Chapitre 28 - Désespoir

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- Flashback -

Athéna se trouvait face à son ami qui était derrière les barreaux. Comme à son habitude, elle lui avait apporté un peu d'eau et de nourriture supplémentaire.

Athén'...

Non, ne dis rien, rétorqua-t-elle en lui tendant ses rations.

Valentin soupira, puis attrapa sa nourriture. Quelques instants plus tard, après avoir discuté rapidement avec lui, la brunette s'en alla en entendant le gardien arriver. Lorsqu'elle sortit de la prison, elle se dirigea vers la salle à manger pour y retrouver Logan et Felicity.

Bah alors, c'est pas trop tôt ! s'exclama le blond en passant son bras sur les épaules de sa copine.

Ouais désolé, j'ai un peu de retard... répondit Athéna en posant son plateau face à ceux des ses deux amis.

Soudain, la jeune fille repéra Vera et son ami Gabriel au loin.

Tu sais, commença Logan, un jour ou l'autre tu devras bien la pardonner…

- Fin flashback -

Tout le groupe d'adolescents était sous le choc.

— Comment ça on doit quand même faire la guerre !? s'exclama Vera.

— Vous ne vous attendiez quand même pas à ce qu'on aille vivre dehors ? fit Douglas. C'est beaucoup trop compliqué !

— Il a raison, admit le commandant. Nous verrons plus tard ce que nous ferons de cette information. Mais pourquoi nous l'avoir caché pendant tant de temps ?

Les jeunes se regardèrent entre eux.

— Eh bien, on pensait que... balbutia Logan. Enfin c'est très dangereux dehors, vous savez, donc...

— Nous aurions préféré obtenir cette information plus tôt, intervint le sergent Chandler.

Le jeune homme déglutit. À présent, les adultes s'étaient retournés contre eux. Ils ne savaient plus quoi dire, ils n'avaient aucune excuse. Par conséquent, le commandant décida de passer l'éponge pour cette fois, et tous repartirent dans la direction d'où ils venaient. Sur le chemin retour, personne ne parlait dans la voiture avec Douglas. Tous les jeunes étaient dépités.

Une fois arrivés à la station, les adolescents se réunirent à nouveau dans la chambre d'invité de Maya pendant que le nouveau gouverneur allait prévenir tout le monde qu'il allait passer une annonce le soir même. Ils étaient tous désespérés, car désormais ils n'avaient plus aucun moyen d'empêcher la guerre. De plus, Maya se souvint de tous les jeunes qu'elle avait vu s'entraîner, et elle eut un haut-le-cœur.

— Et on peut pas buter le nouveau gouverneur ? demanda la rousse du groupe.

— Ça sert à rien de tuer, Vera, répondit Athéna. On peut pas faire ça avec tout le monde !

Cette dernière jeta un regard noir à la brunette. Soudain, Logan frappa son poing contre le mur et Josh mit ses mains derrière la tête. Plus personne ne savait quoi faire, mais tous voulaient à tout prix trouver une solution. Il eut alors un silence dans lequel tout le monde se mit à réfléchir, mais après quelques secondes Vera fut la première à craquer et elle s'en alla.

— Je vous propose qu'on se repose tous un peu et qu'on se retrouve ici à minuit, déclara Maya. Demain est une grosse journée, on va devoir aider les adultes à déménager les affaires importantes de la station.

Tout le monde était d'accord. Par conséquent, tous s'en allèrent, y compris Josh. Sauf que cette fois, Maya ne le retint pas. Elle avait besoin de réfléchir sur ce qui s'était passé entre eux, car ce n'était pas rien. Elle n'avait jamais rien ressenti de tel, et elle savait que ce n'était pas juste du désir. Elle en était sûre. C'est pourquoi elle préférait s'éloigner de son camarade pour le moment.

De son côté, Vera était partie rejoindre Gabriel. Tous les deux entretenaient une relation ambiguë depuis que Maya était partie. Ils se tournaient autour, passaient des nuits entières ensemble, mais ne savaient toujours pas de quoi qualifier leur relation. Pour la jeune femme, tout ça était nouveau. Elle non plus n'avait jamais ressenti cela pour un garçon, c'était la toute première fois. Ainsi, lorsqu'elle arriva au niveau de son appartement, elle entra comme une furie avant de se jeter sur son compagnon.

— Si on va tous crever après demain, alors autant baiser maintenant, déclara-t-elle entre deux embrassades.

— Attends mais arrête-toi là, lui ordonna le jeune homme en la repoussant délicatement. Qu'est-ce qui s'est passé ?

La rousse s'éloigna avant de commencer à faire les cent pas.

— On avait un moyen. On avait un putain de plan d'empêcher cette foutue guerre ! s'exclama-t-elle. Mais non, il a fallut qu'on soit entourés de plusieurs incapables !

Gabriel prit alors la jeune femme par les épaules, l'obligeant ainsi à le regarder dans les yeux. Il se mit alors à la rassurer, à lui dire que tout irait bien, qu'ils s'en sortiraient... Mais cette dernière ne voulait pas le croire. Elle savait que tout ça ne sentait rien de bon, elle était sûre qu'il allait se passer de mauvaises choses là-bas, et elle refusait de croire que tout ceci pouvait bien se finir. Mais alors qu'elle s'était mise à débattre avec le jeune homme, quelque chose attira l'attention de Vera qui posa son regard dessus.

— Quoi qu'est-ce qu'il y a ? fit Gabriel en se retournant. Oh, le space cake... C'est mon dernier morceau, et en plus il n'est pas très chargé. Ça fait une semaine qu'il est là, alors crois-moi il n'est plus très bon.

La jeune femme reporta son attention sur son interlocuteur et se mit à le fixer dans les yeux avant de prendre son visage entre ses mains.

— S'il te plaît, Gabriel...

— Vera…

— Juste un dernier avant qu'on ne puisse plus en manger, le supplia-t-elle.

Le jeune homme souffla, puis il accepta la requête de sa compagne. Par conséquent il se dirigea vers son placard, prit quelques grammes de cannabis qu'il avait mis de côté, puis Vera et lui partirent en direction des cuisines. Une fois arrivés là-bas, Gabriel donna les quelques grammes au chef afin qu'il les laisse préparer leur gâteau et qu'il leur donne les ingrédients.

Deux heures plus tard, les deux jeunes gens revinrent avec leur gâteau. À l'intérieur, ils avaient mis au moins huit grammes de cannabis. Huit grammes qui assuraient des hallucinations et une forte augmentation de dopamine dans le cerveau. Huit grammes qui allaient les envoyer dans un univers où tout allait bien, là où la guerre n'existait pas et là où personne ne mourrait.

En arrivant, Vera ferma la porte à clef pendant que Gabriel alla installer par terre, au milieu de la pièce, deux coussins face à face. Par conséquent, les deux jeunes s'assirent en tailleur sur les deux oreillers avec seulement un gâteau entre eux. Ainsi, ils se fixèrent pendant quelques secondes, s'approchèrent l'un de l'autre, échangèrent un baiser au dessus du space cake, puis se mirent à le manger.

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans un état d'euphorie totale. Vera et Gabriel riaient, hallucinaient, et se sentaient bien. Ils étaient tous les deux sur un petit nuage, dans leur monde. Ils se sentaient flotter dans un bien être total, comme si rien ne pouvait les atteindre. Mais alors qu'ils étaient pris d'un fou rire, les deux jeunes s'arrêtèrent pour se regarder dans les yeux. Quelques secondes plus tard ils étaient en train de s'embrasser fougueusement sur le lit.

Pendant ce temps, Athéna était passée chez elle pour prendre de l'eau et un peu de nourriture qu'elle avait enveloppé dans un torchon avant de repartir en direction du bureau de la prison. Maintenant que Ayden était de nouveau sur pieds et qu'il avait repris son poste, la jeune fille avait volé la carte magnétique d'un autre garde. Une fois à l'abri des regards, celle-ci passa la carte qui déverrouillait la porte et entra

discrètement à l'intérieur de la prison. Elle attendit que le gardien soit assez loin, puis elle se faufila discrètement jusqu'à la cellule de son ami.

Celui-ci avait d'énormes cernes sous les yeux, était pâle, et avait l'air épuisé. Ses cheveux ne ressemblaient plus à rien, Autour d'eux, aucun prisonnier n'avait jamais rien dit lorsque l'adolescente rendait visite à son camarade.

— Val' ! chuchota-t-elle. C'est moi, je suis là.

— Athéna, combien de fois je t'ai dit d'arrêter de venir ici... soupira le jeune homme tout en s'approchant des barreaux.

— Tiens, répondit cette dernière en lui tendant le torchon dans lequel se trouvaient une gourde d'eau et du pain avec du fromage.

— Merci...

Mais alors qu'elle s'apprêtait à lui parler d'autre chose, la jeune fille entendit des voix. Il y en avait trois en tout, dont celle de son frère. Elle ne fut pas étonnée d'entendre Ayden, car il faisait parti de ces gardes qui devaient torturer les prisonniers. En revanche, son sang se glaça lorsqu'elle entendit ces voix s'approcher de la cellule de son ami. Par conséquent, elle reprit le torchon qu'elle avait donné à son ami et alla se cacher dans la cellule vide d'à côté. Soudain, les trois gardes arrivèrent au niveau de Valentin.

— Toujours pas envie de passer au purgatoire ? demanda Ayden au garçon avec une voix sombre.

— Je vous l'ai déjà dit, je ne tuerai personne pour survivre, répondit le jeune homme.

— Bien, dans ce cas tu sais ce qui t'attends.

Alors, Athéna perçut le bruit de la cellule se déverrouiller et une chaise se poser au milieu de celle-ci. Ensuite, quelqu'un – probablement Valentin – s'assit dessus puis la jeune fille entendit un coup de fouet, ce qui la fit sursauter. Elle se retint alors de pousser un gémissement qui pourrait trahir sa présence, par conséquent elle continua à écouter la séance de torture de son ami en silence.

— Tu veux toujours pas y aller !? s'écria Ayden.

— Non ! hurla Valentin.

Soudain, la brunette entendit un cliquetis. Un son qu'elle connaissait trop bien ; celui d'un glock 17. Elle ne put donc s'empêcher de ramper vers la cellule de son camarade pour voir ce qui s'y passait. Elle découvrit alors son frère et les deux gardes dos à elle, et face à Valentin. Lorsqu'elle vit que Ayden était en train de pointer son arme sur le front du jeune homme, Athéna se précipita de se mettre devant son ami afin de le protéger. Par conséquent, les deux gardes dégainèrent leur arme, mais comme ils savaient que la fille était la petite sœur d'Ayden, ils ne la pointèrent sur elle.

— Athéna !? s'exclama le vingtenaire. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

— Athén' ! fit Valentin derrière elle. Reste en dehors de ça s'il te plaît.

— Il a raison, reste en dehors de ça, ajouta Ayden toujours son arme à la main.

— C'est pas question ! rétorqua cette dernière en regardant son frère avec colère. Je ne te laisserai pas lui faire du mal, c'est mon ami !

Le jeune homme jeta alors un regard aux deux gardes à côté de lui avant de leur déclarer :

— Emmenez-là.

Mais alors qu'ils commençaient à s'approcher d'elle, la brunette sortit un pistolet de derrière son pantalon et le pointa sur les deux hommes qui s'immobilisèrent aussitôt. Elle aussi avait prit l'habitude de toujours avoir une arme sur elle, juste au cas où. Alors, l'adolescente se mit à regarder son frère avec un regard dur tout en s'approchant de lui.

— Si tu fais ça, alors je n'hésiterai pas à tirer.

— Athéna, s'il te plaît... fit Ayden qui n'avait toujours pas baissé son pistolet.

Soudain, la jeune fille s'était suffisamment approchée pour arriver pile en face de l'arme du vingtenaire. Alors, elle baissa son arme puis colla son front au canon du glock 17 sans détacher son regard de son frère. Celui-ci était déconcerté, il ne savait pas quoi faire. Il n'arrivait même plus à bouger. Comment s'était-il retrouvé dans cette situation ?

— Athéna, répéta-t-il, je t'en pris décale-toi.

— Tire, lui ordonna-t-elle.

Le jeune homme se mit à trembler. Soudain, Valentin ne supporta plus cette situation. Par conséquent, il craqua, puis s'exclama :

— C'est d'accord, c'est d'accord ! Je vais me battre.

Brusquement, Athéna se retourna vers son ami et les gardes profitèrent de ce moment d'inattention pour l'attraper. L'adolescente se mit alors à se débattre du mieux qu'elle le pouvait tout en hurlant à plein poumon, mais elle n'était pas assez forte pour contre les deux hommes qui la tenaient. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues, des larmes de rage et de désespoir.

— Je te déteste ! hurla-t-elle à son frère qui la regardait avec peine. Va brûler en enfer !

Au même moment, Logan était en train de s'entraîner avec Felicity. Il lui apprenait à se battre correctement, et l'aidait à gérer son anxiété. En revanche son esprit était complètement ailleurs, et ce, sa petite amie l'avait bien remarqué. Elle pensait donc que c'était à cause de la guerre qui se préparait, mais elle était loin de se douter que la réelle cause de son tourment, c'était elle.

— Tout va bien ? lui demanda la jeune fille.

— Oui, t'inquiète pas. Faut juste que j'aille boire, répondit le blond.

Ainsi, pendant leur petit entraînement, le jeune homme fit mine de prendre une pause puis se mit à regarder sa copine s'entraîner avec le sac de frappe. Soudain, il se rendit compte à quel point il était attaché à elle, alors il se mit à avoir peur. Il ne voulait vraiment pas la perdre, et il savait qu'il avait des sentiments envers elle... Sauf que ces sentiments le rendaient faible. Du moins, c'est ce qu'il pensait.

— Bah alors, tu reviens pas ? fit l'adolescente toute essoufflée en s'approchant de son compagnon.

Logan ne broncha pas, il avait le regard dans le vide.

— Hé, dit-elle en posant doucement ses mains sur les joues du jeune homme. Ça va ?

— Oui, répondit-il un peu froidement.

— T'es sûr ? Viens, on doit reprendre l'entraînement.

Mais alors que Felicity avait attrapé son copain par la main pour l'emmener avec elle, celui-ci ne bougea pas. Il resta immobile, puis se mit à remonter doucement son regard du bras de la jeune fille jusqu'à son visage. Son visage qui était si doux, et si apaisant... Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, et elle sentait que quelque chose n'allait pas avec Logan. Mais alors qu'elle était sur le point de lui demander ce qu'il avait, une annonce retentit à travers tous les hauts parleurs de la station.

— À tous ceux qui ont été déclarés aptes à se battre, fit la voix de Douglas, vous êtes priés de vous rendre au réfectoire afin de connaître le programme trente-six heures.

Suite à cela, les deux adolescents échangèrent un regard avant de se mettre en route vers l'endroit indiqué. Une fois là-bas, ils rejoignirent Maya, Josh et Athéna qui se trouvaient assis au milieu de l'une des quatre longues tables qui meublaient l'énorme salle à manger de la station. La brunette du groupe ne parlait pas, et elle avait l'air folle de rage. D'ailleurs, elle n'était pas la seule à être muette. Maya et Josh n'avait pas échangé un seul mot depuis leur arrivée, ni même un regard.

En silence, Logan s'installa face à Athéna et Felicity s'installa près de lui. Il ne manquait plus qu'une personne ; Vera. Mais son ancienne meilleure amie n'aurait pas vraiment apprécié de la voir, c'est pourquoi le blond ne s'étonna pas de son absence. De toute façon, la rousse avait toujours été assez solitaire et elle se fichait bien des ordres qu'on pouvait lui donner. Si elle n'avait pas envie de venir, elle ne venait pas.

La salle était remplie de personnes, qui, pour la plupart était des jeunes qui discutaient entre eux en attendant l'arrivée du nouveau gouverneur. Soudain, lorsque celui-ci arriva, il se plaça tout devant au milieu des tables afin de capter l'attention de tout le monde. Lorsque ceux de devant le repérèrent, ils commencèrent à se taire, puis petit à petit le réfectoire fut plongé dans un silence.

— Bonjour à tous ! fit Douglas dans le haut parleur qu'il avait pris avec lui. Après-demain, nous partons à la guerre. Et cette guerre, nous allons la gagner !

Il eut un petit silence, puis soudain tout le monde se mit à crier. Non pas des cris d'horreur, non pas des cris de désespoir... Mais des cris de guerre.

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