ?

 — T’imagine même pas à quel point ! Mon dieu ! s’extasia Jad.

 — Quoi ?

 — Mais c’est trop bon ! C’est pas humain de ne pas aimer ce fruit !

 — Ravie que ça te plaise.

 Jenson pensait à Phil, il éprouvait une grande crainte pour son ami. Peut-être était-il torturé en ce moment même ou bien mort… Un frisson parcourut son dos à cette pensée. En baissant sa tête il vit que sa main était bandée dans un nouveau tissu. Il demanda à Jad si c’était lui qui l’avait soigné.

 — Ouais, j’ai vu ta main enveloppée dans du tissu quand tu dormais, du coup j’ai essayé d’arranger ce désastre.

 — Merci beaucoup. Bon. Tu sais si la tempête va bientôt se terminer ?

 Jad scruta le ciel sombre avant de répondre que d’ici quelques heures le temps devrait commencer à s’apaiser.

 — Tu ne veux pas dormir ? interrogea Jenson.

 — Pas la peine, je suis déjà reposé. Au fait tu te rends où ?

 — Une ville qui s’appelle Gybor. Tu connais ?

 — Gybor ? Oui je connais, je comptais y faire un détour. Je peux t’accompagner si tu veux.

 — Génial ! Tu sais si la ville est loin d’ici ?

 — Je dirais bien à quelques heures de marche à pied, dit-il en entreprenant de manger une autre pomme.

 — Je n’étais pas si perdu que ça en fin de compte.

 — Si tu le dis.

 Les deux garçons restèrent sans se parler pendant un certain temps jusqu’à ce que Jenson rompt le silence devenu insoutenable.

 — Tu penses à quoi ?

 — A toi.

 — Pardon ?!

 — Excuse-moi, je me suis mal formulé. Je voulais dire que j’essaye de te cerner.

 — Pourquoi ?

 — Ba disons que pour commencer tu étais seul. Pommé dans une des plus grandes forêts des trois royaumes. Tu n’as pas voulu me dire ton prénom. Tu as des pommes non volées dans ton sac. Fruit rare que tu détestes. Soit dit en passant moi je trouve qu’elles sont vraiment divines. Dans ton sac il y a tout sauf des choses communes. Tu es blessé à ta main et ton corps est parsemé d’entailles. J’ai sûrement oublié d’autres détails mais déjà je trouve la liste pas mal enflée. Tu protèges très mal ton identité. Tu sais je ne suis pas le dernier des abrutis, je vois très bien quand quelque chose cloche. Surtout que dans ton cas il faudrait être aveugle pour ne rien voir. D’ailleurs tu as fait tomber ce poignard quand tu étais allongé sous l’orage, dit-il en le tendant à Jenson. Un poignard appartenant à un foutu éteint ! Donc je te le demande, qui es-tu ?

 — Je…Waouh ! C’est fou ce que tu as réfléchit pendant ce temps. Ecoute il ne vaut mieux pas pour toi que tu saches qui je suis.

 — C’est plutôt pour moi ou pour toi que je ne devrais pas le savoir ?

 — Pour nous deux.

 — Si tu veux que je t’amène à Gybor il faudra me le dire. Au moins pour que je puisse savoir à quoi m’attendre si quelque chose arrive.

 — Tu ne me laisses vraiment pas le choix hein ?

 — Exactement.

 — Très bien, je vais te le dire mais ne t’attends pas à hurler de joie.

 — Vas-y.

 — Je m’appelle Jenson Sartirog.

 A cette annonce Jad eu le souffle coupé, son visage se décomposa. Le vert de ses yeux se voila d’une tristesse vite dévorée par la rage et la colère.

 — Tu es le fils de celui qui a fait exécuter mes parents, articula Jad avec la fureur digne d’une tornade tout en serrant ses poings.

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Information pouvant être révélée au lecteur :

« Suite à l'arrivée des Terriens sur la nouvelle planète, il a été fondamental de s'organiser dans le domaine des plantations de la nourriture, tel que les fruits et légumes, afin d'assurer la survie du peuple. Seulement certaines espèces ne sont parvenues à cohabiter sur ces nouvelles terres et ont disparues, d'autres persistent toujours mais restent extrêmement rares comme la pomme. De ce fait, ces aliments rares ont une grande valeur et font l'objet de spéculations. »

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