Chapitre 55

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Aucamville & Toulouse, Haute-Garonne

Ces périodes de planque étaient toujours un calvaire pour Ibrahim Diallo. Le policier était à peine moins imposant que Teddy Riner et il avait de la peine à loger ses deux mètres cinq dans l’habitacle de la Ford de service. Garés dans un coin à l’écart sur le parking de l’immeuble, les deux policiers avaient une vue dégagée sur l’emplacement attribué à Amélie Del Maso.

Ils attendaient depuis près de deux heures et Ibrahim s’était assoupi quand son collègue Claude lui donna un coup de coude.

— Ça bouge, dit son aîné.

Une Mini Clubman, récente d’après l’immatriculation, manœuvrait pour s’insérer dans la place de parking. Après quelques secondes, une jeune femme brune en sortit et verrouilla les portières. Ibrahim vérifia la photo.

— C’est elle, on y va.

Les deux hommes sortirent sans précipitation, juste à temps pour intercepter l’arrivante avant qu’elle ne franchisse la porte de l’immeuble.

— Mademoiselle Del Maso ? demanda Claude.

— Oui, qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

— Lieutenants Diallo et Morel, police judiciaire, nous allons vous demander de nous accompagner, s’il vous plait.

— Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal ?

— Alors dans ce cas, tout ira très vite, mais pour le moment, vous ne souhaitez peut-être pas que vos voisins vous remarquent, alors allons-y comme de bons amis !

La jeune femme résignée les suivit jusqu’à la Ford, direction l’hôtel de police.


Il était dix-neuf heures lorsque Samira pénétra dans la petite salle d’interrogatoire où étaient déjà installés Amélie Del Maso et Ibrahim Diallo. Claude Morel lui laissa sa place.

— Mademoiselle Del Maso, commença Ibrahim, nous allons juste vous demander de répéter votre identité complète pour le capitaine Saada qui vient de nous rejoindre.

— Si vous voulez, je m’appelle Amélie Del Maso, je suis née le 15 mars 1987 à Perpignan. Je suis actuellement domicilée 5, impasse Nicole à Aucamville. Je suis célibataire et je n’ai pas d’enfant.

— Pouvez-vous nous préciser quelle est votre activité actuelle ?

— Je travaille comme assistante commerciale à Fenouillet.

— Pouvez-vous nous donner le nom de votre employeur, Mademoiselle ?

— C’est l’agence Kiloutou de Fenouillet.

— Vous vivez seule Mademoiselle Del Maso ?

— J’ai un chat.

— Vous ne partagez pas le logement avec un ou une amie, un colocataire ?

— Non, pourquoi.

— Avez-vous d’autres sources de revenu ? demanda Samira.

— Pourquoi me demandez-vous cela ?

— C’est juste que une Mini neuve et un appartement comme le vôtre, ça fait peut être beaucoup pour votre petit salaire.

— J’ai hérité de mes parents, ça vous va ?

— Pas de problème, c’est facile à vérifier, mais nous serons peut-être moins complaisants si vous nous mentez, reprit Ibrahim.

— Connaissez-vous cet homme ? lança Samira en faisant glisser une photo sous les yeux de la jeune femme déstabilisée.

— Non, qui est-ce ?

— Vous êtes bien certaine ? il a peut-être un peu changé depuis que cette photo a été prise.

Amélie se mordit les lèvres, hésitante.

— Non, je vous dis que je ne le connais pas.

— C’est ennuyeux, dit le lieutenant Diallo, je crois que vous êtes encore en train de nous mentir. Cet homme était votre employeur il y a dix ans, qui plus est, vous logiez chez lui à cet époque, et vous ne le reconnaissez pas.

— Vous devriez prendre le temps de réfléchir, Mademoiselle Del Maso, reprit le capitaine, et cesser de nous prendre pour des imbéciles. Nous savons déjà beaucoup de choses sur vous et sur cet homme.

— Le temps que la mémoire vous revienne, pourriez-vous nous dire ce que vous avez fait dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 juillet ? demanda Diallo.

— J’étais chez moi.

— Avez-vous quelqu’un qui pourra le confirmer ? à part votre chat bien sûr.

— Non, j’étais seule, je ne me sentais pas très bien, je me suis couchée de bonne heure.

— Est-ce que ce sera confirmé par la localisation de votre téléphone ? Est-ce que nous trouverons dans vos fadettes un appel au couvent de Sainte-Scholastique le samedi soir ?

— Pourquoi voulez-vous que j’appelle un couvent ?

— Peut-être pour prendre des nouvelles de Mélodie.

Samira vit le visage de la jeune femme blêmir. Elle se mit à tordre ses doigts, sous l’empire d’un conflit intérieur. Ce Cornélius doit avoir un puissant ascendant psychologique se dit-elle.

— Ça suffit, on arrête les conneries maintenant. Vous avez travaillé pour Charles Van Den Brouck pendant trois ans, de 2009 à 2012, vous avez quitté son service quelques mois après son accident. Alors assez de salades. Charles Van Den Brouck a quitté la France, mais nous savons qu’il est revenu. Il vous a demandé de faire passer un message à Mélodie, alias Sœur Marie des Anges, par l’intermédiaire du jardinier qui vous a reconnue sur une photo. Puis vous avez conduit Mélodie au château de la Camigné, dans la montagne, où nous avons trouvé des empreintes récentes de Charles Van Den Brouck. Là, elle a été droguée et violée. Viol en réunion, vous savez ce que vous risquez ? Jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle. Alors voilà le deal, vous nous dîtes où on peut trouver Charles Van Den Brouck, et on minimisera votre rôle à celui de simple messager. Comme vous n’avez pas de casier, vous n’irez pas en prison, juste une peine légère aménageable.

— Ce n’était pas un viol ! s’écria la jeune femme, elle s’est laissé faire, elle n’a pas résisté, c’était comme avant !

— Et bien voilà, vous voyez que vous y étiez ! dit Samira. Alors maintenant vous allez tout nous détailler et nous donner l’adresse de Cornélius.

Quinze minutes plus tard, Sam était dans le bureau du commissaire, pendant qu’Ibrahim terminait le procès-verbal.

— Tu as tout suivi ? demanda le capitaine.

— Oui, cette installation est plus agréable que le miroir sans tain, répondit Ange en montrant l’image sur son écran. Il ne te reste plus qu’à aller cueillir cet odieux personnage. Je me charge de prévenir le Parquet.

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