Chapitre 9

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Plongé dans le noir je contemplais mes mains. Je les regardais sans les voir. Les images de Luc s’explosant la main contre la paroi en verre pour pouvoir en sortir défilaient en boule devant mes yeux. Je n’en revenais qu’il en soit venu à de telles extrémités pour me donner une chance de survivre. A ce prix-là je n’en voulais pas, moi, de cette chance. A quoi bon ? Mon frère risquait sa vie pour la mienne, où était la logique là-dedans ? Depuis quand le monde avait-il basculé dans cette comédie tragique ? Quand cette trop lourde plaisanterie allait-elle prendre fin ?


Je ne l’avais pas quitté des yeux jusqu’à ce qu’il s’endorme dans l’arbre. Phyl avait essayé de me convaincre d’aller me coucher en même temps que lui, mais je me refusais à aller fermer l’œil pendant que mon frère courait toujours pour moi. Je ne pouvais rien faire pour lui, mais au moins je pouvais le soutenir en le regardant jusqu’au bout, comme si j’étais avec lui.


Cela faisait une heure maintenant que le sommeil me fuyait. Je n’arrêtais pas de penser qu’il était en train de dormir dans un arbre. Dans une forêt. Dans la nature. J’avais bien appris mes leçons comme il le voulait, je savais donc exactement ce qu’il risquait à rester ainsi dehors. Mais que pouvait-il y faire ? Rien. Strictement rien. Il était obligé de respecter les règles du jeu. Le jeu de la vie. Le jeu de la mort. Comment avaient-ils osé faire ce qu’ils avaient fait ? Ils avaient rompu leur propre règles en empêchant certaines cages de verre de s’ouvrir. Je me demandais ce que Luc en pensait.


En tout cas une chose est sûr, j’étais fier de lui. J’avais beau être terrorisé par les risques qu’il prenait à chaque instant, je ne pouvais m’empêcher de penser que mon frère avait trouvé une solution extrême et surtout qu’il avait eu le courage de l’appliquer. Tout ça pour moi. Moi. Une gamine de 10 ans, qu’avais-je fais dans ma vie pour mériter une telle faveur ? Un tel traitement ?


Repenser à ça, ramena également à la surface de mon cerveau la fameuse promesse que mon frère avait faites à mes parents. J’étais toujours un peu en colère, mais je ne savais plus contre qui la diriger. Mes parents avaient surement voulu protéger leurs deux enfants, mais l’un leur semblait plus vulnérable que l’autre, c’est pourquoi ils avaient fait promettre à mon frère encore jeune de s’occuper de moi s’il leur arrivait quoique ce soit. J’ignorais à quoi avait bien pu penser Luc pour accepter pareille charge à son âge. Quant à moi, je songeais que j’étais la fille la plus chanceuse qui pouvait exister. Je n’avais pas la prétention de parler du monde, mais je savais que j’avais une chance inouïe d’avoir un frère prêt à sacrifier sa vie pour moi. Là comme ça se ne sont que des mots qui tournent dans ma tête. Lui, il n’utilise pas de mots, seulement des actes, ce qui est cent fois plus fort. C’est finalement en pensant à ça que je refermais les yeux sur cette première journée de la course. La suivante n’en serait que plus éprouvante.

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