Chapitre Treize.

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13. Imprévus Partie 1.

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(Point de vue Opaline.)

Il n’y a rien à faire, depuis plus d’une semaine, je suis terrorisée à l’idée de m’endormir. J’ai été marqué au fer rouge par le dernier cauchemar que j’ai fait et prie Helgener pour que cela ne se reproduise plus. Mais je ne suis pas sûre de pouvoir lui faire confiance, alors, j’évite de m’endormir trop longtemps. J’ai le stock de boisson vitaminée et de café, même si j’ai horreur de cela. Mais c’est une mission impossible. J’ai accumulé tellement de fatigue ces derniers jours, que je n’entends même plus mon réveil et finalement me retrouve à faire des nuits complètes ou lieu d’une heure et demi maximum. Mais pour l’instant, pas l’ombre d’un cauchemar en vue. Peut-être est-ce dû à la présence -surprotectrice- de Jace et Coraline qui dorment chez moi, chaque soir, à tour de rôle depuis trois jours. Le côté positif, c’est que peu à peu mes cernes s’estompent le négatif, c’est que je suis un peu plus empotée que d’habitude. Je m’étire dans mon lit et souffle un grand coup. Quelque chose se prépare, je le sens, un poids dans l’estomac qui ne me laisse rien présager de bon. Je vais dans la cuisine où une délicieuse odeur de pancake s’échappe de la pièce et embrasse Cora sur la joue.

— Tu as bien dormi ? questionné-je la voix endormie.

— Comme un bébé, heureusement que nous sommes allés acheter un matelas pour la chambre d’ami, il est parfait, sourit-elle.

— Je n’allais pas continuer à vous laisser squatter le canapé, et puis j’aime bien savoir que cette pièce est enfin rangée, avoué-je.

— Pourquoi tu ne l’as pas fait plus tôt, d’ailleurs ? s’intéresse Coraline.

— C’étaient mes derniers cartons, peut-être que je n’étais pas encore prête à dire vraiment au revoir à mon ancienne vie, je ne sais pas, dis-je en haussant les épaules.

Cora m’offre un sourire et nous partons nous installer sur la table de basse du balcon. J’en profite pour ouvrir en grand les épais rideaux de la baie vitrée et découvre un paysage magnifique. Le soleil illumine le ciel et sa lumière se reflète sur la neige qui recouvre entièrement les rues. L’océan est calme, apaisant.

— Cora, viens voir, l’invité-je en prenant ma tasse sur la table basse et ouvrant la fenêtre.

— C’est magique, ton appartement à vraiment une superbe vue, déclare-t-elle en souriant.

— Le tien aussi, il donne directement sur la cathédrale, c’est impressionnant, dis-je.

Elle acquiesce et prend une grande bouffée d’air, se détendant et profitant du calme ambiant.

— Ça fait tellement de bien cet air pur, murmure-t-elle.

— Oui, dis-je en inspirant. Tu crois que je peux me faire passer malade aujourd’hui pour profiter ? tenté-je.

— Jace ne serait pas contre enfin, je pense, acquiesce-t-elle.

Au même instant, nos téléphones vibrent sur la table basse.

— Tu crois qu’il nous a entendues et qu’il donne son accord ? ris-je.

— Imagine, rit-elle.

Nous quittons la vue et nous nous installons au sol en prenant nos téléphones pour voir si c’est bien notre ami.

— Ah merde ! s’exclame Coraline.

— Je ne te le fais pas dire, soupiré-je.

— Faut que je me dépêche de rejoindre le bureau, je dois prévenir ses patients, s’alarme Cora.

— Prends mon ordinateur, on a les numéros enregistrés dans les carnets d’adresse, l’informé-je.

Cora se dirige dans l’entrée a apporte ma sacoche. Elle s’installe sur le canapé et déverrouille mon ordinateur. Je la vois prendre son téléphone et composer un premier numéro.

— Bonjour Madame Braga, c’est Coraline la secrétaire de Monsieur Skjebne, il est malheureusement souffrant et ne pourra donc pas assurer votre rendez-vous, déclare-t-elle.

— Oui Madame, j’essaie de voir au plus vite avec lui et je vous rappelle pour programmer un nouveau rendez-vous, au plus vite, insiste-t-elle.

— Ah oui, soupire la blonde. Et bien cela risque soit d’être après nos congés de Noël, soit attendez un instant. Tu crois que tu pourrais prendre Madame Braga ? Elle souffre de sa hanche, me dit-elle.

— Montre-moi mon planning, dis-je en m’installant à ses côtés. Propose-lui demain matin sept heures trente.

— Madame Braga ? Demain matin sept heures et demi avec Opaline, est-ce que cela vous conviendrait ?

— D’accord, alors à demain matin et encore désolée pour le dérangement. Bonne journée, sourit-elle avant de raccrocher.

— Alors ? demandé-je.

— Tu commences plus tôt, grimace-t-elle.

— Ce n’est pas grave, écoute appel tous ses patients, ceux qui sont âgés en priorité et essaie de me les mettre le matin, ou en fin de journée, pour les autres on les reporte après les vacances, d’accord ? proposé-je.

— Sans soucis ! acquiesce mon amie. Bon, je crois que j’ai encore un appel à passer et on pourra y aller, sourit-elle.

— Je vais m’habiller, dis-je en finissant mon thé. Au fait, j’ai picoré des pancake, ils sont à tomber, ris-je.

— Je vais les emballer, comme ça à la petite pause de dix heures on pourra grignoter, s’amuse-t-elle.

Je ris en rejoignant la salle de bain et prends une douche rapide. La chance d’avoir Cora à l’appartement avec moi, c’est qu’elle a apporté son lisseur et son sèche-cheveux, donc j’en profite pour changer de tête. J’aime mes cheveux ondulés mais là, il faut vraiment que j’aille chez le coiffeur pour les désépaissir un peu. Peut-être que si nous ne terminons pas trop tard, je le proposerai à Coraline. Ça nous ferait certainement du bien. Lorsque je sors de la salle de bain, Cora enfile son manteau et me tend le mien.

— J’ai réussi à joindre tous les patients de ce matin, j’ai pu reporter certains rendez-vous au début d’année, et sinon tu en a un en plus demain après-midi, déclare-t-elle.

— D’accord, acquiescé-je en mettant mon manteau. On y va ?

Je verrouille l’appartement et nous rejoignons notre lieu de travail, en profitant du bruit de ne pas crissant dans la neige. Je trouve que Coraline a meilleure mine ce matin, peut-être que ce nouveau

matelas fait vraiment des miracles.

***

Nous sommes à la pause de midi, les patients de Jace se sont inquiétés pour lui et ont tous plus ou moins bien voulu jouer le jeu du report de rendez-vous. Et même si mon emploi du temps est un peu plus chargé, cela ne me dérange pas. Jace fait déjà beaucoup pour moi, je lui dois bien cela. J’attrape une part de pizza, lorsqu’un numéro inconnu m’appelle. Cora hausse les épaules et je décroche.

— Bonjour vous êtes Opaline Manen ? questionne une voix forte.

— Oui, dis-je. Et vous êtes ?

— C’est Jace qui m’a transmis votre numéro, écoutez je vais avoir besoin de vos services ce soir, exige l’homme.

— J’aimerais vous aider Monsieur, mais pour cela j’aurais besoin de savoir qui vous êtes, déclaré-je froidement.

— Je m’occupe d’un club de sport, Jace nous rend parfois service et ce soir, comme il est malade, j’ai besoin de vos services à sa place, il m’a dit que vous étiez spécialisée en médecine du sport d’ailleurs, est-ce vrai ? répond-t-il.

— Oui, en effet, c’est pour quelle heure et où ?

— Je vous envois tout par message, Viktor fait attention ! l’entendis-je hurler dans le combiné. À ce soir Mam’zelle.

Et le son se coupe.

— C’était quoi ça ? s’étonne Cora.

— Aucune idée, tu sais si Jace travaille en extérieur le mercredi soir ?

— Pas que je sache, enfin le mercredi après-midi est sa journée la plus calme, peut-être que c’est une explication, tente-t-elle.

— Je devrais peut-être l’appeler, non ? hésité-je.

— Oui, pour au moins avoir plus d’information, tranche-t-elle.

Je cherche le numéro de Jace dans mon téléphone et le compose, mais je tombe directement sur sa messagerie.

— Soit il a éteint son téléphone, soit il dort, rit Cora.

— J’espère, m’inquiété-je.

Au même moment, mon téléphone vibre pour m’annoncer l’arrivée d’un message.

« 18h30, rue Svømme. G »

— Vraiment très agréable cet homme, grimacé-je.

— Tu veux que je t’accompagne ? propose mon amie.

— Pourquoi pas, dans le pire des cas, on sera deux à se faire torturer, l’a taquiné-je.

— Cela aura été un honneur de te rencontrer, fit-elle solennellement.

Je ris et continue de manger, tout en discutant avec elle. Je profite que Cora mange un yaourt pour sortir fumer lorsqu’elle me rejoint avec son dessert dehors.

— Même s’il fait un peu froid, ce serait dommage de ne pas profiter du soleil, non ?

— C’est vrai, j’espère que l’hiver ne durera pas trois mois, grimacé-je.

— Il y a des chances, même si j’aimerais que le printemps ne tarde pas trop, dit-elle en haussant les épaules.

— Parce que tu veux retrouver ton magnifique teint hâlé, l’a taquiné-je encore.

— En quelque sorte, s’amuse-t-elle. Nous mais c’est quand même plus agréable de voir la ville animée et le soleil.

— Le marche de Noël attire quand même pas mal de touristes, affirmé-je.

— Oui, d’ailleurs cette année, pour le réveillon, ils ont prévu de faire un grand feu d’artifice sur la place principale, peut-être qu’on devrait y aller ? propose-t-elle.

— Ce serait une excellente idée, on devrait organiser cela avec Jace, m’enthousiasmé-je.

— Dès qu’il va mieux, je lui en parle, acquiesce Coraline.

J’éteins ma cigarette dans le cendrier et nous entrons dans la pièce agréablement chaude, je rince mes mains et rejoins mon poste de travail, pendant que Cora accueille les premiers patients de l’après-midi. Avec toutes ces histoires, je ne pourrais même pas me rendre chez le coiffeur ce soir, remarqué-je. Ce n’est que partie remise, mais il faut absolument que pendant mes premiers jours de vacances, j’y aille afin d’avoir une tête un peu plus potable pour les fêtes de fin d’année. Peut-être la veille du réveillon ou samedi matin, il faut que je voie aussi si Coraline veut venir, on ferait une petite après-midi magasins en même temps. J’ai déjà trouvé le cadeau de Jace, mais pour Cora, c’est un peu plus compliqué. Si je peux blaguer avec mon meilleur ami, j’ai peur de commettre une erreur avec elle. Même si tous les deux ignorent que je leur ai pris des présents. Mais cela ne m’empêche quand même pas de vouloir taper juste. Je chasse cette idée de mon esprit pour me concentrer sur les patients de l’après-midi.

Il est dix-huit lorsque je finis de m’occuper de Madame Smerte, qui se remet plutôt bien. Je l’accompagne jusqu’à la sortie et lui souhaite une bonne soirée, qu’elle me souhaite elle aussi. Je verrouille derrière elle et me tourne vers Cora.

— Alors cette journée ? souris-je.

— C’est cool d’être qu’entre filles, s’amuse-t-elle. Même si la présence de Jace me manque, regrette-t-elle.

— C’est sûr, sans lui c’est trop calme, souligné-je.

Nous fermons les volets de l’accueil, je vais dans mon bureau pour éteindre mon poste de travail et éteindre mes lumières, pendant que Coraline s’occupe de la salle de pause. Je la rejoins pour prendre mes affaires, avec ma sacoche des déplacements et nous sortons du bâtiment. Je ferme à clé et me tourne vers elle, tout en cherchant une cigarette dans mon paquet.

— Tu sais comment on se rend là-bas ? questionné-je en allumant ma cigarette.

— On peut faire un détour par chez moi, pour prendre ma voiture ou tu en as une ? demande-t-elle.

— J’en ai une, mais honnêtement allez chez toi sera plus court, argumenté-je.

Elle acquiesce et nous nous dirigeons vers chez Coraline. Une fois à destination, où nous avons perdu du temps à force de traîner devant les étalages du marché de Noël, je la laisse monter pour récupérer ses clés et saluer tranquillement sa mère. Monika se penche à la fenêtre et m’invite à monter, mais je refuse, prétextant être -encore- en train de fumer. Mon amie redescend cinq minutes plus tard et nous allons sur le parking pour monter à bord de son véhicule.

— J’ai prévenu ma mère que je passais encore la nuit chez toi, dit-elle en démarrant.

— Cora, râlé-je. Tu devrais juste me déposer et ensuite rentrer, je ne sais pas ce que je vais devoir faire et si cela se trouve, j’en ai pour la nuit.

— Pas grave, hausse-t-elle les épaules.

Je soupire, mais ne cherche pas à lui faire entendre raison. Coraline est aussi têtue que Jace par moment. Surtout lorsque cela me concerne. Nous arrivons pile à l’heure devant ce qui ressemble à un dôme et soudain, je comprends.

— Bien sûr ! dis-je en posant ma main sur mon front. C’est la piscine, là où Jace s’entraîne au water-polo, remarqué-je.

— C’était tellement évident, pouffe Coraline. En même temps, je viens tellement rarement de ce côté de la ville que j’avais oublié sa présence, rit-elle.

— Et ça fait trente ans que tu habites ici ? l’a taquiné-je en haussant un sourcil.

— C’est bon, grommelle-t-elle.

Nous sortons du véhicule, je récupère mes affaires à l’arrière et nous rejoignons l’entrée du bâtiment. Lorsque j’ouvre la porte, une odeur de chlore vient chatouiller mes narines et la chaleur nous accueilles à bras ouverts. L’accueil est vide et nous hésitons à entrer pour chercher l’homme que j’ai eu au téléphone à midi. Nous entendons des éclats de voix, et je devine facilement qu’il se trouve au bord de la piscine. Il y a une entrée spéciale visiteurs pour rejoindre les bassins et je fais signe à Coraline pour que nous y allions. L’entraîneur, un homme bedonnant d’une cinquantaine d’années est rouge de colère.

— Écoute moi bien Blost, Rasende est ton capitaine, s’il te donne une consigne tu la suis, compris ? s’énerve-t-il.

— Mais Gregor s’était dégagé, tente de s’expliquer le jeune homme.

— Rien à foutre, tu suis les ordres, crache l’entraîneur.

Il doit remarquer notre présence puisqu’il se redresse et s’approche de nous.

— Mam'zelle Manen, je suppose ? demande-t-il d’un ton bourru.

— Oui, désolée pour le retard, Monsieur, m’excusé-je.

— Appelez-moi Gregor, commence-t-il et ce n’est pas grave, je vous ai pris au dépourvu et je m’en excuse. Écoutez, Jace s’occupe de temps à autre de ses coéquipiers après les entraînements, bien entendu cela générera rémunération, mais j’ai vraiment besoin de votre aide, trois de mes meilleurs joueurs ont besoin de vous, s’explique-t-il calmement.

Je suis surprise de voir que cet homme, qui paraît sévère au premier abord, est finalement quelqu’un d’agréable. Je jette un coup d’œil au bassin où une dizaine de joueurs continuent leur entraînement, certains regardent parfois dans notre direction, se demandant sûrement qui nous sommes.

— J’accepte, est-ce que vous avez une pièce aménagée ? Du matériel de soin ? questionné-je.

— Jace a en effet fait entreposer du matos, et il doit y avoir certains de ses produits miracles, je le vois se tourner vers la piscine, oh les gars ! On se bouge ! râle-t-il.

Tous reprennent l’entraînement, tous sauf deux joueurs que je reconnais au premier regard. Gregor s’éloigne en frappant dans ses mains et hurlant des consignes.

— Lévy et Ryk sont ici, murmuré-je.

— Je sais, je les ai vus aussi, tu vas pouvoir gérer si c’est d’eux que tu dois t’occuper ? questionne-t-elle.

— Bien sûr, affirmé-je. Je sais encore rester professionnelle.

Nous nous asseyons sur les tribunes, le temps que l’entraînement se termine et je sens le stress s’emparer de moi. J’observe les joueurs se mouvoir dans l’eau, sans savoir à quoi m’attendre. Je ne connais pas leurs profils, leurs antécédents, et s’ils n’ont pas de contre-indications médicales. J’espère que Jace a des dossiers ici qui pourront m’aider.

— Rasende, bouge-toi au lieu de rêvasser ! crie Gregor.

— C’est bon, répond Ryk en reprenant place.

— Bon allez, on arrête le massacre pour ce soir, allez prendre une douche, dit Gregor en secouant la tête. Mam’zelle Manen, je peux vous voir ? demande-t-il plus doucement.

Je me lève accompagnée de Coraline et me dirige vers l’homme qui nous demande de le suivre dans le bâtiment.

— Voici la salle où s’est installé Jace, je vous envoie les garçons dès qu’ils ont fini, dit-il prévenant. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas, mon bureau est au bout du couloir, je reste jusqu’à ce que vous ayez fini, m’informe-t-il.

— Merci Gregor, juste une question, qui sont les jeunes hommes dont je dois m’occuper ?

— Ah oui, j’avais oublié, s’excuse-t-il, vous aurez affaire à Blost, méfiez-vous c’est un vrai coureur de jupon, Dairk il est gentil vous n’aurez aucun souci avec lui et Rasende, lui il est plus… Instable ? hésite-t-il.

À l’entente du nom de famille de Ryk, mon cœur s’échoue dans mes talons. Je ne l’ai pas revu depuis l’anniversaire de Jace, soit un mois et demi plus tôt. Et j’ignore quelle conduite, je vais devoir adopter avec lui. J’acquiesce et remercie Gregor, qui s’éloigne vers ce que je devine être les vestiaires.

— Heureusement que tu es là Cora, parce que je sens que cette soirée n’est pas finie, chuchoté-je de moins en moins sûre de moi.

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