Chapitre 5

5 minutes de lecture

 Les oiseaux chantaient, le soleil s’élevait tout doucement et diffusait une douce chaleur à travers les branchages. Le feuillage des arbres bruissait à la caresse du vent. Jenson entrouvrit ses yeux, il laissa sa vue s’adapter lentement à la luminosité, puis il bâilla. De toutes les nuits qu’il avait pu passer, celle-là était loin d’être la meilleure. Des vents glacés avaient soufflés, durant tout son sommeil les bruits de pas incessants des animaux environnant n’avaient cessé d’importuner Jenson. Il s’était réveillé à chaque craquement de branche de peur de voir apparaître les soldats. Il n’avait pu seulement dormir que quelques heures.

 Il s’assit et regarda les alentours. La forêt paraissait encore plus vaste de jour que de nuit. Les arbres plus ou moins imposants ainsi que la broussaille s’étalaient à perte de vue. Son regard se tourna vers le ciel gris clair dont il ne vit que quelques parties, le reste était caché par le flot de verdure.

 Jenson reprit son sac et sortit une pomme en guise de petit déjeuner. Elle commençait déjà à prendre une teinte marron.

 — Génial ! dit-il en grognant. A ce train-là je risque de crever de faim si je ne me dépêche pas de trouver cette ville.

 Il mangea tout de même la pomme qu’il trouva beaucoup trop amer et qui lui laissa un arrière-goût assez pénible.

 Après avoir avalé la pomme il se releva, rassembla ses affaires et enleva les vêtements chauds qu’il avait mis pour la nuit. Une fois son sac bouclé il se remit en marche vers Gybor. Du moins il espérait que malgré la carte il prenait la bonne direction.

 Jenson n’était pas d’humeur à courir, il préféra marcher tranquillement, et tant pis si son maigre stock de pomme pourrissantes se vidait plus vite que prévu. Il essayait d’aller le plus droit possible mais des obstacles l’obligeaient à dévier du chemin qu’il s’était tracé mentalement. Quelques fois c’était un tronc d’arbre couché, d’autres fois c’était la nature qui devenait beaucoup trop touffue et même parfois un cours d’eau.

 Il en profita pour mieux découvrir le paysage. Cette forêt et ces collines étaient vraiment intrigantes. Jenson n’aurait su dire si c’était à cause de la réputation de cet endroit jugé hostile ou si c’était le côté ancien et mystérieux qui ressortait étrangement de ce décor. A chacun de ses pas la forêt devenait de plus en plus dense, Jenson s’aidait de son poignard pour couper les branches les plus embêtantes, celles qui l’empêchaient de passer.

 Cela faisait maintenant un petit moment qu’il marchait, il décida de faire une petite pause et s’assit sur un rocher recouvert de mousse. Les oiseaux avaient cessé de chanter depuis plusieurs heures, Jenson venait tout juste de le remarquer. Une légère oppression se manifesta en lui, il se sentait moins à l’aise et moins confiant. Il jeta un coup d’œil à la carte et tenta en vain de trouver sa position. Après quelques minutes de concentration il se rendit enfin compte qu’il s’était perdu dans une immense forêt dont il ne pouvait déterminer la longueur. Il se promit à l’avenir d’apprendre à étudier des cartes. Etrangement cela ne l’affecta pas beaucoup, il se sentait déjà perdu avant d’en avoir la confirmation par la carte. Il décida de continuer à marcher jusqu’à croiser un chemin ou bien une personne, tout en mangeant une nouvelle pomme.

 En arrivant au sommet d’une colline il observa la pente qu’il allait devoir entamer. Elle paraissait particulièrement abrupte. Il avança son pied qui glissa sur la terre et il tomba sur le bas du dos. Le sol était très instable. En se relevant il prit appuis sur des troncs d’arbres puis son regard étudia la pente. La pente de cette colline était tellement glissante qu’elle avait dû emporter le plus gros des broussailles lors d’un éboulement. Il ne restait que les arbres imposants qui restaient bien enracinés. Sa descente fut pour le moins originale.

 Il s’assit et se laissa glisser tout en slalomant entre les arbres. Avec son poignard il coupa à temps les broussailles qui avaient survécu aux éboulements. Il continua de dévaler ainsi en dépit de quelques écorchures.

 En arrivant en bas de la colline il se releva et essuya ses vêtements poussiéreux. Quand il releva sa tête il fut ébahi par cette masse violette. Un champ de florambelys se dressait devant lui, les fleurs épousaient l’air, elles étaient si belles, si impromptues dans ce milieu sauvage.

 « Waouh » fut le seul mot qu’il laissa échapper de sa bouche. C’était réellement étrange qu’un champ de fleur pousse ainsi au milieu d’une forêt telle que celle-ci en plein été. Il décida d’en cueillir quelques-unes pour les propriétés qu’elles renferment et les déposa dans son sac. Cette forêt n’était pas celle que l’on décrivait dans ses livres de cours, il y avait quelque chose de présent qu’il n’aurait su dire. Après avoir traversé le champ de fleurs il reprit sa trajectoire en direction d’une légère colline parsemée d’arbres aux multiples variations de verts.

 Pas après pas, heure après heure, Jenson avançait toujours. Sa réserve de pommes pourrissantes commençait tout de même à se vider malgré son dégoût envers ce fruit. En s’arrêtant pour respirer un peu il vit à travers les feuilles que le soleil laissait place à de gros nuages épais et sombres qui s’approchaient beaucoup plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Il comprit enfin pourquoi il n’entendait plus le gazouillis des oiseaux, ils s’envolaient tous se mettre à l’abri de ce qui se préparait dans le ciel.

 — Oh, oh ! Je le sens pas du tout ce temps ! s’inquiéta Jenson en fronçant les sourcils.

 Il se mit à courir à toute allure droit devant lui. Il regrettait, à présent, d’avoir traîné aussi longtemps. Il ne prit pas le temps de déblayer son chemin et s’enfonça dans cette immense masse végétale.

 Dans sa course effrénée il regarda à la hâte par-dessus son épaule et vit que les nuages étaient quasiment au-dessus de lui, cela l’inquiéta énormément. Il redoubla d’efforts mais la broussaille s’accrochait à ses vêtements et lui entaillait le corps. Il ignorait ses entailles et courrait toujours du mieux qu’il pouvait.

 Quand le premier grondement sonore retentit, faisant ainsi fuir les derniers animaux présents, le rythme cardiaque de Jenson accéléra. Il s’engagea dans la montée d’une autre montagne mais les retentissements se multipliaient. Des éclairs déchirèrent l’air de leurs lumières aveuglantes, la pluie se mit à tambouriner contre la terre rendant le terrain encore plus glissant.

 Son pied se prit dans une branche épineuse et il chuta lourdement en avant. Il se maudissait d’avoir fui dans cette forêt immense. Il devait se dépêcher et trouver la ville, un abri, quelque chose… Il aurait dû se relever aussitôt et continuer à courir, au lieu de quoi il resta sur ses deux mains et se mit à trembler. Plusieurs sueurs froides glissèrent le long de son corps. Il sentait les larmes lui venir mais il les refoula. Il se plia sur lui-même et tenta de se cacher de la tempête, Jenson espérait qu’en faisant cela celle-ci s’en irait. L’eau s’abattait sur son dos et se répandait sur sa peau. Il avait froid et était épuisé. Il avait peur mais n’éprouvait plus l’envie de se battre. Au fond il sentait qu’il était stupide d’être parti ainsi dans cette foutue forêt immense, il se sentait aussi insensé que son père. La tempête continuait à bourdonner quand quelque chose le souleva. Il se fichait pas mal de ce que pouvait bien être cette chose, il n’en pouvait plus.

 — Allez ! Lève-toi ! Il faut partir tout de suite !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Phoenix-blanc ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0