Chapitre 22 - Tuer le gouverneur

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- Flashback -

Tant dis que le gouverneur était dans la salle de communication en train de surveiller les caméras de surveillance de la station, deux hommes entrèrent soudainement.

Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

Monsieur, c'est votre femme…

Mais avant que les gardes ne puissent dire quoi que ce soit, Tulius Bishop s'était déjà précipité hors de la salle pour aller jusqu'au niveau trois.

Non, non ! Callie, non ! s'exclama-t-il en prenant la main de sa femme.

Le gouverneur se mit à sangloter.

Tu peux pas me faire ça, allez réveille-toi !

Voyant qu'elle ne respirait plus, l'homme lâcha sa main. Alors, tout tremblotant, il s'approcha une dernière fois de sa femme afin de lui donner un baiser sur le front.

Je te rejoindrai bientôt, c'est promis…

- Fin flashback -

Maya, Josh, Nate, Robert et Mike avaient laissé leur Humvee à l'entrée de la forêt et marchaient en silence dans les bois depuis maintenant quelques minutes. Quelques fois le sergent Winchester tentait de faire des remarques pour que l'ambiance soit moins tendue avant la mission, mais c'était comme s'il y avait un éclair entre Nathaniel et Douglas lorsque leurs regards se croisaient.

— Et sinon, puisque vous étiez dehors pendant autant de temps, vous avez croisé des animaux ? demanda Mike aux adolescents.

— À part un serpent, on a vu que des insectes, répondit Josh à travers son masque à oxygène.

Les branches craquelaient à chacun des pas du groupe et quelques petites bêtes passaient par là de temps en temps. De plus, le vent qui soufflait faisait danser les arbres et soulevait légèrement les cheveux blonds ondulés de Maya. Ce souffle qui s'écrasait sur le visage de chacun était apaisant. Tous profitèrent de cet instant pour se calmer.

Trois quarts d'heure plus tard, ils étaient presque arrivés à la station. Maya les avait guidé avec une boussole et une carte donnée par le gouverneur. Mais alors que tous marchaient en silence quand brusquement un homme à moitié nu surgit de nul part et se rua sur Nate, le faisant ainsi tomber à terre. Maya et Josh eurent à peine le temps d'échanger un regard que Douglas dégaina son fusil et abattu le sauvage. Pour les adolescents ils n'y avait pas de doute ; c'était un fou.

Il y avait du sang et des bouts de cervelle partout à droite du sergent Nelson. Par chance, Robert se trouvait à côté de lui lors de l'attaque et avait pu tirer sur l'homme tout en évitant de tuer son collègue. Choqué, ce dernier repoussa le cadavre qui tomba sur le dos et s'en éloigna rapidement. Tout en fixant le mort, Douglas tendit une main à son ami pour l'aider à se relever.

— Qu'est-ce que c'était que ça !? s'exclama le sergent Winchester pendant que Nate essuyait les gouttes de sang qui avaient atterri sur lui.

Maya et Josh se regardèrent à nouveau.

— C'est... un fou, lâcha la jeune fille. Ces personnes viennent probablement de la tribu dont on vous a parlé.

Les trois sergents demeurèrent en incompréhension. Ce dernier avait les mêmes peintures rouges et le même style de tenue que les autres qu'avaient croisé les jeunes. Son torse était exposé à la faible lumière du soleil, et de la bave sortait de sa bouche. Sa peau était légèrement bronzée, mais elle était surtout très sale. Cela se devinait que son mode de vie n'était pas l'un de ceux adopté par l'une des deux station que le groupe connaissait.

— Un fou ? Mais de quoi est-ce que tu parles ? demanda Nathaniel, les mains sur les hanches.

— On en a croisé deux sur le chemin qui menait à ce camp, répondit Josh.

— Ceux sont probablement des gens qui ont choisi de vivre dans la nature, ajouta Maya.

Les trois sergents se regardèrent, puis Douglas se mit à examiner le corps. Après une rapide analyse, il se releva et déclara :

— On en reparlera plus tard. Pour le moment, nous avons une mission.

Tout le monde acquiesça et le groupe repartit en direction de la station Luciole, laissant le corps du latin baigner dans le sang qui s'écoulait de son crâne...

Quelques minutes plus tard, Maya, Josh et les trois sergents arrivèrent face à l'entrée de la station Luciole. La jeune fille du groupe s'approcha du système de communication puis entra en contact avec les personnes de l'intérieur. Lorsqu'elle déclina son identité, l'entrée s'ouvrit presque instantanément. Mais alors que Nate, Robert et Mike étaient en train de décharger leur arme avant d'entrer, Josh s'approcha de sa camarade en mettant une main sur son épaule et lui souffla :

— T'en fais pas, je suis avec toi. Détends-toi, tout va bien se passer.

À cet instant, la blonde se détendit. À leur tour les adolescents déchargèrent rapidement leur fusil, puis tout le groupe pénétra à l'intérieur de la station. Dès l'instant où tous furent en bas de la descente, le gouverneur fit son apparition. Il avait un petit rictus sur le visage. Maya l'avait remarqué. Elle avait aussi remarqué son petit air sinistre, ce qui ne la rassurait pas du tout. Elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond, et en voyant son camarade, elle comprit que lui aussi l'avait senti.

Évidemment, ce dernier était toujours accompagné de deux gardes qui l'escortaient. Mais aujourd'hui, ils n'étaient pas deux, mais six. En plus de ça, deux de ces gardes étaient cagoulés et ne laissaient paraître que leurs yeux. Des yeux qui semblaient familiers à Maya et son camarade... Mais pourquoi ? Et pourquoi prendre autant de précautions ? Cela mettait le plan de des deux adolescents en danger, mais il ne restait pas impossible à réaliser. Les adolescents échangèrent un regard, comme pour confirmer le maintien du plan.

— Bien le bonjour ! Mon nom est Tulius Bishop, et je suis le gouverneur de la station Luciole, se présenta-t-il tout en serrant la main de Nate, Robert puis Mike. Qui d'entre vous est le commandant de votre base ?

Nathaniel fit un pas en avant, comme pour devancer Douglas. Mais celui-ci n'avait pas l'air d'avoir voulu jouer le rôle du responsable.

— Enchanté, monsieur...

— Monsieur Perkins, mentit le trentenaire.

Si le gouverneur savait que Maya et Nate portaient le même nom de famille, alors il allait se douter de quelque chose.

— Bien, fit-il avec un petit sourire formel. Veuillez tous nous suivre s'il vous plaît, nous allons nous entretenir dans la salle de réunion.

Sur ces paroles le quinquagénaire tourna les talons et se dirigea vers la porte de sortie, et le groupe de Maya les suivit. Avec deux étages entiers pour faire vivre mille deux cents cinquante six personnes, la superficie de la station n'était pas des moindres. De ce fait, il fallait marcher un petit peu avant d'atteindre cette fameuse salle des réunions.

Il était précisément onze heure trente six, et Maya pouvait de loin sentir l'odeur que dégageait le réfectoire de la station. Un mélange de vapeur d'épices et de douceur... Quelque chose qu'elle aurait aimé sentir à la base. Là-bas les plats avaient l'air moins élaborés qu'à la station, mais cela paraissait logique que les deux camps aient des différences d'avancée dans certains domaines.

Les bruits de pas de tout le petite monde résonnaient dans le couloir neutre et vide où il se trouvait. Mais alors que ce petit comité venait de passer une intersection, quelqu'un se jeta sur Maya, un couteau à la main, et la plaqua contre le mur. Cette dernière mit alors quelque secondes à réaliser que son agresseur n'était autre que Vera. Mais alors que tout le monde s'était tourné vers les filles, la rousse murmura à son otage :

— On a un plan et on ne va pas laisser cette guerre arriver !

— Mademoiselle Orsini, veuillez lâcher ce couteau et laisser partir la fille ! ordonna la voix du gouverneur derrière Vera.

Soudain, mais alors que Nate commençait à s'avancer avec détermination vers la rousse afin de la dégager de sa fille, un cliquetis retentit. Lorsqu'il tourna la tête, il découvrit son propre fils en train de pointer un pistolet sur lui. Alors, il s'arrêta. Quant au gouverneur, il fit signe à ses hommes de ne rien faire pendant qu'une troisième fille faisait son entrée en pointant une famas volée sur lui. C'était Athéna.

— On ne va pas s'allier à la station, articula Maya tant dis que sa camarade était presque en train de l'étrangler. Diana et Donovan, les deux rescapés de la montagne, sont venus nous voir dehors pour nous obliger à ne pas déclencher la guerre... Alors on a trouvé un plan pour tuer le gouverneur.

Il eut d'abord de la surprise dans les yeux de Vera, puis son visage se décomposa. Elle savait que c'était impossible, tout simplement parce-qu'il n'y avait aucuns rescapés qui se nommaient comme ça. Les seules personnes de la station à porter ce nom étaient deux gardes qui étaient censés escorter le gouverneur et ses invités aujourd'hui. Quand celle-ci comprit la gravité de la situation, elle répondit à Maya quelque chose qui lui glaça le sang :

— Nous sommes en danger.

La rousse laissa tomber son couteau, puis se tourna vers le gouverneur et ses hommes. Ainsi les deux gardes qui étaient cagoulés enlevèrent leur couvre-chef, laissant ainsi les autres découvrir leur vrai visage. Suite à cela, Maya et Josh eurent une montée d'adrénaline. Le gouverneur leur avait tendu un piège, et Diana et Donovan avaient en réalité la fidélité des deux adolescents !

Soudain, tous furent plus ou moins pris de panique. Tous, sauf un homme. Le gouverneur. Dans son plan, le détail des trois adolescents lui avait échappé... Et pourtant, il continuait d'être persuadé que tout était sous contrôle. Sauf que ce dont il n'était pas encore au courant, c'était que ce petit détail allait lui coûter la vie. Mais à quel prix ?

— Je ne vous félicite pas, mademoiselle Nelson. Ni vous, monsieur Cunningham, déclara le gouverneur. Vous avez échoué à mon test.

— Vous vous foutez de moi !? fit Maya tant dis que sa camarade s'était écartée. La vie de nos amis ont été menacées, qu'est-ce que vous vouliez qu'on fasse ? On avait pas le choix !

— On a toujours le choix, répondit-il avec un air glaciale.

Cette réplique avait fortement agacé la jeune fille. Mais alors qu'elle s'apprêtait à répondre, Athéna s'écria brusquement :

— Laissez-les partir ou je vous tire dessus !

Le quinquagénaire fit un signe à ses gardes. Ils se mirent alors à viser tout le monde avec leur fusil et l'un d'entre eux, Donovan, attrapa Nate et le prit en otage pendant qu'il dégaina un glock 17 et le pointa sur la tempe du père de Maya. Au même moment, Vera avaient dégainé son pistolet sur le gouverneur, Maya avait pris pour cible Donovan, et Josh, Logan et Athéna, s'étaient chacun mis à pointer un homme. Leur cœur battait à mille à l'heure.

De leur côté, Robert et Mike étaient impuissant. Leurs fusils avaient été vérifiés lorsqu'ils avaient passé la porte qui donnait sur l'intérieur de la station afin de s'assurer qu'ils étaient bien déchargés. Ça avait été pareil pour les autres, mais seuls Maya et Josh avaient pris le risque d'apporter une seconde arme à feu. Et maintenant, tout n'était plus qu'une question de timing.

Même le gouverneur avait perdu son petit rictus, de même que Maya avait perdu son sang froid dès l'instant où elle avait vu son père se faire attraper par l'un de ses hommes. Elle était terrifiée à l'idée de perdre l'être qui lui était le plus cher au monde, et elle savait qu'elle ne le supporterait pas. Si le gouverneur appuyait sur la détente, ça aurait été comme s'il la tuait elle aussi.

— Maya, Logan, fit Nate tant dis que les deux concernés ne détachaient pas leur regard de leur cible. Je vous aime très fort, mes enfants. Vous êtes désormais responsables l'un de l'autre, alors prenez soin de vous et occupez vous l'un de l'autre...

Tout se passa au ralenti. Maya murmura un petit « non » avant que Vera ne se décide à tirer un premier coup. Suite à cela, Athéna ouvrit le feu et toucha deux gardes avant de se recevoir une balle en plein dans l'épaule, Logan et Maya abattirent leurs ennemis sans une égratignure, Josh mit une deuxième balle à l'homme que Athéna avait seulement touché, et il fallut un deuxième tir à Vera pour abattre le gouverneur. Sauf qu'entre ces deux détonations, celui-ci avait eu le temps d'appuyer sur la détente... et avait fait explosé le cerveau du sergent Nelson.

Les deux hommes avaient eu une dernière pensée avant de mourir. L'un avait pensé à ses enfants, et l'autre repensait à sa femme. Juste avant de s'éteindre, leurs visages s'étaient apaisé. Ils allaient finalement tous les deux rejoindre le grand amour de leur vie. Ils n'allaient plus souffrir du manque. Ils étaient heureux. Ils étaient partis...

Des éclats de sang et de cervelle furent projetés contre le mur. Le corps de Nathaniel s'effondra à terre, baignant dans le sang qui se propageait petit à petit autour de sa tête, les yeux ouvert... Lors de cette vision d'horreur, Maya hurla tout en se précipitant vers le cadavre de son père. Elle n'arrivait pas à y croire, elle avait l'impression de nager en plein dans un cauchemar éveillé.

— Papa ! hurla-t-elle de toute sa voix.

Des larmes dévalaient ses joues. Sa gorge n'avait jamais été aussi nouée, et son corps tout entier était en train de trembler.

— Papa, répéta-t-elle en le secouant par les épaules.

Mais lorsque la réalité la rattrapa, tout son monde s'écroula. Elle se mit alors à hurler de toutes ses forces. Autour d'elle, il y avait plusieurs cadavres qui baignaient dans leur sang. À cet instant, la jeune fille n'avait plus conscience de la réalité. Ses larmes brouillaient sa vision, et elle sentit sa poitrine tellement s'oppresser qu'elle n'en arrivait plus à respirer. Elle se mit alors à serrer le corps de son père contre elle.

Soudain, une main se posa sur son épaule. C'était Robert, et il s'était accroupi près du cadavre de son ami en versant quelques larmes. Mike, lui, n'avait pas bronchait pas. Il était sous le choc. De son côté, Logan avait lâché son arme, et s'était approché de son paternel avec les yeux mouillés. Après quelques instants de silence brisé par les sanglots de Maya, Douglas décida de délicatement l'éloigner du corps avant de la prendre dans ses bras.

— Au revoir papa, murmura Logan avant d'éclater en sanglots.

Papa. Il ne l'avait jamais appelé comme ça, et maintenant il ne pourra plus jamais... Et juste avant son décès, il lui avait dit ces trois mots. Ces trois mots qui allaient le marquer à vie. « Je vous aime ». C'était quelque chose qu'il avait toute sa vie espéré entendre de sa part, et maintenant c'était son dernier souvenir. Maintenant, son plus regret était qu'il ne lui avait pas dit « moi aussi »...

Soudainement, des gardes commencèrent à arriver. Alors, Douglas prit une famas dans ses mains, se leva, puis déclara :

— Tulius Bishop est décédé, et désormais je suis le nouveau gouverneur. Quiconque s'opposera à cette prise de pouvoir sera puni de la mort !

Alors, lorsque les gardes virent le corps, ils échangèrent un regard, puis se mirent à genoux devant le sergent Douglas. D'autres hommes arrivèrent petit à petit, et tous se mirent à genoux. À cet instant, il eut un énorme bourdonnement dans les oreilles de Maya. Sa vue se brouilla, et sa tête se mit à fortement tourner. Lorsqu'elle décida de se relever, elle fit quelques pas en arrière, puis s'effondra dans les bras de Josh avant de sombrer dans l'inconscience...

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