- Flashback -

Logan était assis sur le rebord du lit tant dis que Isaac était sur une chaise face à lui, l'air grave.

— Mais pourquoi tous les autres ont des papas et mamans ? T'es pas mon papa, toi ? demanda le jeune garçon.

— Non, Logan, je ne suis pas ton père... Par contre, c'est un ancien ami à moi. Si tu veux, j'ai une photo de lui, déclara Isaac.

— Oui, je veux ! s'exclama le petit.

L'homme sortit une photo à moitié déchirée de sa poche qu'il donna au garçon. Ce dernier la détailla bien attentivement, comme pour en mémoriser chaque pixel.

— Et maman ? C'est qui ? Demanda-t-il.

Isaac se mit alors à raconter toute la vérité à l'enfant, et lui annonça au passage la mort de sa mère qu'il avait appris juste avant de quitter son ancien abris. D'ailleurs il savait que tôt ou tard le garçon voudrait essayer de retrouver son père, mais il savait aussi que c'était très dangereux d'aller dehors et qu'il pourrait ne plus être en vie d'ici là... C'est pourquoi il lui fit promettre de ne jamais essayer de le retrouver.

- Fin flashback -

  Maya ouvrit les yeux. Elle était allongée à côté de Josh, perpendiculairement à lui. Tout autour d'eux, Athéna, Vera et l'inconnu étaient dans leurs pensées. L'une était assise sur une roche, en train de jouer avec son arbalète. L'autre était calée contre le mur de pierre et avait le regard vide, et le dernier était recroquevillé sur lui-même, en train de détailler Maya avec un mélange de curiosité et de perturbation. Les sacs et masques à oxygène des otages étaient posés près de l'entrée de la grotte là où se trouvaient les jeunes. Un vent venant de dehors les fit frissonner, eux qui étaient encore légèrement trempés à cause de la pluie.

— Josh ? fit la jeune adolescente d'une petite voix.

La voix de son amie le réveilla. Il se redressa rapidement et vint se mettre à genoux face à la jeune fille.

— Tu vas mieux princesse ? demanda le brun avec une pointe d'inquiétude dans sa voix et un petit sourire.

Maya hocha de la tête, puis regarda autour d'elle. Elle constata alors qu'ils étaient dans une petite grotte, et que tout le monde s'était mis à la fixer. Ainsi, elle se releva doucement tout en faisant mine qu'elle allait bien. Tout le monde se posait des questions à propos de son état. En effet, il n'était pas courant de voir quelqu'un s'évanouir suite à des symptômes qui apparaissaient brusquement. L'inconnu du groupe qui avais pris des cours de biologie dans sa station avait déjà émis quelques hypothèses à ce sujet.

— Dis, ça t'arrive souvent de faire ça ? lança-t-il à la concernée.

— Non, c'est la deuxième fois que ça me le fait depuis qu'on m'a tiré dessus, répondit-elle.

L'agresseur fronça les sourcils.

— Tu veux dire... Il y a deux jours, là ? poursuivit le jeune homme.

— Oui.

Athéna sembla subitement plus intriguée.

— C'était toi le tireur qui a touché Marcus ? l'interrogea-t-elle avec insistance.

— Touché ? Alors il n'est pas mort ? rétorqua la blonde.

L'idée qu'elle n'ait pas tué une personne redonna de l'espoir à Maya. Elle ne voulait pas être un assassin, et l'idée de la mort de sa victime était bien trop pesante pour sa conscience. Elle ne voulait pas la violence, mais la paix.

— Non, mais il est dans le coma, répondit Vera avec détachement tout en se levant et en croisant les bras.

Suite à sa réponse, la jeune adolescente baissa légèrement la tête. Elle était à la fois soulagée de n'avoir tué personne et inondée culpabilité d'avoir envoyé ce tireur dans le coma. Après tout, lui aussi avait des ordres et lui aussi voulait protéger sa base...

— Mais attendez deux secondes là, reprit Athéna tant dis que Josh se levait à son tour en adoptant la même position que Vera. Si tu t'es fait tirée dessus il y a deux jours, comment se fait-il que tu ne boites même pas !?

— Je... je n'en sais rien. Il ont sûrement dû m'injecter un très bon remède, assura la blessée.

— Si ce que tu dis est vrai, alors votre base est plus avancée que notre station au niveau de la médecine. Et si c'est bien le cas, quand les supérieurs de notre station découvriront l'existence de votre base, ils feront tout pour la piller ! exposa l'inconnu.

Maya eut une horrible sensation d'anxiété rien qu'à l'idée qu'une guerre soit déclenchée contre sa base et que tous ceux qu'elle connaissait depuis son enfance périssent dans celle-ci. Josh enchaîna alors en leur demandant comment les trois jeunes avaient deviné qu'ils n'étaient pas les personnes à qui ils pensaient s'attaquer. Vera leur expliqua alors que leur station pensait qu'ils s'attaquaient aux gens de la montagne.

Maya s'étonna alors à l'idée qu'il puisse y avoir plusieurs autres camps, mais Athéna la calma en lui disant qu'ils étaient les seuls dont ils connaissaient l'existence. La prisonnière demanda alors comment le groupe de jeunes avaient découvert que ce n'étaient pas les « gens de la montagne » qu'ils avaient attaqué. Le jeune homme du groupe répondit alors qu'ils l'avaient aperçu vers la petite ferme abandonnée, et qu'elle ne portait ni l'une des tenues habituelles de la station de la montagne, ni l'une des seules armes qu'ils possédaient.

— Pourquoi vous ne l'avez pas dit à vos supérieurs dans ce cas ? demanda Josh.

L'inconnu ouvrit la bouche pour répondre, mais il fut devancé par Athéna.

— Pourquoi tant de questions ? Nous aussi, on pourrait vous en poser des tas ! Mais là n'est pas le problème. Écoutez, notre station et celle de la montagne communiquent par le biais d'une antenne radio qui se trouve à quelques kilomètres à pieds d'ici. Si vous nous aidez à la détruire, on vous laissera repartir.

Maya en conclut donc que les jeunes étaient contre la guerre entre les deux stations. Elle se souvint alors de quelque chose d'horrible : leur base avaient du matériel de communication. Ainsi, s'ils réussissaient à trouver la fréquence qui leur permettraient de rentrer en contact avec les deux stations, alors elles découvriraient existence de la base et ce serait la guerre.

Josh, lui, pensait que c'était beaucoup trop risqué et que ça pouvait être un piège. Peut-être que tout ceci était une mise en scène et qu'il était déjà trop tard. Il ne savait pas comment réagir face à cette requête, mais si ce qu'ils disaient était vrai, alors il ne voulait pas perdre le seul foyer qu'il lui restait. Il paraissait impossible pour lui de s'enfuir et de faire cavalier seul jusqu'à la fin de ses jours, car il savait que sa seule amie n'accepterait pas de venir avec lui.

Les deux otages se regardèrent.

— C'est d'accord, céda Maya.

— Mais à une condition, ajouta Josh.

La blonde fut surprise par la prise de parole de son camarade, et elle se demandait bien ce qu'il avait derrière la tête. Elle le fixa.

— Vous nous laissez retourner à la base pour prendre des armes et de la nourriture et prévenir une personne de confiance pour qu'elle prévienne nos supérieurs au cas où nous ne revenions pas.

— Non mais tu te fous de de ma gueule ! fit brusquement la rousse en s'approchant dangereusement du jeune homme.

Athéna tenta d'arrêter la jeune femme en posant une main sur son épaule et en appelant son nom mais elle la repoussa. À la plus grande surprise des deux otages, la brune ne dit rien et se laissa dominer, comme si Vera avait une emprise psychologique sur elle. Cependant, depuis son coin l'inconnu lui demanda d'une voix calme de se détendre.

— Non mais tu as vu ce qu'ils nous demandent ?! C'est absurde ! Ils pourraient nous tendre un piège et puis ils n'ont aucun intérêt à revenir ! s'exclama-t-elle.

— Si, nous en avons un, rétorqua la jeune adolescente. Notre base possède aussi du matériel de communication, et si elle réussit à trouver la fréquence radio sur laquelle vos deux bases communiquent, nous sommes tous foutus.

Maya se mit à fixer le jeune homme en attendant une réponse de sa part. Lorsque leurs regards se croisèrent, ils maintinrent le contact visuel durant quelques secondes. La jeune fille continuait de se demander pourquoi il avait cet air qui lui semblait si familier... Puis soudainement elle vit dans ses yeux qu'ils venait de prendre une décision.

— On a pas le choix, annonça le blond. Si l'on veut qu'ils nous fassent confiance, on doit leur faire confiance aussi.

La rousse jeta un regard noir à son camarade sortit dehors avec une démarche énervée. Le temps s'était fait plus beau dehors, et le soleil était revenu. C'était pourquoi elle avait décidé de sortir dehors pour ne pas avoir à voir des personnes qu'elle trouvait plus stupide l'une que l'autre. Athéna la suivit, marmonnant quelque chose dans sa barbe. L'inconnu se leva à son tour, puis s'approcha de Maya tout en lui tendant la main.

La jeune fille accepta, puis se redressa à l'aide du blond. Josh qui était plutôt méfiant se retrouva troublé par la ressemblance de ces deux derniers lorsqu'ils étaient côte à côte. Déjà qu'il retrouvait certaines similarités chez les deux jeunes lorsqu'ils étaient éloignés mais une fois à côté, ils étaient des copiés collés, pensa-t-il.

— Au fait, je m'appelle Logan, lança-t-il avec neutralité.

Maya lui fit un bref sourire puis les trois adolescents allèrent rejoindre les filles qui étaient dehors. Ainsi Vera et Athéna ouvraient la marche, Logan les suivait de derrière, et Maya et Josh marchaient tout au fond. Soudainement, Josh attrapa sa camarade par le bras puis il vérifia que personne n'écoutait avant de lui murmurer :

— T'es sûre que c'est une bonne idée ?

— On ne peut pas prendre le risque que la base se face repérer, répondit la blonde.

Le jeune homme jeta un regard vers les adolescents qui marchaient devant, comme pour les accuser.

— Cunningham regarde-moi, poursuivit la jeune fille. Ils m'inspirent confiance, même Vera qui a vraiment l'air d'avoir peur qu'on la trahisse.

Josh grogna mais finit par accepter la situation. Ainsi, les cinq adolescents marchèrent en silence pendant quelques minutes à travers la forêt. Le bois craquaient sous leurs pieds, et un léger vent souleva les branches des arbres qui dansaient. Une légère odeur d'humidité forestière était présente, ce qui apaisa les poumons de Maya qui profitait de chaque inspiration. Heureusement pour eux, Athéna avait une boussole

Une fois arrivés vers le fossé là où ils s'étaient rencontrés, les jeunes décidèrent de le longer jusqu'à arriver à une montée. Une fois en haut, ils poursuivirent jusqu'à un endroit là où ils seraient assez près de la fin de la forêt pour voir la terre sèche au milieu de laquelle se trouvait l'entrée de la base. Des heures s'étaient passées depuis l'enlèvement de Maya et Josh. Ils savaient alors que les généraux n'avaient pas permis à qui que ce soit de rester pour aider aux recherches, le père de Maya y compris.

L'adolescente savait que son père avait tout fait pour rester et la retrouver, mais elle savait aussi qu'il avait dû rapidement se faire maîtriser et calmé par les autres généraux. Elle avait hâte de le retrouver et de lui montrer qu'elle était en vie, car elle savait qu'il allait se faire énormément de soucis.

— Bon, on se sépare ici, fit Logan en s'immobilisant.

Tout le monde s'arrêta de marcher. Athéna et Vera qui étaient devant passèrent derrière, sans un mot. Seulement la brune lâcha quelques mots pour dire à Maya et Josh de les retrouver au même endroit, à midi dans deux nuits. Après cela, les deux adolescentes se remirent en chemin pour retourner à leur station.

— Mais si elles ne portent pas de masque, ça veut dire que votre station sait que l'air est respirable ? demanda Josh, intrigué.

— Non, nous les avons enterré près de notre entrée dans la forêt, répondit le blond.

Il ne sut quoi ajouter, alors il se contenta simplement commencer à marcher dans la même direction que les filles. Mais soudainement, une vieille photo déchirée en son milieu tomba de la poche de sa veste et se fit porter par le vent jusqu'à atterrir au sol. Maya qui l'avait vu décida de la ramasser tout en appelant le jeune homme par son nom. Lorsque la moitié de la photo fit entre ses mains sa mâchoire tomba net.

La jeune fille fut abasourdie en voyant le corps de son père plus jeune sur l'image que possédait Logan. Au moment où il vint récupérer son bien, tout prit un sens dans sa tête. Brusquement, elle se mit à fouiller dans les poches de sa veste militaire. Les deux jeunes hommes qui se trouvaient à ses côtés étaient un peu perdus, alors ils se contentaient de la regarder. Lorsque Maya sortit la photo de sa mère, elle prit celle de Logan de ses mains et réunit les deux images.

— Je comprends mieux... lâcha-t-elle, tout bas.

Logan fut sous le choc, incapable de dire ou de penser quoi que ce soit. Au moment où il reprit ses esprits, la jeune fille lui posa une question.

— Cet homme, c'est ton père, n'est-ce pas ?