Chapitre 8

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Je me réveillais fraîche et en pleine forme. La première chose que je fis fût de regarder l'état du bleu. L'arnica fonctionnait vraiment bien, car je m'attendais à bien pire que ça, vu à quoi ça ressemblait hier. Ce n'était pas miraculeux non plus, je devais trouver une solution pour planquer tout ça.

Est-ce que j'avais encore du fond de teint quelque part ? Je fouillais dans mon armoire pour trouver ça. J'avais du mal à m'y retrouver au milieu de mon bordel. Ah voilà ! Je l'ouvris et reniflai, je ne savais pas trop depuis combien de temps ça traînait là, ça ferait l'affaire.

J'appliquai une couche généreuse en faisant attention à ce que ça ne se voit pas trop non plus. j'avais aussi retrouvé de la poudre que je mis au-dessus.

J'avais bien un petit foulard aussi non ? Certains assortissaient leur foulard avec leur tenue, moi j'allais faire l'inverse. Tout était une question de style. Heureusement, j'en trouvais un léger qui ne devrait pas me tenir trop chaud.

Où est-ce que j'avais encore mis mon téléphone ? Je fouillais dans les papiers sur la table. Un jour je prendrais le temps de les ranger. Ah le voilà. J'avais trois appels en absence d'Emma. Qu'elle aille se faire voir, si elle s'inquiétait vraiment, elle savait où j'habitais. J'écouterai plus tard le message qu'elle avait laissé.

J'arrivai tout juste à l'heure à la fac. Cara avait encore fait des siennes. J'étais quand même installée dans l'amphi avant Emma. D'ailleurs, ce n'était même pas sûre qu'elle vienne...

Ah bah quand on parle du loup, là voilà rouge et toute échevelée. Tiens, en voilà une au moins qui avait pris son pied. Voyant que je n'étais pas à notre place habituelle, elle me chercha du regard et vint malgré tout s'installer à côté de moi. Apparemment le message n'était pas clair. Où alors elle s'en foutait.

— Oh ma chérie ! Ralala il faut troooooop que je te raconte !

Je haussai en sourcil en la regardant. A par ça, je restai de marbre.

— Qu'est-ce qu'il y a ma puce ? Tu n'as l'air en forme.

C'était ça ma meilleure amie ? Elle se foutait de moi ou quoi ? La moutarde me monta au nez. Je pris une grande inspiration avant de la relâcher progressivement afin de me calmer.

— A ton avis ? Ou alors tu n'en as toujours rien à foutre ?

Bon ok, on repassera plus tard pour la zénitude.

— Hein ?

Le pire c'est qu'elle paraissait vraiment surprise. Je levai les yeux au ciel puis secouai la tête avant de me détourner. Ça ne valait pas le coup.

— Elena il faut vraiment que tu te détendes ! Tu te fais peloter un peu et tu nous fais un scandale ! Tu m'as bien embarrassée devant Stan !

Je me levais de ma chaise en fulminant.

— Tu te fous de ma gueule ? Putain et dire que t'es censé être ma meilleure amie c'est là tout ce que tu trouves à me dire ?

— Mesdemoiselles ? On est pas ici dans un théâtre, donc pour vos scènes vous êtes priées de sortir.

Je reconnaissais cette voix. Je tournai lentement la tête juste par principe. Et oui, pour continuer dans la série noire, on commençait par Axel Heron. Je devins rouge écarlate, mais je ne savais pas vraiment si c'était de honte ou de colère. Les deux se disputaient la première place.

Je me dépêchais de me rassoir en marmottant un « excusez-moi »

— Oh Elena s’il te plaît, tu ne vas pas en faire toute une histoire ! Le principal c’est que tu n’as rien ! Chuchota Emma.

Je ne répondis pas et tournais la tête pour écouter le cours. Heron nous regardai avec un haussement de sourcil énervé. Je n’avais pas envie de me faire sortir pour ses conneries.

Je le voyais nous regarder d’un air noir.

— Emma fou moi la paix et ferme là.

— Mademoiselle Erine ! Vous viendrez me voir après le cours.

Je baissais les yeux, furieuse, aussi bien contre moi que contre Emma et Heron. J’inspirai profondément plusieurs fois pour me calmer. J’étais aussi un peu honteuse, de m’exposer comme ça.

Heureusement, elle ne me parla plus du reste du cours. Ou en tout cas je ne perdis pas de temps à lui répondre le peu de fois où elle essaya.

Je me demandai bien ce qu’il me voulait. Ce n’était quand même pas juste pour me passer un savon ! On était plus en maternelle.

Au moins, j’aurai l’occasion de lui parler de Henry.

Le cours se termina normalement. Comme à chaque fois, les poufs lui posèrent plein de questions sur le cours en mettant leurs nichons en avant. Alors qu’elles s’en foutaient royalement.

Je m’installai sur le plateau du premier rang en croisant les bras. Mon pied bougea tout seul d’impatience, je détestai attendre. Et en plus, j’avais faim.

Quinze minutes passèrent le temps que tout le monde parte. J’étais prête à tourner les talons. Je me levai.

— Monsieur Héron, je tiens à m’excuser pour le dérangement en début de cours, dis-je en baissant légèrement les yeux, contrite.

— Mademoiselle Erine, si vous avez des problèmes merci à l’avenir de ne pas perturber mon cours.

— Oui monsieur.

— Par contre, vous pouvez m’en parler.

Alors là je relevai des yeux écarquillés pour le fixer. Déjà que je ne racontai pas mes problèmes à mes amis alors à lui ... ça aurait été le monde à l’envers.

— Sauf votre respect, s’il y a vraiment quelque chose, nous ne sommes pas assez proche pour que je vous en parle ...

Son visage se pinça.

— Je comprends.

Puis il blanchit et m’attrapa le bras.

— Mais lâchez-moi !

J’allais avoir des traces de doigt en plus de celles de dents ici ! Je n’arrivais pas à me dégager.

— Qui vous a fait ça ? Rugit-il en tirant sur mon foulard.

— Putain, mais vous m’étranglez ! Lâchez-moi ! Ça ne vous regarde absolument pas ! M’énervais-je en me dégageant, il avait desserré un peu sa poigne.

— Bien sûr que si ! Rétorqua-t-il en me plaquant entre son corps et le mur

Mes hormones firent une pirouette. Il m’exaspérait bien que je ne puisse m’empêcher de savourer son corps dur et chaud contre le mien.

— Quelqu’un a voulu me mordre hier ! Voilà vous êtes content ? Répondis-je en le poussant des deux mains.

Je ne pouvais pas me permettre de rester là et de risquer de faire une connerie, comme l’embrasser par exemple. Je me demandais si ça le déstabiliserait. Pour l'amour de la science, il fallait bien se sacrifier non ? Ressaisis-toi ma fille.

— Et pendant qu’on y est, Henry Beaulne souhaite vous rencontrer

— Quoi ?! C’est lui qui vous a agressé ?

— Mais non ! C’est lui qui m’a ramené chez moi bien gentiment ! Je devais juste vous dire qu’il souhaite un rendez-vous avec vous.

— Pourquoi ?

Je haussai les épaules en mettant encore un peu de distance entre nous.

— Qu’est-ce que j’en sais moi ? Vous n’avez qu’à l’appeler.

Je tournais les talons pour me diriger vers la sortie.

— Elena

Tiens on passait au prénom maintenant ? Tranquille le gars.

— Quoi encore ?

— Vous n’approcherez plus ce mec.

— Pardon ?

Je recommençais à bouillonner.

— Vous m’avez bien entendue. Ce n’est pas négociable.

J’éclatais d’un rire plus nerveux qu’amusé avant d’exploser.

— Pour qui vous vous prenez ? Je peux savoir pourquoi vous vous autorisez à me donner des ordres et à espérer que je vous réponde ? Vous êtes mon professeur et non pas mon père ! Et même si vous étiez mon copain je n’accepterai pas une seule seconde que vous me parliez comme ça ! Je ne suis pas un chien et vous allez bien aller vous faire foutre ! Vous êtes là pour donner des cours pas pour me surveiller !

Je tournais les talons et sortie en furie de l'amphithéâtre. Je ne jetais pas un coup d’œil derrière moi pour voir ce qu’il faisait. Théodore se tenait derrière la porte et riait. Je le regardais avec des yeux noirs de colère.

— Vous êtes aussi là pour m’engueuler et me traiter comme un jouet ou vous vous foutez juste de moi ? Parce que ça commence à bien faire.

— Désolé que vous pensiez ça mais c’est vraiment trop drôle. Vous devriez voir la tronche qu’il tire.

— Non merci, répondis-je sèchement.

— Vous loupez quelque chose alors. Ça fait des années que personne ne lui a passé un savon pareil, que personne n’a osé.

— Et bien apparemment ça lui avait manqué.

Sur ce, je le plantais là et partie prendre l’air pour manger un morceau avant d’enchaîner avec le prochain cours. Forcément Emma tenta de me tirer les vers du nez sur ce qu’il s’était passé. Mais un regard de ma part lui fit comprendre qu’elle ne devait pas insister, sinon c’était à ses risques et périls. Je n’avais pas envie de me défouler sur elle mais c’est ce qui risquait d’arriver.

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