19.05.21 - Une réflexion en branche.

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Je pense que la plus grosse partie de mes recherches touchent à sa fin. A présent, je n'ai plus qu'à organiser la structure interne du roman et je pourrais me lancer.

Mais avant ça, je veux pouvoir retrouver un peu d'inspiration et un peu de mots. Les mots que j'aimerais trouver ne viennent pas à moi, ils sont tout simplement bloqués et attendent patiemment que je les vomisse sur ma feuille.

C'est un sentiment que je n'aime pas car j'ai cette sensation que je doive me limiter dans l'utilisation des mots si bien que je ne peux presque plus rien exprimer par certains moments. Les mots me boudent.

Exprimer facilement les choses, ce n'est pas facile. Je devrais pouvoir adopter un vocabulaire neuf si je m'engage à lire divers styles car c'est en les découvrant que je me nourris d'expressions, de phrases et d'émotions. Je veux pouvoir produire le bon sentiment avec mes mots et ne pas survoler la surface rigide d'un mot. Je veux pouvoir le maîtriser et l'exposer.

En faisant ainsi, le mot a de la valeur et si chaque mot en possède alors la phrase est riche des émotions que je veux transmettre. C'est ça qui m'intéresse mais actuellement, c'est difficile pour moi de trouver les bons mots pour écrire ce que je veux écrire. C'est un peu comme si je ne pouvais avoir que des images dans ma tête qui prennent forme et s'animent enfin sous mon imagination mais cessent d'être une fois que les mots se doivent de les coucher sur papier.

A croire que mon imagination doit rester libre de toute entrave. Ce qui m'agace fortement car j'aimerais pouvoir écrire sans devoir réfléchir à comment je dois faire progresser les choses. Je voudrais que l'instinct me guide et que je puisse nourrir mon récit de quelque chose de spécial.

En effet, dans chaque type d'écrit, il y a toujours un moyen de transmettre quelque chose à quelqu'un mais pour ça il faut pouvoir maîtriser ce qui fait le plus peur : les mots.

On pourrait avoir du mal à croire que les mots, c'est une épée à double tranchant : les mots peuvent aider et transporter de bien des manières son interlocuteur comme ils peuvent couper et tuer la jeune pousse qu'il est. C'est un sens ambigü. On donne toujours un sens concret à un mot, comme à un objet, mais si on regarde bien, le mot comme son contenant, est nourri d'une idée abstraite.

Pour le mot, le concret désigne simplement les mots qu'on emploie pour indiquer telle ou telle chose, dans leur premier sens, totalement innoffensif. L'abstrait, c'est plutôt l'idée philosophique que l'on se fait du mot : le mot altruiste et le mot dégradant. C'est cette naunce qu'on oublie ou qu'on écarte alors qu'elle peut faire toute une différence.

Je m'égare peut-être mais je pense ne pas être la seule à constater qu'aujourd'hui, les mots ne sont pas utilisés correctement. Je sais que les mots évoluent dans le temps et c'est normal parce que nos sociétés en font de même. Cependant, des mots forts, avec un sens qu'on ne peut ignorer, sont utilisés à tort et à travers, comme si leur sens premier n'avait justement pas de sens.

En exemple, je pense au mot "séquestration". Ce mot pour certains peut paraître banal parce que ce n'est qu'un mot. Ils n'ont qu'une vague idée de son sens. Parce que derrière ce mot, il y a une action, un geste, un impact. Et c'est ça que les gens oublient : c'est que les mots sont au sommet d'une pyramide mais qu'en dessous sont pêle-mêles tout ce qui en découle.

Alors ce mot, "séquestration", a été utilisé à tort dans un contexte qui ne s'y prêtait absolument pas. L'histoire, c'est que j'avais un partiel de quatre heures dans la semaine. Quelques jours auparavant, des camarades de la même promotion ont demandé s'ils pouvaient partir au bout d'une heure. S'ils pouvaient apporter un livre pour s'occuper en cas d'ennui. Et ça, ce n'était pas ce qui était vraiment voulu : ce qui l'était, c'était de sortir le plus tôt possible et de se barrer de la faculté.

Et j'en viens donc à ce mot. Ils l'ont utilisé parce que si les surveillants des partiels ne nous autorisaient pas à sortir au bout d'une heure, ils osaient appeler ça de la séquestration.

Peut-être que quand vous lirez ceci, vous vous direz que je constate quelque chose d'inutile. Et pourtant, ça ne l'est pas parce qu'aujourd'hui, les gens ne savent plus parler avec les bons mots. Je ne dis pas que je suis meilleure parce qu'il m'arrive souvent d'utiliser des mots pour les mauvaises choses. J'ai besoin de réfléchir pour m'exprimer parce que j'ai quelques difficultés à mettre des mots sur mes émotions.

Bref. Pour rappel, la séquestration, d'après le CNRTL :

"Action de priver une personne de sa liberté en la maintenant enfermée, isolée du monde extérieur"

du point de vue du droit mais du point de vue du droit pénal, c'est :

"Action de priver illégalement et arbitrairement quelqu'un de sa liberté, ce qui constitue un délit ou un crime."

Et de nombreux exemples peuvent être donnés à ce sujet. Parce que tous les mots sont déformés ou perdent leur véritable sens. Il semble que pour certains mots, ce n'est pas gênant parce que ce ce ne sont pas des mots dont le vocabulaire est spécifique, dont le sens n'a pas d'histoire ou dont la signification n'est pas primordiale.

Je venais donc à en parler parce que j'aimerais pouvoir raconter cette histoire avec les bons mots. Je ne veux ni un trop plein ni un pas assez. Je veux pouvoir utiliser les bons mots, des mots "nouveaux" ou du moins oubliés pour diversifier le récit. De cette façon, l'émotion sera davantage communiquée. Et d'ailleurs, tout autre chose que l'émotion parce qu'une histoire procure d'autres sensations, et cela reste propre à chacun.

Il faut juste pouvoir se servir des bons mots pour exprimer l'idée.

Et encore, faut-il la bonne idée !


L.B.

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