Chapitre 9

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Une fois les cours terminés, je partis au parc à côté de la fac. J’aurais dû rentrer bosser, mais je n’avais pas du tout la tête à ça. Ça m’arrivait rarement mais là je ruminais les événements de la semaine qui venait de passer. Ce prof qui me chamboulait alors que j’étais en général insensible au charme masculin, comme féminin d’ailleurs. Ce mec qui essaye de me mordre. Et maintenant ce même prof qui tente de s’immiscer dans ma vie privée. C'était du foutage de gueule. Je ne voulais pas y penser. J’avais écarté le bizarre de ma vie, ce n’était pas pour y revenir. Je me perdis dans la contemplation du feuillage.

Les jours se rallongeaient et le soleil pointait le bout de son nez entre les nuages. Les arbres verdissaient et les feuilles les habillaient de nouveaux. Le vent passait doucement entre elles, leur bruissement me portait et m’apaisait. Mes cheveux me chatouillaient le visage. Je fermai les yeux pour profiter d’un petit rayon de soleil. J’adorai sentir la chaleur sur mon visage, ça m'apaisait. La seule chose que j’aimais dans l’hiver c’était le chocolat chaud sous le plaid au coin du feu. Malheureusement, je n’avais pas de cheminée. Et là, il était temps que ça se termine.

Une douce odeur vint me chatouiller le nez, ce qui me fit ouvrir les yeux. En voyant celui qui approchait, je me raidis. Prête à fuir, comme à me défendre. Le coup de genou bien placé avait déjà fait ses preuves. Comment osait-il s’approcher de moi ? J’étais la seule dans le parc, c’était obligé que ce soit encore pour ma pomme.

— Je suis venu pour m’excuser, dit-il en me tendant le gros bouquet qu’il tenait dans sa main droite.

Des lys et des roses blanches. Je les pris. Ce n’était pas souvent qu’on m’achetait des fleurs, et elles étaient magnifiques. Pour autant, je ne me détendis pas. Il n’avait plus l’air fou, mais on ne savait jamais, j’étais prête à déguerpir. Après tout, le premier coup il m'avait paru normal. J'envisageais un instant de m'inscrire au prochain marathon du coin. J'étais déjà dans les startings blocs.

— Euh ...

Je haussais un sourcil, toujours tendue comme un string. Il se dandinait d’un pied sur l’autre, mal à l’aise, évitant mon regard. Il avait essayé de me croquer et pensait qu’un bouquet allait l’excuser ? Bon ... ok ... oui ça marchait en partie, mais j’étais bien décidée à le faire ramer. Et je ne le connaissais pas assez pour savoir si j'étais à l'abri d'un autre coup de dent.

— Je suis désolé d’avoir essayé de te mordre comme ça. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Tu sentais bon, tu es très mignonne et je n’ai pas réussi à résister. J'espère que tu pourras m'excuser, débita-t-il d'une traite.

Il ne se débrouillait pas mal il faut dire, il avait réussi à me faire rougir. Comme j'avais passé une mauvaise journée, je n'allais pas le laisser faire aussi facilement. Et puis il faudrait vraiment être conne pour laisser couler aussi vite.

— Tu as vu la marque que tu m’as fait ? Et là ça va, tu arrives à résister et tu ne vas pas te jeter sur moi ? Parce que tu as été le pompon et j’ai pas envie de continuer la semaine comme ça ! Comment je peux savoir que tu ne recommenceras pas ?!

En même temps, je tirais mon écharpe pour lui montrer. Il blanchit. Déjà qu’il était pâle, alors là il devint cadavérique.

— Oh merde, ça m’étonne que tu ne m’aies pas encore poursuivi pour me frapper avec le bouquet que je viens de t’offrir.

Je ne pus m’empêcher de rire en voyant l’expression de son visage. Un peu nerveusement quand même. Il avait l'air réellement contrit.

— Non mais avec le temps qui se réchauffe, tu crois que je vais devoir porter ça encore combien de temps ? lui demandais-je en montrant mon foulard.

— Qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner ?

Je balayais sa question d'un geste de la main en levant les yeux au ciel. « 100 balles et un mars » n'était pas une réponse adaptée.

— Un resto peut être ?

Je fis la moue, réticente. J'avais bien envie de me changer les idées, d'un autre côté j'étais toujours méfiante. J'étais tiraillée entre la méfiance et l'envie d'en savoir un peu plus. Je devais être maso. Pour autant, un mec qui arrivait à revenir s'excuser, ça ne courrait pas les rues. Et si je lui laissais une petite chance ?

— A l'Hibiscus ! Il y aura plein de monde. Aller ! Tu n'auras pas à avoir peur d'être seul avec moi.

Après tout, qu'est-ce que j'avais à y perdre ? Ca me ferait du bien. Et Heron qui m'avait demandé – enfin ordonné plutôt – de ne plus l'approcher ? La belle affaire ! Même s'il n'y avait aucune raison qu'il le sache, j'avais ma petite vengeance personnelle. Mouahahahaha.

— Mercredi soir ? Je passe te chercher ? dit-il en sentant mon hésitation.

— Bon ... Plutôt mercredi de la semaine prochaine, et on se rejoint là bas, répondis-je peu sûre de ce que je faisais.

Dans quel guêpier je venais encore de me fourrer ? Je n'étais pas certaine que ce n'était pas une erreur. Mais il fallait bien prendre des risques.

— Super ! Et bien je me sauve et je te dis à mercredi ! Tiens, je te laisse ma carte avec mon numéro, sourit-il en s'approchant.

Je me tendis, sur mes gardes. Je sentis un léger contact de ses lèvres fraîches et douces sur ma joue avant qu'il ne se sauve. Dans la main, je tenais une petite carte toute simple et élégante.

J'étais surprise bien qu'heureuse. Cette semaine n'allait peut-être pas être si pourrie que ça.

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