13.

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Le bruit des sirènes est étouffé par celui de l’incendie. Les larmes coulent sur le visage de l’homme qui regarde impuissant les pompiers sortir un corps calciné des décombres de la maison noircie, laissant des sillons humides sur ses joues pleines de suie. Si le sang ne gouttait pas de ses blessures à pulsions régulières, il se serait cru mort.

***

Lou sortit difficilement de l'état vaseux dans lequel elle se trouvait. Sa tête était aussi lourde qu'une enclume et elle n'avait aucun souvenir. Elle prit peu à peu conscience de son environnement, découvrant d'un regard encore trouble les éléments alentours. Mais bordel, je suis où ? Impossible de se rappeler comment elle avait atteri ici, mais une chose était sûre : elle était seule, une fois de plus. Elle examina son corps, à la recherche d'indices. Oh putain... c'est quoi cette merde ? Lou venait de découvrir les traces laissées par les piqûres de seringue. Elle connaissait les cicatrices qu'elle s'était infligée et celles-là n'en faisaient pas partie. Ces enculés de drogués m'ont piqué avec leur dope ! Elle n'en revenait pas. Ils avaient osé ! Elle leur avait dit qu'elle ne voulait plus vendre leur merde, s'était cassée du squat en emportant la thune du coffre et ciao bye-bye, mais ces enflures l'avaient retrouvée et punie. Elle connaissait leur méthode pour les avoir vu faire : ils injectaient une drogue puissante et hautement addictive à leur main d'oeuvre voulant démissionner. Ainsi, les pauvres devenaient accros et renonçait à quitter le business. Attends, c'est chelou quand même... D'habitude c'est à la cuisse qu'ils piquent, pas là. Lou frottait le creux de son coude, pensive, quand elle remarqua enfin les barreaux de sa cage, le carrelage blanc et la table d'autopsie. Dites moi que je rêve ! Haha, bien joué le remake de Saw, les gars ! Dommage, mais c'est mort, je vous ai grillés. Aller hop-hop-hop, on débarrasse tout ce bordel et on vient enlever les petites menottes que j'ai aux poignets. Pourquoi j'ai des menottes d'ailleurs ? Fan de bondage, les coquins ?

Elle sentait la crise de panique montée dans le creux de son ventre. Les larmes perlaient à ses yeux, sa respiration se fit saccadée. La crise de tétanie arriva comme une marée montante qui prends de court les promeneurs sur la plage, sournoise, lente et vicieuse. D'abord les picotements dans ses mains et autour de sa bouche. Puis la contracture des muscles de ses bras, douloureuse, les bloquant collés contre son corps. Ses doigts vinrent se joindre à la paralysie graduelle, puis son dos. Lou fut contraint de se cambrer, cherchant désespéremment de l'air, ses cheveux vert pomme trainant sur le sol. Elle allait faire un arrêt respiratoire. Chouette. Y a plus sympa comme mort... Plus que quelques minutes et elle serait morte.

La porte du labo s'ouvrit à la volée. Un homme encagoulé accouru jusqu'à la cage, la déverouilla et constata qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps pour agir. Les yeux révulsés de la jeune fille commençaient à se voiler. Il sorti en toute hâte une seringue qu'il planta violemment dans le torse de la paralysée. La dose de calcium libéra Lou de sa mort certaine et elle inspira à grandes goulées d'air l'oxygène rare de la pièce. Dévisageant son sauveur, elle coassa un merci, le coeur cognant à lui rompre les côtes. L'homme ne lui adressa même pas un regard, se leva et referma la lourde porte derrière lui. Encore sous le choc, Lou resta incrédule. Une sonnerie de téléphone la sortit de son état.

« Oui. Oui, j'ai capturé le spécimen. En effet. Je teste le serum demain. Non, je ne pense pas que ce soit nécessaire. Quoi ? Pour ma collection ? Hahaha, tu as raison... Pourquoi pas après tout... J'ai déjà un hybride aspic, un loup ailé et un capable de devenir invisible alors un lycan cracheur de feu, je prends ! Humhum. Oui, j'ai un stylo. Je note. LU-CI-O-LE AR-GENT, très bien, c'est noté ! Quelle ironie de s'appeler Argent quand on est loup garou... Très bien. Merci. Au revoir. »

N'ayant eu qu'une seule partie du dialogue, Lou était incapable de donner du sens à la situation dans laquelle elle se trouvait. L'homme rangea le téléphone dans la poche de sa blouse et lui tourna le dos.

« Tu sais, petite, si tu es celle qu'il me faut, je t'offrirais un joli collier d'argent. Il ira très bien à ton cou, une fois qu'il y aura brûlé la peau jusqu'à l'os. » Sur ces mots tranchants, l'homme claqua la porte du labo, laissant Lou seule, enfermée et impuissante.

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