Chapitre 7

7 minutes de lecture

 Le coup fut rapide et puissant, abîmant la face droite de Jenson.

 — Jad, crois-moi je n’ai jamais rien voulu de ce qui est arrivé à tes parents, se défendit Jenson en tenant sa joue endolorie.

 — Moi non plus je n’en voulais pas mais c’est arrivé alors que mes parents voulaient juste aider des amis qui ont perdus leurs enfants !

 — Je suis vraiment désolé…

 Jad se rapprocha et empoigna le tee-shirt de Jenson qui ne tenta pas de se défendre.

 — Ton père a ruiné ma vie et celle de pleins d’autres et c’est tout ce que tu as à me dire ! hurla-t-il.

 — Je…

 — Tu n’imagines même pas à quel point j’ai souffert après la mort de mon père et de ma mère !

 — Ecoute…

 —En plus tu oses assister aux exécutions ! J’aurais mieux fais de te laisser pourrir sous la tempête !

 — Nom d’un chien ! Je peux parler oui ?! Tu aurais peut-être préférer voir le reste de ta famille se faire exécuter avec tes parents ?! Mon père m’oblige à tout regarder à chaque fois, c’est vrai, mais si je ne le fais pas ce sont deux personnes de plus que tu verras en compagnie de ceux tirés au sort. Mon père est un gros salaud, je le sais déjà donc pas besoin de venir me le répéter !

 Jad resta bouche-bé quelques secondes et finit par lâcher le tee-shirt.

 — Quoi, tu voudrais que je te remercie pour assister à la mise à mort des gens ?! Pourquoi t’es pas dans ton palais d’ailleurs hein ?

 — Je te l’ai dit : problème familial !

 — Ton papa ne t’a pas donné le joujou que tu souhaitais ? demanda Jad d’un air faussement apitoyé.

 — Mon père n’a pas assez d’affection pour m’offrir quoi que ce soit et saches qu’il m’a enfermé dans ma chambre pour que des gardes viennent me chercher plus tard afin que je devienne un éteint ! Je me suis enfui et des soldats sont à ma poursuite. Au moins tu sais à quoi t’attendre maintenant.

 — Il t’a quoi ?!

 — Tu as très bien entendu.

 Après avoir fixé longuement Jenson, Jad recula et finit pas s’affaisser contre la paroi rocheuse de la grotte et regarda par terre d’un visage attristé. D’un pas hésitant Jenson décida de se rapprocher de lui.

 — Est-ce que ça va aller ? interrogea-t-il doucement en posant une main sur l’épaule de Jad.

 — Laisse-moi tranquille.

 — C’est toi qui vois.

 Une heure s’écoula tranquillement sans aucune parole pour interférer cette tension continuelle. La tempête était de moins en moins violente, bientôt ils pourraient reprendre route.

 — Je m’excuse, lâcha Jad en relevant sa tête. Je me suis laissé emporter par les émotions, c’était plus fort que moi. C’est juste que cela fait tellement longtemps que je cherche à me venger. Je sais, ce n’est pas la plus grandiose de chacune de mes idées mais je me sens obligé de me venger. Quand tu m’as révélé qui tu étais je pensais que j’avais enfin trouvé un moyen de me venger…

 — Je ne t’en veux pas, j’aurais agis de la même façon.

 — Au fond de moi quelque chose me dit que de toute façon c’est sûrement mort pour les rancunes donc à quoi bon continuer d’espérer.

 — Moi-même j’aimerais bien trouver quelque-chose pour lui faire payer, assura Jenson. Mais ne te laisse pas démolir.

 — Tu le détestes vraiment ton père ?

 — J’ai tenté de l’aimer comme un enfant aime ses parents, déclara Jenson d’une voix affectée par cette question.

 Un léger silence s’ensuivit face à la réponse de Jenson avant qu’il ne reprenne.

 — C’est peut-être égocentrique de ma part et mal placé de te demander cela après cette altercation, mais tu es toujours d’accord pour m’emmener à Gybor ?

 — Hum, je ne sais pas. Tu as assez de pommes ?

 Les deux garçons se tordirent de rire ensemble suite à cette question. Ils décidèrent de bien préparer les sacs puis regardèrent la carte qu’avait apporté Jenson. Selon celle-ci la distance qui les séparait de la ville n’était pas très importante mais il allait falloir marcher rapidement pour y arriver avant la tombée de la nuit. Le ciel était à présent de nouveau éclaircit et quelques oiseaux commençaient à gazouiller. Quelques gouttes d’eau insignifiantes tombaient encore, ils partirent donc laissant derrière eux une grotte déserte.

 — Jenson ! Tu es désespérément le gars le plus lent que j’ai jamais vu !

 — Excuse-moi mais ce n’est pas toi qui dois porter toutes les pierres que tu trouves ! s’indigna Jenson essoufflé. Pourquoi tu en ramasses d’ailleurs hein ? C’est complètement inutile et idiot !

 — C’est pour ma sœur.

 — Tu as une sœur ?

 — Oui comme je viens de le dire. A mon avis tu vas la rencontrer, on doit se rejoindre dans un bar de la ville.

 — Ah d’accord, répondit simplement Jenson. Mais du coup pourquoi tu lui donnes des cailloux ?

 — Elle adore voyager mais elle trouve qu’elle ne part pas assez souvent. Un jour elle a décidé de collectionner une pierre pour chaque endroit des trois royaumes qu’elle aura visité ou bien qu’elle visitera. C’est pour cela que tu m’aides, dit-il en faisant un clin d’œil.

 — C’est touchant comme attention. Mais alors pourquoi je me retrouve avec au moins vingt pierres dans mon sac au lieu d’une seule ?! s’énerva Jenson.

 — Oh ! Mais c’est que tu es pire qu’un grizzli, se marra Jad.

 Pour toute réponse Jenson se mit à grogner ce qui déclencha une nouvelle tournée de rire pour son camarade.

 — Je veux qu’elle choisisse celle qu’elle désire donc j’en prends plein, expliqua-t-il en dévoilant un grand sourire. Allez ! En route, mauvaise troupe !

 De ses yeux marron Jenson lui adressa un regard noir.

 — Quoi ? J’ai toujours voulu dire ça, se défendit Jad. Au fait je voulais te dire un truc tout à l’heure mais j’ai oublié, c’est sans doute sans importance.

 Ils se déplaçaient entre les arbres qui diminuaient progressivement, devenant moins imposant. La broussaille encombrante l’était de moins en moins ce qui ravit Jenson. Leur allure se faisait régulière. Toujours à l’aide de son poignard Jenson abattait la broussaille avec des gestes précis tandis que Jad avait opté pour un gros bout de bois ressemblant plutôt à un gourdin, manière rudimentaire mais efficace.

 Un rire ignoble et épouvantable s’éleva dans l’air faisant fuir quelques animaux. Les deux garçons se retournèrent en même temps et se dévisagèrent drôlement.

 — Dis-moi que je suis le seul à avoir entendu cette chose, demanda Jenson livide.

 — Désolé mais non.

 Le rire ou bien le cri hideux se rapprochait doucement. Sa tonalité était à la fois puissante et effrayante.

 — Mieux vaut ne pas trainer je ne voudrais pas être en face de cette chose, en conclut Jenson.

 Ils se hâtèrent de suite mais la chose avançait dangereusement. Bientôt ils purent même percevoir un grognement féroce et brutal ne présageant rien de bon. Ils couraient presque encouragés par la peur mais une part de raison leur soufflait de ne pas attirer l’attention de la chose en allant trop vite.

 — On fait quoi ? s’inquiéta Jad.

 — Je ne sais pas, souffla Jenson avant de se faire propulser à terre.

 Sa tête heurta violemment un tronc d’arbre avant qu’il ne s’écroule au sol. Il entendit quelqu’un crier son nom suivit d’un rire. Que se passait-il ? Ses yeux s’ouvrirent doucement et son cœur oublia un battement quand il réalisa qu’un énorme monstre s’apprêtait à lui sauter dessus. Au moment où la bestiole poilue s’élança il roula sur le côté pour l’éviter. En se relevant il chercha du regard son poignard qui s’était échappé de ses mains en tombant. Il l’aperçut en contrebas et se décida à aller le chercher quand la bête chargea à nouveau. Il se retrouva de nouveau allongé, seulement cette fois-ci les pattes difformes de l’animal le maintenaient bloqué. Il tenta de se dégager de l’emprise de l’animal qui approchait redoutablement sa gueule saturée de crocs quand une pierre vint s’abattre dans le dos de la bête.

 L’animal se retourna vivement en grognant, elle fixa de ses yeux noirs Jad qui tenait d’autres pierres dans ses mains. Elle se mit à tourner autour de lui attendant le bon moment pour le défigurer. Jenson profita de cette diversion pour se mettre debout et courir prendre son poignard. Une fois le poignard en main il vit son camarade en mauvaise posture.

 Jad reculait un pas après l’autre jusqu’à pouvoir sentir un obstacle dans son dos l’empêchant de continuer. Il n’avait plus de cailloux autour de lui. Rapidement Jad prit le morceau de bois qui lui servait juste avant à dégager le passage afin de se défendre. La chose se décida enfin à l’assaillir. A ce moment même Jad se récita une sorte de prière tout en tenant fermement son gourdin les larmes aux yeux.

 Jenson ne pouvait décidément pas laisser son nouveau camarade se faire déchiqueter alors qu’il venait de l’aider. Il s’avança doucement, étudia bien la situation puis respira lentement avant de lancer son poignard à l’arrière du crâne du monstre. C’était un lancer parfait ! La bête s’écroula lourdement sur le côté non sans un dernier cri indescriptible. Jenson soupira de soulagement et entreprit d’aller reprendre son poignard toujours coincé dans le crâne de l’animal.

 — Bon sang mais c’était quoi ce truc ! hurla Jad à l’attention de Jenson. Je n’ai jamais rien vu de tel !

 — Quelque chose me dit que mon père pourrait en être la cause, confia-t-il en retirant le poignard.

 Ils contemplèrent la chose d’un air dégouté. Du sang noir avec des reflets verts s’écoulait tranquillement et s’étendait autour formant une grande flaque visqueuse.

 — En tout cas une chose est sûre cet animal n’est pas naturel, reprit Jenson en réfléchissant.

 — Tu ne m’avais pas dit que tu maniais aussi bien ce genre d’arme, heureusement d’ailleurs tu m’as sauvé la vie, merci mec.

 — On est quitte maintenant.

 — Attends un peu tu t’es ouvert le front en tombant.

 Jad arrangea vite la blessure comme il l’avait déjà fait pour la main de Jenson dans la grotte en appliquant une plante étrange sur l’entaille. Ne voulant pas rester plus longtemps avec la chose ils entreprirent de partir immédiatement. Après une bonne heure de marche ils aperçurent au loin des lumières, la ville était devant eux. Ils l’avaient enfin trouvé tout juste à la tombée de la nuit. Jad se tourna vers son camarade.

 — Ça y est ! Je sais ce que je voulais te dire, enfin plutôt te prévenir, se corrigea-t-il rapidement. Gybor est une ville connue pour son marché aux armes.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Phoenix-blanc ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0