Chapitre 45

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Saissac, dix ans plut tôt

Les deux amies retournèrent vers le château, puis les dépendances. Quelques chambres y avaient été aménagées pour héberger confortablement les résidents réguliers.

— Comment te sens-tu ? demanda Solange.

— Un peu tendue, bien sûr, je crois que c’est normal. Pas toi ?

— Oui, moi aussi, mais je suis sûre que tout va bien se passer.

— Nous avons des novices ce soir. On ne sait jamais comment ils vont se comporter.

— Tu as toujours été parfaite pour initier les femmes aux plaisirs saphiques et aucun homme ne peut te résister.

— Cornélius a invité quelques uns de ses amis. Tu les connais ?

— L’un d’entre eux, oui. Un industriel espagnol, je crois. Il est déjà venu au Busca, tu le reconnaitras. Les deux autres ne me rappellent rien. Nous verrons bien.

Les deux femmes se séparèrent pour regagner leurs chambres. Elles étaient toutes à peu près identiques, offrant le confort d’un hôtel de bon standing avec un décor un peu plus personnalisé.

Mélodie se déshabilla rapidement avant de prendre une douche très chaude. Son ventre avait encore en mémoire l’assaut subi dans la chapelle et elle se caressa lentement sous l’eau qui ruisselait sur son corps.

Il lui fallut un long moment pour remettre de l’ordre dans sa coiffure soigneusement ondulée. Elle termina pas un maquillage sophistiqué, mettant en valeur son regard et sa bouche. Une touche de parfum, Opium de Yves Saint Laurent, entre les seins, acheva les soins du corps.

Sa tenue se limitait à un simple string blanc et une robe longue en lamé argent, au décolleté audacieux.

Solange vint frapper à sa porte et entra sans attendre de réponse alors qu’elle ajustait ses chaussures à talons.

— Tu es resplendissante. Cette robe semble avoir été cousue sur toi. C’est Stef qui te l’a trouvée ?

— Oui, bien sûr. La boutique marche bien maintenant. La clientèle se développe, mais elle regrette l’époque des débuts, quand je lui servais de mannequin.

— Tu pourrais continuer, tu sais. Tu as un corps de rêve.

— Montauban est trop loin pour que j’y aille régulièrement, et puis il y a beaucoup à faire ici.

— Bon, si tu es prête, il est temps d’y aller. Cornélius va arriver d’un moment à l’autre, nous devons être là pour l’accueillir.

Solange passant devant dans le couloir qui desservait les chambres sous les toits, Mélodie admira la démarche balancée de son amie. Elle portait une combinaison de cuir noir, très fin, moulant ses formes comme une seconde peau, accompagnée d’une paire de bottes cuissardes à talons. La jeune femme savait que le vêtement était conçu pour permettre de libérer opportunément certaines parties du corps lorsque le moment venu, la situation le justifierait.

Dans le grand salon de réception, Amélie et Henri étaient eux-aussi prêts à accueillir le maître et ses invités. Amélie portait une veste de tailleur noire, sur une jupe courte. Il était visible qu’elle n’avait rien sous la veste. Du simple rôle de secrétaire-réceptionniste, elle avait évolué pour prendre un rôle plus actif dans l’animation des soirées, mais sans l’esprit d’initiative de Solange ou Mélodie. Ses contributions étaient plus limitées, contribuant à la satisfaction des hommes trop timorés pour engager une relation. Henri, pour sa part, en smoking blanc, supervisait tous les aspects matériels, bar, buffet, ambiances lumineuse et musicale et assurait également la surveillance et la sécurité, à l’affut de toute trace de stupéfiant ou autre substance illégale.

À l’heure prévue, la BMW de Cornélius se gara sur le côté du château, suivie d’une autre berline. Deux hommes descendirent de chaque voiture. Cornélius prit le temps de présenter le domaine à ses invités avant de se diriger vers l’entrée. Henri les accueillit cérémonieusement avant de leur indiquer le hall de réception où Solange et Mélodie les attendaient. Cornélius fit de rapides présentations, avant de conduire les trois hommes vers son salon privé, non sans avoir demandé à Amélie de leur apporter du champagne.

— Tu as reconnu l’espagnol ? demanda Solange .

— Oui, je pourrais difficilement le manquer. Il a le physique de Don Diego de la Vega, et il est monté comme un cheval. Je me souviens qu’un soir, il m’a prise comme une jument, sur le bureau de Cornélius. Une simple saillie. Pas un mot, ni avant, ni après.

— Les deux autres m’ont fait penser à Laurel et Hardy, reprit Solange. Un grand maigre et un petit gros. Espérons qu’ils vont se contenter de boire et parler affaires.

— Concentrons-nous sur nos stagiaires pour le moment. J’entends une autre voiture.

Un gros SUV alla se garer sous les arbres. Le conducteur sortit le premier avant d’aller ouvrir la porte à une femme élégante. L’homme portait un costume léger, de coupe sportive, sans cravate. Sa compagne était vêtue d’un pantalon ample, très évasé sur ses longues jambes et un haut à fines bretelles sous une veste courte. Mélodie leur donna une quarantaine d’années. Il avaient tous les deux une allure assurée à la limite de l’arrogance.

Solange les accueillit dans le hall d’entrée.

— Bonsoir et bienvenue parmi nous. Je m’appelle Solange, et voici Mélodie.

— Bonsoir, répondit l’homme. Ce soir, je serai Max et voici Valérie, ma compagne.

— Entrez je vous prie. Vous êtes les premiers, puis-je vous offrir une flute de champagne ou bien autre chose ?

— Champagne pour moi, répondit la femme, d’une voix un peu rauque.

— Pour moi également, compléta Max.

— Je vous laisse faire connaissance avec Mélodie, j’entends une autre voiture.

Le couple suivant était constitué de deux jeunes gens dans une Clio rouge. La fille plutôt petite et frêle, semblait très intimidée. L’homme, grand et mince était lui aussi un peu hésitant. Solange se dirigea vers, eux, consciente que sa tenue pouvait laisser douter de la finalité du lieu. D’une voix qu’elle s’efforça de rendre rassurante, elle les invita à entrer et à rejoindre les premiers arrivants au buffet. Mélodie, les apercevant, leur fit signe d’approcher.

— Venez nous rejoindre, nous commencions juste à faire connaissance. Voici Valérie et Max, et moi je suis Mélodie. Bienvenue parmi nous pour cette soirée.

— Je m’appelle Alexandre, ou Alex si vous préférez et voici Elodie.

— J’espère que vous apprécierez ce moment. Quel thème avez-vous choisi ?

— Le massage, répondit la jeune femme d’une petite voix.

— C’est donc avec moi que vous travaillerez, reprit Mélodie. Et vous ? demanda-t-elle en s’adressant à l’autre couple.

— Pour nous ce sera l’autre atelier, dit Valérie.

— Alors c’est Solange qui vous guidera. Je crois que vous allez aimer, ajouta Mélodie avec un sourire complice. Je vous laisse vous restaurer et découvrir les lieux si vous le souhaitez.

Deux autres couples se présentaient à l’entrée, sur les talons de Solange. Le premier semblait assez ordinaire, femme et homme vêtus de façon anonyme, sans recherche ni élégance particulière. Mélodie se rappela que lors de sa première rencontre, Stef lui avait aussi parue insignifiante avant de se révéler une amie charmante et très coquine. L’autre couple était plus atypique. L’homme portait un pantalon de cuir noir, très ajusté et une chemise blanche ouverte très bas sur son torse, laissant apparaître de nombreux tatouages. Il avait un diamant au lobe d’une oreille et de grosses bagues aux doigts. La femme qui l’accompagnait semblait sortir d’un cosplay. Short de jean minimal, blouson de cuir rouge maintenant avec peine une volumineuse poitrine, chaussures montantes à semelles compensées. Des piercings dans le nez et les oreilles. Mélodie se demanda si elle avait aussi les tétons ornés de bijoux.

— Bonjour, je suis Kurt, dit l’homme, prenant l’initiative des présentations et voici Mag. Nous venons pour l’atelier Bondage. Et vous ? demanda-t-il aux deux autres personnes arrivées en même temps.

— Loïc et Séverine, répondit la femme. Nous, c’est pour le massage.

— Parfait, servez-vous librement. Le dernier couple ne va pas tarder. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à nous demander, nous sommes à votre service tout comme Henri et Amélie.

Les quatre couples commencèrent à boire et grignoter les petits-fours, d’abord deux à deux, puis les plus hardis engagèrent des conversations croisées. Voyant que seuls Alex et Elodie restaient à l’écart, Mélodie vint à leur rencontre.

— Voulez-vous que je vous fasse visiter l’étage ? proposa-t-elle.

Lorsqu’elle leur ouvrit la porte de la grande chambre au lit rond, la jeune femme parut surprise.

— Que fait-on dans cette chambre ? C’est pour les massages ?

— On peut y faire des massages bien entendu, mais j’ai une autre pièce plus adaptée pour ça. Vous savez que ces sessions ont pour but de développer la confiance en soi et faire tomber quelques inhibitions. Certains de nos disciples ont parfois l’envie de mettre ces nouvelles dispositions en pratique immédiatement. Ils peuvent venir ici pour se laisser aller en toute liberté. Les lumières sont bien entendu réduites. C’est très intimiste, vous verrez. Bien entendu, c’est à vous de décider. Rien n’est imposé. Si vous voulez juste vous reposer ou vous amuser tous les deux, il y a d’autres chambres plus conventionnelles à votre disposition, mais ce serait dommage.

Au rez-de-chaussée, les derniers participants venaient d’arriver. Deux femmes, dont l’une d’âge mur se présenta comme Sophie, tandis que son amie, nettement plus jeune se prénommait Leila. Comme tout le monde était présent, Henri alla frapper à la porte du salon et avertit Cornélius.

— Mes amis, je suis très honoré de vous recevoir pour ce séminaire où vous aurez l’occasion, je n’en doute pas, de découvrir des facettes encore inconnues de vos personnalités, sous la direction bienveillante de mes assistantes dévouées, Solange et Mélodie, avec qui vous avez sans doute fait connaissance.

Cornélius prolongea encore quelques minutes son discours inaugural, invitant les stagiaires à profiter du moment en toute liberté et sans tabous, Solange et Mélodie, mais aussi Amélie et Henri étant totalement dévoués et prêts à répondre à tous leurs désirs.

Après un moment durant lequel le ton des conversations commença à monter sous l’effet des boissons et de la curiosité, Mélodie entraina avec elle les deux couples adeptes des massages, tandis que Solange, assistée d’Amélie emmenait les six autres vers la chapelle.

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