Chapitre 29 - « Si vis pacem, para bellum »

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- Flashback -

Cachée derrière un arbre, Maya observait le jeune Cunningham et ses deux gardes errer dans la forêt. Évidemment, tous les trois portaient un masque à oxygène.

Monsieur, la nuit va bientôt tomber... fit la trentenaire à côté de lui.

Retournez au véhicule, ordonna-t-il. Je vous je rejoins dans quelques minutes…

La femme et l'homme qui l'accompagnaient s'exécutèrent. Lorsqu'ils furent enfin hors du champ de vision de Josh, celui-ci ôta son masque et prit une grand inspiration. À cet instant, Maya voulut être près de lui.

Allez quoi, reviens merde ! s'exclama le jeune homme en regardant tout autour de lui. Je sais que t'es là, quelque part, et que tu m'entends... Alors si c'est vraiment le cas, saches que je n'arrêterai jamais d'essayer de te retrouver.

Sur ces paroles, il remit son masque puis finit par s'en aller.

Un jour Josh, un jour on se retrouvera... murmura la blonde.

Après ça, Maya retourna à son petit campement. Tout au long du chemin qui menait là-bas, elle ne put s'empêcher de se repasser en boucle l'image de son camarade.

Tu me manques aussi... marmonna la jeune fille en pensant à lui.

- Fin flashback -

Après la réunion du réfectoire, Maya s'était dirigée vers sa chambre afin de prendre un peu de repos. Elle s'était assise sur son lit, et tenait entre ses mains la carte magnétique de son père avec sa photo. Il lui manquait terriblement, mais elle avait appris à vivre sans lui. Cela avait été extrêmement dur pour elle au début, au point qu'elle voulut même en finir à plusieurs reprises, mais avec le temps la douleur s'était faite moins intense jusqu'à ce qu'elle devienne supportable.

Sur un coup de tête Maya mit sa veste, glissa la carte de son père dans sa poche, mit son glock 17 derrière son pantalon, puis se dirigea vers le bureau du gouverneur. Une fois arrivée là-bas, elle ouvrit la porte et découvrit que l'endroit était vide. Par conséquent, elle alla jusqu'à la salle de communication. À l'intérieur se trouvaient comme à la base plusieurs ordinateurs et plusieurs homme devant avec des gardes pour les protéger. Douglas se trouvait au milieu de cette pièce, il supervisait tout le monde.

— Maya, comment vas-tu ? fit ce dernier.

— Bien. Est-ce que tu peux m'ouvrir l'entrée de la station s'il te plaît ? demanda l'adolescente.

— Pourquoi faire ?

— Robert, s'il te plaît... J'ai besoin d'aller dehors.

L'homme soupira, puis ordonna à ses hommes d'ouvrir l'entrée de la station.

— Tu es sûre que tout va bien ? Tu sais, on a pas pu beaucoup discuter depuis la mort de-

— Je pense que papa et toi vous n'étiez plus en de bons termes ces derniers temps, l'interrompit la blonde.

Douglas baissa les yeux, puis reprit ses activités. Ce dernier avait beaucoup souffert de la mort de son meilleur ami, même s'il ne l'avait pas forcément montré. De plus, il connaissait Maya depuis son plus jeune âge, et la laisser se mettre autant en danger lui donnait l'impression de trahir Nate en ne la protégeant pas. Sauf que Robert savait qu'elle n'était plus une enfant désormais.

Une fois arrivée dans la salle d'ouverture Maya vit l'entrée s'ouvrir, et, à pieds, elle remonta la montée jusqu'à se retrouver à l'extérieur. Dehors, il faisait nuit noire. Une douce brise faisait frissonner la jeune fille et soulevait ses longs cheveux blonds ondulés. Elle resserra alors sa veste militaire jaunâtre, oubliant qu'elle avait vécu dans ce froid de la nuit pendant plus de trois mois.

L'adolescente marcha alors pendant un quart d'heure jusqu'au pied d'une montagne qui se trouvait pas loin derrière la station Luciole. Une fois arrivée elle emprunta un petit chemin recouvert de cailloux qui l'emmenait jusqu'au sommet. Après une vingtaine de minutes à gravir la montée, Maya se retrouva à un endroit qu'elle connaissait bien. C'était son lieu préféré, une petite plateforme de la montagne d'où elle pouvait voir le paysage magnifique de la forêt et des gorges au fond, avec devant elle une vue directe sur sa base et toute la terre séchée autour d'elle dans un rayon de deux kilomètres.

La jeune fille s'assit sur un rocher près du bord. Elle se trouvait à une centaine de mètres de hauteur, mais elle n'avait pas peur. Au contraire, elle aimait dominer tout ce paysage terrifiant que lui offrait la nature. De plus, elle adorait observer sa base. Elle donnait l'impression d'avoir été une météorite qui s'était écrasée en plein milieu de la forêt, ainsi la détruisant tout autour d'elle. Maya sortit alors la carte magnétique de Nate, puis se mit à lui parler.

— Papa, si tu savais comme c'est dur ici... J'ai encore besoin de toi tu sais, je peux pas gérer tout ça toute seule...

La blonde regarda l'horizon. Sa gorge se noua légèrement, et sa voix trembla légèrement.

— Tu me manques tellement... J'ai besoin que tu me prennes dans tes bras, j'ai besoin que tu me dises que tu m'aimes. Tu sais, j'aurais voulu te montrer plus souvent à quel point je t'aime. Tu es mon héros, tu sais. Et je n'oublierai jamais tout ce que tu as fait pour moi, tu entends ? Jamais.

Elle avait désormais les larmes aux yeux. C'était la première fois que Maya parlait à son père depuis sa mort. Elle aurait tout donné pour qu'il revienne, mais malheureusement elle savait que tout n'était pas suffisant pour contrer la mort. Pourtant, c'était son souhait le plus cher. Elle se mit alors à se remémorer des souvenirs qu'elle avait eu avec lui. La première fois qu'un de ses dents était tombée, toutes les fois où elle était venue dormir avec lui à cause d'un cauchemar, le jour où elle avait pleuré pendant une heure dans ses bras parce que la dame qui servait à manger était morte...

— J'ai besoin de ton aide, papa... articula-t-elle à travers ses sanglots. Comment est-ce que je suis censée empêcher cette guerre ?

Soudain, la jeune fille entendit du bruit. Elle s'empressa alors d'essuyer les larmes qui coulaient le long de ses joues puis elle se retourna brusquement tout en dégainant son arme. Elle vit alors un latin faire son apparition. Tout comme les autres, il portait une tenue similaire à celle des amérindiens lors de la découverte de l'Amérique. En silence, celui-ci se mit à avancer doucement vers Maya tout en la fixant droit dans les yeux pendant qu'elle continuait de pointer son arme sur lui.

— Je ne te veux pas de mal, dit-il avec un fort accent tout en levant les mains en l'air.

Alors, sans trop savoir pourquoi, l'adolescente baissa son pistolet et le laissa s'approcher d'elle. Le latin était grand, il dominait Maya par sa taille. Pourtant, elle n'avait pas peur. Ce fou n'était pas comme les autres, il n'avait pas l'air d'être là pour capturer la grand « Hedapuella », ni pour l'agresser. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques centimètres d'elle, il se pencha vers elle et lui chuchota lentement dans l'oreille :

— Si vis pacem, para bellum...

Après cette phrase, il tourna les talons et s'en alla comme si de rien n'était. En quelques secondes à peine, il disparut du champ de vision de Maya. Au point qu'elle en vint à se demander si ce n'était pas une hallucination. Par conséquent la jeune fille se tourna une dernière fois vers l'horizon pour admirer la vue, puis se repassa en boucle les mots que venait de lui dire le latin.

— « Si tu veux la paix, prépare la guerre », répéta-t-elle dans sa langue.

L'adolescente comprit à cet instant quelque chose de grave ; la guerre était inévitable. Par conséquent, elle se retourna à son tour et prit le chemin retour pour rentrer à la station. Elle descendit alors le petit chemin sinueux qu'elle avait emprunté pour arriver jusqu'à son endroit, traversa à nouveau la forêt de sapins, croisa quelques insectes, puis finit par retrouver l'entrée fermée de la station. Une fois devant, elle entra en communication avec Douglas qui lui ouvrit immédiatement.

Quand elle fut à l'intérieur, Maya se dirigea vers sa chambre afin de se reposer. Mais tant dis qu'elle était en train de se passer de l'eau sur la figure, elle ne put s'empêcher de penser à Josh. Il n'avait pas quitté ses pensées depuis qu'elle était partie de la base quelques mois plus tôt. Elle ne pouvait s'arrêter de penser à lui, pourtant c'est ce qu'elle avait essayé de faire à maintes et maintes reprise. Sans succès. Mais alors que Maya venait de sortir de la petite salle de point d'eau de sa chambre d'invité, soudain quelqu'un ouvrit la porte.

— Encore, sérieusement ? fit Josh. Tu sais, t'es pas obligée de te barrer à chaque fois que t'as un problème !

— Attends, comment tu sais que j'étais dehors ? Tu m'espionnes ou quoi ? rétorqua Maya tout en croisant ses bras sur sa poitrine.

— Non, je t'espionne pas putain ! s'exclama le jeune homme. Je te cherchais juste pour qu'on trouve une solution à ce putain de bordel quand Douglas m'a dit que tu t'étais encore barrée ! Mais bon, tu sais quoi ? Laisse tomber.

Sur ce, Josh s'en alla. Il était fatigué, il en avait marre de toute cette comédie avec sa camarade. C'est pourquoi il décida de définitivement lâcher prise avec elle. Il l'avait cherché pendant trois mois, trois mois entiers. Au final, depuis qu'elle était revenue, ils n'avaient que de se disputer. Enfin, à part un soir. Un soir dont ils n'avaient toujours pas parlé, un soir qui signifiait beaucoup plus de choses pour lui que pour elle... Du moins, c'est ce qu'il pensait.

Une fois sorti de l'appartement, le jeune homme entendit Maya l'appeler, mais il ne se retourna pas. Il passa au logement qui lui avait été attribué au sein de la station afin de prendre la bouteille d'alcool que le commandant de la base lui avait donné puis il s'en alla. Ensuite, il erra dans les couloirs jusqu'à arriver dans la salle de purgatoire. Il s'installa alors dans les gradins vides puis se mit à fixer l'intérieur des deux « cages » de verre transparent.

Josh ouvrit alors sa bouteille de whisky et se mit à boire. Il avait attendu longtemps pour l'ouvrir, mais c'était surtout le retour de son amie qu'il avait attendu pour le faire. Et maintenant qu'elle était là, il n'avait plus de raison d'attendre. Par conséquent, il enchaîna les gorgées du liquide qui lui brûlait la trachée et lui réchauffait l'estomac. Il aimait cette sensation, elle lui rappelait celle où le corps de son amie était collé contre le sien.

L'adolescent se remémora le jour où lui et sa camarade avaient dû se battre à l'intérieur de ces cages. Ce jour-là, elle lui avait dit qu'elle ne l'abandonnerait pas. Ce jour-là, elle avait l'air sincère. Et pourtant, c'est ce qu'elle avait fait. Ce jour-là pourtant, la jeune fille l'avait calmé et apaisé. Lorsqu'elle l'avait pris dans ses bras afin de l'empêcher de continuer à battre le cadavre de la pauvre prisonnière contre qui il se battait, Josh s'était immédiatement arrêté. C'était ce jour-là qu'il avait compris qu'elle avait de l'emprise sur lui.

Le jeune homme se mit alors à penser à cette fameuse soirée. Tous les deux étaient si proches et si connectés qu'on aurait dit que plus rien n'existait tout autour d'eux. À cet instant, Josh avait un plaisir intense et un bonheur infini... Il se sentait unique, il se sentait bien, il se sentait aimé... Et surtout, il ne se sentait plus seul. Ce moment avait été un mélange de testostérone, d'ocytocine, et de dopamine dans son cerveau qui lui avait donné l'impression d'être drogué. Drogué à l'amour et au plaisir.

Une demi-heure plus tard, le jeune homme avait descendu les trois quart de sa bouteille. Sa tête s'était mise à tourner, mais il se sentait mieux. Par conséquent, il s'était relevé avec difficulté, puis était parti de la salle. Il avait fait en titubant légèrement le chemin retour vers son logement tout en faisant des sourires maladroits à chaque personne qu'il croisait dans les couloirs. Lorsqu'il fut arrivé devant chez lui, il ouvrit la porte puis découvrit une surprise.

— Faut qu'on parle, fit Maya tout en s'approchant de son camarade.

Avec un air hébété, le jeune homme referma doucement la porte derrière lui sans quitter des yeux la jolie blonde qui se trouvait face à lui.

— Tu sais, j'ai réfléchi, et-

— Et tu as réfléchi le jour où tu m'as laissé tomber ? la coupa-t-il.

L'adolescente avança jusqu'à son ami, puis elle prit ses joues entre ses mains avant de déclarer :

— Je suis vraiment désolée d'être partie ce jour-là. Pardonne-moi, Josh. S'il te plaît... J'ai besoin de toi.

Le brun se dégagea de l'emprise de sa camarade avant de faire quelques pas vers le milieu de la pièce tout en se passant sa main sur le visage. Il en avait assez de tout ça. Il ne comprenait même pas ce qui était en train de se passer entre eux. Toujours de dos à Maya, il se mit à penser... puis il décida qu'il était temps de poser franchement les choses.

— Je suis quoi pour toi, Maya ? On est quoi, nous ? fit le jeune homme se retournant soudainement. Non, parce-qu'on est pas amis. Je suis désolé mais pour moi les amis ne couchent pas ensemble.

— T'as raison, c'est juste que... soupira-t-elle en mettant une main sur son front.

— C'est juste que quoi ? demanda Josh, toujours sa bouteille à la main.

— C'est juste que j'ai peur que cette soirée ne signifie pas la même chose pour toi et moi...

Le jeune homme fit un sourire dégoûté tout en hochant la tête et en regardant ailleurs, comme pour encaisser le coup.

—... Parce-que je crois que j'ai des sentiments envers toi.

Soudain l'adolescent tourna la tête vers sa camarade, comme pour vérifier que ce n'était pas une blague. Lorsqu'il vit son air sérieux, sa tête se décomposa. De nouveau la jeune fille soupira avant de venir s'asseoir sur le lit de son camarade. Il pouvait voir de là où il se trouvait que ses mains tremblaient, et qu'elle était complètement paniquée. Par conséquent, Josh posa sur la bouteille qu'il avait à la main sur sa table, puis il se dirigea vers son amie. Il s'agenouilla alors devant elle, puis posa ses mains sur ses cuisses.

— Tu aurais dû me le dire plus tôt, dit-il avec une voix calme.

La jeune fille leva les yeux vers lui, avant de répondre :

— Je savais pas comment tu allais réagir...

— Mais enfin Maya, pourquoi tu crois que je m'acharnais autant sur nous ?

— Pourquoi ?

— Parce-que moi aussi j'ai des sentiments envers toi.

La blonde resta bouche bée pendant quelques instants, puis son visage s'illumina. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Ces mots avaient suffi à accélérer les battements de son cœur, et elle avait comme une sensation de papillons dans le ventre. À cet instant, les deux adolescents ne purent empêcher un énorme sourire se former sur leur visage. Ainsi, ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, laissant disparaître tout ce qui se trouvait autour d'eux.

— Je ne t'abandonnerai plus jamais Joshua Cunningham, déclara Maya tout en prenant la tête de son camarade entre ses mains, tu m'entends ? Plus jamais.

Le jeune homme joua avec une mèche des cheveux blonds ondulés de la jeune fille tout en contemplant son doux visage avec un petit sourire.

— Je ne te laisserai plus jamais partir.

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