- Flashback -

— Vicky, Vicky ! s'écria Josh en sanglotant.

Le jeune homme souleva le cadavre de son amie, puis il se mit à marcher en direction du bunker. Il faisait extrêmement chaud, et son masque à oxygène commençait à être défectueux. Lorsqu'il arriva enfin devant l'entrée, il appuya sur le bouton de communication.

— Qui est là ? fit une voix.

— Je m'appelle Joshua Cunningham, gémit-il, et j'ai avec moi une amie qui a besoin d'aide. S'il vous plaît, venez vite !

Sur ce, la communication s'interrompit.

— Ils vont venir Vicky, ils vont venir…

Quelques minutes plus tard, des hommes qui eux aussi portaient un masque à oxygène remontèrent à la surface et examinèrent la fille.

— Nous sommes désolés, mais votre amie est morte...

— Non ! hurla le jeune homme tant dis qu'il se faisait emmener de force à l'intérieur.

- Fin flashback -

La lumière aveugla les yeux de tous ceux qui allaient dehors pour la première fois. Après un temps d'adaptation, leur rétine s'habitua à la lumière naturelle de l'extérieur. Les paysages étaient terriblement beaux, et à la fois extrêmement terrifiants. Il n'y avait que de la terre sèche dans un rayon de deux kilomètres tout autour de la base, mais plus loin, il y avait des arbres qui constituaient une forêt infinie accompagnée de gigantesques gorges tout au fond.

Toute cette beauté réussit à faire changer la façon dont Maya voyait l'extérieur. Désormais, elle n'était plus aussi effrayée. Mais alors que tous les jeunes – ébahis par le spectacle que leur offrait l'extérieur – étaient en train d'admirer la beauté de la Terre à travers les fenêtres du véhicule secoué, Nate sortit une feuille de la poche de sa veste et se tourna vers son escouade.

— Voici vos...

— Pourquoi on a besoin de tout ça s'il n'y a personne dehors ? le coupa sa propre fille.

Maya n'avait pas peur de s'attaquer son père, car elle savait qu'il ne lui ferait rien. Ainsi, le trentenaire se contenta de répondre que c'était pas pure prudence. La jeune adolescente ne répondit pas et se contenta de lui jeter un regard haineux. Depuis leur dernière confrontation, la relation qu'entretenait Maya avec son père était plutôt tendue.

— Donc comme je le disais, voici le plan. Je serai devant avec Josh et Charles, et le reste sera derrière avec Maya.

La jeune fille s'approcha de son père afin que personne d'autre ne puisse l'entendre piquer sa crise.

— Et pourquoi est-ce que je serai derrière ?! s'exclama-t-elle.

— Comme tu ne voulais pas sortir j'ai pensé que tu serais mieux au fond, répondit-il avec agacement.

— Tu te fous de moi ? s'indigna la blonde. C'est pas parce que j'avais peur que je ne voulais pas sortir, mais parce que je ne voulais pas découvrir cet horrible monde. Mais maintenant c'est trop tard, alors je veux être devant.

Nate soupira bruyamment. Il demanda à Charles si ça ne le dérangeait pas d'être derrière. Se sentant menacé par Maya, ce dernier accepta. Nathaniel prit alors son feutre noir afin d'échanger leurs places sur le plan. Maya savait qu'elle pouvait paraître un peu brusque et impulsive, mais aujourd'hui, elle était à la fois en anxieuse et en colère.

Lorsque le Humvee de l'escouade du sergent Nelson entra dans la forêt, la voiture fit quelques bonds à cause de la route terreuse. La fille du sergent put alors apercevoir quelques insectes de différentes espèces, ce qui l'émerveilla. Après quelques secondes, le véhicule s'arrêta afin d'attendre les autres. Alors, Nate donna l'ordre à son équipe de rester dans la voiture pendant que lui et le chauffeur descendaient. Après que les jeunes aient passé une ou deux minutes dans un silence gênant, Douglas vint leur dire qu'ils pouvaient descendre.

Maya fut la première de tous les jeunes à poser les pieds sur le sol. Sous ses bottes, elle sentit de la terre, des cailloux, et de l'herbe... Et désormais, l'air qu'elle respirait à travers son masque à oxygène était différent ; il était plus frais. De plus, le doux bruit de la nature sonna comme une magnifique musique à ses oreilles. Elle se mit alors à tournoyer lentement sur elle-même tout en regardant le ciel et en prenant une profonde respiration. C'est ainsi qu'une vague de frissons parcourut son corps, et une larme de joie dévala sa joue.

C'était une étape importante dans la vie de la jeune fille. Jamais elle n'était allée à la surface, et pour elle, tout ceci marquait le début de quelque chose de nouveau. Elle ne sut dire si c'était un bon ou un mauvais pressentiment, mais elle sentait qu'il allait se passer des choses dans cette forêt.

Après quelques instant à toucher tout ce qui l'entourait, la jeune adolescente vint s'adosser contre un arbre. Elle avait un petit sourire coin de la bouche. Pendant quelques minutes, elle observa ses camarades découvrir la Terre et tenter d'attraper des petites bestioles, jusqu'à ce qu'elle croise le regard de Josh. Encore lui, pensa-t-elle. Celui-ci s'approcha alors de Maya, avant de se mettre à lui parler à nouveau :

— Alors princesse, ça va ? Comment est-ce que tu trouves notre Terre ?

— Plutôt pas mal, mais ne m'appelle pas comme ça. Qu'est-ce que tu veux ? lui demanda-t-elle froidement.

Il haussa les épaules.

— Je veux juste parler, princesse.

Maya souffla. Il était relativement coriace, et elle en vint à accepter l'idée qu'il n'allait pas la lâcher si facilement.

— Et de quoi tu veux parler ? dit la jeune fille tout en croisant les bras.

— De ton père. Pourquoi est-ce que tu es aussi agressive avec lui ?

Soudain, elle se contracta.

— Ça ne te concerne pas, répondit brusquement la blonde.

— En fait, tu ne sais même pas quoi répondre, affirma jeune homme.

Josh commençait fortement à agacer son interlocutrice, et celle-ci se retint d'exprimer son mécontentement. Il décida alors de changer de sujet, afin de ne pas susciter la colère de la fille du sergent.

— Sinon, il y a deux ans, j'ai dû me taper tout le processus de contamination... C'était vraiment lourd, assura le jeune homme.

Ce sujet intrigua immédiatement Maya. D'où venait-il ? Comment était-il arrivé ici ? C'était ces questions qu'elle s'apprêtait à lui poser lorsque Robert vint interrompre leur discussion en leur donnant l'ordre de se mettre dans le rang. Au moment où tout le monde fut rassemblé, les sergents donnèrent les consignes. Par ailleurs, ils indiquèrent aux adolescents que l'escouade du sergent Nelson partait en premier.

— Notre groupe partira devant, et il sera suivi de celui du sergent Douglas, puis on finira par le groupe du sergent Winchester, expliqua Nathaniel avec un ton ferme. Nous cherchons des vivres, ou bien tout ce qui est susceptible de faire avancer le développement de notre base. Si vous trouvez une quelconque créature vivante, capturez-la, comme il vous l'a été appris. Aussi, les êtres vivants hostiles ne devraient pas fréquenter ce secteur. En tout cas, nous n'en n'avons jamais croisé.

— Si tout le monde a bien compris, enchaîna Douglas, c'est parti. Suivez le sergent Nelson !

Maya trouvait ça vraiment ridicule d'utiliser toutes ces positions et de prendre toutes ces armes alors que tout le monde disait qu'il n'y avait pas d'autres humains dehors. Personne ne savait réellement ce qui s'était passé après la destruction de la terre, alors peut-être que les gens de la base se méfiaient d'éventuelles créatures qui pourraient rôder dehors ?

C'est ce que se demandait Maya pendant qu'elle, Josh, et Nate marchaient dans le plus grand des silences. Les bruits de pas de leur groupe faisaient craqueler les petites branches, des feuilles de sapin tombaient à terre, et un léger vent faisait virevolter les cheveux de celles qui les avait les plus longs. Par ailleurs, Maya crut discerner une délicieuse odeur de bois à travers l'air filtré de son masque.

Nathaniel n'arrêtait pas de getter les environs, et sa fille pouvait ressentir l'anxiété qu'il possédait pendant cette sortie. De tous les souvenirs qu'elle avait depuis sa naissance, elle se rappelait que son père était toujours angoissé à l'idée de faire ces sorties. Soudainement, le groupe arriva devant une vieille grange abandonnée. C'était sûrement la seule partie de la ferme qui était là autrefois qui avait survécu à l'apocalypse.

Tout le monde s'arrêta, mais Maya était bien trop intriguée par cette nouvelle chose inconnue. Son père n'arrêtait pas de lui dire de revenir, mais elle ne l'écoutait pas. Mais alors qu'il s'apprêtait à la suivre, la blonde se figea sur place. Elle venait d'entendre un craquement de branche. Elle savait que ce n'était pas quelqu'un de ses troupes, car le bruit venait de derrière le vieux bâtiment. Lorsqu'elle réalisa ce qui était en train de se passer, elle eut un coup de chaud et son cœur se mit à battre à une allure folle.

Ainsi, elle se retourna vers son père, les larmes aux yeux, puis elle lui murmura :

— Il y a quelqu'un !

Pendant une demi-seconde, tous les éclaireurs de l'unité se regardèrent avec un air terrifié. Ce n'est que lorsqu'ils comprirent la gravité de la situation que les jeunes se mirent tous à courir vers les véhicules de transport. Avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, Nathaniel tira violemment Maya vers Josh qui l'attrapa par son bras et la prit avec lui. Ainsi, Nate couvrit les arrières du groupe. Il tira sur tout ce qui bougeait, sans pour autant toucher les ennemis. Il ne savait pas combien ils étaient, mais une chose était sure : la personne qui avait fait l'erreur de marcher sur cette branche n'était pas toute seule.

Pendant un instant, Maya se retourna, puis elle aperçut la tête d'un jeune homme à travers les branches d'arbres. Elle crut voir ses propres yeux sur son visage, et il avait le même regard qu'elle voyait à chaque fois qu'elle se tenait face à un miroir. C'était la première fois que la jeune fille voyait quelqu'un hors de la base, et elle pensait avoir halluciné tant cette personne lui ressemblait.

Le groupe ressortit assez vite de la forêt. Malheureusement pour eux, les chauffeurs des Humvee avaient décidé d'avancer les voitures en les attendant. Néanmoins, les jeunes eurent tout juste eu le temps de courir s'installer dans leurs véhicules respectifs. Dès que son dernier passager fut à bord, le conducteur de la première voiture accéléra. En à peine sept secondes, la voiture monta à cent kilomètre heure. À cet instant, tout le monde put entendre des tirs, et des balles venaient violemment se jeter contre la solide matière des véhicules. Apparemment, les ennemis possédaient deux types d'armes : des snipers et des fusils d'assaut.

Mais alors que le père de Maya lui demandait si elle allait bien, le Humvee s'arrêta subitement de rouler. Alors, le conducteur hurla au groupe de descendre du véhicule. Un pneu avait éclaté. Désormais, il fallait atteindre la voiture tout devant. Maya fut envahie d'une panique énorme, mais elle suivit tout le monde sans réfléchir. Son cœur battait la chamade, et sa respiration se faisait de plus en plus rapide.

Tout le monde courait au milieu des balles. Mais ce n'est que lorsque la jeune adolescente vit deux jeunes soldats tomber à terre que la rage prit possession d'elle. Dans un moment de non-lucidité, elle s'arrêta, se retourna vers ses agresseurs, et pris une profonde respiration. En les voyant, elle conclut qu'ils étaient juste assez près pour qu'elle puisse les atteindre.

Ainsi, tel un robot, elle fit ce qu'on lui avait appris à faire. Ce pourquoi on l'avait entraîné durant toute ces années. Elle visa celui qui tirait le plus, puis elle appuya sur la détente. Il tomba. Au moment où elle reprit ses esprits, la jeune fille prit conscience de ce qu'elle venait de faire... et elle regretta immédiatement.

Soudain, Maya sentit une énorme vague de douleur envahir sa jambe droite. Elle lâcha son arme, puis elle perdit l'équilibre. Mais au moment où elle s'apprêtait à toucher le sol, elle sentit des bras la soulever. Sa vision se brouilla, et il eut un ultrason dans ses oreilles.

— MAYA ! hurla le sergent Nelson.

De ses deux bras, il la porta jusqu'au véhicule tout terrain. Une fois au milieu de tous les jeunes – horrifiés par la scène qui s'offrait à eux – la jeune fille réalisa ce qui venait de se passer ; un obus venait dans transpercer sa cuisse droite, c'est pourquoi son père était en train d'appuyer dessus avec des compresses que le jeune Cunningham venait de trouver.

— Papa ? articula-t-elle à moitié dans les vapes.

— Tout va bien ma chérie, tiens bon ça va aller.