Chapitre 10

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Lorsque j’ouvris les yeux je fus surpris de constater que j’étais toujours dans le noir. Le soleil ne s’était toujours pas levé, il faisait encore nuit. Je fronçais les sourcils, essayant de voir ce qui m’avait réveillé. Pensant qu’un concurrent pouvait être la cause de mon réveil, je fouillais du regard le pied de l’arbre.


Rien.


Mes yeux s’accoutumant peu à peu à l’obscurité, je fini par trouver ce qui m’avait fait émerger et les poils de ma nuque se hérissèrent. Je figeais soudain, une sueur glacée glissant le long de mon dos. Je n’osais plus bouger. A quelques mètres de moi, sur une branche se tenait une araignée aussi grosse que mon point, noire, velue, avec de grosses pattes que je savais être très agile. Son dos marbré de rouge, n’augurait rien de bon.


Cette espèce d’araignée, les araignées Cocooning, n’existaient pas avant. Elles étaient nées de croisements entre deux araignées mutantes. Elles étaient 100 fois plus mortel que les araignées qualifiées de dangereuse à l’ancienne ère. Mortelle mais aussi très vive !


Lorsqu’elles repéraient une proie immobile, elles commençait d’abord par tisser une toile à côté, peu à peu elles l’agrandissaient, et si la proie en question n’avait toujours pas bougé, elles cernaient la cible de sa toile, formant un cocon géant et mortel, d’où son nom de Cocooning.


Mon sixième sens m’avait avertie avant qu’elle ne commence à m’entourer de ses fils ultra résistant et légèrement corrosif. Voyant que j’avais bougé, elle s’était figé. Nous nous regardions, essayant d’anticiper la réaction de l’autre. Je savais déjà qu’au moindre mouvement elle me sauterait dessus.


Il suffisait d’une morsure pour que son venin nous tue en quelques minutes. Ces araignées-là avait très peu de venin, et il leur fallait du temps pour reconstituer leur réserve c’est pourquoi elles avaient deux modes d’attaque différents. L’un passif avec la toile, nous tuant plus doucement, l’autre agressif, avec une morsure et une petite dose de venin. Cela expliquait pourquoi elles s’attaquaient généralement à des proies, soit profondément endormie, soit suffisamment blesser pour être immobilisé le temps qu’elle tisse sa toile.


Je réfléchissais à toute vitesse à la recherche d’une échappatoire, si je bougeais, elle me mordait, si je restais immobile je me retrouverais dans un cocon. Je ne savais pas quoi faire, et plus la situation s’éternisait, plus je prenais de risques.


Soudain tout s’accéléra. Un papillon de nuit phosphorescent eut l’idée de venir voleter à proximité de mon bras. Les mouvements saccadés de ses ailes attirèrent l’attention de l’araignée qui changea de cible et sauta sur le papillon. Celui-ci effrayé s’envola rapidement et l’araignée planta ses mandibules dans mon bras gauche.


Pris de panique j’eu un mouvement de recul et balayait l’araignée au passage. Ne perdant pas de temps, je pris une bande et la serrais fort sur mon bras quelques centimètre au-dessus de la morsure pour faire un garrot, puis je sortis mon couteau et me coupais profondément à l’endroit où l’araignée avait planté ses mandibules. Le sang commença à couler, je posais mes lèvres sur mon bras et commençais à aspirer le sang, que je recrachais tout de suite après. Je répétais l’opération plusieurs fois jusqu’à ce que j’estime que le venin ne se trouvait plus dans mon organisme. J’appliquais alors un pansement compressif sur la plaie après avoir mis du désinfectant.


Puis tremblant je m’asseyais sur ma branche en m’appuyant contre le tronc. J’essayais de reprendre mes esprits, et de calmer les tremblements de mon corps provoqués par le soudain flux d’adrénaline qui avait jaillis dans mes veines au moment de l’attaque.


Je vérifiais que j’étais bien seul sur ma branche, l’araignée, au moment où je l’avais éjecté de mon bras était tombé entre les branches jusqu’au pied de l’arbre, apeurée, elle avait surement filé ailleurs sans plus se préoccuper de sa victime. Le papillon quant à lui devait voler quelque part, rassurer de ne pas s’être fait dévorer.


Quant à moi, je profitais de ce moment de calme pour vérifier mes affaires et faire un bilan de ce début de course. Deux jours, deux blessures. A ce rythme je n’allais pas tenir jusqu’au bout de la course. Plus ça allait, plus je me couvrais de pansement, à la fin j’allais ressembler aux momies d’autrefois !


Cette pensée m’arracha un sourire, et fini de me détendre. Plutôt que de voir l’aspect négatif de ma situation je préférais voir le « verre à moitié plein » comme ils disaient dans mes livres sur la vision du monde. Etre optimiste. Et bien par deux fois j’avais été confronté à une situation m’empêchant de poursuivre la Course et dans les deux cas j’avais réussis à la surmonter, pouvant ainsi continuer la Course. Un large sourire s’étala sur mon visage.


Je fus soudain interrompu par mon ventre qui criait famine. Cela me ramena au sérieux de la situation. J’avais peut-être réussis à sortir de la boite en verre, j’avais survécu à une confrontation avec une araignée Cocooning, mais je ne survivrais pas bien longtemps sans manger !


Mon couteau toujours dans la main, je récupérais mes affaires et redescendait au pied de l’arbre. Méfiant, je vérifiais tout de même si l’araignée de tout à l’heure ne m’attendait pas en bas puis satisfait je partais en quête de nourriture. Je savais que dans la forêt je pouvais espérer tomber sur des baies non toxiques ou du petit gibier.


Je progressais prudemment, tous les sens en alerte prêt à me figer si nécessaire pour ne pas me faire repérer par ma proie. Après une demi-heure de recherche et plus d’une trentaine de baies ramassé je tombais enfin sur quelque chose d’intéressant.


J’avais rangé la plupart des baies dans des sachets hermétiques que j’avais emmené, les gardant pour plus tard, le reste je les avais avalés. Et je venais enfin de trouvé ce qui m’intéressait le plus, de la viande.


Les baies c’était mieux que rien, mais la viande allait m’aider à retrouver mes forces pour la Course. Et là, je venais de tomber sur tout un groupe de lapin. Ces lapins chassaient en bande, c’est pourquoi il devait bien y en avoir une demi-douzaine devant moi.


Toutefois, même si c’était une bonne trouvaille, je devais me méfier, ils n’étaient pas aussi inoffensifs qu’avant leur mutation. Maintenant ils se nourrissaient exclusivement de viande, ayant délaissé la végétation. Les nutriments que la viande apportait à leur organisme leur permettaient d’activer leur défense contre les particules toxiques de la pollution.


En tant que proie, je me savais un peu gros pour eux, ils hésiteraient à m’attaquer s’ils me voyaient, mais seulement quelques secondes, ensuite, ils passeraient à l’attaque se sachant eux même en danger. Je devais exploiter au maximum les quelques secondes qu’ils me laisseraient.


J’étais en train de mettre au point mon plan, planqué derrière les buissons, lorsqu’une flèche vint s’enfoncer sans un bruit dans l’œil d’un des lapins. Le temps que les autres réalisent qu’ils étaient attaqués, deux de plus allèrent au tapis, une flèche dans l’œil.


Les trois lapins restant détectèrent ma présence et en conclurent que j’étais leur assaillant. Ils me sautèrent dessus sans prévenir toutes griffes et dents dehors. Je fus pris par surprise, car je venais de repérer un éclat rouge entre les troncs plus loin. Et la seconde qui avait suffi à mon regard pour repérer ce détail et envoyer l’information à mon cerveau, les lapins en avaient profité.


En réflexe de défense je me protégeais le visage avec mes bras, présentant à mes agresseurs mes avant-bras.


Le premier lapin, planta ses dents juste en-dessous du coude, m’arrachant un cri de douleur. Je l’attrapais par la peau du cou et essayait de le détacher de mon bras tandis que lui s’y cramponnait tout en griffant le vide de ses pattes arrière. Pendant que je bataillais avec celui-ci pour le faire lâcher, je remarquais que les deux autres qui avaient commencer à me sauter dessus n’étais pas arrivé jusqu’ici. En effet je les repérais à quelques pas de moi, transpercé tous les deux par la même flèche, les transformant en brochette.


J’attrapais mon couteau qui était tombé à côté de moi au moment où j’avais basculé en arrière, les bras en avant pour me protéger, et je tuais le dernier lapin. En relevant la tête, je vis la silhouette de l’archer émerger des troncs d’arbre. Je reconnu tout de suite cette chevelure de feu.


Gabrielle.


Elle s’approcha d’abord le visage fermé, puis me reconnaissant, elle ouvrit des yeux ronds et accourut jusqu’à moi, s’arrêtant au passage pour récupérer ses flèches et les dépouilles des lapins.


-          Luc ? C’est toi ? Ça va ?


-          Coucou Gabrielle, disons que j’ai connu mieux mais que je m’en sortirais… dis-je en ayant un petit sourire, une main sur la morsure pour contenir le sang.


Je vis à son regard qu’elle était en train de me détailler, s’arrêtant sur chacune de mes blessures. Je me sentais piteux sous son regard. Elle fronça les sourcils et posa son sac devant elle. Elle l’ouvrit et le fouilla jusqu’à trouver ce qu’elle voulait. Une trousse de secours. Ce fut à mon tour de froncer les sourcils. Toujours assis par terre j’eu un mouvement de recul qu’elle arrêta aussitôt d’un regard sévère.


-          Laisse-toi faire, je ne vais pas te faire de mal, alors ne bouge plus. Tu sais visiblement te débrouiller tout seul pour te blesser, je ne vais pas en rajouter.


-          Mais pourquoi tu fais ça ? Dis-je alors qu’elle se saisissait de mon bras et commençait à nettoyer la plaie. On est en compétition, tu ne devrais pas m’aider…


Elle se figea et me regarda droit dans les yeux.


-          Je ne suis pas se genre de personne. Tu as été blessé à cause de moi, il est donc normal que je prenne mes responsabilités.


Je ne dis rien. Le ton qu’elle avait employé m’avait fait comprendre que je l’avais blessé en sous entendant qu’elle aurait pu m’abandonner comme ça. Elle continua.


-          Et puis, certes, nous sommes en compétition. Mais réfléchis une minute, penses-tu sincèrement avoir une chance de gagner ? Moi non, je participe uniquement pour ne pas avoir de regrets.


Elle avait fini de nettoyer ma plaie et appliqua un pansement sur mon bras pour éviter que cela ne s’infecte. Je la remerciais d’un hochement de tête et pris enfin la parole.


-          Peu importe si j’ai ou non une chance de gagner, je dois absolument gagner si je veux avoir une chance de sauver ma sœur.


Elle me fixa pour essayer de démêler le vrai du faux de ce que je venais de lui dire, puis hocha la tête.


-          Tu veux parler de la petite qui était avec toi lors de ton passage ?


-          Tu t’en souviens ? Dis-je surpris, pensant qu’elle ne se rappelait pas du tout de nous lorsque nous nous étions vu en Amérique.


-          Après t’avoir vu au Centre j’ai cherché à me souvenir, et j’ai fini par me rappeler d’un jeune homme avec une petite fille. J’en ai conclu que c’était surement toi. Elle s’appelle comment ?


-          Clio, elle est d’ailleurs surement en train de nous regarder à l’heure qu’il est, dis-je en avisant l’aube qui se levait et le drone qui me suivait depuis la veille, vrombir au-dessus de nous.


-          Vraiment ?


Elle suivit mon regard et se tourna vers le drone à qui elle adressa un grand sourire en agitant la main.


Nous nous mîmes ensuite à ramasser les dépouilles des lapins, je ne savais pas comment les choses allaient se dérouler à partir de maintenant. Allions-nous poursuivre la course ensemble ou repartir chacun de notre côté. Visiblement, elle aussi hésitait sur la marche à suivre, ce qui fit que l’on se retrouva dans un moment gênant où aucun de nous deux n’osaient dire quelque chose ou avancer. Finalement je me lançais.


-          Tu veux faire quoi ? Une alliance temporaire pour qu’on poursuive la course ensemble ou tu préfères que l’on se quitte maintenant ?

Elle me regarda avec soulagement. J’avais eu raison, elle avait envisagé la même chose que moi.


-          Si ça ne te pose pas de problème, je propose que l’on reste ensemble, ça augmentera nos chances de rester en vie, à défaut de gagner la course…


J’allais répliquer que moi j’avais bien l’intention, coûte que coûte, de gagner cette course, mais je décidais finalement de ne rien ajouter.


Nous nous mîmes donc en route en direction du second point de passage, pendant que les premières lueurs de l’aube baignaient la forêt d’une douce lumière dorée.

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