Chapitre Neuf.

12 minutes de lecture

9. « Aux défis. »

►_______________◄

(Point de vue Opaline)

Je me réveille après une bonne nuit de sommeil reposante et suis partagée entre deux sentiments. La joie, parce qu’en ce vingt-neuf novembre nous fêtons l’anniversaire de Jace et l’appréhension, car depuis hier la miss catastrophe que je suis — par moment — est de retour. J’ai failli me casser une jambe en glissant sur le verglas et me faire renverser par une voiture en traversant pour rejoindre la plage. J’espère qu’aujourd’hui Helgener, nous offrira sa clémence et que la surprise de Jace se déroulera sans accrocs. Nous y avons mis tellement d’énergie avec Coraline que cela me démoraliserait qu’il y arrive un accident. Je me lève donc avec prudence et suis rassurée lorsque je vois qu’il ne se passe rien. Je m’autorise un petit sourire et rejoins ma cuisine pour prendre mon petit-déjeuner. Bien entendu ma chance ne dura pas longtemps, puisque ma tartine beurrée de confiture a atterri parterre et que les trois quarts de mon thé se retrouvèrent sur ma chemise de nuit. Je me tâte à me doucher et finis par me décider à me glisser sous le jet d’eau chaude et d’essayer de me détendre. « Tout ira bien Ope, tout ira bien » est devenu le mantra de ma journée. Mais, tout ne se déroule pas bien. Mon sèche-cheveux refuse de fonctionner, et au vu de mon retard, je n’ai pas d’autres choix que de sortir les cheveux humides.

J’évite tant bien que mal le verglas et remarque la foule agglutinée devant le cabinet. Certains patients me voient, me saluent et me facilitent le passage pour ouvrir la porte. Cora arrive peu de temps après avec le gâteau.

— Salut, ça va ? demande-t-elle.

— Je croise les doigts pour que ça aille, grimacé-je.

— Ne paniques, tout va bien finir, sourit-elle.

Je l’espère. Vraiment. Je vérifie une dernière fois que toutes les décorations soient bien en place et verrouille le cabinet. Jace risque d’être surpris de ne pas me voir ici à cette heure-là, mais nous avons besoin que la surprise soit parfaite.

— J’ai eu Jace, il ne devrait plus tarder, m’informe Cora.

— Très bien, affirmé-je. Si vous voulez bien vous installer dans le coin à votre gauche, Jace ne va arriver, haussé-je la voix pour nos invités.

Tout le monde se dirige vers l’endroit indiqué et nous attendons mon meilleur ami avec hâte. J’essaie d’imaginer sa tête, mais je suis convaincue qu’il sera encore plus sur le cul que ce que je pense. Nous entendons la clé déverrouiller la porte et lorsque celle-ci s’ouvre toutes les personnes crient.

— JOYEUX ANNIVERSAIRE !

Jace nous regarde, les yeux pétillants et le sourire aux lèvres. Son visage bien plus expressif que ce que je croyais. Et je n’attends pas qu’il se remette de ses émotions pour lui sauter autour du cou.

— Joyeux anniversaire mon meilleur ami, chuchoté-je.

— Tu as fait ça pour moi ? demande-t-il la voix rauque.

— Nous avons fait cela pour toi, avoué-je en désignant Cora.

— Je t’aime, enbrasse-t-il ma joue.

— Je t’aime aussi, rougi-je.

Je me détache de lui, les larmes aux yeux et le laisse saluer tout le monde. Je l'observe évoluer parmi la foule et souris. Il semble si à l’aise si heureux. Je vois ses petits regards à mon encontre et lui réponds à chaque fois par un léger sourire. Une fois qu’il a remercié tout le monde, il s’approche de moi et m’enlace.

— J’ai de la chance d’avoir une meilleure amie aussi géniale que toi, murmure-t-il.

— Tu veux bien le redire encore une fois ? taquiné-je.

— Tu es la meilleure.

Cora arrive avec le gâteau et nous chantons tous en cœur. Jace souffle ses bougies d’un coup et un tonnerre d’applaudissements retentit. Les patients se sont tous cotisés pour lui offrir une chaîne en argent avec un magnifique pendentif en bois agrémenté d’une résine verte. Jace observe l’objet sous toutes ses coutures et remercie tout le monde avec les yeux humides et un sourire jusqu’aux oreilles. Je l’aide à le placer et quand il me fait de nouveau face, j’attrape le bijou entre mes doigts pour l’admirer de plus près.

— C’est splendide, avoué-je.

— Ça me touche vraiment, je ne m’y attendais tellement pas, confie-t-il.

— Jace, tes patients t’adorent, tu aurais dû voir leurs réactions lorsqu’on les a contactés… Tu n’imagines même pas à quel point ils sont attachés à toi, affirmé-je émue.

— Merci, du fond du coeur merci, pour tout.

Je lui souris et vais chercher mon sac pour lui offrir mon cadeau. Mais j’ai beau le vider, le secouer, il ne s'y trouve pas.

— Fais chier, merde ! juré-je entre mes dents.

— Ope, tu viens le gâteau est servi, m’appelle Cora.

Super. Pourquoi ne l’ai-je pas mis à l'intérieur hier soir comme prévu ? Je suis sa meilleure amie et je n’ai même pas pensé à prendre son cadeau ! Quelle cruche ! Je me dirige vers l’accueil, un sourire contrit sur le visage et m’approche de Jace pour le mener à l’écart.

— Je suis désolée, commencé-je, je suis trop nulle, je…

— Calme-toi Ope, m’interrompt-il. Respire et reprends, m’invite-t-il doucement.

— J’aioubliétoncadeauàlamaison, dis-je d’une traite.

— Je n’ai rien compris, rit-il.

— J’ai oublié ton cadeau à la maison, répété-je d’une petite voix.

— Ce n’est pas grave, sourit-il en me prenant dans ses bras. Pour te faire pardonner, tu n’auras qu’à accepter mon invitation au restaurant de ce soir, ajoute-t-il.

— Rien que nous deux ? tenté-je.

— Non, annonce-t-il en m’écartant de lui délicatement. Cora sera présente, hésite-t-il.

— C’est tout ? murmuré-je comme une enfant.

— Et mes deux autres meilleurs amis, affirme-t-il.

— Jace, je…

— S’il te plaît Ope, implore-t-il en plongeant son regard de jade dans mes yeux. Je veux passer une bonne soirée avec mes proches, mais aussi la présence de ma meilleure amie, insiste-t-il.

— D’accord, m’avoué-je vaincue devant son air suppliant.

— Oui ! s'exclame-t-il en fermant son point et effectuant un geste triomphant.

— Mais je te déteste, râlé-je en haussant un sourcil.

— Je t’aime aussi, conclut-il en embrassant le haut de mon crâne. Et j’ai oublié de préciser, s’est tenue correcte exigée pour le restaurant, me taquine-t-il.

— Va te faire voir, grogné-je en agrémentant d’un geste très peu poli à l’aide de mon majeur.

***

Je me demande comment j’ai fait pour craquer une fois de plus. Il me faut d’urgence des cours pour me protéger des regards suppliants de Jace. Il commence à trop bien savoir me manipuler. Je sors de ma douche, enroule une serviette autour de mon corps et soupir. Mais pourquoi ai-je accepté ? Surtout que cette fois, je ne pourrais pas me défiler. Par Helgener, faites que je me casse une jambe. Cela sera — peut-être — la seule excuse qu’approuvera mon meilleur ami. Encore qu’il serait capable d’ameuter tout le monde dans ma chambre d’hôpital pour fêter son fichu anniversaire. J’enroule une serviette chaude autour de mes cheveux — comme mon sèche-cheveux a rendu l’âme ce matin — et retire la buée du miroir à l’aide de ma main.

Bon, je peux me réjouir, je n’ai pas besoin de cacher les affreux cernes qui élisent de temps à autre domicile sous mes yeux. Je décide de me maquiller légèrement avec un peu de khôl, un trait fin d’eye-liner et du mascara. Pour le rouge à lèvres, j’opte pour une couleur prune mate. Mes longs ongles s’accordent parfaitement avec cette couleur. Je me dirige vers ma chambre, lorsque trois coups retentissent contre la porte d’entrée. Ne l’entendant pas claquer, je devine que ce n’est pas Jace, qui entre et sort de chez moi comme dans une Goahti*, et enfile un peignoir par-dessus ma serviette avant d’aller ouvrir.

— Cora ? m’étonné-je. Mais qu’est-ce que tu fais là ?

— Je vérifie que tu ne de défile pas pour ce soir, sourit-elle.

— La confiance règne à ce que je vois, râlé-je.

— Nous en veux pas, mais nous te connaissons à force… taquine-t-elle.

Je m’écarte pour la laisser entrer et me dirige vers ma chambre. La nuit est déjà tombée depuis deux heures et j’ignore si elle a amené avec elle, une baisse de température.

— Il fait froid dehors ? demandé-je tout haut.

— Oui, malheureusement, soupire-t-elle en pénétrant dans la pièce. Mon Dieu, mais ta penderie est magnifique, s'exclame-t-elle en admirant mes vêtements.

— Tu parles, je n’ai pas tant de fringues que cela, repris-je.

— Tu en possèdes moins que moi c’est sûr, mais ils sont beaucoup plus beaux, cette robe est splendide, affirme-t-elle. Tu devrais la mettre ce soir…

— Tu rigoles ? haussé-je un sourcil. Elle est beaucoup trop… Non, je porterais celle-ci, lui montré-je.

— Elle est belle aussi, ça ira bien avec ton maquillage, conclut-elle.

Nous discutons tranquillement, le temps que mes cheveux sèchent et que je me décide — enfin plutôt me dispute — avec Coraline pour savoir pour quelle coiffure je vais opter. J’arrive finalement à la faire sortir de la pièce et en profite pour enfiler ma tenue, une robe pull en maille marron s'arrêtant au-dessus des genoux, avec un collant épais et opaque. Je tresse mes cheveux et trouve que le résultat n’est pas trop mal. Je rejoins Cora dans le salon qui acquiesce d’un signe de tête.

— Tu vas ravager les coeurs, se réjouit-elle.

— Je ne vais rien faire du tout, mis à part passer du bon temps avec des amis, souris-je.

— Je suis ravie de te voir si enthousiaste.

— Oh ça va hein, je ne suis pas toujours grincheuse non plus, grommelé-je.

— Non, mais comparé à ce matin, c’est beaucoup plus agréable de te voir souriante, dit-elle simplement.

— Ah, mais c’est différent, j’ai eu pleins de soucis… D’ailleurs c’est bizarre, pensé-je.

— De ? questionne Cora intriguée.

— Je n’ai pas eu de problème pour me préparer, enfin je veux dire avec la poisse que j’ai en ce moment, il y aurait dû y avoir un incident avec mon maquillage, ou le collant qui fil, mais rien, m’étonné-je.

— Helgener a peut-être décidé de t'épargner, sans doute ? s’amuse la blonde.

— Qui sait, en effet, murmurer-je suspicieuse. Bon on y va ? questionné-je souriante.

— Et tes chaussures ? rit-elle.

— Je savais bien que j’avais oublié quelque chose, remarqué-je.

Je vais chercher mes bottes à talons et m’installe sur le canapé pour les mettre.

— C’est parfait, comme ça, approuve Cora.

— Alors, allons-y.

J’enfile un manteau noir et verrouille mon appartement avant de descendre tranquillement aux côtés de mon amie. Nous avons prévu de dîner chez Henrik, qui prépare de succulentes brochettes de poissons. Nous entrons dans le restaurant et cherchons du regard les trois hommes, qui sont installés dans le fond. Nous avançons vers eux, mais plus mes pas me rapprochent de la table, plus la panique m’envahit. La dernière fois que j’ai vu les amis de Jace, j’étais vraiment dans un état second et je ne me souviens pas de tout. J’espère ne pas m’être trop ridiculisée. Je sens le rouge me monter aux joues et baisse le regard une fois à leur hauteur. Jace se lève et dépose un baiser sur ma joue avant de nous inviter à prendre place. Je m'assois immédiatement à ses côtés, pensant ainsi bénéficier de sa protection durant le repas, mais à son petit sourire en coin, je devine qu’il ne va pas m’épargner ce soir.

Je m'installe face à Lévy, je crois. C’est le garçon au style de skateur. Cela lui va bien, je trouve. Il évite mon regard, mais j’ai le temps d’apercevoir ses yeux émeraude. Ses fines lèvres sont serrées l’une contre l’autre et je remarque qu’il doit être dans le même état d’esprit que moi en ce moment. Coraline est installée à mes côtés et se dandine sur sa chaise, mal à l’aise. Il faut que nous tentions de communiquer, sinon l’ambiance de la fête d’anniversaire de Jace risque fort de tourner au désastre. Je prends sur moi et triture mes doigts nerveusement, le dilemme s’offre à moi.

— Alors, commencé-je.

__ J’ai ton plat, Opaline, m’interrompt Lévy.

Je rougis immédiatement et le regarde surprise.

— Jace avait raison, tes crêpes sont absolument divines, sourit-il en me le donnant .

— Oh euh, merci, hésité-je en prenant la grosse assiette.

Je baisse la tête et reprends l’admiration de mes mains en me maudissant de ne pas réussir à aligner deux mots sans piquer un fard ou paniquer.

— Parce que vous doutez de moi ? s’insurge Jace.

— Parfois, il y a de quoi, s’amuse Ryk.

— Je confirme, renchérit Coraline taquine.

— Ope ? Dis-moi que tu me soutiens ? m’interpelle Jace.

— À vrai dire, commencé-je.

— Mais, mais c’est une trahison ! Un complot ! constate-t-il avec un sourire en coin.

Le silence s'impose autour de nous avant que Lévy n’explose de rire. Je ne sais pas vraiment comment réagir face à lui, je vois Jace le suivre et secouer la tête, alors je souris faiblement.

— Je suis désolée, m’excusé-je avec une petite grimace. Mais parfois, je me dis que le plus âgé de nous deux c’est moi, expliqué-je.

— C’est ce que je te laisse croire, se calme mon meilleur ami. Je veille au grain, ne l’oublie pas.

— Et moi, je te supporte depuis vingt-six années, tiens d’ailleurs ça me fait penser, dis-je sérieusement, tu as envoyé Cora me chaperonner pour être sûre que je vienne ce soir ? demandé-je en haussant un sourcil.

— Oui, enfin non, pas vraiment, bégaie-t-il.

— Vraiment ? répété-je un peu agacée.

— Oui, bon d’accord, avoue-t-il. J’avais peur que tu hésites, explique-t-il.

— Vive la confiance, hein, fais-je faussement vexée.

J’essaie tant bien que mal à dissimuler le sourire qui cherche à gagner mes lèvres en voyant Jace s’excuser. Lévy m’offre un clin d’œil, tandis que Cora se penche vers mon oreille.

— T’es une vraie peau de vache avec lui quand tu t’y mets, rit-elle.

Je cache encore plus mon visage si c’est possible et mon regard se pose sur Ryk, qui sourit en coin.

— S’il te plaît Ope, je ferais ce que tu veux pendant une semaine, supplie Jace.

— Jace, dis-je en levant les yeux au ciel, je plaisantais…

— Tu as osé me taquiner en public ? s’étonne-t-il ses yeux ronds comme des soucoupes.

— Roh, ça va, grommelé-je. Je ne suis pas une femme des cavernes non plus, râlé-je.

— Ça, ça reste à prouver, me charrie Ryk.

— J’espère que si tu oses dire une chose pareille, tu auras le courage pour essayer de le découvrir par toi-même, haussé-je un sourcil.

— Un défi ? propose-t-il avec un sourire en coin.

— Ne parie pas contre une adversaire que tu ne connais pas, éludé-je avec un clin d'oeil.

— Tu devrais te méfier, le prévient Lévy.

— J’accepte, l’ignore Ryk.

Mon sourire s’agrandit encore plus et Jace se retient de sauter au plafond.

— J’ai hâte de voir ça, déclare-t-il simplement.

— Je te signale que s’il y arrive la moindre complication dans ma vie, tu seras tenu pour responsable, le menacé-je.

— Pourquoi ? s’écrie-t-il.

— Parce que c’est de ta faute si on en est là, soufflé-je.

— Merde, jure Jace. La prochaine fois…

— Bois avant de parler, disons-nous tous en même temps.

Nous nous observons avant de rire ensemble. Je reste tout de même sur mes gardes, je ne connais pas encore suffisamment les amis de Jace et j’ai peur de leurs regards sur moi. Je sens d’ailleurs celui de Ryk insistant. Je vois d’abord ses longs cheveux blonds, puis la légère barbe naissante sur ses joues et ses fines lèvres recouvertes d’un sourire en coin. Mes dents se coincent sur mes lèvres appréhendant le pire, mais lorsque je plonge dans ses yeux d’acier, je sais que je ne suis pas au bout de mes surprises.

*Goahti: Hutte traditionnelle des Samis (peuple autochtone en Suède, Norvège, Finlande et Russie)

***

Hello!

Voici le chapitre Neuf :)

Qu'en pensez-vous? Quelles sont vos idées du prochain chapitre?

N'hésitez pas à laisser vos commentaires aussi bien positif que négatif :)

Bises,Nana.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Tynah Paijy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0