Le début d’un voyage

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La roue tourne
Et je m’en retourne,
Sans savoir où je vais,
Je me retrouve sans paix

Le soleil se coucha bien plus tôt qu’aurait aimé Disçart. Enfermé dans la salle sans fenêtre, il avait été captivé par ses leçons avec maitre Minester. Il en avait oublié l’heure, et maintenant, il était en retard! Disçart grogna de mécontentement et d’efforts. Il détestait oublier! Le Traqueur poussait sa monture de toutes ses forces en essayant de ne pas tomber. Il avait espoir de limiter sa faute.

Dans le firmament, il ne restait que les dernières traces du jour quand il arriva à l’entrée de la ville. Il venait de parcourir quelques kilomètres rapidement. Les fortifications de la cité s’étendaient devant lui. De grands murs de pierre grise s’élevant à hauteur de plusieurs hommes et épais de plusieurs mètres. Des battants se trouvaient directement devant le chemin menant au promontoire royal. Par chance pour le retardataire, les portes étaient encore entrouvertes. Elles ne le seraient plus pour longtemps. Alors, Disçart se dépêcha d’entrer. Au moment d’arriver de l’autre côté, un garde l’interpela. Le mécontentement du jeune homme augmenta encore. Il était déjà suffisamment en retard!

Le surveillant était un quadragénaire équipé d’une armure en cuir et d’un tabar aux couleurs royales, le rouge et le noir. Cheveux courts et longue barbe drue, toutes deux brunes, son visage était ridé et plissé à la lumière de sa torche. C’était surement le fait de dévisager des étrangers tous les jours qui l'avait rendu ainsi. D’une voix grave, l’homme désira savoir ce que Disçart venait faire en ville, surtout en provenance de la citadelle. Le traqueur, avare de mots, lui expliqua laconiquement et il lui montra un sceau très particulier. C’était un médaillon avec un corbeau gravé sur l’une des facettes. Les petits yeux du garde s’agrandirent subitement. Il connaissait très bien la signification de l’anneau. L’interrogatoire cessa aussitôt et Disçart put lancer son cheval au galop à grande hâte.

Les bruits de sa course retentissaient dans la ville en train de s’endormir tranquillement. Les fers de sa monture et les encouragements du monteur résonnaient contre les parois des bâtiments. Les rares passants le regardaient avec curiosité, mais ils évitaient de lui bloquer le chemin. Cela aurait pu être dangereux. Disçart remarquait très peu son environnement, ne voyant que des ombres. Pourtant, il devinait les gens qu’il passait. Des travailleurs qui rentraient chez eux ou allaient boire, des commerçants heureux de pouvoir aller fêter une bonne journée, des mendiants tentant encore leur chance pour une pièce, de pauvres hères errant indéfiniment. Soudainement, il tourna dans l’une des avenues principales. Il se trouvait tout près de sa destination et il fit ralentir son étalon. En avançant tranquillement, il regarda un panneau éclairé par une lanterne et il murmura dans un souffle pénible alors que son cœur ralentissait :

─ L’auberge de la Rose épineuse… Un endroit engageant… mais surprenant… si on ne fait pas attention selon les rumeurs…

Disçart prit quelques moments pour se calmer et il en profita pour examiner la façade du bâtiment possédant plusieurs étages. Elle était constituée de planches de bois d’une bonne essence. Laquelle? Disçart aurait eu bien du mal à le dire. Par contre, elle avait l’air de qualité. Il n’y avait qu’une fenêtre, brouillée par la condensation à l’intérieur. Elle était carrée, remplie de carreaux et large comme le tiers de l’édifice. La porte se tassait à sa gauche à l’extrémité du mur. La lanterne se trouvait accrochée à côté de la porte et, en étant un peu décalée et en dessous, de l’écriteau. Une superbe rose colorée était sculptée dans le bois. Les épines y étaient présentes, mais subtilement. Les pétales avaient été si magnifiquement ouvragés, la plupart des gens devaient surement oublier le reste. Arrivé à destination, Disçart remarqua une petite écurie à côté de l’auberge. Elle semblait bien maussade et en regardant autour de lui, il constata le reste du coin. Il n’était pas impressionné. Hochant de la tête, il conclut à voix basse :

─ Un bien beau bâtiment pour un coin aussi miteux.

L’auberge aurait eu sa place dans un quartier plus riche. Ici, il se trouvait dans une zone malfamée. Les déchets s’empilaient dans l’avenue, des façades étaient délabrées, fatiguées, détériorées. Au coin des ruelles, on pouvait apercevoir des personnes. De simples mendiants ou des guetteurs pour des hommes plus dangereux? Du moins, il ne s’en était pas pris à Disçart. Son allure robuste et son épée à sa hanche avaient dû décourager plusieurs coupe-jarrets. La capitale du duché n’était pas la plus dangereuse, mais les villes avaient tous les mêmes dangers. Il était inquiet pour ses amis en même temps d’être mécontent. Le Prince était trop insouciant! Disçart laissa son cheval à un jeune garçon qui sortit de l’écurie. Il lui laissa plusieurs pièces de bronze. Il désirait que le garçon s’occupe de son cheval et en fait, il espérait avoir encore un cheval plus tard. Finalement, après quelques secondes de réflexion en écoutant les bruits filtrants de la taverne, Disçart se décida à entrer. Il fut aveuglé pendant une ou deux secondes par la lumière et assourdit par la diversité des sons.

Ce fut les bruits qu’il distingua en premier. Il pouvait entendre les rires des clients, les paroles plus ou moins fortes des discussions, les fracas des bottes et des chopes contre le bois, le bruit d’un feu en arrière. Quand il récupéra sa vue, il fut surpris. L’intérieur était encore plus élégant que l’extérieur laissait penser. Une cheminée de pierre brûlait au coin d’un mur où plusieurs pauvres hères cherchaient une certaine chaleur en échangeant de rares mots. Les tables et les chaises étaient d’un beau brun laqué. Le comptoir était similaire et derrière, il y avait plusieurs grosses barriques de boissons. Plusieurs lustres et des tapis pourpres égayaient l’endroit. La pièce principale était suffisamment grande pour un peu moins d’une quinzaine de tables et se terminait au bar à l’opposé de la porte. Une seconde porte se trouvait derrière le comptoir à côté des barils. De plus, un escalier se trouvait à côté permettant d’aller aux étages supérieurs.

L’auberge n’était pas bondée, mais toutes les tables étaient occupées. Une grande diversité de gens se côtoyait. Des marchands ou leurs fils, des pauvres hères démunis, des citadins ordinaires, des types louches et même des nobles. « Un parfait mélange pour une parfaite explosion », jaugea Disçart. Des serveuses passaient entre les tables avec grâce, évitant les collisions avec les clients. Les moins habilles finissaient avec des mains sournoises se baladant où elles pouvaient. Le jeune Traqueur remarqua la mise en valeur des charmes des serveuses. En fait, elles semblaient jolies, jeunes et : « et… et généreuses de leurs atouts? » pensa Disçart en arquant un sourcil, interrogateur.

Finalement, il remarqua ses compères à une table loin du bar et près d’un mur. Le Prince buvait timidement sa chope de vin. Les épaules rentrées, la tête baissée, il discutait avec une jolie serveuse avec un profond décolleté. Elle ne cachait pas beaucoup de ses attraits et le Prince semblait quelque peu mal à l’aise. S’il avait essayé de se tourner vers elle, il aurait une vue plongeante dans ses … « joyaux? » Cela devait le déranger, car il regardait devant lui sans oser tourner son regard. Galen, lui par contre, semblait beaucoup plus à l’aise. Il riait aux éclats en commandant une nouvelle chope d’un quelconque breuvage à une autre serveuse. Avec lui, impossible de deviner ce qu’il pouvait boire. Tant qu’il y avait de l’alcool, tout était parfait. La serveuse, pas moins jolie que la précédente, n’hésitait pas non plus à montrer ses joyaux. Cependant, Galen semblait ravi par l’attention. Quand celle-ci partit, le massif guerrier n’hésita pas à lui agripper une fesse au passage. Disçart se serait attendu à une gifle. Or, elle se retourna pour le gratifier d’un clin d’œil. Galen partit d’un rire profond qui résonna dans l’auberge, se perdant dans les bruits ambiants.

Disçart soupira profondément. Le garde du corps du prince n’était nullement attentif. Le Traqueur vérifia où se trouvait sa hache. Elle était à l’arrière de ses pieds sous sa chaise. Donc, difficile à récupérer en cas de danger. Disçart n’était pas des plus enjoués : il flairait les ennuis. Il alla rejoindre ses amis en détachant son fourreau. Assis, avoir une épée à sa hanche, ce n’était pas des plus agréables. Il alla prendre la chaise contre le mur devant ses deux complices. Son baudrier fut déposé contre la table. Ceux-ci furent ravis par l’arrivée tardive du Traqueur. Néanmoins, ils déchantèrent rapidement. Disçart avait les traits fermés et son regard était froid. En s’approchant langoureusement, un sourire sensuel, la serveuse de Rangis lui demanda s’il désirait quelque chose. Il répondit sèchement :

─ Juste une choppe d’hydromel.

─ Y’aurait-il autre chose? demanda-t-elle en se penchant, révélant sa poitrine.

Le regard de Disçart ne lâcha jamais ses yeux et, glacial, il déclara ne rien vouloir d’autre. Certes, il n’avait pas mangé, mais il était trop nerveux pour avaler quoi que ce soit. Cependant, la serveuse ne se laissa pas arrêter aussi simplement. Elle s’approcha encore plus de Disçart, amenant ses seins très près du visage du Traqueur, lui redemandant avec un regard séducteur :

─ Rien ne te ferait donc plaisir?

Peu troublé, le Traqueur continuait de la regarder dans les yeux. S’il n’avait pas été agité, il aurait pu être curieux; des yeux d’un doux bleu. Le bleu d’un ciel sans nuage; d’immense iris pouvant capturer un homme et ne jamais le relâcher; un visage un peu rond; une peau pratiquement parfaite; des cheveux d’un brun pâle à la lumière des flammes et une silhouette impossible à renier. Vraiment, c’était une jolie femme. Pour Disçart, elle restait qu’une façade et un piège potentiel. Il s’en méfiait et une chose en particulier le laissait perplexe, mais il était incapable de le mettre en mot. Il n’avait qu’une image pour l’expliquer : son regard ne possédait pas de lumière. « Absolument aucune… » Se répéta silencieusement le jeune homme. À nouveau, Disçart repoussa l’offre de la jolie demoiselle. Or, celle-ci n’accepta pas une telle réponse si facilement et insista encore, un sourire en coin :

─ Allons, mon bon. Il y a bien quelque chose qui ferait ton bonheur et te ferait sourire. Je suis curieuse de voir cette moue si indifférente avec un sourire. Refuserais-tu un tel plaisir à moi, la mignonne Éllie? En?

Disçart déclina à nouveau le plus poliment possible. Il commençait à avoir les nerfs à vif. Il avait eu une longue journée : Nirk, Ysmak, Rangis avec Galen, Magia, Minester … il n’avait aucunement envie d’être plus dérangé. Son interlocutrice, la dénommée Éllie, voulut encore insister, mais il l’interrompit un peu brusquement. Le Traqueur s’exclama, la rebutant :

─ De la tranquillité et de la décence, par les Dieux!

Galen perdit son sourire et les yeux du prince s’arrondirent devant la réaction de leur ami. La serveuse eut un léger mouvement de recul sur le coup. Se redressant les épaules, pointant le menton et prononçant un accord méprisant, Éllie ne se fit pas prier. Elle semblait outrée et partit s’occuper ailleurs. Rangis devient immédiatement plus à l’aise, mais Galen montrait du mécontentement. Disçart n’était pas surpris. Il venait de lui enlever son plaisir. Le puissant personnage ne se fit pas attendre pour se faire entendre. Il parla tout bas pour que seuls ses deux comparses l’entendent :

─ C’est quoi ton problème? Elle cherchait juste à être de bonne compagnie et Ran lui plaisait. N’vas pas l’empêcher de s’amuser un peu. Elle…elle… elle était agréable!

─ Je n’aime pas qu’on se joue des gens ou qu’on essaye de les manipuler, répondit Disçart froidement.

─ Mais de quoi tu parles? s’écria Galen. Ce n’est qu’une belle serveuse qui est sympathique! Pourquoi se jouerait-elle de toi?

Disçart se tut en voyant la seconde serveuse (celle que le protecteur du prince avait agrippé une fesse) revenir avec sa chope et celle de Galen. L’autre n’avait surement pas voulu revenir après s’être fait clairement rejeter. La superbe femme hésita à rester après avoir servi les deux boissons, mais le regard de Disçart la dissuada. Il l’a fixa le temps qu’elle parte. Ensuite seulement, il expliqua en sirotant sa boisson :

─ L’endroit est louche et je me méfie. L’un de nous doit le faire et elle est très entreprenante. Ran est le prince…

Il ne termina pas sa phrase. Espérant que les deux autres fassent les liens nécessaires. En même temps de prendre une lampée, il remarqua que la belle, généreuse, opulente Éllie parlait avec un groupe de jeunes gens bien habillés. Ils semblaient être, très, éméchés. Le Traqueur ne comprenait pas l’échange, mais les regards se tournant régulièrement dans sa direction n’indiquaient rien de bon. Il fut ramené à la discussion quand Galen reprit :

─ T’es juste trop méfiant. Personne ne veut du mal à ton cher prince. PERSONNE! Laisse-le s’amuser!

─ J’apprécie l’intervention de Diss, avoua Rangis en se mêlant de la dispute. Il a été rude, mais ça me soulage ne plus avoir ses seins à deux pouces de mon visage. Je ne dis pas que je n’aime pas, mais un peu de retenu ne me déplait pas.

Le visage de Galen s’imprégna de consternation, alors que celui de Disçart resta de marbre. Le Garde du Prince protesta par une tirade sur les biens faits de profiter des plaisirs de la vie de temps en temps. Disçart ne l’écoutait pas. Les jeunes hommes avec qui la serveuse parlait s’étaient levés, et ils se dirigeaient vers sa table. Ils ne semblaient pas vouloir simplement une agréable discussion. Les ennuis s’annonçaient. Le Protecteur du Prince remarqua l’inattention du Traqueur pour ses propos. Son regard suivit celui de Disçart et il vit la menace. Sa main descendit vers sa hache. D’un simple mot, l’apprenti de Nirk l’arrêta. Il ne savait pas qu’ils étaient, mais ils avaient des habits trop luxueux et Disçart avait vu leurs bourses trop garnies pour être n’importe qui. C’était surement des crétins, mais malheureusement, surement des crétins avec des contacts. Le trio serait mal avisé de juste leur mettre une raclée. Cela pourrait nuire au Roi et au Prince.

Les jeunes hommes étaient au nombre de cinq. Cinq colosses dégageant beaucoup d’assurance. Peu de personnes devaient oser les provoquer sans bonnes raisons. Leurs habits pointaient leurs statuts sociaux. Les vêtements devaient avoir eu une apparence raffinée. Du moins, avant d’être aspergés de bières, de nourritures et de détritus en tout genre. Surement, des gamins de riches marchands. De plus, ils étaient séduisants chacun à leur façon. L’un par la carrure, un autre par le sourire, le regard, le visage et le dernier par la prestance. Celui-ci, justement, semblait mener le groupe. Il semblait être le plus sobre et son regard respirait la jalousie. Il n’était pas le plus beau, mais il dégageait une grande confiance. Son visage était légèrement charmant avec ses traits bien découpés, mais ils étaient trop marqués par le mépris pour être beaux. La plupart de ses proies devaient tomber dans ses griffes. Le plus étrange chez lui était sa façon de détourner son regard de Disçart pour aller se planter sur la tête du Prince. « Il doit désirer la serveuse et Ran doit avoir l’air d’être dans le chemin, ce que le pauvre bourg ne doit pas vivre souvent » pensa Disçart avec un brin de dédain.

Juste avant que les cinq massifs gaillards arrivent à sa table, le Traqueur remarqua les regards curieux des autres clients. Ils étaient tous tournés vers le lieu prochain de la confrontation. Cela ne le dérangea pas. Ce n’était pas la même chose des désirs cupides. Plusieurs des hommes isolés et discrets semblaient juger des cochons et vouloir savoir lesquels donneraient le plus. Le jeune Traqueur ne bougea pas, mais ses craintes explosèrent. Des proies prises chez les chasseurs. Des proies inconscientes du danger. Des proies prêtes à être dépecées. Les cinq colosses encerclèrent la table. Deux d’entre d’eux se mirent autour de Disçart, s’appuyant contre le mur. Leur chef s’accota sur la table devant le Traqueur et il le fixa. Ce dernier lui renvoya un regard ennuyé avant de continuer de siroter son hydromel comme si de rien n’était.

Le silence se fit dans l’auberge. Tout le monde attendait de voir la conclusion. Rangis et Galen semblaient irrités. Leurs tensions étaient palpables. Si nécessaire, ils interviendraient. Disçart, lui, paraissait ne rien remarquer, même si les cinq hommes le fixaient. Son regard était dans le vide et il semblait détendu. Or, pourtant, il était prêt à se détendre comme un serpent et son esprit était en ébullition. Il se préparait à agir. Les traits du chef se ridèrent alors que les secondes s’écoulèrent. Il ne semblait pas aimer être ignoré. Il interloqua le malotru :

─ Hé! Toi! Le type en noir!

Disçart tourna lentement ses yeux vers le gaillard. Il avait la mine d’un type endormi et ennuyé. Il lui répondit d’un ton similaire à son apparence en levant sa chope vers ses lèvres :

─ Qu’y a-t-il?

─ On dit, commença l’homme éméché, « qu’est-ce qu'il y a, sir » ou « qu’est-ce qu'il y a, mon seigneur ». Un peu de respect, vaurien! Je suis de la haute société. Ludvig du quartier nord, fils de Garbu, un riche marchand au service du roi. Un noble prochainement. Mais peu importe, sais-tu pourquoi je m’abaisse à te parler?

─ Aucune idée, déclara lentement Disçart en portant sa chope à ses lèvres.

Ludvig ne sembla pas apprécier la réponse. Avant de pouvoir prendre une gorgée, le fils de marchand lui enleva sa boisson. Ce fut au tour de Disçart de ne pas apprécier. Il demanda, d’un ton trop neutre, de récupérer son verre. Ludvig eut un sourire sardonique. Il obtempéra :

─ Tu veux ton hydromel. Le voilà.

Et le gaillard renversa le gobelet sur la tête de son propriétaire. Il n’en restait que la moitié, mais ce fut suffisant pour tremper la tête du Traqueur. Des exclamations se firent entendre et les quintuples s’esclaffèrent. Les deux compères du château se levèrent. Leurs regards exprimaient la colère et le désir de se battre. Ils interloquèrent les gaillards, les provoquant. Pourtant, Disçart les arrêta d’un mot en se levant :

─ Suffit! Ça me regarde!

Les deux voulurent protester. Néanmoins, ils se turent. Le regard de leur ami était furax. Il commençait à vouloir se battre, mais les conséquences risquaient d’être trop importantes que de l’hydromel sur sa tête. Ce n’était rien pour lui. Il avait vu pire. Les regards dans la pièce l’inquiétaient beaucoup plus. Un homme discutait avec l’aubergiste intensément, un des pauvres hères s’était déplacé pour chuchoter avec un sbire peu trop bien habillé à côté de l’entré et une serveuse négociait avec un client dans un autre coin. Les trois duos semblaient trop inattentifs à ce qu’il se passait pour ne pas être louche. Ludvig ricana. Le mesquin fils de marchand n’évaluait pas la menace. Il provoqua le traqueur :

─ Voudrais-tu te battre, petit paysan?

Disçart grinça des dents. « Le sale connard! » La pensée s’infiltra dans sa tête, mais il se força à la laisser filer. Les battre à mort n’était pas la meilleure idée. Son regard redevint neutre et apathique. Il faisait tout son possible pour retenir sa fureur et trouver une solution. Alors, il dit, serrant les mâchoires sous sa fureur :

─ Que puis-je faire pour vous?

─ J’aimerais, déjà pour commencer, que tu sois plus sympathique avec les serveuses. Elles sont incroyables et tu brises leurs petits cœurs avec tes paroles disgracieuses. Ensuite, je voudrais que tu acceptes de t’excuser à Éllie, ma… notre douce serveuse.

─ Si je refuse?

─ Disparait! à moins que tu désires finir sans dent, lui expliqua Ludvig avec sourire sardonique. Après tout, trois petits gaillards ne feront pas le poids contre moi et mes copains.

Disçart avait mal à la bouche. Il serrait ses dents de toutes ses forces pour s’empêcher de sauter sur les hommes devant lui. Il commençait à se sentir humilié. Cependant, il devait ne pas faire de bêtises. Alors, il répondit le plus docilement :

─ Mes amis et moi allons quitter l’auberge. Ça ne vaut pas la peine de se battre pour si peu.

Les cinq hommes partirent d’un long ricanement insultant. Disçart ne comprenait pas leur réaction. Dans le cas de ses deux compères, Rangis et Galen auraient pu faire bouillir de l’eau si on les avait mis dans un chaudron. Ludvig se fit méprisant :

─ Alors, bonne fin de soirée à toi, sale chien, et à tes idiots de cabots. Trop lâche et froussard pour garder la tête haute. Vous n’êtes clairement pas de la haute société, que des poltrons se prenant pour d’autres. Hahaha!

Le jeune homme ne répondit pas et les cinq colosses souriaient bêtement. Ils étaient détendus, nullement prêts à affronter la tempête qui arrivait : le Traqueur voyait rouge. Sa colère avait atteint son paroxysme : ils pouvaient lui manquer personnellement de respect, mais certainement pas cracher ouvertement sur son Prince! Disçart inspira et il fit le calme dans sa tête. Lorsqu’il expira, il passa à l’acte. D’un mouvement vif, il fut prêt du type à sa droite et il frappa. Le colosse s’effondra, sonné par un coup au menton. Tout aussi rapidement, il visa sa chaise. Elle partit s’empêtrer dans les jambes du gaillard se trouvant à sa gauche. Celui-ci s’écroula et il se cogna la tête. Il ne se releva pas. Il en restait trois, tous sous le choc. Comme la plupart des clients, ils avaient la bouche grande ouverte, incapable de comprendre ce qu’il se passait. Une pensée s’immisça dans l’esprit de Disçart pendant une fraction de seconde : « Encore des idiots qui sous-estimes n’importe qui ». Sans prendre le temps de s’attarder à cette pensée, il avança sur ses proies.

Sa prochaine cible fut le chef. Celui-ci fut le premier à reprendre ses esprits. Ce mettant en garde, il élança une droite vers Disçart. Ce dernier dévia le coup et le beau gaillard fut déséquilibré. Ne laissant pas passer sa chance, le Traqueur frappa sous l’aisselle. À cause de la douleur, l’attaque immobilisa l’homme. Vulnérable, Disçart visa le menton. D’un deuxième coup, il sonna son adversaire qui s’effondra. « Plus que deux », constata le Traqueur. L’un d’eux préféra prendre la fuite, effrayé par le démon devant lui. Il n’en restait qu’un. Il était le plus massif du lot et une cicatrice lui décorait la joue. Son regard brillait par l’incompréhension, la peur et… « le déni? » Disçart trouvait qu’il avait la carrure d’un ogre ou, au moins, un orc. Le Traqueur marchait sur lui. Pourtant, le colosse ne l’attendit pas. Il sortit une dague et il se précipita sur l’homme en noir. Le simili ogre s’écria, niant la vérité :

─ Un avorton comme toi… jamais!

Aucune émotion, aucune pensée ne vinrent troubler le calme du Traqueur. Il utilisa l’élan de son adversaire à son avantage. Il esquiva la lame à la dernière seconde et son adversaire perdit ses points d’appui. Rapide comme un serpent, Disçart ne laissa pas sa chance s’évader. Il frappa avec une force non létale la gorge du balafré. Le colosse fut immobilisé par le coup et le Traqueur déchainé prit sa distance. « Ce n’est jamais une bonne idée de sortir une arme dans une rixe de bar ». Satisfait, Disçart élança un puissant coup de coude en se retournant. Il visait la gueule de l’ogre et il atteignit la cible. Tous purent entendre le son. Le son répugnant d’une mâchoire qui se fracture. Le coup assomma le géant. Toute l’auberge était silencieuse. Personne n’osait parler devant ce spectacle surprenant : un homme à l’allure banale massacrant et effrayant cinq colosses. Seuls les amis du Traqueur n’étaient pas surpris du résultat. Rangis semblait plus désolé par la situation et Galen maugréa à regret :

─ J’aurais aimé que la soirée continue encore un peu…

─ Je sais, Galen, s’excusa Disçart, mais je crois que nous devrions quitter. Mon Prince, payons ce que l’on doit et partons. C’est surement la meilleure idée.

Rangis signifia son appui et son protecteur acquiesça à contrecœur. Sur la table, ils laissèrent une de leurs bourses. Elle contenait plus qu’assez pour régler leurs consommations. C’était un surplus pour le dérangement et les dégâts. Ensuite seulement, ils partirent rapidement pour la forteresse. Ils laissèrent une foule ébahie et empêtrer de questions « Était-ce vraiment un des princes? Qui était ce jeune homme banal pulvérisant des géants sans broncher? Qui étaient-ils? » Les suppositions et les pires hypothèses se propagèrent dans la nuit et les jours suivants. Tous étaient curieux d’en savoir plus sur les trois individus ayant fui l’auberge. Les rumeurs se propagèrent comme du feu dans les champs. On parla d’une possible vengeance du prince sur le fils d’un marchand qui lui aurait pris une belle. Une autre porta même sur le roi punissant l’esprit réfractaire d’un subordonné. Il fut même mention d’imposteur qui aurait voulu faire taire un témoin gênant. La ville fut pendant plusieurs semaines enflammées par cet évènement et ne parla que de cela.

* * *

Disçart dévia la lame de son maitre et il riposta. Nirk esquiva aisément. Les deux se remirent à bonne distance, puis le choc des lames recommença. Leur dance matinal continua ainsi, comme tous les jours. L’apprenti cherchait à percer la défense du maitre tout en se protégeant de ses attaques. Or, Disçart était déterminé, en ce jour, à gagner quelques points. Ces mouvements étaient vifs et souples, cherchant à profiter de toutes les opportunités. Par contre, le Maitre était expérimenté. Il n’avait nullement l’intention de se laisser toucher facilement. Parant et esquivant, il ne laissa pas son apprenti obtenir gain de cause. La moindre opportunité disparaissait si rapidement, Disçart aurait pu les imaginer. Frappant en haut, frappant en bas, frappant au centre, il voulait créer une opportunité. Pourtant, Nirk restait inatteignable. Il semblait avoir un mur autour de lui.

Le jeune homme, commençant à être lasse, voulut essayer une idée. Or soudainement, des coups intenses se firent entendre contre la porte, interrompant aussitôt le combat. Les deux adversaires furent très surpris. Personne ne venait jamais les déranger, surtout à cette heure de la journée. Ils n’étaient même pas sûrs que le soleil se fût entièrement levé. Le grisonnant Nirk fit entrer l’intrus dans la pièce. C’était un valet aux genoux flageolants. Il portait un message du roi. Ce dernier désirait les voir, tous les deux, dans son bureau. Immédiatement! La stupeur les prit. Le roi ne les convoquerait jamais sans avoir une bonne raison. Ainsi, ils ne se firent pas attendre. Couverts de sueur, ils se dépêchaient de remontrer les couloirs du château. Ils ne parlaient pas. Ils étaient absorbés par leurs courses et leurs pensées. Ils craignaient le pire ; ils n’espéraient rien de grave.

Arrivés devant le bureau, ils avaient le souffle rauque. Ils s’entrainaient dans une aile complètement à l’opposé. Pourtant, Nirk ne se fit pas attendre et il cogna. La porte s’ouvrit sur-le-champ : le Roi les attendait impatiemment. Il faisait les cent pas dans le bureau, une main au visage. Il semblait être absorbé dans ses réflexions. Il était le seul dans la pièce. Au moins, Disçart se serait attendu à voir le chancelier aussi. C’était une petite salle, environ la même grandeur que celle où Disçart et le Prince recevaient l’instruction d’Ysmak. Par contre, elle était luxueusement meublée. Plusieurs bibliothèques s’étendaient sur trois des quatre murs. Divers parchemins, des livres et quelques babioles s’y entassaient attendant qu’on s’intéresse à eux. Un bureau trônait au centre et derrière celui-ci, il y avait une immense fenêtre avec deux autres plus petites qui encadrait la première. Cette dernière était couverte par un superbe vitrail. Le rouge dominait la scène et le noir dessinait la forme d’un corbeau, le blason de la souveraineté : le corbeau de la montagne.

Sous le bureau, il y avait un tapis vert avec une broderie dorée. Plusieurs chaises occupaient le reste de l’endroit, mais elles étaient toutes vacantes. Le Roi ressemblait beaucoup à son héritier. Même grandeur, même physique, le Roi avait, pourtant, des traits et des membres un peu plus massifs. Aussi imberbe que son fils, il avait un début de calvitie et des rides lui parcouraient le visage. Il était normalement habillé de luxueux habits somptueusement apprêtés pour montrer son statut. Or, présentement, il semblait chiffonné et plus ou moins bien mis. En fait, le roi donnait l’impression de s’être habillé prestement. Le maitre et l’apprenti se placèrent debout devant le roi. Ils attendaient que leur monarque explique. Il avait les traits durs et il n’arrêtait pas de bouger les lèvres sans faire de bruit. Il parla sans s’arrêter de marcher. Son ton était distant et marqué par la désapprobation :

─ Mais qu’as-tu fait Disçart? Mettre la couronne dans une telle situation… étais-tu obligé d’aller à une telle extrémité?

Disçart était perdu. Il ne comprenait nullement ce qu’il avait fait de si grave. La seule possibilité qui lui vient fut son combat avec les jeunes riches de la soirée précédente. Pourtant, il avait utilisé une force qui ne laisserait pas de marque à l’exception d’un seul. « Et le crétin l’avait mérité » jugea le jeune homme. Rien qui commandait une telle réaction. Il répondit sur la défensive :

─ Je ne comprends pas, mon Roi. J’ai battu quelques gredins, mais, à part quelques courbatures, il devrait n’y avoir rien de grave. Bon, à part peut-être une mâch…

─ Rien de grave! L’interrompit le Roi furieux avec beaucoup de calme en arrêtant de gigoter. Rien de grave, dis-tu? Et le fait que Ludvig, l’héritier d’un prestigieux marchand très influent, ne puisse plus marcher pour le restant de ses jours, ce n’est rien de grave? Que les fils de divers hommes importants portent tous des blessures graves, les handicapants surement à vie, ce n’est pas grave?

Les yeux de Disçart s’arrondirent de stupeur à l’entente de ces paroles. Il ne comprenait absolument plus. Il bégaya pour sa défense :

─ Je… je les ai assommés. Je… je n’ai rien fait d’autres. Je ne sais même pas de quoi vous me parlez, mon Roi. Le pire que j’ai fait est de briser la mâchoire d’un idiot qui a sorti un couteau pour une rixe de bar. Je n’ai rien fait de grave!

Le visage de Disçart était marqué par la stupeur et la colère. Il ne s’attendait pas à cela et il était innocent. Le Roi devait savoir qu’il ne mentait pas. Il avait toujours assumé ses actes, les plus répréhensibles comme les plus saintes. Le Roi l’observait minutieusement, à la recherche du moindre indice laissant percevoir le mensonge. N’en voyant pas après quelques instants, le Roi soupira et son agitation se calma un peu. Ensuite, il expliqua :

─ Alors, quelqu’un devra expliquer la raison pour laquelle Ludvig et ses quatre compères se sont fait amocher. Ils sont présentement dans le château et je n’aurais pas aimé être à leur place. Ils sont couverts de blessures et de contusions. Et ils ont plusieurs membres fracturés. Je ne suis même pas sûr si l’un d’entre eux est capable de marcher correctement.

Disçart était abasourdi. Il n’avait aucune idée de ce qui avait pu faire cela aux cinq crétins, mais ça n’avait pas l’air beau. Ils devaient être mal en point. Maitre Nirk ne laissa rien paraitre à l’exception d’un écarquillement de s'yeux à la mention des blessures du groupe. Il semblait de marbre, comme à son habitude. Cependant, Disçart n’était pas sûr du lien entre lui et les cinq; or le roi continua :

─ Les cinq jeunes, à l’exception de celui à la mâchoire brisée évidemment, nous ont dit que tu étais le coupable, Disçart. Ils ont dit que tu les avais provoqués dans le bar, que tu les avais tabassés et qu’après, tu les avais surement attendus dans une ruelle pour finir le travail discrètement et leur voler leur or.

Le Traqueur était sans voix. C’était n’importe quoi. Il était parti avec le Prince et ils étaient directement revenus au château. Il s’écria, courroucer, après avoir récupéré un peu ses sens :

─ C’est ridicule! En quoi j’aurais besoin de les voler? Et j’ai quitté l’auberge avec le Prince et je suis revenu avec à la citadelle. Il peut le dire!

Le roi voulut parler, mais Nirk le prit de court, se mêlant à la discussion pour la première fois :

─ Quelle auberge, Disçart?

─ La Rose épineuse… laissa échapper l’interloqué.

─ Un endroit malfamé, pensa à haute voix le vieux Traqueur, un endroit à éviter, et pourquoi le Prince s’y trouvait?

─ C’était son choix… avoua Disçart, je ne l’ai que suivi.

─ Sans le prévenir?

─ Je me suis souvenu de la mauvaise réputation seulement après… admit piteusement le jeune homme.

Nirk soupira de découragement, mais il semblait avoir compris ce qu’il s’était passé. Il fit part de ses conclusions :

─ L’auberge de la Rose épineuse est un endroit avec la réputation d’attirer les clients fortunés pour les dépouiller. Un groupe de crapule doit évaluer les proies et décider si elles valent le coup. Donc, après que tu aies amoché les cinq hommes, ils ont dû être vus comme faciles. Ainsi, ils ont dû être attaqués et se faire voler leurs biens. J’ai aussi attendu dire que les victimes sont rarement tuées. On les frappe, on les blesse et on les menace de représailles s’ils essayent quoi que ce soit. Cela explique qu’ils soient encore en vie, puisque si c’était l’œuvre de Disçart, ils ne pourraient plus parler. Et l’orgueil de ses cinq familles semble énorme. Il a besoin de trouver un coupable. Un coupable qui ne répliquera pas.

Le Roi et le jeune hochèrent tout le long de la tirade de Nirk. Ils comprenaient mieux. Ce fut le Roi qui continua :

─ Cela va parfaitement avec le fait que le père de Ludvig est un riche marchant ayant beaucoup d’influence dans le royaume. Présentement, la couronne est en train de négocier avec lui sur quelques contrats importants. Alors, ce le mettre à dos n’est pas dans l'intérêt du royaume. Il faut trouver une réponse appropriée pour garder sa bonne volonté.

Les bruits se turent dans la pièce au moment où les trois hommes se mirent à réfléchir à une solution. Plus le silence s’éternisait, plus Disçart se rabougrissait. La solution allait surement passer par lui, même s’il n’était nullement responsable. Il aurait aimé que le roi dise la vérité aux marchands au lieu de leur mentir. Il n’y avait pas de mérite à tromper les gens, surtout pour flatter leur égo. Mieux valait dire la vérité et apprendre à l’accepter. Elle permettait d’avancer et de grandir. Ce n’était pas le cas des mensonges. Le jeune traqueur fut interrompu dans ses ruminations par son Maitre. Ce dernier commença en se frottant le menton :

─ Je crois avoir une idée pour résoudre le problème, mais je ne prévoyais pas cela avant quelques semaines.

Les deux autres cessèrent de s’agiter après un moment et quand Nirk fut assuré d’avoir leur attention, il continua :

─ J’avais l’intention d’envoyer Disçart dans l’Ouest du royaume dans quelques mois. Je voulais qu’il reçoive l’entrainement d’autres Traqueurs et qu’il rencontre les gens, qu’un jour, il va commander, mais je crois qu’il serait mieux de le faire partir plutôt. Et avec le Prince. Cela permettrait de calmer le jeu, de faire passer ça pour une punition pour Disçart et cela, sans nous brimer.

Le jeune Traqueur n’en croyait pas ses oreilles. Il allait quitter la capitale du duché… Il ne s’attendait vraiment pas à cela. Il se serait attendu à devoir s’excuser ou même leur rendre des services, mais à ça. Il ne savait pas quoi penser. Cependant, le Roi approuva la suggestion et il ajouta en recommençant à faire les cent pas:

─ Je veux que nous investiguions sur le cas de cette auberge. Je veux que leurs méfaits cessent et ne plus avoir de problème avec eux.

Maitre Nirk acquiesça et il dit en regardant son apprenti :

─ Tu pars le plutôt possible, jeune homme. Un messager préviendra ta venue et prépare-toi. Tu pars rencontrer les tiens. Le voyage ne sera pas de tout repos.

Les deux hommes plus âgés n’attendirent pas de réponses avant de commencer à parler des divers détails concernant le voyage et les marchands. De toute façon, le jeune Traqueur n’aurait pas eu de réponse à donner. Il n’écoutait plus, perdu dans ses pensées. « Est-ce que ce départ serait une bonne chose ou la pire des malédictions? » Il n’en savait rien et cela l’angoissait terriblement.

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