Réveil pas comme les autres

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Ce matin-là, j'étais de repos : pas de réveil pour aller travailler, pas besoin de me lever tôt. Je sorti de mes songes, le regard encore embué par le sommeil, pour voir qu'il était passé dix heures. L'esprit encore endormi, je me souvenais partiellement de mon rêve, de son côté illogique. Un type, que je ne connaissais pas, était venu me parler et ensemble, on avait pris quelques verres dans un bar. Jusque-là, rien de bien folichon, vous allez me dire. Ce n'était pas comme si je n'étais jamais allé dans un bar, ou comme si je ne parlais pas à des gens pour faire leurs connaissances. Mais c'est à partir du moment où on avait fait un billard que tout m'avait semblé devenir... Bizarre.

Ce qu'on racontait, n'avait pas grand intérêt : on parlait de la musique du bar ou annonçait qu'elle boule, on allait tenter de mettre dans le trou. Quand c'était à moi de jouer, je sentais le regard de cet inconnu sur moi, comme s'il ne s'intéressait pas vraiment au déroulement de la partie, mais plutôt à moi. Je ressentais une petite gêne en me demandant à quoi il pouvait bien penser, mais je me souvenais me dire de ne pas trop m'en faire. Il m'avait ensuite proposé un pari sur l'issu du jeu : s'il gagnait, je devrais accepter de le revoir. Comme ce n'était qu'un rêve, j'avais naturellement accepté, sans même y réfléchir. Mais à présent que je m'étais réveillé, je me posais des questions : était-ce là une partie de mon inconscient qui exprimait ma nature homosexuelle refoulée ? D'accord, il m'était déjà arrivé de regarder le postérieur d'un homme, de me dire que ce mec était beau. Mais cela ne voulait pas dire pour autant que j'étais gay. Pour moi ce n'était rien de grave, juste de la curiosité ou encore que je ne fusse pas homophobe.


Couché sur mon lit, fixant le plafond, je cherchais un sens à ce songe. Mais pourquoi chercher de la logique où il ni en a pas ? Faisant un sourire amusé, je me tournais en repoussant la couverture pour me lever. Me disant que j'enverrais un message à ma copine, qu'elle aussi trouverait ce rêve amusant. Elle qui avait des fantasmes un peu loufoques comme de me voir avec un garçon, ou encore qu'on échange nos rôles et qu'elle use de jouets sur moi. Nul doute qu'elle trouvera ce rêve fascinant ou en tout cas : hilarant.

Je m'étirais alors en baillant, mettant en route la mécanique de mon corps encore rouillé par la somnolence. Tel un automate, j'attrapais machinalement mon pantalon pour l'enfiler. J'hésitais alors à retirer le t-shirt que j'avais porté pour la nuit mais j'avais la flemme d'en changer pour l'instant. Je pourrais m'habiller convenablement plus tard. Je sorti donc de ma chambre pour me diriger dans la cuisine afin de me préparer un café et manger un petit truc. Durant le trajet, je passais mes mains sur le haut de mon crâne, plaquant mes cheveux en arrière, les tirant en une queue de cheval pour tenter de les ordonner un minimum, me doutant qu'ils devaient aller dans tous les sens et qu'un coup de brosse serait nécessaire. Ils étaient longs, arrivant jusqu'à mes omoplates, parfois je songeais à les couper, à tout raser, par flemme de les coiffer, de les entretenir. Enfin, c'était surtout les nœuds qu'il pouvait y avoir qui m’agaçait : chaque coup de brosse coinçait dans la chevelure, me faisant penser que je finirai par me les arracher.


Une cuillérée de café dans la tasse, de l'eau et je mis tout ça au micro-onde. Je n'aimais pas spécialement le café soluble mais c'était ce qu'il y a de plus rapide à faire le matin. Je pris un petit pain au lait dans le placard que je mangeais en attendant que ça chauffe. Mon esprit était retourné à ce rêve, à ce type qui m'avait semble-t-il dragué. La prochaine fois que j'irais dans un bar, je me souviendrai de ne pas jouer au billard avec un inconnu, pensais-je alors en rigolant. Alors que j'étais perdu dans mes pensées, je passais mes doigts à mon menton, réflexe basique que j’avais : jouer avec les poils de mon bouc pour m'occuper, pour me détendre. La sensation fut surprenante : pas de pilosité mais une peau lisse et douce. Mon bouc de plusieurs centimètres avait disparu, laissant place à un menton imberbe. Le contact me fit frissonner, je n'étais plus habitué à cette sensation et ma peau semblait pour le coup plus sensible. Comme pour mes cheveux, j'avais déjà imaginé à le couper, mais je ne l'avais pas fait. Ou alors l'avais-je fait hier soir sur un coup de tête ? J'agissais souvent sous l'impulsion, mais jamais au point de ne pas m'en souvenir le lendemain. Et la veille, aucune soirée alcoolisée : ce qui veut dire que si je l'avais fait, je devrai normalement m'en souvenir.

Intrigué, je me dirigeais alors d'un pas rapide vers la salle de bain. J'ouvris la porte pour tomber nez à nez avec mon reflet dans le miroir.

En effet, je n'avais plus de bouc mais ce n'était pas le changement le plus flagrant. Loin de là. Le visage que je voyais se refléter était bien le mien mais il y avait une différence troublante, me faisant douter sur le fait que ce soit bien moi. Mes traits étaient changés, mon visage anguleux l'était un peu moins. Mes sourcils paraissaient plus fins. Mes petites lèvres semblaient avoir quant à elles, gonflées quoique le terme serait : pulpeuses. A la base, ma pilosité faciale n'avait rien d'incroyable à part ce bouc que j'avais réussi, non sans mal, à avoir. Là, il n’y avait plus aucune trace de poils et à la place, je semblais être beaucoup plus... Féminine.


Ok, tout va bien. T'es surement encore en train de rêver. T'as imaginé te faire draguer par un mec durant ton sommeil, du coup tu poursuis en te prenant pour une femme. Ce fut donc tout naturellement que je levais la main pour me pincer la joue, observant mon reflet : cette femme qui me ressemblait en faire autant. Oui, je sais, c'est cliché de se pincer pour savoir si on dort ou non. Mais à ma place, vous auriez tenté quoi d'autre ? Rigolez, si vous voulez mais j'aimerai bien voir ce que vous auriez fait à ma place.

La douleur fut réelle, trop à mon gout. Et les doigts que je voyais, ne pouvaient pas être les miens. J'avais des ongles. Alors que je les rongeais en permanence ! Comment tout ceci pouvait-il être vrai ? Qu'est-ce qui pourrait expliquer ce délire ? Il me vint alors une idée : si j'avais le visage plus féminin, des mains de femme, j'avais surement aussi...

Mes deux mains se portèrent à mon torse, empoignant la chair à travers le tissu pour palper deux formes arrondies. Le contact fut agréable, c'était mou et ferme en même temps, j'adorais cette sensation et en plus ils n'étaient pas si petits, pensais-je alors avec fierté. Merde, j'étais en train de prendre du plaisir à tripoter mes propres seins. Et depuis quand j'avais une poitrine ?

"Oh... Putain de merde..."

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