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« Salut, moi c’est Louis ! On vient d’acheter la maison en face de chez vous, celle avec les volets rouges. » L’adolescent porte une casquette bleue, posée à l’envers sur des cheveux noirs dont les boucles sauvages partent dans tous les sens. « Salut, moi c’est Ambre, j’habite la boulangerie en bas de la rue mais je suis toujours fourrée ici ! » La jeune fille rit nerveusement, avant de remettre une mèche de cheveux roux derrière son oreille. L’adolescent se tourne vers le compagnon d’Ambre. « Et toi, tu t’appelles comment ? »

« Maaaaaaaarkooo ! » Peur. Choc. Vide.

Ca ne s’arrêtera donc jamais ?

***

David entama sa dernière série de pompes. Il compta à haute voix, afin de réguler son souffle. 197. 198. 199. 200. Il relâcha ses muscles et commença ses étirements. Le deuxième mouvement de l’Inverno des Quatre Saisons de Vivaldi emplissait la pièce à plein volume. Les notes calmes du second mouvement se posaient dans l’air tels des flocons de neige cotonneux, contrastant avec celles agitées du morceau précédent. David adorait l’intégralité de cette œuvre, mais l’hiver restait son préféré. Son pouls battait à son cou quand il ferma les yeux pour mieux ressentir la musique. Ses membres se détendirent et il se concentra sur la sensation des vibrations sur sa peau. C’est donc un David immobile et transpirant que le Colonel Richard découvrit en entrant dans la salle d’entraînement. Le calme du Commandant le surprenait toujours. Jamais il ne l’avait vu se mettre en colère ou hausser la voix plus que nécessaire. Son autorité inné imposait le respect. Le Colonel Richard était fier de compter David dans ses effectifs. Les jeunes recrues lui vouaient une admiration immédiate, ce qui avait permis des améliorations notables dans l’ambiance de la caserne depuis son arrivée. De plus, il s’était révélé excellent lors de toutes les missions auxquelles il avait participé, détectant le danger et les pièges bien avant tout appareils électroniques, ce qui avait empêché toutes pertes dans son équipe. Le Commandant David Serian était tout bonnement formidable !

« Oui mon Colonel ? Que puis-je pour vous ? »

Le colonel sursauta. Il ne pensait pas que le Commandant l’avait entendu avec la musique à si fort volume. Encore une fois, il fut impressionné par ses talents.

« Commandant Serian, je voulais simplement vous prévenir que votre demande de congés a été approuvée. Vous l’avez bien mérité ! Profitez bien de ces quelques jours de repos et revenez nous en pleine forme !

- Sauf votre respect, je suis toujours en pleine forme, mon Colonel, répondit David »

Si le Commandant avait un défaut, c’était bien le fait de prendre tout au premier degré. Le Colonel avait tendance à l’oublier et il s’empressa de rajouter :

« Bien sûr, mais par pleine forme j’entendais encore plus que d’habitude ! Quoique je doute que ce soit possible… finit-il pour lui-même »

David s’épongea le visage et pris congé de son supérieur, non sans l’avoir remercié et salué comme l’exige le protocole. Cet homme était bien étrange, pensa le militaire, avant de quitter la pièce désormais silencieuse.

Une fois douché et vêtu d’habits fraichement lessivés, David ajusta son couvre-chef devant le miroir. Son reflet lui rendit son regard. Ses pupilles diaprées offraient des nuances de vert émeraude et de turquoise, contrastant avec sa peau d’ébène. Il possédait une beauté à couper le souffle et nombre de femmes (et d’hommes) avaient succombé à son charme. Cependant, David n’accordait que peu d’importance à ce genre de futilités et préférait consacrer son temps à remplir son devoir de militaire, menant une vie solitaire lui convenant parfaitement.

La nuit commençait à tomber et la lune brillait déjà. Plus que quelques heures, pensa David en s’installant sur la terrasse, profitant des dernières ondes de chaleur que la pierre avec accumulées pendant cette chaude journée de juin. David ferma les yeux et patienta. Lorsqu’il senti son sang pulser dans ses veines, il sut qu’il était temps. Il ôta son couvre-chef, enleva un à un ses habits, les plia soigneusement et les déposa sur le banc. Il inspira profondément et leva les yeux au ciel. Lorsque la lumière lunaire frappa de ses rayons ses pupilles dilatées, la métamorphose commença.

Son corps se couvrit tout d’abord d’écailles couleur de jais, tel un serpent roi noir du Mexique, puis prit, membre par membre, une forme lupine. Une queue reptilienne poussa dans le dos de la bête et une fine langue de serpent s’échappa de la gueule dans un sifflement caractéristique, avant de disparaître entre des puissants crocs venimeux. L’animal s’étira et fit cliqueter ses griffes sur le sol. Il devait mesurer au moins un mètre cinquante de hauteur et sa peau était tendue sur des muscles massifs. L’hybride rejeta la tête en arrière et poussa un hurlement de loup, déchirant le silence de la campagne. Il se mit en chasse, flairant ses proies dans les herbes hautes alentours. Celles-ci n’avaient aucune chance contre ce prédateur silencieux et une fois paralysées par son venin, elles ne pouvaient qu’admirer les reflets vert émeraude et turquoise de la robe écailleuse de leur bourreau.

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