Chapitre 51

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De Dourgne, Tarn à Loubens-Lauragais, Haute Garonne

Sur la route du retour, Philippe relata l’essentiel de la conversation avec la religieuse. Il insista sur les termes utilisés, démon, diable lorsqu’elle avait reconnu le nom de l’homme qui l’avait fécondée.

— J’avais l’impression de revoir une scène de Rosemary’s Baby, expliqua le médecin.

— Rosemarie ? demanda le policier.

— Un vieux film de Polanski, des années soixante, je crois.

— Tu n’étais même pas né.

— J’ai eu ma période cinémathèque, quand j’ai commencé mes études.

— Et alors ?

— Un film basé sur le drame psychologique d’une jeune mère qui tombe enceinte et se croit porteuse d’un fils de Satan.

— Ce Cornélius est sans doute un salaud de première et peut-être un escroc, mais c’est un homme, et j’ai bien l’intention de le retrouver.

— Ce n’est pas tout, ce qui t’intéressera peut-être plus c’est de savoir qu’après l’accident et son séjour à l’hôpital, elle a été hébergée un temps par une amie à Toulouse.

— Elle t’a donné ses coordonnées ?

— Son nom seulement, Stéphanie Delmas, mais elle a précisé qu’à l’époque, elle tenait un magasin de vêtements pour femmes à Montauban. Je suppose qu’on doit pouvoir la retrouver par là. Elle a précisé qu’elle lui envoyait des courriers dans les premiers temps, mais qu’elle n’avait jamais répondu.

— Ce sont sans doute les fameux messages transmis par le jardinier, car la Supérieure m’a dit qu’elle ne recevait pas de courrier.

— Est-ce que cette Stéphanie pourrait être la femme qui l’attendait derrière le couvent ce fameux vendredi ?

— On va vérifier. S’il le faut, on ira montrer sa photo au jardinier. Si ça ne te dérange pas, je vais appeler Samira pour lui demander de lancer les recherches. Ensuite, j’appellerai Claire Parayre.

Sam répondit à la deuxième sonnerie.

— Salut chef, quoi de neuf ?

— Je crois qu’on a quelques données intéressantes. Premièrement, Béatrice Moreau était enceinte au moment de l’accident. Elle a fait une fausse-couche à l’hôpital, dans les heures qui ont suivi son opération. Elle a dit que le père était Van Den Brouck, qu’elle assimile à Satan.

— Elle m’a déjà fait une remarque du même style.

— Ensuite, elle a dit qu’elle avait été hébergée chez une amie, Stéphanie Delmas, à Toulouse. On n’a pas d’adresse, mais on sait qu’elle tenait un commerce à Montauban il y a dix ans. Tu peux faire une recherche ? Si tu la localises, essaie de prendre contact et va l’interroger sur cette période. Si tu penses qu’elle correspond à la description qu’a donnée le jardinier, envoie quelqu’un vérifier avec une photo.

— Ce sera tout ?

— On en est où de l’analyse des empreintes trouvées au château ?

— On a quelques recoupements, en particulier un nom qui apparait dans les rapports des descentes au Busca et qui colle avec des traces au château. Il s’agit d’Amélie Del Maso, une ancienne employée de Charles Van Den Brouck. D’après sa fiche, elle doit avoir trente trois ans aujourd’hui. Elle n’a pas fait l’objet d’autre poursuite depuis les contrôles, il y a dix ans. L’adresse qu’elle avait donnée à l’époque était celle de la maison de son patron. Elle était logée sur place.

— Intéressant ! Mets quelqu’un dessus, et si tu trouves une photo récente, montre-la également au jardinier. Il ne serait pas étonnant que Cornélius utilise son ancienne employée comme messagère. Appelle-moi si tu as du nouveau ce soir, sinon on se voit au bureau demain matin.


Après avoir raccroché, Ange appela le Parquet de Castres. Claire Parayre n’étant pas directement joignable, il lui laissa un message, précisant qu’il attendait son rappel. Trois minutes plus tard, le téléphone sonnait et l’écran de la voiture affichait le nom de la parquetière.

— Comment va mon beau commissaire ? Ça fait longtemps que tu ne m’as pas donné de nouvelles.

— Attention, je suis sur mains libres et je ne suis pas seul !

— Si tu étais avec des collègues, tu aurais pris l’appareil. Qui est-ce ?

— C’est le Docteur Watson ! Philippe de Loubennes, précisa Ange.

— Bonjour Docteur, j’espère que tu te souviens de moi, j’étais à ton mariage. La fille brune qui dansait toute seule à quatre heures du mat’ c’était moi.

— À un mariage chez les aristos, il n’est pas bien vu que le marié s’intéresse de trop près aux amies de sa femme, répondit le médecin.

— Vous êtes grossier Watson ! et votre ami Sherlock vous expliquera ce qu’il en coûte de me mettre de mauvaise humeur.

— Est-ce que Madame la Procureure souhaite que Sherlock la briefe sur ce qu’il a découvert ?

— Je suppose que c’est pour cela que tu m’as appelée. Pas pour m’inviter à dîner.

— On peut envisager les deux, mais pas en même temps.

Ange résuma les derniers éléments recueillis concernant Béatrice Moreau et précisa qu’il avait demandé des recherches sur Stéphanie Delmas et Amélie Del Maso.

— Philippe doit aller demain au CHU Purpan pour consulter le dossier de Charles Van Den Brouck et rencontrer ce qui reste de l’équipe médicale qui l’a traité. Il y a passé plusieurs semaines.

— Très bien, peut-être ont-ils gardé des contacts, les patients qui ont subi de lourdes interventions font généralement d’un suivi à long terme, n’est-ce pas Watson ?

— En effet, on essaie de voir comment les traumatismes évoluent, s’il y a des séquelles collatérales.

— Et pour le dîner ?

— Et bien, Julie est à Toulouse pour la semaine. Philippe et Brigitte jusqu’à jeudi. Si tu as envie de revoir des condisciples, c’est l’occasion. Demain soir ou mercredi ?

— Demain c’est compliqué, mais mercredi c’est possible. Je ne peux pas trop m’éloigner. Je suis encore de permanence. Vous pouvez venir chez moi ?

— Soirée Tapas, demanda Ange ?

— Non, j’aurai le temps de préparer quelque chose. Cuisine espagnole, ça vous va ?

— Pas de problème, je me charge des boissons, répondit Philippe.

— Mercredi à vingt heures, alors. Mais si Sherlock trouve quelque chose de nouveau d’ici là, il peut me l’annoncer avant.

— On vient avec nos maillots ? demanda Ange, par provocation.

— Pour quoi faire ?

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