6 février 1665, château des Langlois

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Nous franchîmes le grand portail en fer forgé au pas de course, espérant ne pas être vus des maîtres de nos parents. La bonne fortune nous sourît, car nous ne les vîmes pas. Mon aîné avait finit par m'avouer que l'histoire de la demoiselle et du baudet le tracassait énormément. Et qu'il avait peur pour moi. Selon certains, Fen était une sorcière, elle aussi, se faisant passer pour une guérisseuse afin d'être au plus près de ses victimes.

  • Grand frère, lui dis-je, crois-tu cela ? Crois-tu que ma mère puisse être cette maléfique personne comme le disent les gens ?
  • Non petite sœur, me répondit-il en fixant ses chausses, je ne crois pas à tout cela. Je te connais, du moins je te connaissais, avant que tu ne t'enfuies. Et je sais que tu es comme moi.

Nous arrivâmes chez nos parents. Ils étaient occupés au château, la maison était donc vide. Je fis chauffer du lait pour lui et moi.

  • Tu as dis que j'étais comme toi. En quoi te ressemble-je ?
  • Tu te bats pour ce que tu crois juste. Tu es une battante. Si tu avais été un garçon, pour sûr tu aurais été soldat !
  • Soldat !? Moi ?! m'esclaffais-je. Je ne te savais pas si drôle !
  • Je suis sérieux Noé. répondit-il le regard sombre
  • Tais-toi donc va ! voilà que le lait bout, je vais te servir un bol.

Avant qu'il n'ait le temps de me répondre, je me levais et allais enlever le lait du feu. Je lui servit un grand bol, et ajoutai quelques herbe que Fendora m'avait montrées, et qui aidaient à se détendre. Avec sa journée, cela ne ferait aucun mal à Nils.

  • Bois, tant que c'est chaud, lui dis-je en lui donnant son bol.

Il porta le breuvage à ses lèvres, et but une petite gorgée. Soudainement, son visage se figea:

  • Qu'as-tu mis dans le lait !? s'écria-t-il
  • Ce ne sont que des herbes apaisantes ! vu l'état dans lequel tu étais aujourd'hui j'ai jugé bon de mettre en pratique ce que Fendora m'a apprit ! qu'as-tu cru ?
  • Je... non... rien, laisse. Bafouilla-t-il
  • Ne me dis pas que tu as pensé que j'eu pu tenter de t'empoisonner, moi, ta propre soeur !
  • Non ! bien sûr que non ! simplement, je crains la nouveauté. Et en ce moment la Brigade me met les nerfs en boule. Excuse-moi Noé.

Je ne pus m'empêcher de rire en voyant sa mine si pitoyable, il faut croire que c'était contagieux, car Nils se mit également à rire.

Nous passâmes le restant du jour à nous remémorer des farces que nous faisions étant enfants. Je ne me rappelais pas avoir tant d'imagination !

Puis mon frère me raconta les mœurs et les ragots qui circulaient en ville à propos de la noblesse, des sorcières, du roy...mais il me parla surtout de son rôle en tant que Chasseur. J'ignorais qu'il détestait à ce point son travail. Mais c'est à ce moment là que je compris la raison qui l'avait poussé à s'enrôler : Moi.

Il m'expliqua que lorsque je suis partie de la maison il n'a pas supporté mon absence. Nous n'avions jamais été séparés auparavant. C'est ma mère qui lui a suggéré de s'engager; elle savait bien que si Nils restait à la maison à m'attendre il allait devenir fou.

Tout ce qu'il me raconta me bouleversa, mais, fière comme je l'étais, je ne laissais rien paraître. Je tournais la tête vers l'âtre où le feu brûlait.

  • Noémie, souffla-t-il, pourquoi ne reviens-tu pas à la maison avec nous ? Tu nous manques. À nous tous.
  • Arrêtes donc de mentir Nils, je sais que c'est faux. Je ne manque qu'à toi.
  • L'autre soir, je suis rentré tard du poste, et j'ai vu papa pleurer. Il n'avait que ton nom à la bouche. Il t'aime ! En partant ainsi de la maison, tu l'as brisé. Je sais que vos relations n'ont jamais été faciles, mais c'est parce que vous vous ressemblez énormément. Tu devrais lui parler.
  • Oh... eh bien... soit je vais y réfléchir, tu as peut-être raison après tout.

Voilà que ma fierté en prenait un coup ! Je savais mon frère intelligent, mais pas aussi clairvoyant.

Je savais mon frère intelligent, mais pas aussi clairvoyant. Je me levai et allai me lover entre ses bras. Le fait de ne plus vivre avec lui me faisait énormément souffrir. Mais le cœur a ses raisons...

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